Jenny et Victor saluèrent leur amie et Léna avant de partir pour l’aile nord du château, la plus éloignée de l’entrée.
« Alors Léna, reprit Karen, on va dans le jardin ?
- D’accord.
- Tu ne veux pas que l’on passe par la tour ouest, j’ai remarqué que c’était la plus proche et la deuxième plus haute. On pourrait avoir une vue assez large, ensuite on descendra voir de plus près si tu veux.
- Ok, ça me va. »
Les deux filles descendirent les escaliers et partirent vers l’ouest. Les couloirs étaient sombres et Léna n’ayant pas sa lampe, c’était avec celle de Karen que les deux s’éclairaient. Léna était morte de peur mais tentais de faire face, elle devait prouver qu’elle pouvait se dépasser, pour ses camarades, et pour elle. Karen cachait un peu mieux sa peur, mais dans sa tête, elle revivait chaque seconde ce terrible moment où sa nuit a basculée dans l’horreur.
« Karen, continua Léna après un court silence, est-ce que tu penses que cette nuit va nous rapprocher tous les quatre ?
- Comment ça ?
- Non, laisse tomber.
- Oui, je pense qu’elle va nous rapprocher. Dans des moments de peur et de danger, on ne peut pas avancer seul, il faut se serrer les coudes, et surmonter ce qui nous effraie.
- Tu as peur ?
- Non, répondit Karen sans grande conviction.
- Tu sais, le pari disait juste que vous deviez passer une nuit ici, pas que vous ne deviez pas avoir peur.
- Mais justement, c’est pour voir si nous n’avons pas peur de ce château que nous sommes ici.
- La plus grande preuve de courage était d’accepter le défi et de venir.
- Oui, c’est vrai...
- Moi je suis morte de peur, soupira Léna.
- Moi aussi, avoua Karen.
- Tiens, voilà la tour. »
Karen et Léna s’arrêtèrent devant des escaliers raides faits de pierre. Les deux commencèrent l’ascension, la peur au ventre, le cœur battant.
Leurs pas résonnaient, Léna était forcée de rester derrière Karen, les escaliers étant trop étroit pour qu’elles montent côte à côte. Karen s’arrêta si brusquement que Léna faillit lui rentrer dedans.
« Qu’est-ce qu’il y a, la questionne cette dernière.
- Regarde, tu n’as pas vu ?
- Vu quoi ? Tout ce que je vois, c’est deux marches et toi de dos.
- Non, dans le jardin. »
Karen montra du doigt une meurtrière à côté de laquelle elle se trouvait. Léna, un peu stressée, regarda à travers l’ouverture. D’ici, elle avait une belle vue sur le jardin. Lors d’une journée d’été, elle aurait été ravie de voir ça, mais ce jour là c’était l’hiver, et il était presque une heure du matin : le cadre était un peu moins chaleureux... Rien ne bougeait il n’y avait pas un bruit. Seulement le vent et la pluie.
« Tu as sûrement entendu le vent, et vu la pluie, hésita Léna.
- Non, affirma Karen, du vent et de la pluie n’auraient pas brillé.
- C’est peut-être ma lampe, elle était allumée quand je l’ai faite tombée.
- Nous ne dormions pas ici.
- Continuons, tu vas me faire peur.
- Si tu veux. »
Léna cherchait désespérément à expliquer ce qu’avait vu Karen, mais à part une intervention humaine, rien n’expliquait une lumière qui se baladait la nuit...enfin, sauf si bien sûr c’était dans la cour d’un château hanté qu’elle avait été aperçu, dans ce cas, tout s’expliquait.
Karen reprit son chemin et s’arrêta à la meurtrière suivante, quelques mètres plus haut. Elle examina le jardin. Elles devaient être à cinq mètres du sol, pas plus. Dans le jardin, elle perçut un nouveau mouvement.
« Là, s’exclama-t-elle, tu l’as vu ?!
- Non, je ne regardais pas.
- Tu te moques de moi ?!
- Désolée, soupira Léna honteuse, je te crois, mais...j’ai si peur, je ne veux pas que Victor le sache, mais je suis terrorisée, mes yeux ne quittent pas la lampe.
- Bon...je te comprends, je dois avouer. Continuons. De toute façon, il ne peut rien nous arriver tant que nous sommes ensemble.
- Oui, d’accord. »
Les deux filles se turent et reprirent une fois de plus leur ascension.