— Si personne n'a trouvé ce magasin c'est peut-être parce qu'il se trouve dans une zone inexplorée !
— Humf.
— Et quoi de plus inexploré que les égouts ?
— Humf.
— En plus ça me donne l'impression d'être dans un jeu vidéo, y a TOUJOURS un niveau dans les égoûts dans un jeu vidéo !
— Humf.
— … en tout cas, je suis impressionné que tu m'aies suivie ici assistante N°3 ! Même Miya n'a pas osé descendre ici...
— Humf, des bonbons sont en jeux, lâcha simplement délinquante.
— Ah ouais quand même....
Sofian et Ilyana se trouvait actuellement dans un égout absolument dégueulasse, qui laissait admirer à qui le voudrait bien ses flots verdâtres remplie de matière non-identifiée, ses murs recouverts d'une antique vase visqueuse ou encore le clou du spectacle : l’exquise odeur putride appelant irrésistiblement à se perforer les poumons.
— ...bbrr... je doute que quelqu'un ne soit assez fou pour établir un magasin de bonbon ici..., en déduisit Sofian. Nous ferions-mieux de remonter...
Ilyana acquiesça sobrement. Elle et Sofian s’apprêtèrent à reprendre l'échelle par laquelle ils étaient descendus lorsque que...
— … !
Un Rattata audacieux, avec un étrange nœud rose attaché au bout de la queue, sortant de nulle part, sauta vivement sur Ilyana et lui arracha la poche de son jean... et atterrit au sol avec un étrange objet dans sa gueule. Le rongeur se dandina impertinemment sur place et s'enfuit ensuite dans ce qu'il semblait être un petit ricanement.
Sans en demander plus, Ilyana libéra son Dimoret et partit à la poursuite du rat dans un magnifique :
— Reviens, enfoiré !!
… avant de disparaître dans les profondeurs de l’égout.
— Eh zut, geignit Sofian. Plus question de remonter maintenant... snif... mais je veux pas rester ici moiii, ça pue... !
Sofian marcha ainsi à contrecœur le long des flots pestilentiels des égouts, tout en prenant bien gardes à ne pas glisser sur la matière visqueuse : la dernière chose qu'il avait envie en ce moment c'était bien de faire un gros plouf.
Mais fort heureusement pour lui, l'explorateur brun repéra rapidement sa chère assistante N°3, qui hésitait rageusement dans une canalisation particulièrement infecte.
— … Ilyana ? tenta t-il.
— Grrr... où est passé cette petite saloperie ?!
— D-du calme ! C'est dangereux ici, sans compter cette horrible odeur ! Faut mieux que tu abandonnes, non ?
La petite délinquante se retourner vers Sofian, tout en lui décochant un regard meurtrier.
— Jamais de la vie ! J'aurais la peau de cette vermine, je le jure...
— …. juste comme ça qu'est-ce qu'il t'a volé ?
— … ma Chupa Chups.
— …. c'est quoi ça encore ? J'ai la vague impression d'avoir déjà entendu ce terme quelque part, mais impossible de mettre le doigt dessus...
— … c'est une sucrerie.
— Je ne sais pas pourquoi, mais je l'aurais parié, avoua Sofian. Bah, ce n'est pas si grave, au pire tu en achèteras une autre !
Le visage d'Ilyana s'assombrit à vu d’œil, visiblement la remarque ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout.
Cependant, au lieu de réagir de manière excessive, la petite lycéenne tourna vivement les talons et s'engouffra encore plus profondément dans les canalisations.
— Attend ! tenta vainement Sofian. Tu ne sais même pas où ça mène !
Mais bien évidement, Ilyana n'attendit pas. Le pauvre brun commença légèrement à perdre patiente, surtout et toujours à cause de l'horrible odeur des égouts, qui décidément était loin d'égaler la fraîcheur printanière. Cependant, Sofian ne pouvait pas se résigner à abandonner Ilyana dans ce trou perdu même si elle avait beaucoup plus de chance de s'en sortir que lui, ne serait-ce parce que si elle était descendu ici, c'était un peu de la faute du brun. Par conséquent, Sofian repartit à sa chasse.
