Auteur : Lusso
Postι le 28 avril 2015
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Chapitre 19 : Culottes, épées, sablier, donjon...

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– Est-ce vraiment nécessaire ?
– Et comment ! Tu n'as jamais voulu savoir qui était le plus fort de nous deux ?
– La question ne se pose même pas...

Deux individus se faisaient face. 
À droite, une jeune adolescente assez petite à la longue chevelure saphir cascadant sur sa fine armure argentée. Elle tenait dans sa main une énorme épée rouge sang parsemé d'horribles épines barbares. L'adolescente toisait son rival, avec un sourire d'un sadisme extrême.
À gauche, adolescent, à peine plus grand que son adversaire, mais son regard vif et sa soyeuse chevelure saphir en disait long sur sa détermination. Contrairement à l'adolescente, il maniait une fine rapière ténébreuse avec brio. Il était vêtu d'une simple tunique violette assez sobre et d'un pantalon ample en toile noire, ce qui paraissait bien peu face à l'armure d'en face. 

– Tu n'as pas froid aux yeux, Liselsia Blauenacht. Défier ainsi ton grand-frère...
– Je vais te faire ravaler ton arrogance, Elyess Blauenacht !

Liselsia fonça sur son frère, l'épée bien décidée à broyer des crânes. Elyess ne bougea pas, et se contenta d'observer sa sœur avec condescendance. Elle croyait vraiment l'avoir avec une attaque aussi prévisible ? Il ne lui suffit que de lever sa fine rapière pour bloquer l'assaut. Le choc des deux lames provoqua une onde fulgurante, soulevant la poussière à des mètres à la ronde. Mais Elyess ne bougea pas d'un iota, gardant un flegme étonnant malgré sa situation.

– Heureusement que j'ai choisi une plaine déserte, soupira Elyess. C'est tout toi ça, d'attaquer tout azimut. C'est pour ça que tu ne pourras jamais me vaincre !

D'un geste vif, Elyess repoussa sa sœur. Et immédiatement après, il se lança à son tour à l'attaque. Contrairement à Liselsia, Elyess était bien plus rapide et ses coups multiples devenaient presque invisibles tant ils étaient foudroyants. Liselsia tenta tant bien que mal de bloquer les assauts avec son énorme épée, mais plusieurs attaques percèrent la maigre défense, entaillant sauvagement la peau claire de sa victime. 

– Gnn ! geignit Liselsia. Tu commences sérieusement à me faire chier !
– Déjà en train de perdre les pédales ? 
– GRAH !

Soudainement enragée, Liselsia bondit en arrière, ses yeux saphirs maintenant luisant d'une inquiétante lueur rouge. 

– Encore une fois, soupira Elyess, heureusement que l'on est pas en ville...

La femme en armure planta son énorme épée au sol, si violemment que la terre s'ouvrit en deux. Cette fois-ci, Elyess fut bien obligé de bouger pour ne pas finir dans les profondeurs d'Avalon.

– Et voilà comment notre royaume part en fumée..., souffla t-il en regardant le gouffre.

Mais Liselsia n'en resta pas là, elle prit appui sur le sol et se propulsa vers Elyess avec une telle vitesse que même lui ne le vit pas venir. Liselsia agrandit son sourire et abattit sa lame sur son frère avec une telle force brute qu'elle l'envoya bouler à une dizaine de mètres. Elyess ne dut sa survie qu'à son réflexe salvateur de bloquer le plus gros du coup avec sa fidèle rapière.

– Que de finesse... ! souffla Elyess. Je déteste quand tu relâches Meggido...
– Assez de bavardage, grogna Liselsia d'un ton étonnamment sérieux.
– … même ton caractère change, ça en devient flippant...
– Meurs !

Elyess ravala instinctivement sa salive. Rien de plus normal après tout, voir une espèce de furie armée d'une épée sanguinolente de presque deux mètres fondre sur lui comme la foudre n'était guère rassurant. C'était la la puissance de la Lame Écarlate, Meggido, une fois relâchée, sa puissance destructrice abreuvait son porteur et démultipliait sa force. Un seul de ses coups pouvait fendre une montagne. Elyess pesta intérieurement, qui était l'abruti qui avait donné à sa sœur une telle arme de destruction massive ?
Mais le chevalier à la rapière n'avait pas dit son dernier mot. Liselsia n'était pas la seule à avoir une botte secrète. 
Malgré l'urgence de la situation, Elyess soupira doucement, tentant d'atteindre le plus haut état de sérénité.

– Khamsin !

Une micro-seconde avant que Meggido n'écrase son pauvre crâne, Elyess disparut. Surprise, Liselsia frappa dans le vide. Complètement désarçonnée, elle manqua presque de s'écraser au sol. Soudain, son corps se recouvra de multiples entailles d'où jaillirent des petits geysers de sang. Malgré l'horrible douleur, le rictus de la demoiselle s’agrandit. 

– Enfin..., ricana t-elle, tu es sérieux...

Derrière elle, le dos tourné, Elyess fermait les yeux, silencieux. Un étrange vent l'entourait, faisant élégamment danser ses cheveux bleus et sa tunique violette. Là où Meggido démultipliait la force, la Lame Noire, Khamsin, faisait de même avec l'agilité, permettant à son porteur d'être aussi, sinon plus, rapide que la tempête. 

– Héhéhé, lâcha Liselsia, le véritable combat peu enfin commencer...
Les deux combattants se retournèrent, bien décidé à en finir. Mais ce fut alors que soudainement, une vive lumière irisée apparut entre eux, aveuglant le frère et la sœur. 
– Qu'est-ce que..., geignit Liselsia.
– M-mais..., s'étonna Elyess, ce sont des...

La lumière disparut petit à petit laissant transparaître, sous les yeux ébahis des deux adversaires, une flopée de petite culottes et un étrange individu aux cheveux bruns. 

– Waah ! s'écria Liselsia. Mes petites culottes qui ont disparues la dernière fois !!
– Haha ! exulta son frère. Tu vois ! Ce n'était pas moi qui les avais volé !
– Ouais bah excuse-moi, mais tu étais le plus haut placé dans ma liste de suspect !
– Pfeuh ! Comme je te l'ai dit des dizaines de fois... que diable ferais-je avec tes petites culottes de toute façon ?!
– Qu'est-ce que j'en sais moi ?! Tu crois que je sais à quel point ta perversité incestueuse est grave ?!
– P-p-perv... in-inces..! balbutia un Elyess livide avant de hurler. LISELSIA BLAUENACHT !! Comment oses-tu formuler de tel propos ?! Mère serait morte de honte si elle était encore parmi nous !
– Et voilà, bouda la dénommée, toujours à parler de Mère... tu ne peux pas lui lâcher la grappe un peu ? … à moins que ta perversité incestueuse soit plus critique que prévu...
– Q-Q-QUOI ?!

Blessé dans son esprit noble et innocent, Elyess recula d'un pas, le visage décomposé. 

– Hahaha, s'amusa Liselsia. Je plaisante, je plaisante frérot ! Je sais très bien à quel point tu es pétri d'honneur et tous ces trucs là... pffiou... j'ai perdu toute envie de combattre... bah, au moins j'ai retrouvé mes petites culottes ! Hahaha !
– J-j-j-je..., balbutiait encore son frère. 
– Oups, je crois que j'y suis allée un peu trop fort...

