Victor et Jenny se retournèrent brusquement, leur amie était sur le côté du chemin, recroquevillée, en pleur. Jenny couru vers elle et s’écria :
« Karen ! Tu vas bien, qu’est-ce qu’il y a ?! »
Son amie leva vers elle ses yeux encore rouges. Ses joues étaient trempées de larmes.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé Karen, répond ! »
La jeune fille déclara alors :
« Nous étions ensemble, mais tu étais devant. Au croisement, je ne te voyais plus et alors que je me décidais à prendre le chemin qui menait vers le château, je t’ai entendu me demander de prendre l’autre. J’ai demandé pourquoi, tu ne m’as rien répondu, alors je suis venu ici et...oh mon dieu !
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Regarde. »
Karen tendit le doigt vers le bord opposé du chemin. Victor décida d’y aller, il tenait fermement ses couteaux et s’approcha du petit ravin de quelques mètres qui bordait la route. Une odeur pestilentielle envahit tout à coup ses narines, s’il avait mangé récemment, il aurait vomit. Quelle horreur !
Il se pencha et vit, au bas du ravin, un cadavre de loup. Ses entrailles étaient éparpillées autour de lui, formant un cercle, et le sang encore chaud se répandait sur le sol à une vitesse hallucinante. Le pauvre animal...Victor priait pour qu’il ait été tué avant qu’on ne lui ouvre le ventre. Déjà, d’horribles vers blancs et de nombreuses mouches s’approchaient de la dépouille. Mais qui aurait bien pu faire ça à un animal qui ne cherche qu’à survivre ?
« Il ne faut pas rester ici, déclara Victor.
- Pourquoi, l’interrogea Jenny.
- Un loup a été tué et...bref, ce n’est pas très charmant si tu vois ce que je veux dire. »
Son amie s’approcha du ravin et eut un haut-le-cœur. Victor la fit reculer doucement.
« Tu penses qu’un plus gros animal rôde dans les parages ?
- Non, il n’y a pas d’ours ici, et de loups non plus d’ailleurs. Mais quoi qu’il en soit, il n’y a qu’une personne capable d’infliger ça a un animal.
- Qui ?
- Un tueur en série. Tous les tueurs en série ou presque ont déjà tué et parfois torturé des animaux. L’entaille au niveau de son ventre est très nette, trop nette pour avoir été faite pas un animal, et un ours n’éparpillerait pas ainsi les viscères d’un autre animal. Le plus plausible est que quelqu’un est ici. Et s’il a su imiter ta voix, Jenny, alors c’est qu’il nous a suivit durant tout notre chemin, peut-être même qu’il nous regarde en ce moment...
- Arrête de me faire peur crétin !
- Pourquoi, c’est toi qui a dit à Karen de ne pas prendre le bon chemin ?
- Non...
- Et Léna n’a pas du tout la même voix que toi. Si quelqu’un nous avait espionné et avait tué ce loup, ce serait plus logique que si Léna avait fait le coup.
- Tu n’as pas tord... Je propose que nous courrions jusqu’au château.
- Je suis d’accord. »
Jenny et Victor aidèrent leur amie à se relever puis ils se mirent tous à courir jusqu’à la porte. Celle-ci était fermée et maintenant, la pluie tombait si fort qu’il fallait crier pour se faire entendre.
« Vite, s’exclame Jenny à l’intention de son ami, ouvre la porte ! Léna est déjà entrée !
- Comment le sais-tu ?
- La porte et fermée, et quand nous sommes partis, nous l’avions laissé ouverte, allez, ouvre-la ! »
Victor posa ses mains sur la poignée et poussa, mais la porte ne s’ouvrait pas.
« Qu’est-ce que tu fais ?! Ouvre !
- Je n’y arrive pas !
- C’est ça, pourtant elle avait l’air facile à ouvrir.
- Essaie un peu et tu verras ! »
La jeune fille poussa de toutes ses forces, mais la porte ne céda pas.
« C’est trop bizarre, murmura-t-elle, tu n’as pas eu de mal à l’ouvrir et voilà que même de toutes nos forces, nous ne l’ouvrons pas.
- Bon s’t’plait, répliqua Victor, ne fais pas comme si tu trouvais ça bizarre, on est ici depuis à peine vingt minutes et on a déjà vécu les pire vingt minutes de nos vie donc ce n’est pas une porte qui m’arrêtera, je suis sûr qu’il y a des abrutis là-dedans qui sont contre la porte pour que nous ne l’ouvrions pas. Allez, pousse avec moi, nous y arriverons sûrement à deux. »
Les deux amis firent pression ensemble contre la porte qui s’ouvrit enfin.
Tous trois entrèrent, la porte se referma soudain. Tous se retournèrent, la peur au ventre.