Auteur : Jelubay
Posté le 23 août 2014
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Chapitre 10

Victor observa tour à tour le lit et les meubles décorant sa chambre. Il soupira et se laissa tomber sur le matelas poussiéreux. Il s’endormit peu de temps après.
L’adolescent fut réveillé par le froid glacial qui régnait dans sa chambre. Pour lui aussi, le premier réflexe fut de regarder sa montre, mais il ne voyait rien : les chandelles étaient éteintes et sa montre avait des aiguilles, elle ne pouvait pas s’éclairer. Mais alors qu’il se demandait combien de temps il lui restait à attendre avant qu’il ne sorte de ce château maudit, un bruit sourd se fit entendre et résonna. Il reconnu le bruit d’une vieille horloge, elle sonnait les douze coups de minuit. Il tressaillit et sortit de son sac un couteau. Il n’était pas rassuré, mais tenir une arme lui donnait confiance en lui, il se sentait plus fort.
Décidé à ne pas se laisser faire par un quelconque plaisantin, il se tenait droit, comme s’il n’avait pas peur de ce que lui réservait l’avenir.
La porte, la seule de la pièce, trembla, la poignée tourna quelques secondes avant de se figer.
« Tu pourrais toquer Léna, lança le garçon, je dormais. »
Mais il n’eut pas de réponse.
« Jenny ? »
Toujours aucun bruit.
« K...Karen ? »
La porte s’ouvrit puis se referma, alors que personne n’était entré.
« Qui que vous soyez, assura-t-il avec courage, je n’ai pas peur, je sais me défendre, et je suis armé, alors je vous conseille de vous montrer.
- Bien. »
Cette voix...quelqu’un venait de lui répondre. C’était une femme, elle avait une voix aiguë, presque enfantine, elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Un brouillard apparut dans la chambre, un brouillard à travers lequel on ne voyait rien.
Le nuage blanc prit alors une forme humaine, c’était une jeune femme, elle semblait âgée de dix-sept ou dix-huit ans, elle était vraiment belle et sa robe laissait penser qu’elle venait du dix-neuvième siècle, pas plus.
« Vous êtes une...une revenante ?
- Oui Victor.
- Comment savez-vous mon nom ? »
Le fantôme ne dit rien et avança vers le garçon. Ce dernier recula, tendant son couteau.
« N’avancez pas, vous pourriez le regretter.
- Je suis déjà morte, rit la femme, crois-tu me faire peur ? Et puis, si j’avais été tuée par un couteau, je n’aurais jamais souffert.
- Que voulez-vous dire ? »
La dame blanche soupira et s’approcha de Victor. Á chaque pas qu’elle faisait, son corps était plus mutilé qu’avant. Elle ressemblait exactement à la femme sur le tableau que Karen avait vu, c’était elle, et l’adolescent était un peu plus terrifié à chaque marque qui apparaissait sur le corps de la pauvre femme.
Lorsqu’elle fut en face de lui, elle se stoppa, et resta immobile. Victor ne pouvait détacher son regard des blessures monstrueuses qui se trouvaient sur le corps du revenant.
« Tu vois ce qu’ils m’ont fait, demande-t-elle.
- Qui ?
- Tu ne connais pas l’histoire de ce château ?
- Non, juste des légendes sans queue ni tête. »
Elle acquiesça puis se tourna vers la porte. Elle prit soudain un air affolé.
« Il va me trouver ! Vite, aide-moi, par pitié !
- Mais comment ?
- Je dois fuir de ce château, c’est l’homme que j’aimais qui m’a tué, et il veut me punir encore dans l’au-delà, je passe mon temps à le fuir, je n’aurais pas du rester si longtemps au même endroit !
- Passe par la fenêtre...
- Non, tu ne comprends pas, je ne peux pas partir, je suis prisonnière ici ! Comme vous... »
Victor n’y comprenait plus rien : il discutait avec un fantôme fait de nuage...
« Désolée Victor, je n’avais pas le choix. »
La jeune femme mutilée lui fonça dessus, rentrant dans son corps, la brume entoura Victor et il sentit un froid terrible s’abattre sur lui, comme s’il était au beau milieu d’une tempête de neige. Il respira une bouffée de cet air et sentit ses forces le quitter. Ses yeux se fermèrent et, avant qu’il ne perde connaissance, il entendit raisonner dans sa tête ces mots prononcée par la jeune femme : « je ne peux pas partir, je suis prisonnière ici ! Comme vous... » .
Le jeune garçon tomba avec fracas sur le sol, il était inconscient et seul.

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