Après avoir récupéré sa lingerie, la demoiselle à l'épée s’apprêtait à quitter le champ de bataille en traînant son frère pétrifié, lorsque quelque chose lui revint en mémoire. 

– Hé, une minute. Il y avait quelque chose d'autre avec mes petites culottes... 

Liselsia fit demi-tour. Son regard croisa le corps d'un jeune homme, beaucoup plus grand qu'elle, et visiblement inconscient. 

– … c'est qui lui ? réfléchit-elle. Mmmh... il est évanoui... si Elyess n'était pas avec moi je profiterais de la situation mais bon... bah, je ne peux pas le laisser ici, quelqu'un avec un peu moins de scrupule que moi est si vite arrivé ! Et en plus je suis censé avoir l'âme chevaleresque...

***

– … mmh ?

Sofian ouvrit lentement les yeux, étrangement fatigué. La première chose qu'il remarqua fut la hauteur du plafond. Depuis quand le plafond de son appartement était si haut ? Et puis, pourquoi était-il doré ? Puis une autre chose frappa le jeune homme. Son lit était bien plus dur que dans ses souvenirs, on dirait presque qu'il était allongé au sol... 

– … ! 

Le brun se leva brusquement. Oui, il était bien au sol ! Et de plus... par Arceus, où était t-il ? Ces murs dorés, ce plafond haut... rien de tout cela ressemblait à son petit appartement !
Méfiant, Sofian analysa une nouvelle fois les alentours. Quelle pièce étrange, absurdement grande, richement décorée, il y avait même quelques lustres raffinés un peu partout au plafond, des statues semblant être faites d'or et autres pierres précieuses, et surtout un énorme trône paraissant sculpté dans un immense émeraude au bout d'un élégant tapis rouge. 

– Oh, tu es enfin réveillé !

Sofian se tourna instinctivement vers cette nouvelle voix. 

– Oulah, tout doux, je ne vais pas te manger !

Le brun plissa des yeux. Une étrange gamine lui parlait. La demoiselle était assez petite, environ 1,2 Ilyana selon Sofian. Mais surtout, elle était dotée d'un étrange et longue chevelure émeraude, et était vêtue d'une fine armure moyenâgeuse de la même teinture, ce qui contrastait d'ailleurs énormément avec les deux espèces de pistolets dorés futuristes accrochés sur ses côtés. 

– Q-qui êtes-vous ? Et... et où suis-je ? paniqua légèrement Sofian.
– Mmh, s'ennuya la demoiselle. Question banale, je m'attendais à mieux... 'fin j'imagine que c'est normal. Mais je ne vais pas y répondre directement. Si je te dis « petites culottes » tu penses à quoi ? 
– … !!

Petites culottes. Pour certain, cela pouvait sembler ridicule, mais pour Sofian, cela signifiait beaucoup. 
Que de stupides aventures. 

– … l'enfer, maugréa-t-il finalement le regard sombre.
– Oh, sourit la demoiselle. Dans ce cas...

L'être d'émeraude passa sa main derrière son armure et sortie une espèce de machine ressemblant étrangement à un téléphone portable. Elle pianota quelques secondes et puis... 
Sofian sursauta son portable venait de vibrer.

[ Bienvenue à Avalon, Sofian ! ]

Sofian cligna mille et une fois des yeux. Il fixa son portable, puis l'étrange gamine devant lui, son portable, la gamine... une certaine connexion lui montant petit à petit à la cervelle...

– AAAAH !! hurla t-il finalement. C'était vous !!
– Bingo ! Ouf ça va, on n'est pas tombé sur un type trop stupide. Eh oui, je suis celle qui t'envoies ses messages depuis le début. Alors, surpris ?

Soudainement, une certaine rage monta au ventre du brun. En résumé, TOUT était de la faute de la gamine verte devant lui ? Tous ces moments de solitude, de souffrances, uniquement pour récupérer des petites culottes... c'était de SA faute ! 

– J-je ne suis pas sûre d'aimer ton regard, geignit la demoiselle. Bien..., je crois que je te dois des explications maintenant...
– Et pas qu'un peu...

Sofian grommela et concentra son attention vers son interlocutrice. Qu'importe qu'il se trouvait dans un lieu totalement inconnu désormais, tout ce qui comptait était de savoir pour quelle raison des jolies petites culottes de toutes les couleurs sont venues perturber sa vie !
La demoiselle soupira.

– Pfff, d'habitude je laisse ce genre d'explication à Elyess... enfin quand il faut !

Elle reprit de sa contenance, et fixa fièrement Sofian, malgré sa petite taille. 

– Tout d'abords permets-moi de me présenter. Je me nomme Eve Vylnamore, la reine de Nasachi.
– … euh ?

Sofian plissa encore plus les yeux. Reine ? De quoi ? La dénommée Eve en soupira de plus belle.

– … ça va être long... déjà tu dois savoir que tu ne te trouves plus à Hoenn. Où n'importe quel endroit que te connais en fait, puisque tu es dans ce qui tu peux appeler un « autre monde ».
– … 
– … je te sens sceptique...
– … j'ai de quoi, non ?
– … j'imagine que oui. Malheureusement, je n'ai pas de preuve à te donner, du moins, pas tout de suite...
– Suspect, vous êtes sûre de ne pas être une frappadingue m'ayant kidnappé ?

La remarque étonna un moment Eve, avant qu'elle ne fronce lourdement les sourcils.

– Nanméoh ! grogna t-elle. Pour qui tu me prends-toi ?
– Pour... ce qui vous êtes ? tenta Sofian à tout hasard.
– … je vois, un sceptique. Tu ne me laisses pas le choix alors. FLASH-BACK !
– … ? Hein ? Hé ! Pourquoi tout devient noir ?!

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– ... j'aurais dû choisir un autre endroit... et il n'y a même pas un Pokémon ou un passant dans le coin... pfff, je sais que Mérouville est ennuyeuse, mais là c'est le pompon... 
Sauf que quelque chose d'inespérée et d'inimaginable se produisit. 

– ... !! 

Sofian était comme tétanisé. Ce qui se trouvait devant lui le paralysait. 

– Qu... qu'est-ce que ... ?! Pourquoi ?! 

Le brun regarda à droite et à gauche, méfiant. Personne. Il était vraiment le seul à se balader dans le coin. Dans ce cas... pas de problème, n'est-ce pas ? 

– Qu'est-ce qu'il m'arrive... c'est... c'est instinctif... je ... je ne peux pas m'arrêter... il faut que je le fasse... mon corps bouge de lui-même... 

Sofian avança prudemment, contrôla pour une millième fois ses angles morts, se baissa et... ramassa une jolie petite culotte noir qui traînait au sol. 

– POURQUOI J'AI FAIT ÇAAAAA ?!! 

Sofian voulu lâcher l'objet, mais ce fut impossible. 

– Et pourquoi je peux pas m'en débarrasser ?! Aaah ! Mon téléphone vibre !! Comme ci c'était le moment !!
Bon voyons voir quand-même... mmmh... un nouveau message, hop, ouvrir... 

À la vu du SMS, le brun plissa les yeux, incrédule. 

– ... «  [ Félicitation ! Vous avez obtenu un fragment de la relique légendaire ! (1/5)  ]» ....... PARDON ?! 

