Les jeunes sortirent, ils étaient stressés, ils avaient peur de croiser l’esprit de la femme qui avait torturé la pauvre servante. Comment avait-elle pu faire un acte si barbare ? Était-ce un coup de folie, ou une vraie vengeance. Cette duchesse était dangereuse, imprévisible, et les jeunes l’avaient parfaitement compris.
Les couloirs se succédaient, ils étaient tous identiques, longs, sombres, à peine éclairés par le faible éclat de la lune par les fenêtres. La tour n’était plus très loin, encore quelques dizaines de mètres et ils arriveraient tous les trois dans l’aile ouest. Jenny respirait de plus en plus vite, sa peur montait en elle et ses amis le sentaient. Victor lui sourit, un vrai sourire de charmeur, grâce auquel Jenny se mit à rougir.
Un vent puissant se mit à souffler dans le couloir, levant encore une fois une masse impressionnante de poussière.
« Les enfants... »
La servante assassinée se matérialisa devant eux, sous forme de nuage blanc et poudreux.
« Attention, je sens qu’elle arrive, s’exclama-t-elle l’air paniqué, il faut que vous partiez !
- Mais, hésita Victor, et notre mission ? Et la tour ?
- Peu importe, c’est vous qui comptez le plus pour moi, pour l’instant, il ne faut pas rester ici.
- Mais où aller dans ce cas ?
- Suivez-moi, dépêchez-vous ! »
Le fantôme de la jeune femme leur lança un regard implorant auquel aucun ne put résister et tous acceptèrent de rebrousser chemin. Pourtant, alors que tous s’éloignaient, Jenny s’arrêta, fixant l’une des armures, sur le côté de la pièce.
« Qu’est-ce qu’il y a, demanda Victor.
- Tu ne l’as pas vu, le questionna alors la fille.
- Vu quoi ?
- Non, rien... »
Le fantôme s’approcha de Jenny, mais alors qu’elle arrivait à sa hauteur, elle poussa un cri.
« Courrez ! »
L’armure de fer, sous le regard médusé des adolescents, prit vie et sortit son épée de son fourreau.
« Depuis quand c’est possible ce genre de truc, hurla Léna.
- Je ne fuirai plus, s’exclama Jenny à son tour. »
L’adolescente saisit son sac et en sortit sa hache.
« Mais t’es folle Jen, s’écria Victor, ils vont te tuer !
- Qu’ils essaient pour voir. »
Le premier soldat de fer s’approchait déjà de la jeune fille. Il donna un coup d’épée que Jenny évita tout en souplesse, après quoi elle riposta en tranchant le bras armé de son adversaire. Victor attrapa l’épée.
« Si tu dois disparaitre, déclara-t-il, je serais à tes côtés. »
Un sourire fut échangé, après quoi les deux se mirent côte à côte. Léna se plaça à leur côté, tenant deux couteaux.
« On reste soudés, soupira-t-elle, on se soutient pour réussir alors qu’on pensait que c’était impossible. »
Quatre hommes de fer s’avançaient vers le petit groupe. Léna lança son premier couteau qui toucha seulement l’un des opposants. Le second, elle le jeta entre l’armure du bras et celle du torse, empêchant provisoirement la chose de bouger son bras.
« J’y vais ! »
Elle s’élança, fit trébucher l’armure et lui prit le fléau d’arme qu’elle tenait. C’était une arme lourde mais au combien puissante. Léna donna de violents coups sur l’homme de fer, son armure fut très vite aplatie...
Victor était en duel contre un autre de ces monstres, mais son poignet gauche le faisait souffrir et il n’avait jamais fait d’escrime. L’armure leva le bras, prêt à abattre son arme sur le crâne du garçon, quand un éclair gris surgit. Son bras tomba, l’homme s’étala sur le sol, répandant les autres parties de son armure sur les pierres froides. Jenny se tenait debout, derrière lui, tenant fermement son arme.
« Eh bien Jenny, je ne pensais pas qu’un jour tu me sauverais la vie.
- Ouais, je sais.
- Va aider Léna, je vais bien.
- J’y cours. »
Léna tenait le fléau d’arme entre ses mains, une armure s’approchait d’elle. L’adolescente ne savait pas si elle devait ou non attaquer. Ce fut au moment où son dos toucha un mur qu’elle su que si elle n’agissait pas, elle se retrouverait coupée en deux. Elle donna un coup horizontal à l’armure, les jambes de celle-ci furent projetées un peu plus loin et le soldat argenté tomba comme une pierre.