Auteur : Delphine
Posté le 25 novembre 2014  | Édité le 26 septembre 2017
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BRAKMAAR

Nannerl arrangea encore une fois sa cape, puis ses cheveux, le regard aussi déterminé que sa capacité à se battre. Ses mouvements saccadés et répétitifs devenus à la longue inutiles, mais trahissait son stress grandissant. À ses côtés, une grande silhouette encapuchonnée plutôt calme et discrète, portant un masque significatif de sa classe, la capuche rabattue à l’arrière. A travers son masque, ses yeux perçants observait la petite silhouette nerveuse avec un soupçon d’inquiétude.
- Vous êtes bien sur de ce que vous faites, Nannerl ?
- Combien de fois faudra-t-il que je vous le dise, Odhran… Tutoyez-moi, marmonna la crâ en rassemblant ses affaires en vue de partir. Et oui, je suis sûre.
Le zobal ne répondit pas. Il prit un sac, laissa le plus léger à la jeune crâ, puis il sortit a sa suite, fermant la maison derrière elle.
- Vous savez très bien que toutes ces mauvaises nouvelles m’inquiètes. J’aurais du aller voir aussi si mes parents allaient bien… continua-t-elle, en prenant la direction du zaap.
- Voyons, ne dites pas de bêtises. Bonta ne craint rien, et vos parents sont en sécurité. Elle soutient Amakna,, certes, mais vous savez comme moi qu’elle n’intervient que parce qu’elle est symboliquement l’ennemie de Brakmar.
Nannerl renifla dédaigneusement au nom de Brakmar. Mais le zobal avait raison.
- Je sais bien, soupira-t-elle. Enfin, merci encore d’être venu.
- J’ai juré de vous protéger depuis que vous m’avez sauvé la vie, ne l’oubliez pas, sourit Odhran sous son masque.
La jeune fille esquissa un sourire à son tour, tandis qu’ils marchaient à travers les rues de Murof en direction du zaap.

Shola soupira un bon coup. Elle se trouvait sur la place de Murof, et elle venait enfin de finir sa tournée du matin. C’était Ninar qui allait être contente. Elle grogna en marmonnant qu’elle voudrait bien des vacances depuis le temps, quand même. Elle était un peu fatiguée, aussi. Mais elle ne pouvait même pas soulever son masque pour se frotter les yeux. Elle se contenta de bailler fortement, en commençant à faire demi tour.
Le bruit caractéristique de l’arrivée du zaap la fit s’arrêter net. Qui donc arrivait à Murof aussi tôt ce matin ? Elle se retourna pour voir le nouvel arrivant. Il s’agissait d’une sacrieur d’une trentaine d’années, aux tatouages bleus, tout comme ses vêtements et ses cheveux, le visage encadré d’un foulard, un baluchon sur l’épaule. Shola plissa les yeux, et cilla à la vue de l’inconnue, qui ne lui paraissaient pas si inconnue que ça, en fait. Elle allait l’interpeller quand la femme sembla la remarquer et s’approcher à grand pas dans sa direction. Surprise, Shola ne bougea pas, et eut un bref mouvement de recul soudain quand elle percuta que la femme était maintenant juste devant elle, ses yeux laiteux aveugles la fixant sans la voir, sa main libre s’approchant sans ralentir de son visage masqué. Elle ne fut pas assez rapide cependant, la femme la dépassant d’une tête environ, et sentit la main lui toucher le sommet du crâne, puis le côté, et enfin le masque. Elle reprit rapidement ses esprits et recula de quelques pas. Comme si c’était normal, la sacrieur sourit.
- Ah Sho, tu tombes bien.
La zobale se figea. Elle connaissait son nom. Le sang apparemment bleu. Et elle la connaissait. Shola fit rapidement le lien. Il ne pouvait s’agir que d’une seule personne.
Le coup de point partit si vite que la disciple de sacrieur aurait du ne pas pouvoir l’esquiver. Pourtant, il lui suffit de se décaler d’un pas sur la gauche, et le coup entraina Sho qui tituba en avant, avant de se retourner rageusement.
- Non mAIS JE PEUX SAVOIR CE QUE TU FAIS LÀ ?
La sacrieur de perdit cependant pas son calme et son sourire. Elle se contenta de rire.
- Ah, je savais que tu réagirais comme ça. Écoute…
- Non ! ragea la zobale.
Au lieu de l’éviter cette fois, la sacrieur se contenta de stopper le coup de poing de sa main libre en le tenant fermement. Et tandis que Sho tentait alors un coup de pied, Sheila lui crocheta la jambe restante, lui faisant mordre la poussière. La sacri s’accroupit à côté de la zobale face contre terre, et soupira.
- Bon, tu as fini ?
- Comment tu peux revenir après m’avoir lâchée. Je t’ai cherchée partout, Shei. Pas un signe de toi.
- Tu as abandonné Lanor aussi, en plein désert, sans aucune provision alors qu’elle avait la cheville cassée.
- …
- Tu es toujours décidée à parler de nos erreurs mutuelles ?
- …
- Bien. Tu as lu le journal ?
La zobale releva la tête, sans pour autant se lever.
- Quoi ? Même pas un bonjour, un comment ça va, ou même « et si on se parlait de ce qu’on a fait pendant tout ce temps » ?
- Pas le temps maintenant. Je répète, as-tu lu le journal de ce matin ?
- Nan. Flemme.
Shei soupira. Elle ne changeait pas. Elle sortie donc de son baluchon le-dit journal, qu’elle lui tendit. Shola se redressa en tailleur, et prit le journal d’un air circonspect.
- Parce que toi tu l’as lu ?
- On me l’a lu.
- Oh.
La zobale parcourut un moment sans savoir quoi chercher, et ce n’était pas la sacrieur aveugle qui allait l’aider, mais tomba rapidement sur l’article voulu, dans la marge. Elle le lut rapidement, puis releva la tête.
- Oh mon dieu.
- Tu peux le dire.
- Et elle est en danger.
- Ça ne m’étonnerait pas que oui. Je veux aller à Brakmar m’assurer que tout ira bien, et qu’elle ne fera pas de bêtise. Et avec la guerre qui va éclater d’un moment à l’autre, elle risque d’être piégée la-bas avec ces tarés qui vont vouloir récupérer la firme de son père.
- C’est ce que je lis, oui.
- Tu viens avec moi à Brak ? demanda Shei en se relevant.
Sho sauta sur ses pieds, un sourire étalé sur les lèvres sous son masque. Et après tout, elle en devait une à Lanor, après l’avoir abandonné dans le désert.
- Bien sur ! On part quand ?
- Tout de suite. Va faire préparer tes affaires, je t’attends là. Prend le minimum.
- D’acc ! Faut que je fasse un tour à la mairie pour prévenir Nina -ma boss- que je serais absente.
Sho s’éloigna donc en courant l’air guilleret.