Sofian regarda une nouvelle fois la petite culotte dont il ne pouvait s'en défaire. 

– ... c'est quoi ça encore ?! Ne me dites pas que... 

Le ciel s'assombrit soudainement, et une faible lumière semblait éclairer le brun. 

«  Parfaitement ! C'est un fragment de la relique légendaire !  » 

– ..... je rêve où j'ai entendu une voix bizarre venue du ciel là  ? 

« Oh cher Sofian Aaken, vous avez été choisis ! » 

– Q...qui êtes-vous ?! Et comment vous connaissez mon nom ? 

«  Chaque chose en son temps, futur héros ! Je t'en conjure, tu dois retrouver les quatre autres fragments de reliques légendaire ! Le destin de notre royaume magique en dépend ! » 

– ...... plaît-il ? ... et c'est quoi cette histoire de royaume magique ? 
«  Toi seul peux le faire, Sofian Aaken ! Retrouve les fragments et sauve notre monde de la destruction !  Malheureusement, Je ne peux pas te parler plus longtemps, mais rappelles-toi ! Mon royaume, non, tout mon peuple compte sur toi ! » 

– ....  

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– Alors ? sourit Eve. Ça te rappelle des souvenirs ?
– Argh ! argonisa Sofian. J'avais presque réussi a oublier cet épouvantable moment...
– Pff, jamais content ! Pourtant j'avais fait de mon mieux, la petite lumière, le ciel qui s'assombrit et tout, c'était pas de la tarte tu sais !
– … 
– Enfin..., tadaa ! Tu as réussi à rassembler les..., huhuhu, … « fragments  de reliques » et voilà, bienvenue dans mon royaume magique !
– Gasp ! geignit Sofian. Une partie de moi pense que je suis simplement en train de faire un trip hallucinogène, mais effectivement, rien n'a de sens depuis le début, alors pourquoi pas après tout !
– Contente que tu l'acceptes enfin ! Ah, comme j'aime ce genre de raccourcie scénaristique...
– … um ?
– Oh non, fais pas attention... Bon, c'est le moment de commencer les vraies explications maintenant.
– Pas trop tôt, grommela Sofian.

La demoiselle d'émeraude fit une grande respiration avant de reprendre.

– Dooonc, expira t-elle, je recommence. Je me nomme Eve Vylnamore. Et c'est effectivement moi qui t'ai fait venir ici, Sofian Aaken.
– … dîtes, songea ce dernier, j'ai une question...
– Vas-y.
– Comment connaissez-vous mon nom ? On s'est déjà rencontré quelque part ?!
– Huhuhu, ricana malicieusement Eve. Je suis la reine de Nasachi mon cher, je sais absolument tout sur tout le monde !
– V-vraiment ?!
– Mais oui, Sofian Aaken, né le 31 août à Voilaroc, je sais tout sur tout le monde et tu ne fais pas exception !
Tu as une phobie intense pour les grosses poitrines, résultats scolaires moyens, compétence physique très discutable, vie sociale quasi-inexistante jusqu'il y a peu, bref, un type inutile en général, dont le seul point fort est de prendre la fuite avant tout le monde !
– W-wo ! recula Sofian. C'est à la fois terriblement flippant et ... extrêmement dégradant pour ma personne !
– Mais c'est la stricte vérité, asséna Eve sans pour autant se départir de son fameux sourire malicieux.
– Arf, laisse-moi au moins vivre dans l'illusion que ma vie à un sens !
– Accepte ton destin d'être un être inutilement inutile Sofian !
– N-n'en rajoute pas...
– Mouahaha ! Inutile ! Inutile !
– Nooooon !
– Mouahahaha !

***

Quelques minutes plus tard...

– Hem, toussota Eve, excuse-moi, je me suis un peu laissée aller...
– Snif..., renifla un Sofian encore tout chamboulé.
– Bon pour me faire pardonner je vais te dire mon secret.
– … ton... secret ?

Eve s'approcha gravement, tentant d'être le plus dramatique possible.

– Oui, souffla t'elle. En fait...
– Gloup...
– Je vois des gens... qui sont morts...
– …

Eve toisa très sérieusement son interlocuteur, avant d'éclater de rire.

– Hahaharf ! s’esclaffa t-elle. Nan j'déconne ! Bah pourquoi tu me regardes comme ça, t'as pas vu le film ? Il est pas mal ! De toute, j'adore tous les films de Bruce Willis, hihi !
– … j-j'ai mal à la tête...
– Bref, mon vrai secret maintenant ! rebondit vivement Eve. Effectivement, j'en conviens qu'il n'est pas normal de tout savoir sur tout. Et pourtant c'est le cas.
– Viens-en au fait s'il te plaît...
– Ok, ok, t'es pas marrant toi !

Avec une petite moue, Eve montra ce quelque chose qui lui pendait au cou. Une sorte de pendentif ressemblant étrangement à un mini-sablier. Au début, Sofian l'avait pris pour un simple ornement, mais maintenant qu'il s'y attardait, il s'y dégageait une certaine aura, presque mystique. Et presque aussitôt, il sortit du sablier une immense projection holographique futuriste très détaillée d'une sorte île flottante qui s'installa au plafond. Sofian cligna 58 fois des yeux, stupéfié.

– Allez, cette fois-ci, je suis sérieuse, Sofian. L'île que tu vois se nomme Avalon, c'est l'endroit où tu te trouves, où plus précisément...

La partie Est de l'île entra soudainement en surbrillance.

– … ici, au royaume de Nasachi. C'est l'une des deux nations d'Avalon, avec...

Au tour de la partie Ouest de s'éclairer.

– … l'empire d'Iokoï. Tu as compris ? Un monde, Avalon, deux nations, Nasachi et Iokoï.
– J-je vois... en fait, non pas vraiment mais on va faire tout comme...
– Mouais, concentrons-nous plutôt sur Nasachi, mon royaume. Comme tu peux le voir via cet hologramme, nous sommes à la pointe de la technologie. C'est notre mot d'ordre ici. Nous, les Nasachs, sommes très faibles de nature. Tu me trouves peut-être petite et frêle de ton point de vue, mais c'est de même pour tout mon peuple. Petits, sans aucune force physique, pas très endurants... bref, la nature ne nous a pas gâté. Alors nous avions dû trouver un moyen de survivre, de rééquilibrer la balance.
– Euh... c'est bien, hésita Sofian, mais... le rapport ?
– Grrm, grogna Eve, je te raconte l'histoire de mon peuple, là, essaie de te montrer un minimum attentif ! Bref ! La technologie est la solution idéale, elle est une puissance qui ne demande qu'à être utilisée, elle met tout le monde sur le même pied d'égalité. Qu'importe la force de son utilisateur, unpistolet reste mortel. Cependant, nous sommes allés beaucoup plus loin. Notre but était de prendre notre revanche sur le monde, de surpasser cette nature qui nous a faits si faibles.

Eve hocha fièrement la tête.

