Léna hésita.
« Tu veux dire que peu importe ce que nous ferons, nous les aurons toujours sur le dos ?
- Ouais. »
Victor avait encore un couteau, mais Léna était désormais dépourvue d’armes. Victor se mit devant elle, comme pour la protéger.
« Victor ?
- Tu nous as peut-être emmenés ici, mais je ne te laisserai pas mourir si je sais que je peux faire quelque chose.
- Mais...et ton poignet ?
- Ce n’est pas ça notre priorité. »
Jenny vint se placer aux côtés de son ami.
« Léna, on ne se connait pas beaucoup, et jusqu’à présent, on ne s’aimait pas beaucoup...mais ta vie, comme celle de n’importe qui, est précieuse.
- Mais vous n’êtes plus que deux contre quatre monstres.
- Erreur. »
Cette voix qui avait retentit, comme sortie de nulle part...c’était sa voix, celle de la servante. Un nuage de poussière se leva et peu après, la jeune femme apparue, entre les armures et les adolescents. Les hommes argentés se stoppèrent.
« Les filles, dit la servante, ces jeunes gens sont ici pour nous aider, ils ne vous veulent pas de mal, ni à vous, ni au maître. »
Á ces mots, les armures s’écroulèrent violemment avec fracas, laissant place à quatre fantômes, quatre jeunes femmes.
« S’ils ne nous veulent pas de mal, répliqua la première, pourquoi nous ont-ils attaqués ?
- Nous avons eu peur, lui répondit Victor, vous étiez effrayantes dans vos armures et vous vous approchiez de nous comme si vous vouliez nous tuer.
- Peut-être était-ce le cas...
- Quoi qu’il en soit, nous nous excusons. Nous ne voulons pas périr comme notre amie, c’est tout. Nous voulons sortir et pour cela, nous avons besoin de votre aide.
- Pourquoi vous en prenez-vous à ces enfants, leur demanda la servante.
- C’est la maîtresse, lui répondit la dernière femme, elle dit que les humains veulent se moquer de nous et nous exterminer pour notre pêché.
- Hum, hésita Jenny, combien de gens avez-vous tuer en croyant qu’ils vous voulaient du mal ?
- Pas beaucoup, juste trois ou quatre.
- Attends, reprit la servante, vous voulez dire que la duchesse vous a fait croire ces sottises ?! Tous les gens qui sont entrés ici, après avoir vu ne serait-ce que l’une d’entre vous, voulaient s’enfuir et vous, vous les tuiez ?!
- Oui. C’est la duchesse qui le voulait, et le duc aussi.
- Vous vous souvenez de votre mort les filles ?
- Non, mais le duc nous a dit que nous sommes mortes lors d’un violent orage, perdues en forêt.
- Il vous a fait tuer ! Vous ne vous en rappelez pas ?! Vous étiez ses amantes et quelques semaines après, vous étiez mortes !
- Il nous a menti ?
- Oui, et cela dans le but de conserver sa fortune. »
Les quatre filles échangèrent un regard étonné.
« Et pourquoi te croirions-nous ?
- Parce que j’ai ceci. »
La jeune femme fit un geste de la main et une bulle blanche sortit de la tête de la première femme.
« Ce sont tes souvenirs, ceux que tu as oubliés, mais qui sont toujours en toi. Marie regarde ça. »
La jeune femme fit un nouveau geste, une sorte de rond. Le souvenir s’agrandit, et des images apparurent, c’était avec le point de vue de Marie, celle qui avait vécu ça. Il n’y avait aucun bruit, c’était une nuit, on y voyait à peine, mais on entendit très vite le son d’une porte qui s’ouvre. Le duc entra, il la prit dans ses bras, et le souvenir s’arrêta avec le cri de la jeune femme. Cette dernière avait les larmes aux yeux.
« Marie, demanda Victor, qu’est-ce qu’il t’a fait ? »
Les yeux humides, la jeune femme ouvrit le dos de sa robe, dévoilant une large marque de couteau.
« Il a planté son couteau dans mon dos...il m’a assassiné.
- Je...je suis désolé, balbutia Victor.
- C’est lui...c’est lui qui m’a tué.
- Madeleine, reprit l’une des femmes en s’adressant à la servante, nous allons t’aider. Que devons-nous faire ?
- Prévenez les filles qu’il ne faut pas leur faire de mal, ce serait déjà bien.
- Nous y allons de ce pas. »
Les fantômes disparurent.
« Alors comme ça continua Victor, tu t’appelles Madeleine ?
- En effet, et je viens de comprendre : je suis la seule à me souvenir de ma mort, les autres avaient oublié et pensaient que le duc les aimait. Faut dire, j’ai mis quelques heures à périr, elles au moins, elles sont mortes sur le coup. Les fantômes qui vous faisaient peur, depuis le début, étaient les âmes des servantes qui pensaient que vous les jugiez à cause de leur acte.
- C’étaient elles depuis le début ?!
- Je ne le savais pas, désolée, mais elles ne devraient plus vous embêter maintenant qu’elles savent que vous ne venez pas les tourmenter.
- D’accord...que devons-nous faire à présent ?
- Allez dans la tour, vous devez affronter la duchesse, c’est elle qui nous retient ici.
- Je croyais que c’était le duc, soupira Victor.
- Elle peut faire ce qu’elle veut de lui...mais si vous venez à bout d’elle, tout rentrera dans l’ordre.
- On va essayer, tu viens avec nous ?
- Je ne peux pas malheureusement, mais croyez bien que je voudrais. Un maléfice empêche quiconque d’entrer, mais vous, vous êtes des humains, ça ne fera pas effet sur vous.
- D’accord... »