Nannerl et Odhran croisèrent Shola qui semblait bien pressée. Ils arrivèrent sur la grande place, et en s’approchant du zaap remarquèrent la silhouette assise sur les marches près de l’esplanade du zaap. Intriguée, Nann s’approcha.
- Madame ?
La sacrieur releva la tête.
- Oui ?
- Vous êtes perdue ?
- J’attends une amie. Nous devons partir.
Nannerl fit rapidement le lien avec Shola.
- Oh, vous connaissez Shola ?
- Plutôt bien, oui. Je m’appelle Sheila.
- Enchantée, je suis Nannerl Lilia. Et où allez vous, sans indiscrétion, avec Sho ?
- Nous nous rendons à Brakmar. Une amie a des ennuies.
Nannerl jeta un coup d’œil à Odhran.
- Et bien ça tombe bien, nous comptons nous y rendre aussi.
La sacrieur sourit.
- Et bien je suppose que si vous n’êtes pas pressé, nous pouvons faire le voyage ensemble.
- Avec plaisir, sourit Nannerl.
-Heeeeeey Nannyyyyyy !
Les trois personnes se retournèrent vers la nouvelle arrivante. Une iop, au cheveux rose en carré, habillés de vert, leur faisait signe. Nannerl fit rapidement les présentations.
- Bah alors, tu pars en voyage ? reprit Kiri en remarquant la tenue de Nannerl.
- Je vais à Brakmar, Kiri. Trouver Robin, tout ça.
La iop fixa longuement la crâ. Puis éclata de rire. Nannerl pinça la bouche, vexée.
- Attends, toi, à Brakmar ? réussit-elle à dire en essuyant les larmes de rire qui perlaient au coin de ses yeux.
Nann croisa les bras, boudeuse.
- Oui, « moi ». Et alors ?
- Nann, Nann, Nann… Tu sais que tu vas te faire lyncher. Une bourge bontarienne à Brakmar, ça se sent à des millions de kilomètres.
- Je serais discrète, oh, râla la crâ.
- Mais ouii, à hurler « VIVE BONTA » dans les rues, c’est ça, on y croit.
- Je te parie que je peux le faire ! Grogna Nannerl en pointant vers Kiri un doigt accusateur.
- Bah j’attends de voir ça tiens ! J’ai même juste envie de venir juste pour voir ça. Ça risque d’être épique.
- On attend toujours Shola, si vous voulez venir vous avez encore un peu de temps, proposa Sheila.
Kiri sourit, tentant encore de maitriser son fou rire.
- Et bah parfait, j’vais chercher deux trois trucs et j’vous rejoins ! S’écria-t-elle en s’éloignant.
On entendit encore quelques minutes les restes de fou rire de la iop, avant qu’elle ne disparaissent au coin d’une rue.
Quelques minutes plus tard, Sho et Kiri étaient revenus vers le groupe.
- Je tiens à préciser, que les zaap en direction de Brakmar sont fermés, ajouta Shei.
- Comment ? S’insurgea Nann. Mais, comment on va faire pour y aller ?
- Par bateau, dit Sho. Murof possède un port après tout.
- Exact, et il y a un bateau en direction de Brakmar qui lève l’ancre dans peu de temps, ajouta Shei.
- Et bien, qu’est-ce qu’on attend ! S’exclama Kiri en se dirigeant à grand pas vers le port, suivi du reste de la troupe. A l’aventure, compagnons !

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