– Et nous avons réussi ! Mon pendentif en est l'exemple même. Le pinacle de nos efforts, l'Horlogium. Un artefact capable d'interférer avec l'espace-temps lui-même. C'est grâce à lui que je sais tout. Le passé, le futur, plus rien n'a de secret pour moi. Je n'ai qu'à regarder une personne dans les yeux pour décrypter toute son existence. Impressionnant, n'est-ce pas ?
– O-oui, pas mal...
– Un peu plus d'enthousiasme ne serait pas de refus !
– Mouais... excuse-moi mais, il y à peine quelques minutes que j'étais dans mon apart', et là je me retrouve dans un royaume magique qui contrôle l'espace-temps, j'ai beau être simple d'esprit, j'ai besoin d'un petit temps d'adaptation !
– Mmmh, j'imagine que ça a du sens... enfin, tu seras bien forcer de t'adapter rapidement si tu veux rentrer chez toi !
– … pardon ?
– Hé oui, en fait, je peux te ramener dans ton monde quand je veux, mais tu devines bien que si je t'ai fait venir ici, c'est pour une raison !
– … tu me fais du chantage ?
– Appelle ça comme tu veux. Mais ne t'inquiètes pas, je sais d'avance que tu vas accepter ce que je vais te demander, huhuhu...
– Gnn...
Avec un grand sourire innocent, Eve recula vivement avant de reprendre.
– Mais l'on verra ça plus tard, si je le veux bien, huhuhu. Je disais donc... oui, nous avons réussis à transcender les lois les plus inflexibles de la nature. Mon Horlogium n'est qu'un exemple, mes deux armes, Toxine et Panacée, ne sont pas que de vulgaires pistolets. Leur mécanisme avancé affecte directement l'utilisateur, décuplant sa force, sa vitesse, ses réflexes, le transformant en une véritable machine de guerre.

Comme pour prouver ses dires, la reine empoigna lentement ses deux pistolets et disparut tout d'un coup dans une traînée de vent, avant de réapparaître derrière Sofian, un grand sourire innocent aux lèvres et l'un des flingues gentiment apposé sur le cou du brun. 

– Et boom, souffla doucement Eve. 
– Waah !!

Après avoir sentie une très agréable frisson glacial lui parcourir l'échine, Sofian tenta désespérément de se défaire de l'emprise de la reine. 

– Kukuku ! ricana espièglement Eve. Ne t'inquiète pas, je ne te veux pas de mal. Je voulais juste que te donner quelques preuves de mes dires, ça rend le récit plus vivante, non ?

Sofian fixa l'étrange demoiselle d'émeraude, soudain très mal à l'aise. Tout cela n'avait aucun sens, elle était juste devant lui, et en à peine une micro-seconde, elle était déjà derrière lui, prête à le flinguer ! Dans sa peur, Sofian réalisa trois choses. De un, la dénommée Eve Vylnamore était sérieuse. Ce qu'elle venait de faire était tout simplement humainement impossible, cela ne voulait dire qu'une chose, elle ne mentait pas. 
De deux, elle était dangereuse. Si elle le voulait, elle aurait déjà eut mille et une occasion de le tuer. Et de trois, il ne pouvait pas lui désobéir. Pour la même raison que précédemment et aussi puisqu'elle seule pourrait la ramener chez lui.

– Olala ? s'étonna Eve. On dirait que je t'ai fait un peu peur. Voyons, voyons, je t'ai fait venir ici, tu t'en souviens ? C'est pour te demander un service, pas te faire te tuer, de toute façon, se serait inutile. 
– … un service ? répéta Sofian avec incrédulité.
– Oui, oui, répondit la reine, qui commençait à être lassée. Mais je n'ai toujours pas terminé mon récit...
– Un instant, l'arrêta le brun. Donc, tu as besoin de ma coopération. 
– … mmmh, sourit Eve. Intéressant, tu as quelques choses entre les jambes finalement. Mais encore une fois, ne t'inquiète pas, si tu fais exactement ce que je te dis, tu seras bien évidement récompensé.
– Un échange au donnant-donnant...
– Exactement, se radoucit Eve. Et pas des moindres. Puisque tu le demandes, autant te le dire tout de suite.
Si tu m'aides, je te laisserai utiliser l'Horlogium.

Avec un léger sourire, Eve tourna le dos à Sofian et s'installa sur son énorme trône d'émeraude, croisant insolemment ses jambes.

– Je te l'ai dit n'est-ce pas ? L'Horlogium est un artefact capable de lire à travers l'espace et le temps.

Eve claqua des doigts et soudainement, le petit sablier de l'Horlogium s'éleva de lui-même, comme porter par une force mystique. Puis, un petit mais très concentré, rayon irisé en fusa vers Sofian, directement dans ces yeux. Ce fut si fulgurant que le brun n'eut même pas le temps de réagir.

– Q-qu'est-ce que...

Sofian se frotta les yeux mais rien n'y faisait, il en resta pétrifié. Et pour cause, il se voyait lui-même, juste
devant, en train de discuter simplement avec Thomas. Et pas que, à sa droite, il pouvait se faire en train de se disputer avec Camélia Rozelia, un peu plus loin, il revoyait sa rencontre avec Kunja et Karen, le duo du Néant... bientôt, tous les alentours furent recouverts d'énormément de fragments de ses souvenirs. 

– Tu le vois n'est-ce pas ? lui susurra Eve mystérieusement arrivée derrière lui. Le Sable de l'Horlogium, la réunion de tous tes souvenirs, ton passé. Regarde, Sofian, tous ceux qui te côtoient. Camélia Rozelia, Nelly Strike, Miya Rotomu, Ilyana Manyula, Thomas Raibolt... tant d'âmes que tu as rencontrées. Mais que sais-tu d'eux réellement ? Absolument rien. Cela ne t'irrite pas ? Je te connais Sofian, tu veux toujours tout savoir, depuis cette mystérieuse rencontre lors de ton enfance... d'ailleurs, ne veux-tu pas savoir ce qu'était que cette chose ? Réjouis-toi, Sofian Aaken, grâce à l'Horlogium, toutes tes questions auront des réponses. Le passé ? Le futur ? Ce ne sont que des livres ouverts pour lui. Aide-moi, Sofian Aaken et l'univers lui-même n'aura aucun secret pour toi. Tu sauras tout Sofian Aaken, toute la vérité.
– Toute... la vérité...
– Oui, la vérité... n'est-ce pas en cela que tu as dédié ta vie ? Tout ce que tu recherches est à portée de main.
– … ! 

Soudain, un grand bruit survient, tirant Sofian des illusions de l'Horlogium. Le brun se prit la tête, se demandant que diable il lui était arrivé. Il était comme hypnotisé, incapable de penser par lui-même. Décidément, cette Eve Vylnamore était beaucoup, beaucoup plus dangereuse qu'il n'y paraissait.
D'ailleurs en parlait d'Eve, elle avait l'air aussi étonnée que Sofian, mais pour une autre raison. 

– Eveee, pesta une voix féminine, combien de temps est-ce que l'on doit attendre dehors ?!
– Ça ne sert à rien de le demander après avoir forcée la porte, grommela une autre plus masculine.
Sofian se retourna vers ses « sauveurs ». Deux être assez petits, quasiment de la même taille qu'Eve. Il semblerait qu'elle ne lui avait pas menti, ils semblaient tous deux assez démunis physiquement. 
L'individu masculin, à la mine plutôt grognonne, portait une tunique violette assez sobre mais pourtant plutôt raffinée, ainsi qu'un ample pantalon noir, il portait également à sa ceinture une magnifique rapière noire qui, malgré sa couleur sombre, semblait empreinte d'une fière noblesse. Le petit homme rayonnait d'une aura de maturité rare, et ses cheveux mi-longs étrangement bleutés caressaient élégamment son cou. 

