Chapitre 14

Victor et Jenny venaient de quitter Léna et Karen. Ils se dirigeaient vers l’aile nord du château. Un étrange bruit fit sursauter l’adolescente qui se jeta au cou de Victor et y blottit sa tête.
« Jenny, tu ne te sens pas ridicule ?
- Si, très, mais j’ai trop peur !
- Tu sais, moi aussi j’ai peur.
- Ne te moque pas, je suis sérieuse. »
Il la prit par les épaules et murmura sur un ton sérieux :
« Moi aussi. »
Jenny recula puis interrogea son ami :
« Tu l’as entendu toi aussi ce bruit ?
- Oui.
- Tu penses que c’est le vent ?
- J’en suis certain. »
Et même si le visage de son ami trahissait sa peur, Jenny le croyait, car c’était, elle le savait au fond d’elle, ce qu’elle voulait entendre.
Le jeune garçon prit la main de Jenny, et la serra contre lui.
« Seuls, nous sommes deux gosses effrayés, lui dit-il l’air protecteur, mais à deux, nous sommes forts et courageux, ok ?
- Ok.
- Viens, continuons. »
L’adolescente acquiesça et les deux reprirent leur chemin, main dans la main. Victor sentait que le cœur de Jenny battait à toute allure, elle était sur la défensive, le rayon lumineux de sa lampe balayait chaque tableau et chaque statue se trouvant dans le couloir. Les lumières des deux lampes se croisaient régulièrement, formant un large rond de lumière sur le sol.
Victor pointa le rayon devant lui, le couloir était encore long après quoi il tournait à droite. Jenny fixait le sol, de peur de voir quelque chose d’effrayant si elle levait les yeux. Elle serrait la main de son ami de toutes ses forces, si bien qu’elle se demanda si Victor la sentait encore. Le sol était tapissé de poussière, tout comme les murs et chaque meuble du château. La jeune fille était mal à l’aise dans cet endroit lugubre, et pas seulement depuis ce qu’il était arrivé dans sa chambre : depuis qu’elle était dans le château, elle avait l’impression d’être observer, à chaque instant. Elle sentait une présence à ses côtés...et pas seulement celle de Victor.
Jenny ne cachait pas sa peur, mais elle demanda quand même à son ami s’il pouvait garder pour lui la réaction (assez exagérée) qu’elle avait eue quand ils ont entendu ce bruit de vent qui soufflait. Elle était honteuse en plus d’être terrifiée. Pris de pitié, le garçon accepta et la rassura autant qu’il le pouvait en lui promettant que tout ira bien, et que dès les premiers rayons du jour, ils partiraient tous les quatre, oublieraient cette histoire, et continueraient leur petite vie tranquille...sans jamais s’approcher d’un autre lieu hanté de leur vie.
« Mais Victor, protesta Jenny sur le point de pleurer, personne n’a réussit cet exploit, ils sont tous morts !
- Non, il y a ce type qui est devenu fou...
- Ouah, quelle chance, ironisa la jeune fille.
- Ces gens étaient des clochards, des gens seuls et un peu dérangés, ils ont très bien pu tomber sur je ne sais quel animal et se faire manger.
- Super, ça me rassure...
- Écoute, Tu as une hache et moi des couteaux, si quelqu’un ou quelque chose nous attaque, on se défendra.
- Et si cette chose n’est pas matérielle, on fait quoi ?
- Comment ça ?
- Si on est en face d’un fantôme ?
- On pourra gérer, pourquoi eux peuvent nous toucher et pas nous ? Ce n’est qu’une légende idiote.
- J’en doute...
- Il faut y croire et espérer...dans ce genre de situation, l’espoir est la seule chose qui nous permet de ne pas baisser les bras et se laisser submerger par la peur.
- C’est facile à dire.
- Crois en moi. »
Il s’arrêta et plongea son regard dans le sien. Elle hocha la tête, convaincue que son ami ferait tout pour la protéger, comme il lui a promis. Mais comment Victor pourrait-il la protéger d’une entité malveillante s’ils en rencontraient une ?