Victor et Jenny furent très vite rejoints par Karen et Léna. Le visage des deux filles trahissait une peur indescriptible.
« Les filles, commença Victor, ça va ?
- Maintenant oui, soupira Karen, nous avions peur qu’il vous soit arrivé malheur à vous aussi.
- Comment ça à nous aussi ?
- Léna a faillit mourir, je l’ai sauvé de justesse. Quelque chose la tirait dans le vide quand nous étions sur le balcon.
- Il faut partir tout de suite. On annule le pari, d’accord Léna ?
- Totalement d’accord, répondit celle-ci, si seulement c’était si simple...
- Pourquoi ?
- Allons-y. »
Étonnés, Victor et Jenny suivirent Léna et Karen jusqu’aux grilles. En chemin, Léna ramassa sa lampe torche qui, fort heureusement, marchait toujours. Á l’entrée, le constat était toujours le même : les grilles étaient fermées et recouvertes de ronces.
« Tant pis, soupira Victor, je ne resterai pas une seconde de plus ici. Je ne fiche de me couper un peu. Je préfère ça plutôt que de mourir. »
Il grimpa sur les plantes et montait comme sur un mur d’escalade. Mais alors qu’il était en haut, une des ronces entoura sa jambe. Il tenta de se dégager, mais c’était hélas peine perdue. La plante le tira vers l’arrière et Victor chut et perdit connaissance. Jenny et Karen se précipitèrent à son chevet.
Léna les suivit et le garçon se réveilla très vite. Lorsqu’il voulut se relever, il grimaça, tenant de sa main droite son poignet gauche.
« Tu t’es fait mal, demanda Jenny inquiète.
- Je crois que je me suis cassé le poignet. On est coincé ici, on ne peut pas sortir. Quelqu’un ou quelque chose veut que nous restions.
- Mais nous devons partir !
- Si seulement nous avions le choix ! En voulant partir j’ai faillis mourir !
- Alors on utilise MA méthode. »
Folle de rage, Jenny sortit sa hache et donna un violent coup sur les ronces. Une tige tomba, mais se reforma aussitôt, plus solide encore qu’avant.
« Je suis sûre que nous pouvons trouver une grille que je pourrais casser pour sortir.
- Tu n’as pas vu, demande Léna, c’est partout comme ici, nous sommes entourés de ronce, il n’y a rien à faire.
- Non...non...je refuse d’y croire. C’est impossible. »
Jenny laissa tomber sa hache à ses pieds et s’assit par terre, prenant sa tête dans ses mains.
« Que va-t-on faire, s’exclama Karen.
- Je n’en sais rien, répondit Victor, nous ne devons en tous cas nous séparer sous aucun prétexte.
- D’accord, pas de problème. Je ne comptais pas le faire de toute façon.
- Super... »
Une demi-heure passa, une demi-heure pendant laquelle aucun n’osa parler, pendant laquelle tous jetaient des coups d’œil anxieux un peu partout autour d’eux. Jenny avait enroulé le poignet de Victor avec des bandages qu’elle avait amené...en réalité, la jeune fille avait amené sa trousse de secours, elle prévoyait toujours tout. Karen et Léna poussaient très souvent un soupir, elles essayaient de dormir, mais l’herbe était humide à cause du mauvais temps et de temps en temps on sentait de fine gouttelettes tomber du ciel. Chacun se demandait ce qu’il se passerait le lendemain matin, quand tout le monde comprendrait qu’ils ont disparut. Aucun des adolescents n’avait dit où il était vraiment, et il était évident que le château hanté n’était pas le premier endroit où iraient voir les secours. Ils étaient condamnés à rester ici jusqu’à ce que quelqu’un les retrouvât...morts ou vifs...
Après cette demi-heure d’attente qui ébranla les nerfs déjà à vif des jeunes, Victor se leva.
« On ne va quand même pas se laisser piétiner par des trucs qui sont déjà morts, non ?!
- Ouais, répondit Jenny, mais ils sont plus forts que nous.
- Moi je dis : au diable les morts, ici, c’est notre terre, celle des vivants ! Nous n’allons pas nous faire chasser par des gens qui ont vécu il y a deux ou trois siècles ! Ils ont fait leur temps, et c’est à nous de prendre le dessus. Je retourne au château comprendre ce qu’il s’y passe, si je ne suis pas de retour dans une heure, considérez-moi comme mort. J’en ai marre de fuir, je veux foncer et vaincre. »
Le garçon se leva et, alors qu’il s’apprêtait à partir, Jenny se leva à son tour.
« On ne se sépare pas, lança-t-elle, c’est toi qui l’a dit.
- Je ne veux pas rester.
- Ce n’est pas ce qu’elle voulait dire, reprit Karen.
- Si tu retournes dans cet enfer, termina Léna, nous venons aussi. On est tous dans la même merde, et on ne te laissera pas crever seul.
- On est toutes avec toi, tu es notre ami.
- Merci les filles, dit Victor reconnaissant, ça me fait chaud au cœur. »
Les trois amies rejoignirent Victor.
Tout à coup, devant le petit groupe se matérialisa une lumière.