En revanche, l'individue féminine à ses côtés semblait totalement tête en l'air, aucune noblesse n'émanait d'elle. Cependant, c'était bien elle qui attirait le plus l’œil de Sofian, et pour cause : dans son dos dépassait une énorme, non, titanesque épée rouge sang, parsemée de grotesques épines barbares. Pour le coup Sofian tentait de se faire tout petit. Entre elle et Eve, le brun se dit que décidément, sa vie ne tenait qu'à un fil. Sofian se força à ignorer la lame meurtrière et se concentra plutôt sur les habits de la nouvelle venue. Ce qui ne fut guère plus rassurant. Elle portait une fine armure argentée reluisante, dégageant une féroce aura guerrière, Sofian ne pouvait pas vraiment l'expliquer, mais la simple vu de cette armure lui hérissait le poil. Finalement, la seule chose pas trop effrayante de la demoiselle était ses longs cheveux du même étrange bleu que son comparse.

– Liselsia, Elyess ! s'étonna franchement Eve. Je vous avez demandé d'attendre dehors !
– Ouiii, geignit la dénommée Liselsia. Tu voulais expliquer « deux-trois trucs » au nouveau en tête à tête, mais j'en ai marre de rester à rien faire dehors ! Je suis une guerrière, une femme d'action, minceeeuh !
– Désolé Votre Majesté, souffla fortement Elyess. J'ai bien essayé de la retenir, mais cette petite sauvageonne a commencé à me mordre... alalah, sommes-nous vraiment frère et sœur ?
– Et le voilà qui recommence, grogna Liselsia. Monsieur me dénigre et se prétend supérieur !
– Comment ne pas se prétendre supérieur à une gamine grignotant son entourage dès qu'elle doit attendre plus de 10 minutes...
– Pfeuh, bouda Liselsia, j'ai juste fait valoir mon mécontentement !
– « Fait valoir ton mécontentement »  dis-tu ?!, s'énerva son frère. Tu m'as presque arraché la peau du cou, je saigne encore !
– Petite nature !
– Hmf, tu ne disais pas ça tout à l'heure, lorsque j'étais sur le point de te battre.
– Heiiin ? Me battre ? Tu déconnes mon vieux, t'allais subir la branlée de ta vie frérot !
– Haha, que tu es drôle sœurette. 74, c'est le nombre de blessures que je t'ai infligé en 1 seconde. Et toi, mis à part foncer stupidement comme une demeurée avec ta grosse épée, tu sais faire quoi ?
– Grrr..., alors là c'est l'insulte de trop frérot ! grogna Liselsia en empoignant sa lame rouge sang.
– La violence, toujours la violence..., soupira Elyess.

Mais cela ne l'empêcha cependant pas de dégainer sa rapière. Sofian observait la joute, étrangement amusé. Contrairement à l'ambiance oppressante de tout à l'heure, quand il était seul avec Eve, l'arrivée surprise de ses deux êtres se disputant comme si de rien n'était était on ne pouvait plus rafraîchissante. 

– Elyess Blauenacht, Liselsia Blauenacht. Calmez-vous.

Eve s'interposa calmement, pointant chacun de ses deux pistolets dorées vers chacun des combattants. Son ton était simple et posé, mais n'acceptait aucun refus. Le frère et la sœur s'immobilisèrent soudainement, comme pétrifiés par la peur. 

– O-oui, bien sûr, haha..., flanchit Elyess en rangeant sa rapière.
– O-on plaisantait, haha, on plaisantait..., ricana maladroitement Liselsia en faisant de même.
– … «  Elle les a calmé d'un coup, comme ça ? » s'étonna mentalement Sofian.
– Et ils ont raison de me craindre, sourit innocemment Eve comme si elle avait lu les pensées du brun. Après tout, je suis l'être le plus puissant d'Avalon tout entier.

Cette phrase aurait pu paraître très présomptueuse, mais Sofian sentait qu'elle ne mentait pas. Après tout, quelqu'un ayant la vitesse de la lumière, ayant transcendé l'espace-temps et ayant connaissance absolu ne pouvait qu'être surpuissante. Mais il y avait autre chose, un éclat dans les yeux de la reine d'émeraude, quelque chose de mystique, écrasant toute objection. 

– Alalah..., souffla t-elle finalement. Que de contre-temps, je n'ai même pas eu le temps de finir mon récit. J'allais lui parler de notre différent avec Iokoï...
– En-encore désolé, Votre Majesté..., geignirent les Blauenacht en même temps.
– Pff..., sa me saoule maintenant, souffla la reine. Elyess, explique lui, toi.

D'un geste nonchalant, Eve passa le relais au petit homme aux cheveux bleu, avant de retourner s'affaler sur son trône d'émeraude. 

– Aaaah, souffla Elyess à son tour. C'est bien son genre ça... enfin un ordre est un ordre.
Résigné, le frère Blauenarcht se tourna vers Sofian. 
– Alors comme ça, vous venez d'un autre monde, c'est ça ?
– … moi ? s'étonna le brun. Euuh... oui, à ce qu'il paraît...
– Mmmh, je dois avouer trouver cette histoire de mondes assez farfelue. Mais si notre reine le dit, nous devons le croire, elle possède l'Horlogium après tout. Oh, j'en oublie presque mes bonnes manières, je me nomme Elyess Blauenacht, enchanté.
– … Sofian Aaken, enchanté.
– Et moi, et moi ! s'enjoua la demoiselle à l'épée. Je suis...
– Tais-toi Lise, soupira Elyess. J'essaie d'avoir une discussion sérieuse en ce moment. Veillez excuser ma pitoyable sœur, monsieur Sofian.
– Bouuh !
– Laissons-là bouder dans son coin, soupira Elyess. Pour en revenir à des choses plus sérieuses, je suis l'intendant de Sa Majesté, Eve Vylnamore, considérez-moi comme son second, en quelque sorte.
– C'est... bien sympa, marmonna Sofian, mais j'aimerais enfin savoir ce que je fait ici... !
– Moi aussi, à vrai dire, souffla Elyess. Sa Majesté pense que vous êtes la clef de notre conflit contre L'empire Iokoï. Mais vouloir vous vexer, vous ne me semblait pas aussi exceptionnel que ça... 
– …. mouais, évasa Sofian. Un conflit, dîtes-vous ? 
– Oui..., soupira une nouvelle fois Elyess. Un conflit de pouvoir, rien de plus, notre royaume, Nasachi, et l'empire d'Iokoï son les deux seules nations d'Avalon. Celui qui assoira son autorité sur l'autre dominera entièrement ce monde. 
– Ah oui, quand même.
– … j'aimerais que ce soit aussi simple. En plus du conflit de pouvoir, il est aussi question d'un puissant conflit d'idéologies.
– … ?
– Nasachi est la nation transcendant les lois naturelles, via sa technologie modifiant la nature même des choses. Nos armes rendent nos corps fragiles indestructibles, nos techniques font pousser toutes sortes de végétations en un temps record, notre reine est même capable de lire l'avenir.
– Oui, c'est ce qu'elle m'a dit..., confirma Sofian.
– Cependant, souffla tristement Elyess, l'empire d'Iokoï se définit lui-même comme le messager de la nature. Contrairement à nous, les Iokois sont grands, puissants, et certains sont même capable sd'utiliser des pouvoirs monstrueux et tout ça, naturellement. Ils se disent bénis de Dieu, et censés faire valoir la supériorité naturelle contre tous ceux osant la braver. C'est-à-dire nous, en sommes. Ils voient nos technologies comme contre-nature et responsable de tous les maux d'Avalon. La guerre était inévitable.
– Wowowoh ! s'affola Sofian. La guerre ? Le truc avec plein de morts partout ? Qu'est-ce que j'ai à voir avec ça moi ?!
– … Votre Majesté ? se retourna Elyess.