Des dizaines de fois, il manqua de déraper et de tomber dans la flotte, des dizaines de fois, il marcha dans des substances pas très sympathique qui semblaient faire fondre ses chaussures, des dizaines de fois, il dut fuir des Tadmorv un peu trop entreprenants, mais Sofian tint bon et après vingt minutes de course en tout genre, il repéra de la glace éparpillées au sol signe que quelqu'un s'était servie de cet élément récemment, comme un Dimoret par exemple.
Et Sofian en eut la rapidement la confirmation : à quelques mètres de là, un furet des glaces combattait avec vigueur un Grotadmorv géant.
Bon, le combat était proprement inégale. Le gros tas était certes dans son élément le plus strict, mais la différence de puissance entre lui et Shiki était abyssale. Le furet enchaînait sans discontinuer des Combo-Griffe avec d'énormes griffes ténébreuses – sans doute la variante de Tranche-Nuit qu'Ilyana adorait utiliser – et lorsque le Grotadmorv arrivait, après moult effort, à s'éloigner de son agresseur, ce n'était que pour se faire cribler d’Éclat Glace. La Pokémon des égouts ne devait sa survie qu'à son imposante masse dégoulinante, mais il était clair qu'il n'allait pas tenir longtemps.
Et comme pour confirmer la théorie, Ilyana ordonna à Shiki de souffler un Vent-Glace, ce qui eut pour effet de légèrement solidifier le corps du Grotadmorv. Son élasticité ainsi perdue, le Pokémon Poison valsa dangereusement contre un mur lorsque Shiki lui décocha un ultime Poing-Glace. Sentant qu'il risquait aussi gros que lui-même, le Grotadmorv géant réunit ses dernières forces pour se libérer de la glace et de prendre la forme d'une grosse flaque visqueuse , avant de plonger expressément dans l'eau putride et de s'enfuir.
— Humf, siffla Ilyana. Lâche.
Sofian souffla à la fois de pitié pour le Grotadmorv et de soulagement pour avoir retrouvé son assistante saine et sauve. Du moins, pendant un cours moment, puisque brusquement, la délinquante tomba à genoux.
— ILYANA ! hurla un Sofian paniqué tout en se précipitant vers elle.
— Tsst, siffla cette dernière. Il ne m'a pas raté...
— Q-qu'est-ce q-qu'il s'est passé ?!
— …. cet enfoiré est tombé du plafond tout à l'heure, juste sur moi. Humf, j'étais beaucoup trop concentrée sur l'autre enflure de Rattata... Humf... mais je lui ai donné une bonne leçon à ce gros tas, dommage qu'il ait réussi à s'enfuir.
Sofian se rappela la taille gigantesque de Grotadmorv, certes il n'en avait jamais vu avant, mais ce truc devait largement dépasser la taille normale avec ses trois ou quatre mètres de morves gluantes.
— … « Si cette chose gigantesque est vraiment tombée sur une gamine aussi minuscule qu'Ilyana... ! »
— Hé, fit brusquement la délinquante. Tu ne viens pas de penser à un truc insultant là ?!
— … ! N-non ! Absolument pas !
— Si ! insista t-elle Je l'ai vu dans ton regard ! Tu as pensé un truc du genre « Si cette chose gigantesque est vraiment tomber sur une gamine aussi minuscule qu'Ilyana... ! »
— Waaah ! paniqua Sofian. Ne lis pas dans les pensées des gens ! J'en appelle au principe fondamental de vie privée !
— Alors tu ne le renies même pas, siffla Ilyana en faisant craquer ses poings.
— Du calme ! Moi ami ! Pas taper !
Sofian se mit instinctivement dans une position défensive, cependant, le coup qu'il prévoyait ne vint jamais.
— Tsst, siffla la délinquante en relâchant ses muscles. Comme si j'avais le temps de m'amuser avec toi. J'ai un Rattata à rattraper.
Ilyana se releva rapidement, tout en s'arrachant une mine endolorie.
— Hep ! l'arrêta Sofian. Tu ne vas tout de même pas te remettre à courir dans cet état !
— Comme si une égratignure allait m'arrêter !
— … une égratignure ?
Intrigué, Sofian passa en revue le corps de la délinquante. Effectivement, en y regardant de plus près, il pouvait remarquer quelques résidus violets caractéristiques des Grotadmorv. Ce truc lui était bien tombé dessus par surprise.
