Ce dernier cri résonna quelques secondes avant de s’éteindre...un silence pesant s’installa...Karen ne semblait plus lutter...
Jenny était immobile, tout comme ses camarades. Léna tenait toujours la hache fermement. La lèvre inférieure de Jenny tremblait, des larmes coulèrent sur ses joues. Léna frappa encore quelques fois la porte de sa lourde arme, mais elle ne cédait pas, et aucun bruit n’était perceptible à l’intérieur. C’était terminé...
« Karen, dit-elle faiblement, réponds...je t’en prie réponds. »
Victor prit Jenny dans ses bras et lui murmura quelques mots, après lesquels elle fondit en larmes. Son amie, sa meilleure amie...elle n’était plus de ce monde. Victor et Léna, très émus, avaient eux aussi les larmes aux yeux. Victor emmena les deux filles vers la porte d’entrée. Les trois s’assirent sur les marches de pierre. Elles étaient froides, mais ils avaient si froid qu’ils s’en fichaient. Elles étaient humides, mais leurs joues l’étaient encore plus.
Les jeunes ne cachaient plus leurs émotions. Jenny pleurait à chaudes larmes, Léna pleurait en silence, tout comme Victor.
« Elle m’a sauvé, susurra Léna, elle m’a sauvé, et je n’ai pas pu en faire autant... Elle avait si peur, et je n’ai rien pu faire.
- Tu as fait ton maximum, la consola Victor. Tu ne pouvais rien faire de plus.
- Je suis morte de peur.
- Nous aussi. »
Léna retenait ses larmes, elle voulait pleurer, crier, hurler, elle voulait détruire ce château.
« Nous devrions faire le tour du château, soupira Victor, il y a sûrement une issue cachée.
- Tu ne penses pas qu’il y a déjà eu assez de dégâts comme ça, s’interposa Léna.
- Si, justement, ne restons pas là. Vous imaginez que le squelette revienne.
- C’est à cause de toi que Karen est morte, TU as voulu suivre la lumière et TU as voulu entrer dans le caveau. Jenny t’a supplié plus d’une fois, mais tu es si égoïste que tu as refusé de partir !
- Non, je ne vous ai pas obligé à me suivre !
- NOUS, on n’abandonne pas nos amis !
- Qui a dit que tu étais mon amie ?!
- STOP !!! »
C’était Jenny qui avait crié. Elle se leva.
« On est tous dans la cour d’un château hanté par des fantômes qui veulent notre peau ! Ce n’est donc pas le moment de régler ses comptes ou de s’entretuer, compris ?! Vous ferez ça demain matin, quand on se sera barré de cet endroit pourri ! Pour l’instant, nous devons être soudés, nous devons nous aider, Léna, qui t’a sauvé ?
- Karen.
- Et toi, Victor, qui était ta meilleure amie ?
- Karen.
- Alors pour elle, pour moi, et pour vous, faites la paix.
- D’accord, soupira Victor. Je m’excuse Léna. Cette aventure m’a un peu retourné, et c’est normal que je pète un câble. Désolé que ce soit contre toi.
- Je m’excuse, dit à son tour Léna, je n’aurais pas du te chercher ainsi. Désolée. »
Un sourire apparut sur le visage de Jenny. Elle se leva et se dirigea vers le caveau, armée de sa hache que Léna lui avait rendu. Vers la porte de bois, il n’y avait rien, pas un bruit, pas un squelette. Soulagée que rien ne sorte, Jenny tourna la tête. Le petit chemin continuait et s’enfonçait à travers les arbres.
« Léna, Victor, venez, il y a peut-être une sortie par là-bas.
- Tu es sûre, demanda Léna.
- On ne sait jamais... »
Les deux rejoignirent l’adolescente et le petit groupe, en file indienne, avança sur le chemin lugubre. Au bout d’une vingtaine de secondes de marche, une partie de la cour était visible, il y avait le château, un large chemin et un escalier qui menait un peu plus bas.
« On tente l’escalier, hasarda Léna.
- D’accord, lui répondit Jenny.
- Vous pensez qu’il peut mener à une sortie ?
- J’en doute, mais on peut toujours aller voir. »
Victor acquiesça et les trois s’aventurèrent en direction du petit escalier de pierre, Victor en tête, tenant un couteau de la main droite.
L’air se rafraichissait, la nuit était sombre.
« Je crois que c’est encore pire que le caveau, lança-t-il à ses amies.
- Pourquoi, lui demanda Jenny qui était restée en arrière avec Léna.
- Venez voir, ce n’est pas dangereux...pas pour l’instant... »
Les deux filles s’approchèrent prudemment et regardèrent par-dessus l’épaules de leur ami...un cimetière...c’était un gigantesque cimetière.
« Mon dieu, dit Jenny d’un souffle, mais comment tant de personnes ont pu mourir ici ? »