Visiblement, l'intendant n'en avait également aucune idée. De même pour la demoiselle à l'épée trop occuper à ruminer dans un coin. Eve Vylnamore se redressa sur son trône, légèrement contrarié. Son regard passa furtivement d'Elyess à Liselsia avant de se poser sur Sofian. 

– Le Belvédère, lâcha t-elle simplement.

Elyess et Liselsia se figèrent, Sofian en ferait sans doute autant s'il savait de quoi elle parlait. 

– … plaît-il ? plissa t-il des yeux.
– La tour frontière, geignit Elyess. Un édifice sacré situé au beau milieu de la frontière entre le royaume et l'empire. La légende raconte qu'il s'agirait de la demeure de Dieu lui-même, mais personne n'a pu le vérifier car...
– … il n'y a pas d'entrée, conclut Eve. Il y a une époque, nous avions tenté de détruire les murs pour forcer un passage, sans effet, et impossible de l'escalader, puisqu'elle monte jusqu'à la fin du ciel. Nous avions été forcé d'abandonner. Mais récemment, l'Horlogium m'a donné la réponse à cette question. Je sais comment y rentrer.
– V-vraiment ? s'étonna Elyess. Mais pourquoi ne pas nous l'avoir dit plus tôt ?!
– Chaque chose en son temps..., temporisa la reine. Pour pénétrer le supposé domaine de Dieu, il nous faut provoquer une distorsion, une anomalie si énorme qu'elle serait capable de fragiliser les murs.
– Mmmh..., réfléchit intensément Liselsia. J'ai absolument rien pigé !
– Voilà qui ne m'étonne guère, soupira son frère.
– Une anomalie, quelque chose qui ne devrait pas être..., marmonna Sofian. Comme..., un être d'un autre monde.

Eve cligna des yeux, surprise.

– Oh ! Quelqu'un sait faire fonctionner ses neurones ici ! Oui, c'est exactement ça, Sofian Aaken, tu es la clef pour ouvrir le Belvédère. C'est pour cela que je t'ai invoqué ici.
– Et qu'est-ce que vous êtes censés y trouver au juste ? se demanda Sofian. Vous voulez faire un petit coucou à votre « Dieu » ?
– Même si Dieu habite réellement le Belvédère, il ne nous laissera jamais le rencontrer, somma Eve. Non, ce que je veux, c'est que vous tentiez de récupérer des Géogemmes.
– … des quoi ?
– Les Géogemmes, expliqua Elyess. C'est la source d'énergie la plus pure qui existe en ce monde, nos plus merveilleuses armes et machines n'ont pu voir le jour que grâce à ces merveilles. Mais elles sont extrêmement rares, et à vrai dire, nous n'en avons que sept. Cela semble peu, mais les Géogemmes sont inépuisables, à vrai dire, une seule d'entre elle pourrait suffire à alimenter le royaume entier. D'ailleurs, l'une d'entre elle est effectivement utilisée à cet effet.
– Si nous parvenons à en rassembler plus, déclara Eve, Vesna Natura ne pourra que se plier à nous.
– … ? 
– L’impératrice d'Iokoï ! souffla Liselsia à un Sofian visiblement paumé devant ce nouveau nom.
– Voilà donc ce que j'attends de toi, Sofian Aaken, tonna Eve Vylnamore. Pénétrer le Belvédère en compagnie de mes deux meilleurs guerriers, et de récupérer des Géogemmes !
– … j'imagine que je n'ai pas le choix...
– En effet, si tu veux rentrer chez toi, c'est la seule solution.
– Gnn...
– Votre Majesté, grommela Elyess. Faire du chantage ne sied guère à une personne de votre rang.
– Ouais ! s'énerva Liselsia en gonflant ses joues. On va passer pour des méchants !
– Qu... ! s'étonna Eve. Je ne fais qu’énoncer des faits !
– Allons, allons, soupira Elyess. Il n'est en rien concerné par nos affaires, et même si la perspective d'explorer le Belvédère m'enchante au plus au point, s'il ne veut pas, il ne veut pas.
– Oui, bon, ça va..., grommela Eve.
– C'est bon, somma Sofian, je le ferais.
– … ! V-vous êtes sûr ? s'étonna Elyess.
– Huhuhu..., ricana le brun. Je suis dans un royaume magique et mystérieux, habité par un peuple capable de maîtrisé l'espace-temps... en tant que chef du Super-Club de recherche Ultra-Paranormal, c'est une occasion en or ! Comment puis-je rester de marbre face dans cette situation ? Je me dois de découvrir la vérité, en dussé-je sacrifier ma vie ! … bon peut-être pas mais vous comprenez l'idée ! 
– Uh, pouffa l'intendant. Un autre idiot...
– Appelle-moi comme tu veux, j'ai juste décidé d'accomplir mon destin !
– Si vous le dîtes, sourit Elyess.

Eve frappa dans ses mains, satisfaite. 

– Dans ce cas, tout va bien ! Elyess, Liselsia, montrez donc les alentour du royaume à notre nouvel ami, et préparez-le à la sortie également, même s'il possède un petit monstre, il lui faut au moins une arme.
– Un instant ! objecta Sofian. Il y a une dernière chose que je voudrais savoir !
– … ? 
– Les … fragments de relique, ils servaient à quoi ?!
– Ah, sourit Eve. C'est vrai, il reste cette part d'ombre..., hihihi. Comment dire, disons que j'en avais besoin pour créer un lien entre nos deux monde. L'Horlogium me permet d'envoyer n'importe quoi d'Avalon à ton monde. Mais pas l'inverse. En revanche, je peux ramener sans problème ce que j'envoie à Avalon. J'ai donc envoyer cinq objets différents à Hoenn, en espérant que quelqu'un les réunissent, et une fois rassemblé, les cinq objets auraient suffisamment de présence dans ton monde pour que je puisse les ramener à Avalon en plus d'une personne originaire d'Hoenn.
– Je... ne suis pas sûr de comprendre...
– Bah, dis-toi que c'était une étape nécessaire pour te faire venir ici.
– Juste deux choses, réfléchit Sofian. Donc, ce n'était pas spécialement moi qui étais visé.
– Oui, n'importe qui aurait pu tomber sur les « fragments de reliques » après tout, ce n'était qu'un hasard pur et dur.
– Je vois... et pourquoi des... petites culottes ?
– Parce que c'est plus marrant comme ça, sourit innocemment Eve. J'aurais pu choisir n'importe quoi à vrai dire, mais des petites culottes... hihihi... tu as du en chier pour les récupérer ! Surtout que j'ai utilisé l'Horlogium pour te forcer celui qui trouve la première à toutes les rassembler, hihihi !
– ….. 
– Pfff, grommela Liselsia, au moins, tu aurais pu prendre tes propres petites culottes au lieu de voler les miennes...

