« Le propriétaire devait enterrer toutes les personnes de la ville, reprit Léna après une courte réflexion, ce n’est pas possible autrement...
- Et s’il tuait une fois la nuit venue, proposa Victor, ce ne serait pas trop cool ?!
- Euh...non.
- Je veux dire, c’est la classe, on est sûrement les premiers à découvrir ça, non ?
- Sûrement.
- Venez voir ! »
Pendant que les deux discutaient, Jenny était entrée dans le cimetière et contemplait les pierres tombales. Elle avait appelé ses amis qui vinrent vers elle rapidement.
« Qu’est-ce qu’il y a, demanda Léna.
- Regardez, chaque tombe porte un prénom féminin, et toutes ces filles avaient entre dix-huit et vingt-cinq ans, constata l’adolescente.
- Ah ouais, sauf celle-là, elle est illisible et complètement défoncée. Ça se voit qu’on ne l’entretenait pas.
- Qu’est-ce qu’il y a écrit dessus, la questionna Victor.
- Je viens de dire que c’était illisible.
- Ah...oui... »
Les trois amis continuèrent leur chemin, slalomant entre les tombes des jeunes femmes. Ils arrivèrent près d’un petit tas de terre dans lequel était planté une croix.
« Il y n’y a rien écrit dessus, fit remarquer Léna.
- Certes, ajouta Victor, mais il y a des cailloux.
- Des cailloux ? »
Victor tenait un petit caillou blanc salit par la terre. Léna recula.
« Crétin ! C’est un os ! Une phalange ! »
Le garçon lâcha immédiatement ce qu’il tenait.
« C’est, bégaya Jenny, c’est...c’est une fosse commune... »
Dans ce sinistre cimetière, il devait y avoir au moins une centaine de cadavres.
Quelques gouttes se firent sentir, puis de plus en plus.
« J’étais sûre qu’il le remettrait à pleuvoir, soupira Jenny, nous devrions retourner à l’intérieur, on pourrait s’installer dans la grande salle à manger, elle est juste à côté de la porte.
- D’accord, approuva Victor. Tu viens Léna ?
- Oui, j’arrive. »
Ils rentrèrent dans le château et s’assirent comme convenu dans la grande salle à manger, près de la sortie. Dehors, la pluie tombait drue, et une tempête s’était levée. Il n’était pas plus de trois heures du matin, le soleil se lèverait d’ici cinq heures...encore cinq heures de cauchemar à vivre...
Un brusque courant d’air souffla la porte qui s’ouvrit avec fracas. Dans la salle, les tapisseries étaient complètement balayées par cette force. La poussière se leva, se transformant en un épais nuage. Celui-ci prit une forme humaine, celle d’une jeune femme.
« C’est elle, murmura Victor, c’est elle qui m’a parlé dans ma chambre. »
La femme les regarda chacun leur tour et leur sourit.
« Je ne vous veux aucun mal, les rassura-t-elle, je veux vous protéger des démons qui hantent ce château.
- Alors où étiez-vous quand Karen est morte, dit Jenny avec rage.
- Je n’ai rien pu faire, il est trop puissant.
- Qui ?
- Suivez-moi, et ne vous inquiétez pas, je n’ai rien contre vous, au contraire, je veux juste vous aider. »
Le fantôme s’éloigna, ses pieds frôlaient le sol sans le toucher, elle était douée d’une grâce incroyable et d’une beauté à couper le souffle. Elle les mena à travers les couloirs sombres. Les tableaux semblaient suivre les jeunes gens du regard... Finalement, le fantôme s’arrêta devant une porte.
« Je suis désolée, soupira-t-elle, je ne peux pas rester, je dois fuir. Vous trouverez la réponse à vos questions dans cette pièce, je veille sur vous, ne vous en faites pas. Ce n’est pas parce que vous ne me voyez pas que je ne suis pas là. Faites-moi confiance, rien ne pourra vous atteindre tant que vous serez dans cette pièce. »
Les jeunes acquiescèrent et poussèrent la porte. Léna pointa sa lampe sur une étagère de près de trois mètres de haut remplie de bouquins en tout genres.
« Je crois que nous sommes dans une bibliothèque, dit-elle.
- Oui, confirma Victor, je pense aussi.