Jenny venait de laisser partir ses amis. Les larmes coulaient sur ses joues, elle ne savait pas quoi faire : ses amis étaient tout pour elle, et s’ils échouaient alors elle mourrait aussi. Si elle allait les aider, elle aurait une chance de s’en sortir, elle ainsi que Vic et Léna.
« Jenny. »
Le fantôme de l’ancêtre de Victor apparut devant elle.
« Madeleine, que faites-vous ici ?
- Je suis venu discuter en attendant de pouvoir entrer vaincre mon ennemie.
- Discuter...c’est bien le moment.
- De femme à femme. Tu es grande maintenant Jenny.
- Écoutez, croire en vous, c’est déjà bien...
- Je sais que tu es morte de peur. Et j’ai ressentis ce que tu ressens. »
Jenny leva vers le fantôme ses yeux larmoyants.
« Vous savez, je veux me lever, je le veux vraiment...mais mes jambes, elles refusent de m’obéir.
- Je comprends, je suis humaine...enfin, plus maintenant. »
Cette remarque arrache à Jenny un léger rire.
« Et tu sais, je crois que je peux t’aider.
- Vraiment ?
- Jenny, écoute-moi bien. Tu vas imaginer la personne que tu aimes le plus au monde en train de te tenir la main. Tu visualises ?
- Oui.
- Et maintenant, elle te demande de te lever et de la rejoindre. Tu l’entends ?
- Oui, je l’entends.
- Alors vas-y, prends ton courage à deux mains, et même si tu restes tu n’es pas face au danger, tu ressens une envie irrépressible de te lever. N’est-ce pas ?
- Oui, je veux me lever.
- Alors Jenny, dis-toi que si tu rejoins tes amis, même si tu meurs, tu pourras leur faire des adieux convenables. Tu vois ce que je veux dire ? »
Le fantôme lui adressa un clin d‘œil. Jenny se leva d’un bond et s’éloigna. Mais après quelques pas, elle se retourna, lança un regard à Madeleine.
« Merci, lui lança-t-elle, merci de m’avoir aidé à me décider.
- Vas-y vite Jenny. La situation s’envenime là-haut. »
Alertée par cette révélation, Jenny saisit le fléau de Léna puis se mit à courir en direction de la tour. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre et arriva devant la porte. Là, ses jambes refusèrent de la porter plus longtemps et la jeune fille s’assit, veillant à ne pas pouvoir être vue de ses amis. Elle respira à grandes bouffées, prenant soin de le faire sans bruit. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever et à aller au devant du danger qui l’attendait dans la pièce, Jenny saisit une partie de la conversation qu’avait Victor avec le fantôme. Elle les entendait parler d’amour et du fait que Vic protégeait courageusement Léna. La jeune fille resta assise, une larme coula sur sa joue. Ce n’était pas juste, Léna et Victor se haïssaient hier encore. Mais au fil des heures, ils se sont rapprochés et maintenant, ils s’aiment.
« Non, ce n’est pas possible...Vic. »
Jenny en était sûre : c’est parce qu’elle avait peur de tout que Victor préférait Léna. Elle, elle avait peur, mais elle savait se montrer courageuse. Alors que Jenny ne tenait pas debout. Les larmes coulaient à flot sur le doux visage de la jeune fille. De nouveau elle s’en voulait d’être si peureuse, si nulle, si inutile, alors que Léna était intelligente, courageuse...elle.
« J’ai vraiment cru qu’il m’aimait, murmura-t-elle pour elle, j’y ai cru, j’ai eu tord, pourquoi ? Je ne sais rien faire, je ne vaux rien. Ils doivent me détester de les avoir abandonnés.
- Jenny ! »
Le fantôme de Madeleine regardait la jeune fille, l’air compatissant et sévère à la fois.
« Désolée, je n’y arrive pas, pleura doucement Jenny, je ne suis pas courageuse.
- Qu’est-ce que c’est que le courage pour toi ?
- Ne pas avoir peur. »
Le fantôme émit un léger rire :
« Jenny, expliqua-t-elle, le courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur : on a tous peur. Le courage, c’est d’oser les affronter pour les vaincre. Ose affronter ce fantôme qui menace ceux que tu aimes et tu auras fait preuve de courage.
- Vous croyez, demanda la jeune fille entre deux sanglots.
- Bien sûr, tout le monde a peur de quelque chose. Alors maintenant sèche tes larmes et fonce, va aider Victor et Léna. Tu apprendras bien plus de choses sur toi que ce que tu croyais.
- C’est-à-dire ?
- La vérité sera révélée grâce à toi, tu dois y aller.
- Merci Madeleine, vous m’avez beaucoup aidé.
- De rien. Tu me fais un peu penser à moi...je t’aime bien. Allez, j’y vais. »
Jenny adressa un signe au fantôme qui disparut. Elle reprit son fléau et s’approcha de la porte. Le fantôme, il tenait deux pointes et s’approchait de ses amis ! Que devait-elle faire ? Agir ou attendre ?