***

Après cette entrevue royal, Liselsia et Elyess Blauenacht guidèrent Sofian à en direction de l'armurerie. Et si jamais Sofian doutait encore qu'il se trouvait dans un château, ce qu'il vu le ramena vite fait à la réalité. Jamais il n'avait était témoin d'une telle somptuosité, rien que les couloirs respirait la richesse à l'état pur, avec son carrelage magnifique rouge pourpre aux bordures dorées et s'était sans compter les très nombreuses armures décoratives parsemant les murs, Sofian les soupçonnait même d'être en diamant. 

– Hé bien, s'amusa Elyess, le château semble vous plaire.
– Il est plutôt pas mal oui !
– Mais on s'y ennuie comme un rat mort ! pesta Liselsia. Y a rien à faire, je préfère encore affronter des monstres !
– D-des monstres ? s'étonna Sofian.
– Ouii ! dramatisa Liselsia en prenant une pause qui se voulait effrayante. De terribles créatures aux pouvoirs magiques insoupçonnés envahissant les hautes-herbes, les grottes et même les lacs !
– … on dirait des Pokémon...
– Des Pokéquoi ?
– … euuh... des Pokémon ! Ne me dites pas que vous ne savez pas ce que c'est !

Sofian prit instinctivement la Pokéball de son Arkéoptérix et le libéra devant ses deux guides. 

– Waaaah ! cria Liselsia en dégainant son épée. Un monstre !
– Hé ! Du calme ! paniqua légèrement Sofian. C'est juste mon Curry, il ne ferait pas de mal à une mouche !

Constatant que la demoiselle ne se calmait pas, Sofian rappela son Pokémon, devant les yeux étonnés de ses camarades.

– C-comment avez-vous fait cela ? s'étonna Elyess. Cette balle dans votre main... qu'est-ce ?
– Bah... une Pokéball ? plissa Sofian des yeux.
– … étrange objet...
– Je pensais que vous étiez une nation versée dans la technologie et vous n'avez jamais vu de Pokéball ?
– Ahem, toussota Elyess, N-nous n'avons tout simplement pas encore atteint notre véritable potentiel... parlez-moi plutôt de cet objet... c'était assez intéressant... elle contient ce monstre n'est-ce pas ? Incroyable...
– Euuh, j-je ne sais pas vraiment comment ça fonctionne en fait...
– Vraiment ? Dommage...
– Mais je peux vous assurer que mon Curry est inoffensif !
– Mmmh... oh, on est arrivé.

Sofian se dépêcha de rentrer dans l'armurerie, sentant qu'Elyess regardait sa Pokéball avec un peu trop de convoitise à son goût. 
Une fois à l'intérieur, le brun fut étrangement déçu. La pièce était parsemée d'épées, de lances, de masses, de bâtons et autres armes médiévales somme toute assez classiques. Pour une nation technologique, il s'attendait à des choses un peu plus exotiques.

– Alors, s'avança Elyess. Qu'est-ce qui attire ton œil ?
– Euuh... à vrai dire, je n'ai jamais manié d'armes de ma vie...
– Je vois, une arme simple à utiliser alors.
– Pourquoi pas une épée ? s'exclama Liseslia en prenant une au hasard. C'est cool les épées !
– Humf, une lame de barbare..., non je pense qu'il devrait plutôt utiliser une rapière. Elles sont légères, maniables et très efficaces.
– Pfeuh, les rapières c'est pour les tapettes ! C'est pas pour rien que leur lame a le même diamètre qu'un trou de cul !
– Liselsia !! s'affola Elyess.

Pendant que le frère et sa sœur se disputait, comme à leur habitude, Sofian parcourut l'armurerie. Finalement, il révisa son jugement. Les armes d'ici n'avaient rien de classique. Pour preuve, la petite dague qu'il venait d'empoigner. À première vue, on dirait un simple couteau de combat banal, mais Sofian distingua une étrange gâchette sur le côté du manche. Par curiosité, il appuya dessus et tout d'un coup, la lame s'enflamma si soudainement et intensément que le pauvre brun faillit se brûler le bras.

– Faites attention ! le remarqua Elyess.
– Wooh..., souffla Sofian. Qu-qu'est-ce qui s'est passé ?!
– La plupart de nos armes possèdent plusieurs formes ou effets. Regardez plutôt.

L'intendant dégaina élégamment sa rapière, puis, il fit quelques manipulations étranges sur la poignée et tout d'un coup, la lame de la rapière se fluidifia mystérieusement, comme si elle était en train de fondre, jusqu'à former une espèce de fouet d'argent noir liquide. 

– Je vous présente la deuxième forme de Khamsin, le fouet tornade ! présenta fièrement Elyess.
– Votre arme vient de se transformer ?!
– Exactement, sourit l'intendant non sans une pointe de vantardise. Et encore Khamsin fait partie des trois Hyper.
– Les trois Hypers ? demanda un Sofian qui commençait sérieusement à se dire que ces gens-là aimaient décidément donner des surnoms à tout et n'importe quoi.
– Tu te souviens des Géogemmes ? Nous en avions sept en tout. Et trois d'entre elles sont utilisées pour créer des armes, que l'on appelle les Hyper. Khamsin, ma Lame Noire, Meggido, la Lame Écarlate de ma sœur et la paire fatale, Toxine et Panacée, les deux pistolets dorés de notre reine. Ce sont les trois Hyper de Nasachi, et nos armes les plus puissantes. Non seulement leur puissance est démentielle, mais en plus elles sont capables de transmettre leur force à leur porteur, ce sont nos plus grandes fiertés, après l'Horlogium bien sûr.
– Je vois... et... l'Horlogium elle fonctionne avec une Géogemme lui aussi ?
– Oh, tu poses de bonnes questions, sourit Elyess. Oui en effet, pour l'Horlogium c'est la même chose. Enfin presque. Pour être plus exact, l'Horlogium en lui-même est une Géogemme. La plus grosse qu'on ait jamais trouvé. La travailler a été extrêmement ardu et périlleux, mais nous avons finalement réussi à en faire le joyau le plus magnifique jamais créé... enfin, nous ne somme pas là pour parler de l'Horlogium, mais plutôt de vous choisir une arme !
– Juste comme ça, pourquoi est-ce que j'ai tellement besoin d'une arme ? On doit se battre contre quelque chose ?
– Évidement ! Ma sœur vous en a parler plus tôt, l'extérieur foisonne de monstres en tout genre !
– Les monstres ? Ah, les Pokémon... oui, bien sûr...

Sofian parcourra l'armurerie du regard. Se battre contre des Pokémon... en tant que dresseur Sofian préférait plutôt envoyer Curry se battre plutôt que d'aller lui-même sur le terrain, mais en y réfléchissant, Curry serait bien incapable de battre un Pokémon un minimum entraîné.
Mais d'un autre côté, Sofian se voyait mal affronter un truc du genre un Rhinastoc avec une petite dague d'acier, même si celle si pouvait s'enflammer. 
En tout cas, l’armurerie possédait quantité d'arme, le choix était difficile. Epée ? Rapière ? Fouet ? Dague ? Masse ? Bâton ? Hache ? Pistolet ? Sofian crut même voir un truc ressemblant dangereusement à un lance roquette dans un coin... 

