Les trois amis se regardèrent avec inquiétude puis Victor fit le premier pas en direction de la tour.
« Venez, leur ordonna-t-il, si on ne le fait pas, on ne sortira jamais. »
Léna s’avança, prête à affronter ce qui se présentait à elle mais Jenny recula d’un pas.
« On a déjà perdu Karen, bafouilla-t-elle, et tout ça, c’est complètement fou...je ne m’en sens pas capable. Victor, je suis désolée, je n’y arriverai pas, j’ai trop peur, je n’en peux plus...j’ai atteins mes limites. Désolée. »
Jenny s’éloigna de ses amis, l’air abattu et fatigué. Léna s’apprêtait à aller la chercher quand Victor posa sa main sur son épaule et soupira :
« Laisse, j’y vais. »
Le garçon s’approcha de son amie et lui prit la main. Jenny se tourna, fuyant le regard de Victor qu’elle ne se sentait pas capable d’affronter. La jeune fille était honteuse et sentait que son ami, bien qu’il ne lui en veuille pas, était à bout de nerf.
« Vic, je ne veux pas t’énerver, je veux juste rentrer chez moi, mais combattre un fantôme je ne peux pas, et puis comment on bat un fantôme ?
- On ira lui parler.
- Quelle idée géniale, bravo... On court à notre perte. Il y a douze heures, je ne croyais pas aux esprits et maintenant je parle avec eux comme si c’était naturel. J’ai l’impression de devenir folle ! Je n’en peux plus !
- Jenny, je sais qu’on peut tous craquer. Cette nuit est très éprouvante, je te comprends...à vrai dire, moi aussi j’ai envie d’abandonner. Mais c’est soit ça soit la mort.
- Qui te dit que dans tous les cas on ne mourra pas ? Qui te dit que ce qui nous attend n’est pas pire encore que ce que nous avons vécu jusque là ?
- Rien...je l’espère, c’est tout. Et sans toi, je n’irai pas jusqu’au bout Jenny. Sois courageuse, pour Karen...et pour moi.
- Victor...vas-y. Moi je ne m’en sens pas capable.
- Non...
- Il n’y a pas de non. Vas-y...ce n’était pas une question.
- Bon...d’accord. Fais attention à toi.
- Promis. »
Victor s’éloigna accompagné par Léna. Un éclair illumina, l’espace d’un instant, le couloir sombre. Jenny frissonna et s’assit contre un mur, se recroquevillant, apeurée.
Le garçon et son amie montaient les escaliers afin d’accéder à la tour. C’était la dernière étape avant la sortie, ils devaient y arriver.
« Tu l’aimes, demanda Léna, n’est-ce pas ?
- Qui, l’interrogea Victor son tour.
- Á ton avis...Jenny.
- Non, nous sommes juste amis.
- J’ai du mal à te croire. Tu es protecteur, doux, gentil...tu n’es pas pareil qu’avec les autres filles. En plus, quand tu as du la laisser derrière, j’ai bien vu que tu avais peur qu’il ne lui arrive quelque chose. T’inquiète, elle ne craint rien, les plus en danger, c’est nous...
- Mais non je ne l’aime pas, tu te fais des idées.
- Je...
- Chut...tu as entendu ? »
Léna se figea et tendit l’oreille. Pas un seul bruit.
« Non, je n’entends rien.
- Je suis sûr d’avoir entendu quelque chose, affirma Victor.
- Comme quoi ?
- Euh...ça ressemblait à un coup de vent, peut-être même à un soupir.
- Non, je n’ai rien entendu.
- Tu as peur Léna ?
- Oui.
- Pourquoi tu es venue avec moi au lieu de rester avec Jenny ?
- Le fantôme a dit que beaucoup de personnes étaient venues, mais que personne n’avait réussit à ressortir vivant...ou en bonne santé mentale. Si on veut réussir, on doit avoir quelque chose en plus. Et je pense que le nombre peut tout changer dans cette histoire.
- Nous sommes sur le point de le découvrir... »
Devant les deux jeunes adolescents se dressait une porte de bois éraflée. Victor se tourna vers Léna et lui lança un regard qui semblait lui demander si elle était prête à affronter ce qui se trouvait derrière cette dernière séparation.
« Allons-y, lui répondit-elle. Plus vite on sera entrés, plus vite on sera sortis.
- Si déjà on arrive à en ressortir vivant, soupira le garçon.
- Courage. »
Léna, ayant eu un soudain regain de courage, posa sa main droite sur la poignée, soupira pour se calmer, puis poussa la porte.