Auteur : Jelubay
Posté le 6 septembre 2014
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Chapitre 17

Léna et Karen fixaient, incrédules, le portail bloqué à l’autre bout de la cour. Qui avait pu refermer la grille, et comment de si hautes ronces avaient pu pousser en quelques secondes, à peine.
« Que fait-on, demanda Léna.
- Nous devrions aller voir ça de plus près.
- Je suis d’accord. »
Karen passa devant et descendit les escaliers, mais au bout de quelques marches, elle entendit un cri. Lorsqu’elle se retourna, elle constata que Léna ne la suivait pas, et que c’était sa voix qu’elle entendait. Elle remonta jusqu’au sommet de la tour mais s’arrêta quelques marches avant.
« Léna ! »
La pauvre se cramponnait à la marche la plus haute comme elle le pouvait, ses deux pieds étaient levés, comme si on la tirait.
« Karen, je t’en supplie, aide-moi, quelque chose me tire en arrière ! »
Alertée, Karen passa au-dessus de la jeune fille et attrapa ses chevilles. Elle sentit une main glacée qui tenait Léna. Ce n’était pas une blague, quelque chose la tirait bel et bien vers le vide.
« Ne t’inquiète pas, la rassura Karen, il y a des barrières, et tu ne peux pas passer dessous. »
Alors qu’elle venait de prononcer ces mots, Karen entendit comme une explosion derrière elle. Elle se retourna et vit avec horreur qu’une partie de la rambarde manquait au balcon, et c’est par là que l’on tirait Léna.
Karen repartit vers la pauvre fille, quelques marches plus bas, et lui prit les poignets.
« Vas-y, lâche la marche. »
Léna obéit et lâcha. Elle fut tirée en arrière et poussa un cri de terreur.
« Karen ! Au secours !
- Je te tiens ! »
Hélas, la force qui attirait Léna en arrière était beaucoup trop forte et Karen lâcha prise, sa main glissante de sueur. Léna poussa un nouveau cri qui résonna quelques secondes. Elle disparut.
« Léna ! Non ! »
Karen s’agenouilla, ou plutôt elle tomba à genou sur les pierres froides. Sous le choc, elle ne savait pas quoi faire. Complètement perdu, elle n’entendait plus rien.
« Karen, Karen, viens vite ! »
L’adolescente se leva et alla vers l’endroit où Léna avait été amenée. Cette dernière pendait dans le vide, se tenant à un morceau de la rambarde brisée.
« Karen, je ne vais pas tenir longtemps !
- Attrape ma main !
- Non, je n’ai plus la force...
- Espèce d’idiote, bien sûr que si ! »
Karen s’allongea, passa son bras sous la barrière afin de ne pas être attirée vers le bas : entre le sol et la rambarde, il y avait environ dix centimètres, de quoi passer un bras, mais pas un corps entier. Elle devait atteindre son amie Léna qui se trouvait un peu plus à droite.
« C’est bon, s’exclama-t-elle, j’ai ton bras droit, j’essaye d’attraper le gauche. »
De la main gauche cette fois, elle parvint à serrer le poignet gauche de Léna. Elle la tenait.
« Mais tu ne pourras jamais me tirer.
- Je sais. Mais tu sais, il y a une autre solution : tu vas chercher une prise avec tes pieds, il y a sûrement des pierres qui dépassent un peu plus, c’est un vieux château.
- Oui, il y en a. Néanmoins, je ne vois pas en quoi ça m’aide que tu me tiennes les poignets.
- Avec les mains, tu fais comme avec les pieds. Tu escalades ce mur, et la personne qui t’assure, c’est moi. Si tu glisses, je te retiendrais et tu n’auras qu’à te remettre en position. Compris ?
- Oui. »
Léna attrapa de sa main droite un bloc de pierre. Elle posa ses pieds sur un autre cube froid et poussa. Il fallait juste encore quelques centimètres et elle pourrait remonter sur le balcon. Elle monta encore, mais son pied glissa et Léna tomba. Elle était pendue dans le vide, sans savoir ce qu’il y avait en-dessous tant il faisait noir, avec Karen qui la tenait par les poignets. Si cette dernière lâchait, Léna tomberait.
« Léna, grouille, remets-toi en position, je ne te tiendrais pas longtemps ! »
Écoutant Karen, Léna remit ses pieds sur les rochers puis elle parvint enfin à remonter. Karen la lâcha lorsqu’elle fut sûre que son amie ne craignait plus rien.
« Léna, tu vas bien ?
- Oui, tu m’as sauvé la vie, merci beaucoup. Je t’en serais éternellement reconnaissante.
- De rien. On doit se serrer les coudes pour ne pas y passer, mais je suis sûre que si nous travaillons en équipe, demain nous serons tous les quatre en vie.
- Allons dans le jardin voir ce qu’il s’est passé.
- D’acc. »
Les deux filles redescendirent les marches quatre à quatre puis traversèrent les couloirs. Elles courraient, ne désirant pas se faire surprendre par quoi que ce soit, elles fuyaient cet endroit maudit.

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