« Non mais Jenny, t’es folle ou quoi ?! »
La jeune fille, surprise par la pluie, était trempée et frigorifiée. Mais ayant oublié sa peur un instant, elle avait décidé de faire payer à Victor son idée de les faire dormir séparément. Elle éclata de rire et posa sa hache sur le sol.
« Je t’ai bien eu, hein. »
Son sourire fit aussitôt oublié à Victor sa peur.
« Ouais, j’ai eu trop peur, ne refais jamais ça.
- Promis. Mais c’était drôle. Alors comme ça, tu es courageux et tu n’es peur de rien ?
- D’accord, je flippe, mais si Léna l’apprend, elle va nous le rabâcher jusqu’à la fin de l’année.
- Ouais, ce n’est pas faux... Par contre, tu n’aurais pas vu Karen ?
- Non, pourquoi ?
- On était ensemble, j’étais devant, et là, plus de Karen...
- Très drôle. Tu vas me dire ça et en profiter pour me faire peur, n’est-ce pas ?
- Quoi ?
- Tu essaies de me faire peur, hein ?
- Tu veux dire que tu ne l’as pas vu ?
- Attends, tu étais sérieuse ?
- Bien sûr ! Je ne rigole pas avec ce genre de chose Vic (elle avait l’habitude de lui donner ce surnom) !
- D’accord, calme-toi d’abord, ok ?
- Ouais, ouais.
- Il y avait un croisement un peu avant d’arriver ici. Elle aurait prit le mauvais chemin et se serait juste perdu. Ce n’est rien, je suis persuadé que l’on peut la retrouver en rebroussant chemin. Attends-moi ici, j’y vais.
- Non, je ne veux pas rester seule.
- Qu’est-ce que ça va être cette nuit... ?
- Sans commentaire. On y va ensemble.
- Ok madame. »
Elle sourit et les deux repartirent sous la pluie chercher leur amie. Jenny portait sa hache sur l’épaule droite, Victor quant à lui avait caché ses couteaux sous son manteau, accrochés à sa ceinture. Il regarda son amie et lui demanda amusé :
« Tu comptes nous couper du bois pour faire un feu ou nous décapiter ?
- Eh bien, ça ne dépend que de toi. Si tu es gentil, c’est le bois, sinon, c’est la tête. »
Victor et elle éclatèrent de rire. Ils arrivèrent à la croisée des chemins.
« Allons par ici, je ne sais pas où il mène, mais Karen l’a sûrement emprunté, croyant aller au château.
- Je ne sais pas, en plus j’étais persuadée qu’elle n’était pas très loin derrière. Et c’est impossible que ce soit une blague, elle était terrifiée, elle ne se serait jamais séparée de moi.
- Oui, c’est louche tout ça. Tu crois que ça a quelque chose à voir avec le fait que ce château soit prétendu hanté ?
- Je n’en sais rien du tout...je n’espère pas et puis, les fantômes, ça n’existe pas, alors pourquoi s’inquiéter ? »
En réalité, Jenny était elle aussi intimidée par la réputation du château, mais elle cachait sa peur en tentant de se convaincre qu’un château hanté était une simple histoire pour faire peur aux bambins qui voulaient s’y aventurer. Après tout, ce genre de bâtiments pouvait s’écrouler si les rats en rongeaient les poutres et ce serait la raison pour laquelle on inventerait ces histoires... Mais malgré tout, elle n’arrivait pas à se convaincre et frissonnait.
« Qu’est-ce que tu as, lui demanda alors son ami.
- Froid, j’ai juste un peu froid. Je suis arrivée avec la pluie, tu sais, et déjà qu’il ne fait pas chaud, mais si en plus il pleut...c’est le top.
- Oui, tu as raison. L’humidité n’arrange rien. »
Ils continuaient de longer le chemin mais n’en voyaient toujours pas le bout. Au loin, entre les arbres, ils pouvaient apercevoir un mur, néanmoins ils ne pouvaient pas dire s’il était près ou non, leur vue étant obstruée par la pluie qui désormais tombait drue, et les arbres qui cachaient une grande partie de la construction.
« Karen, s’écria Jenny, t’es où ?! »
Victor lui posa brusquement la main sur la bouche, la tenant dans ses bras pour l’empêcher de se débattre.
« Chut, lui murmura-t-il, tu n’as rien entendu ? »
Quelle question, bien sûr que non, elle était en train de crier. Elle se dégagea de l’étreinte de son ami et lui demanda en chuchotant :
« Pourquoi, tu as entendu quelque chose ?
- On aurait dit des gémissements.
- Des plaintes ?
- Exactement, ça ne me dis rien de bon. Arme-toi de ta hache, on ne sait jamais. »
Il prit les couteaux cachés à sa ceinture et les sortit. Jenny le fixa bizarrement.
« Ben quoi, moi aussi j’avais peur que ces fantômes ne soient que des c*ns qui veulent faire peur aux visiteurs. »
Ils se firent signe de la tête et avancèrent prudemment. Ils arrivèrent au pied du mur, mais il n’y avait rien.
Tout à coup, des pleurs leur parvinrent, des pleurs très proches.