— … « Et elle y a résisté, songea Sofian. Mmmh, mais c'est vrai qu'elle fait un certain poids pour sa taille, peut-être que ça la rend plus compact et résistante ? »
— … hé ! grogna Ilyana.
— Tu n'es pas censée avoir entendu ça ! Bref !
Le regard du brun se fixa soudainement vers les jambes de la petite demoiselle. Son jean avait été partiellement déchiré au niveau des genoux et … l'un de ses derniers semblait avoir quelques problèmes de fuites sanguines.
— Waaaah ! s'affola Sofian. D-du sang !!
— Humf.
Ilyana gardait un air ferme mais il était évident qu'elle s’efforçait et Sofian doutait réellement qu'elle pût encore partir gambader à la recherche d'un agile Rattata.
Sofian soupira un grand coup, et s'accroupit bien au sol, à quelques centimètres de la meurtrissure.
— Mmmmh... heureusement ça n'a pas l'air grave, diagnostiqua t-il.
Mais cela ne sembla pas rassurer Ilyana qui donna un violent coup de pied au jeune docteur en herbe.
— Reste à ta place ! pesta t-elle. Et personne ne ta dit qu'il ne fallait pas regarder entre les jambes d'une fille ?!
— Ne bouge pas aussi brusquement ! grogna Sofian en essuyant son nez ensanglanté. Tu risques d’agrandir la plaie !
Le ton du brun était étrangement sérieux et grave. Dans un long soupir concerné il libéra son Arkéapti et lui demander d'arracher l'une des manches de son Tee-shirt d'un coup de bec, puis, Sofian prit le morceau de tissu obtenu et s'approcha une nouvelle fois d'Ilyana tout en ronchonnant.
— ...pfff, voilà ce que c'est d'agir brutalement sans faire attention à rien : on se retrouve blessée dans un coin paumé ! Tu as de la chance que je sois là, sinon tu aurais continué ta route tout en aggravant la blessure et sûrement attraper toutes les bactéries du coin ! Et Arceus seul sait combien il doit en avoir ici !
Pendant ses complaintes, Sofian pansait habilement la jambe d'Ilyana qui restait étrangement silencieuse, presque coupable même.
— Voilà ! s'exclama le docteur en herbe une fois qu'il eut fini. Voilà qui devrait contenir le saignement, au moins le temps qu'on remonte...
Mais Ilyana se releva vivement, visiblement en désaccord.
— Je ne remonterais pas, grogna t-elle. Il faut que je retrouve ce fichu Rattata ! Et ce n'est pas un idiot dans ton genre qui m'en empêchera !
— Ne fait pas l'enfant ! On a déjà Miya pour ça ! gronda Sofian. Et puis, ce n'est qu'une sucrerie, si tu veux je t'en achèterais une autre...
— Il me FAUT celle que j'ai perdu ! insista Ilyana. Elle est irremplaçable !
— …. c'est si important que ça ?
— Évidement !
— …. très bien j'ai compris. Voilà ce que l'on va faire, on va remonter et ensuite, je redescendre vais continuer à chercher.
— … !
Ilyana plissa des yeux, pas très sure de ce qu'elle venait d'entendre.
— Je ne saisis pas vraiment ce que tu veux dire, expliqua Sofian, mais si tu dis que c'est si important, je dois faire quelque chose. En tant que chef du Super-Club de recherche Ultra-paranormale, j'ai une responsabilité envers mes assistantes !
— ….
***
Sofian et Ilyana remontèrent par l'un des escaliers. La petite délinquante n'avait absolument plus rien dit durant le trajet, ce qui rassura grandement Sofian qui craignait devoir faire face à plus d'opposition.
Une fois à l'air libre, une certaine rousse à couette se précipita vers eux à vitesse grand V.
— Chef !! cria t-elle. Vous étiez passé où ? Miya s’inquiétait !
— Ah, assistante N°4 ! se réjouit Sofian. J'ai une mission pour toi !
— Nyah ?
— Attention, c'est une mission très dangereuse...
— Glup... Miya bravera tous les dangers pour vous chef !
— Très bien, dans ce cas...
Sofian désigna gravement Ilyana.
— Tu dois t'occuper du petit monstre...
— NYAH ! faillit s'étouffer Miya.
— … hé, grogna la concernée. Ne croyez pas pouvoir m'insulter en sécurité sous prétexte que je suis blessée.
