Jenny, après être entrée dans sa chambre pour la nuit, s’assit sur le lit et se releva aussitôt, ayant remarqué une minuscule araignée sur l’oreiller, à quelques mètres d’elle. Elle poussa un petit cri de surprise, partant à l’autre bout de la chambre.
« Une araignée ! »
Puis, ayant rapidement repris son calme, elle alla s’installer sur le sol, au beau milieu de la pièce, là où elle verrait les araignées arriver. Jenny ne l’avait jamais confié à personne, mais elle avait une peur bleue des araignées. Pourtant, aucun autre insecte ne l’effrayait pas mêmes les mille-pattes, seulement les araignées.
Elle sortit son petit miroir de poche et se démaquilla en quelques minutes. Sa trousse de maquillage était pleine en permanence. Chaque matin, elle passait entre dix minutes et une heure dans la salle de bain : dix minutes environ quand il y avait cours, et jusqu’à une heure les week-end.
Il était encore tôt lorsqu’elle décida de se coucher. Elle était au beau milieu de la pièce, totalement enveloppée dans son sac de couchage, de peur que des araignées puissent y entrer pendant qu’elle dort.
« Courage Jenny, murmura-t-elle avant de fermer les yeux, ce n’est que pour une nuit. »
Elle s’endormit peu après.
« Bam ! »
Jenny se réveilla en sursaut, le cœur battant, après un terrible cauchemar. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, elle était dors et déjà terrorisée.
Quelques bougies étaient éteintes, mais il en restait assez pour voir clairement dans la chambre. Jenny regarda sa montre : minuit moins dix. Elle resta immobile quelques minutes. Elle crut même entendre quelqu’un crier, elle pensa d’abord à Karen, puis se trouva ensuite idiote de penser que son amie était réveillée et surtout, ce n’était qu’un rêve, elle ne devait pas avoir peur.
Un courant d’air lui glaça le sang, il éteignit les bougies une à une, il faisant alors froid et sombre. Jenny chercha à tâtons sa lampe de poche dans son sac. Elle avait le cœur battant, quelle horreur cette nuit ! Tout allait de travers !
Elle mit finalement la main sur sa lampe qu’elle alluma sans tarder. D’effrayantes ombres furent alors projetées sur le mur, Jenny savait que ce n’était qu’un jeu de lumière, mais elle n’arrivait pas à se calmer. La peur l’envahissait, elle ne savait pas quoi faire.
« Je ne risque pas de me rendormir, soupira-t-elle. Bon, ben c’est partit pour une nuit blanche. »
L’adolescente saisit sa trousse de maquillage, décidée à faire passer le temps comme elle le pouvait. Elle prit son rouge à lèvre, plaça sa lampe de sorte à ce qu’elle lui éclaire le visage, puis prit son petit miroir. Mais la texture de son rouge à lèvre l’étonnait : il coulait, presque comme du liquide. Pourtant ça ne risquait pas d’être causé par la chaleur de la pièce. La jeune fille trempa son doigt dans le tube de maquillage puis examina quelques seconde le liquide et le porta à ses lèvres. Elle en déposa sur le bout de sa langue, curieuse de savoir ce que c’était.
« Berk ! »
Elle recracha immédiatement la substance et comprit alors d’où venait ce goût métallique : c’était...du sang.
Horrifiée, elle jeta au loin son tube neuf de rouge à lèvre. Pourquoi avait-il un goût de sang ? En était-ce vraiment ?
« Ce que je suis bête, dit-elle tout haut, c’est ridicule, bon, ce n’est rien, je peux m’en passer. »
Décidée à ne plus trembler, et à faire face avec courage à cette nuit à passer seule dans une chambre d’un château hanté, elle sortit de sa trousse son fond de teint.
Elle était sur le point de s’en mettre quand elle vit que la poudre rose à l’origine était gris-noir.
« Rooh, j’ai du me tromper en le prenant...pourtant, murmura-t-elle, c’est exactement la même marque, et un fond de teint de cette couleur, je ne suis même pas sûre que ça existe... »
Une odeur de brûlé lui envahit les narines, mais elle ne comprit pas pourquoi et rangea son fond de teint dans sa trousse de laquelle elle sortit du mascara.
« Bon, ça, ça ne risque pas de me déranger si c’est noir. »
Néanmoins, lorsqu’elle prit le pinceau, elle en resta glacée d’horreur.
« Putain, mais c’est quoi ce bordel ?! »
Son pinceau...il ressemblait comme deux gouttes d’eau à une phalange, autrement dit à l’os d’un doigt humain. Elle le tenait toujours dans la main et l’envoya tout à coup loin d’elle, sous le lit.
« Au secours ! »
Elle criait, mais en même temps, seul un son à peine audible sortait de sa bouche. Jenny se leva, décidée à examiner de plus près cet étrange phénomène. Elle se baissa et dirigea le rayon lumineux de sa lampe sous le lit poussiéreux. Quelque chose bougeait là-dessous. Elle tendit la main mais sentit de petits picotements et la retira sans attendre.
« Une a-a...une a-a-...une araignée ! »
Jenny secoua sa main jusqu’à ce que l’insecte (ou arachnide, car l’araignée n’est pas vraiment un insecte : elle a huit pattes...bref !) parte. Elle recula doucement, mais de dessous le lit sortirent alors des dizaines, voir des centaines d’araignées. L’adolescente, paniquée, couru à travers la pièce, saisit son sac au passage, et sortit. Heureusement pour elle, la porte ne fermait pas, et il n’y avait aucune ouverture qui aurait permis aux araignées de sortir de la pièce. Jenny couru dans le couloir, terrifiée, sans oser crier. Elle ne voulait pas que ses amis sachent la peur qui l’envahissait, elle ne voulait pas qu’ils se moquent d’elle.
« Je te hais Léna, susurra-t-elle, et Victor, je te hais d’avoir voulu des chambres séparées. »