Jenny ne pouvait s’empêcher de pleurer, elle se sentait idiote d’avoir rejeté ses amis, de les avoir laissé aller seuls vers un tel danger, et par-dessus tout, elle avait l’impression de les avoir trahit en les envoyant à la mort. Elle voulait se résonner et se lever pour les rejoindre mais elle ne pouvait s’y résoudre. Au dernier moment, la peur reprenait toujours le dessus sur tout le reste.
Elle entendit un grincement, ils venaient sûrement d’ouvrir la porte.
« Qu’est-ce que je dois faire, murmura-t-elle, je suis complètement perdue. »
Victor et Léna venaient de pousser la porte, émettant un léger grincement.
« Léna, laisse-moi passer devant.
- D’accord, répondit cette dernière du tac au tac.
- Trouillarde.
- Tu n’as pas peur ?
- Si. »
Il baissa les yeux, ce qui tira un rire à son amie. Elle le laissa passer devant et jeta un œil à l’intérieur de la pièce. L’adolescent fit de même puis se décida enfin à entrer.
Les enfants découvrirent alors une pièce vide. Il n’y avait personne, et malgré sa petite taille, la pièce était meublée de deux grandes bibliothèques et d’un petit bureau éclairé par une bougie. La seule fenêtre de la pièce était grande ouverte. Victor prit son courage à deux mains et s’approcha de l’ouverture. Il se pencha et observa rapidement le sol au bas de la tour. Le jeune garçon constata avec horreur qu’un squelette était étalé sur le sol en contrebas. Il se redressa et retourna vers Léna.
« Victor, qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien, juste un squelette, en bas.
- Oh mon dieu !
- C’est sûrement la duchesse, lorsqu’elle s’est suicidée.
- C’est horrible !
- Les humains font preuve de sentiments maintenant ?! »
Une voix résonna dans la pièce, une voix féminine, belle, douce, mais que l’on sentait agressive. La duchesse était-t-elle ici ?
La pluie battait toujours dehors, un vent énorme se leva et des éclairs zébrèrent le ciel, provoquant alors une lumière vive qui aveugla les jeunes gens l’espace de quelques secondes.
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous dans ma tour ? »
La voix retentit une seconde fois. Victor plaqua Léna contre un mur et se dressa devant elle, courageusement. Impressionnée et le cœur battant, la jeune fille se tut, et même si elle était effrayée, la présence du garçon la rassurait beaucoup et le fait qu’il la protégeait ainsi intensifiait encore cette sensation de protection.
« Nous ne sommes que des adolescents, commença Victor, et nous voudrions partir de votre château. Nous ne vous voulons aucun mal. »
Un fantôme apparut, c’était une belle femme âgée d’une quarantaine d’année. Elle dévisagea le jeune garçon.
« Tu es si naïf, soupira-t-elle, mais tu es encore jeune, c’est excusable. Á mon époque, tu serais déjà sûrement marié. Et tu aurais sûrement déjà trompé ta femme. Regarde toi, tu es jeune, intelligent, beau, tu viens d’une bonne famille. »
Victor semblait étonné de ce que disait la femme, il lui lança un regard interrogateur.
« Victor, je suis la descendance de mon mari à la trace. Tu ne vaux pas mieux que lui, à draguer toutes les filles qui passent. Les sentiments, tu t’en moques. Tu te fiches des cœurs que tu brises, tu te fiches des larmes que ces filles versent.
- Vous ne savez pas ce que je ressens.
- Oh si, et tu ne ressens rien, tu es un pourri. Aujourd’hui le sexe et l’argent gouvernent. Vous les hommes, vous êtes pathétiques.
- Taisez-vous ! Vous ne savez rien !
- Si, je sais tout ! Je te connais, et ton âme est noire, aujourd’hui encore, tu as fait chaviré le cœur d’une fille. Tu vas la détruire, la froisser. Mon mari m’a trompé avec des dizaines de femme et ton ancêtre a été la pire, la pire des garces, elle me l’a volé !
- Taisez-vous ! »
Victor porta la main à sa ceinture, mais ses couteaux étaient restés en bas des escaliers.
« Que savez-vous de mes sentiments, lança Victor, vous ne savez pas ce que je ressens.
- Oh si. Tu protège Léna comme un homme. Tu veux te montrer fort alors que tu es terrifié.
- Je veux la protéger, comme le ferait un grand frère par exemple. Elle a plus peur que moi, je la comprends, si je peux être le seul à avoir peur, alors ça peut être bien, non ?
- Fais l’innocent...
- Il ne ment pas, intervint Léna. J’avoue qu’au début, il s’amusait à me faire peur, mais c’est un garçon, c’est normal, et puis moi aussi je lui ai fait peur. Mais au fil du temps, j’ai appris à le connaître. Il s’est montré courageux pour nous protéger de ces horreurs que vous causez. Victor ne mérite pas que vous lui parliez de cette façon.
- Léna, ne l’énerve pas, lui demanda Victor.
- Je n’ai pas peur de ce fantôme.
- Espèce de garce, s’exclama la duchesse, je vais vous tuer, tous les deux. »
Dans la main de la femme apparurent deux couteaux à la pointe violette.
« Des pointes empoisonnées, murmura le jeune garçon. »