Et comme pour confirmer la menace, son Dimoret avança tout en dévoilant quelques crocs pas très sympathiques.
— Gasp ! Du calme ! geignit Sofian avant de reprendre un ton plus sérieux. Hem oui... bon Miya écoute-moi bien. Ilyana a effectivement été blessé à la jambe. Je crains que la plaie ne s'infecte trop... mais je ne peux pas m'en occuper, je dois retourner dans les égouts. Tu dois donc t'improviser infirmière ! Tout d'abord, essaie de trouver de l'eau, des bandages et un genre de produit antibiotique, j'ai confiance en tes capacités de récolte assistante N°4, je sais que tu peux le faire ! Puis, nettoie soigneusement sa blessure avec l'eau, ensuite, applique l'antibiotique et enfin bande la plaie. Et veille bien à ce qu'Ilyana reste allongée et plie légèrement sa jambe droite vers le haut pendant ce temps, pour limiter les saignements Du moins jusqu'à ce qu'elle soit soigné.
— Nyah..., s'embrouilla la rousse. Miya va faire de son mieux... Mais vous êtes impressionnant, en dirait presque un médecin qui parle !
— … haha, s'embarrassa Sofian. Mes sombres années d'enfances, ma tante était infirmière... bref, ce n'est pas le sujet ! Je compte sur toi assistante N°4 ! Et toi Ilyana, reste tranquille !
— C'est comme si c'était fait !
— Humf, siffla la délinquante.
Et Miya repartit rapidement à la recherche du nécessaire à premier soin.
— …. j'imagine que ton Dimoret te tiendra compagnie le temps qu'elle revienne.
— …
— Ne t'inquiète pas, assistante N°4 ! Je n'ai qu'une parole. Si je dis que je te ramènerais ta … euh... Chupatruc, je la ramènerais !
— …
La petite délinquante détourna le regard, visiblement courroucée. Sofian soupira une nouvelle fois avant de redescendre dans les merveilleux égouts de Mérouville.
***
— Argh, se plaignit t-il en descendant l'échelle. Cette odeur... brr... enfin, une promesse est une promesse ! Bon, retrouver un Rattata ici sera compliqué... mais je me souviens qu'il avait un signe distinctif à la queue...
Son pied toucha enfin le sol gluant, Sofian en frissonna de dégoût. Histoire de se sentir moins seul, il libéra une nouvelle fois son Arckéapti qui lui aussi ne semblait pas trop apprécier l'endroit.
— Hé bien mon Curry, il va falloir supporter ça un peu plus longtemps !
Le petit oiseau préhistorique lui rendit un cri protestataire.
— Ouais, je sais... mais que veux-tu !
Sofian avança jusqu'à une intersection de deux canalisations, soit l'endroit où il avait assisté au combat Ilyana contre le Grotadmorv géant tout à l'heure.
— … reste à savoir quelle direction prendre... oh, mais qu'est-ce que c'est...
Entre les deux intersections, une sorte d'affiche y était placardée.
— … étrange. Je me demande si je dois la lire...
Succombant à la tentation, l'explorateur officiel des égouts tenta de déchiffrer l'affiche malgré les quelques fragments de substances visqueuses qui la parcourait.
« Bienvenu(e)s dans mon Antre, cher(e)s étranger(e)s !
Si vous voulez trouver ma cache secrète, vous allez devoir vous frayer un chemin dans les méandres infernaux des terribles égouts de Mérouville, Mouahaha !
Mais rassurez-vous, imprudents visiteurs, moi, le Suzerain des Abysses, dans ma grande magnanimité, je vais vous monter la voie !
Devant chaque bifurcation se trouvera une énigme — à choix multiple — dévoilant la marche à suivre ! Attention, si vous vous trompez, vous serez condamnés à tourner en rond ! Eh oui, imprudents visiteurs, à partir d'ici, le seul moyen d'avancer est de faire marcher sa matière grise ! Et ça commence dès maintenant ! »
— …. des énigmes ? s'étonna Sofian. Je ne suis pas là pour ça... mais si c'est le seul moyen d'avancer, je n'ai pas le choix... voyons voir la suite...
« En avant pour la première question ! Combien le type Fée a-t-il de résistances ? Si vous pensez que c'est 3, prenez la canalisation de droite, si vous pensez que c'est 4, celle de gauche ! »
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