Jenny et Victor courraient à en perdre haleine, ils étaient terrifiés. Les deux se tenaient toujours la main, Jenny refusait qu’il la lâchât. Ils traversèrent quelques couloirs avant de se retrouver dans une impasse, face à une porte petite et simple.
« Je ne veux pas entrer, gémit Jenny.
- On doit y aller, on trouvera sûrement la sortie par ici.
- Bon...d’accord, mais tu ne me lâches pas.
- Même si je le voulais, je ne le pourrais pas, rit-il, tu me tiens trop fort. »
Elle lui sourit et les deux entrèrent ensemble dans la pièce sombre. Victor l’examina avec sa lampe : pas de fenêtre pour sortir (cette chambre était au rez-de-chaussée), les meubles étaient tous cassés, il n’y avait aucun tableau, et le seul meuble encore debout et en bon état s’avérait être une vieille armoire de bois.
« Victor, hasarda Jenny, ne crois-tu pas que nous devrions partir au plus vite, je ne tiens pas à me retrouver face à je ne sais quel objet qui bouge.
- Il n’y a aucun objet qui puisse bouger, ils sont tous en morceau, même le lit est complètement défoncé. On dirait que ce n’était pas une chambre pour l’un des propriétaires de la maison, ça me fait plus penser à une chambre de bonne.
- Oui, et pourquoi tout a été mis à sac ?
- Je n’en sais rien. La clé de l’énigme est sûrement dans l’armoire, c’est la seule chose encore debout ici. Elle devait avoir une valeur sentimentale.
- Je te préviens, si tu ouvres cette armoire et qu’on y trouve quelque chose d’autre qu’une clé, je te tue.
- Très drôle le coup de la clé de l’énigme... Voyons ce qu’il y a dedans... Quoi que ce soit, ça pourrait peut-être nous aider à y voir plus clair.
- Tu m’énerves... »
Victor sortit son couteau et l’enfonça dans la serrure du vieux meuble. Après l’avoir fait remuer, il entendu un cliquetis qui lui fit comprendre qu’il pouvait l’ouvrir.
« Attention, murmura le garçon, suspense... »
Il ouvrit l’armoire brutalement et se poussa sur le côté. Une masse s’écrasa sur le sol. Jenny, curieuse, y dirigea le faisceau de sa lampe et le regretta tout de suite. Elle se tourna et, prise de vertige, elle faillit tomber. Victor la rattrapa de justesse. Il éclaira à son tour le cadavre. Il s’agissait d’une jeune femme vêtue d’une pauvre robe...cette même femme sur les tableaux, celle que Karen et Victor avaient déjà vue. On pouvait encore deviner qui elle était aux entailles sur son corps, mais des vers s’attroupaient déjà depuis quelques années et ravageaient son corps autrefois si beau. Il restait encore de la peau par-ci par-là, et les os étaient tous ou fracturés, ou retournés. Qui qu’elle fut, cette femme avait souffert le martyre avant de s’éteindre : toutes les blessures étaient faites ante-mortem, et même si les jeunes l’ignoraient, le spectacle n’en était pas mois horrifiant.
« Jenny, murmura Victor, tu vas bien ?
- Oui, j’ai juste eu des vertiges, mais ça va mieux.
- Je crois que cette femme est la clé de toute l’histoire.
- Ce n’est plus une femme, c’est un squelette.
- Non, regarde, il lui reste de la peau. Elle était plutôt jolie d'ailleurs, tu ne trouves pas ?
- Je ne tiens pas la regarder, je ne suis pas nécrophile, MOI.
- Moi non plus.
- Ben on n’dirait pas.
- Partons.
- Enfin une bonne idée. »
Le cœur encore battant, Jenny se releva et partit, tenant toujours Victor par la main. Tout ce qu’elle voulait, c’était rentrer chez elle, même au beau milieu de la nuit, quitte à déranger ses parents qui dormaient paisiblement.
Les deux arrivèrent rapidement à la sortie, Victor étant doué d’un bon sens de l’orientation.
« Les filles devraient être ici, dit Jenny l’air inquiet.
- Et s’il leur était arrivé quelque chose ?
- Non...ce n’est pas envisageable. Tu connais Karen et Léna, ce sont des filles fortes.
- J’espère... »
Des pas se firent entendre. La porte d’entrée s’ouvrit brusquement. Victor et Jenny pointèrent leur lampe sur ce qui sortait du château. Ils furent soulagés de reconnaitre leur deux amies. Pourtant, ils virent tout de suite à leur visage effrayé que tout n’allait pas. Il s’était passé quelque chose.