– Oh.

Quelque chose d’inhabituel attira l’œil de Sofian. Quelque chose qui n'avait visiblement rien à faire là.
Le brun empoigna la chose et l'observa attentivement, recherchant un quelconque mécanisme, comme pour la précédente dague. 

– Waah ! s'avança une Liselsia toute joyeuse. Razor Blood ! Ça fait tellement longtemps !
– R-razor Blood ?
– Ouii ! C'est ma toute première arme, avant que je ne reçoive Meggido ! Alalah, que de doux souvenirs... j'en ai détruit des choses avec Razor Blood, la porcelaine préférée de mère, le mur de la taverne, le quartier sud...hihihi...
– Ah, je m'en souviens aussi, intervient un Elyess soudain transpirant. Cette histoire au quartier-sud..., des dizaines et des dizaines de maisons... toutes détruites... on a dû couvrir en faisant croire à une attaque surprise des monstres... brr...

Sofian haussa les sourcils et dévisagea l'éventail qu'il tenait dans la main droite. Bon il était vrai, que cet éventail avait des jointures d'acier à l'air assez tranchant. Mais de là à penser que ce truc pouvait être une arme de destruction massive... Sofian tenta de faire quelques mouvements dans le vide avec « Razor Blood ».

– Waaaah ! s'affola Elyess. Faites gaffe avec ça !!
– Oh ? s'étonna Sofian. Ce truc est aussi dangereux que ça ?
– Et pas qu'un peu ! sourit Liselsia. Razor Blood était ma partenaire pendant de très longues années, c'est pas pour rien ! Si j'avais su qu'elle pourrissait ici, je l'aurais récupérée bien avant !
– Grrbll..., grommela Elyess. J'avais demandé à Eve de balancer cette abomination dans le volcan le plus proche ! Qu'est-ce que cette horreur fait encore ici ?!

Razor Blood était un éventail assez grand, à la monture d'acier d'un rouge si intense qu'on dirait du sang frais. Sofian frissonna à cette idée. En revanche, le côté verso de l'éventail était entièrement blanc, si pur et rayonnant qu'il apaisait quiconque y posait les yeux. Contraste intéressant qui fascinait Sofian. 

– Je le prends !
– PFEUUH !!

Elyess manqua de s'évanouir, son visage se tordait dans une expression d'horreur absolue, comme s'il revivait ses pires cauchemars en direct.

– Excellent choix ! s'enjoua Liselsia. Tu ne seras pas déçu crois moi !
– U-un instant !! hurla presque son frère. R-Razor Bloob ? Sérieusement ? V-Voyons, vous n'êtes pas sérieux ! V-vous ne voulez pas une arme un peu plus conventionnelle ? Même une stupide épée ! Tout mais pas ça !
– Mmmh... vous voir aussi désespéré pousse mon côté sadique à confirmer mon choix...
– Gggnn !!
– Hihihi, pouffa Liselsia. Dans ce cas, laisse-moi te montrer ce dont il est capable...
– NOON ! s'interposa vigoureusement Elyess. Ok, ok, j'accepte que vous prenez cette arme, mais par pitié, à condition que ma sœur n'y touche jamais plus !!
– Rhooo..., bouda cette dernière.

Elyess soupira, résigné.

– Bien, laissez-moi vous expliquer en quoi Razor Blood est une horreur... Déjà, l'acier utilisé pour forger cet éventail de l'enfer n'est pas tout à fait normal. En réalité, il s'agit d'un alliage entre de l'acier normal et des Géofragments. Des fragments évidement infiniment moins puissants qu'une Géogemme mais possédant tout de même un pouvoir destructeur certain. Contrairement aux Géogemmes entières, les fragments ne sont pas si rares que ça, on en trouve souvent autour du Belvédère.
Razor Blood a été notre première expérience avec les Géofragments. Et la dernière. La puissance des Géofragments est beaucoup trop instable, il nous a fallu presque autant d'effort pour forger Razor Blood que pour tailler l'Horlogium. Bien maintenant que le petit moment historique est passé...

Elyess prit l'éventail des mains de Sofian et se concentra ardemment.

– On peut considérer Razor Blood comme le quatrième Hyper. Il fonctionne sur le même principe.
Soudainement des lames rouges et blanches extrêmement aiguisées surgirent de la monture de l'éventail. 
– Ceci dit, je dois te mettre en garde. Razor Blood est instable, lorsque l'on relâche son pouvoir, on relâche TOUT son pouvoir, il n'y a pas de niveau intermédiaire.

Elyess se dirigea vers une fenêtre ouverte de l'armurerie, pointa Razor Blood vers le ciel, fit un simple mouvement de bras et provoqua une onde de choc telle qu'elle trancha et explosa tous les nuages à l'horizon.

– Aaah..., expira Sofian. Je comprends ce que tu voulais dire...
– N'est-ce pas... imagine cette atrocité dans les mains de ma stupide sœur ! Comme je l'ai dit, cette arme est ne possède aucune retenue. C'est pourquoi je te recommande de ne JAMAIS libérer sa puissance, sauf en cas de nécessité absolue !
– Ç-ça ne risque pas, je ne sais même pas comment faire...
– Oh c'est super simple ! intervint Liselsia en prenant l'éventail. Essaie de connecter ton esprit à l'arme, considère que c'est une extension de ton corps.
– … euh ?
– Hahaha ! Nan j'déconne, y a un bouton caché sous la monture, regarde...
– Sœurette, attention !!

Comme précédemment, de grandes lames rouge et noir émergèrent de Razor Blood. Sauf que cette fois-ci, quelque chose se trouvait sur la trajectoire de l'acier. Ou plutôt quelqu'un.

– Qu... !! 
– Oh, oups, hihihi...
– Pas de « hihihi » qui tienne s'énerva Elyesss. Regarde ce que tu as fait !

Sofian prit un moment à s'en rendre compte mais lorsqu'il ce fut le cas, il poussa un cri terrible. Une lame venait de transpercer son cœur faisant jaillir un geyser de sang.

– Mais quelle imbécile..., soupira l'intendant.
– Pff, ça va, c'est juste un petit contre-temps...

Soudain, le corps de Sofian se recouvrit d'un mystérieux rouge irisé et avant même qu'il puisse s'en étonner, il disparut dans une traînée nébuleuse. 

***

– Hé, ça va ?
– Qu'est-ce que...
Sofian se releva péniblement, hagard. Son regard se posa sur une demoiselle aux cheveux bleuté.
– … Liselsia...
– Ah tu te souviens de moi, ouf ! Hihihi, bon bah, désolée pour tout à l'heure hein, je ne voulais pas te tuer j'te jure !
– … me tuer ?

Le regard du brun descendit brusquement vers l'étrange éventail que tenait la guerrière. Razor Blood. Et soudain, tout un tas de souvenirs lui revinrent, comme par exemple, celui très agréable où une pointe d'acier lui avait transpercé le cœur.

– Waaah !! J-je suis mort ?!
– Mmh... ce sont des choses qui arrivent ! Il m'arrive moi aussi de mourir sur le terrain de temps en temps... c'est super chiant de mourir, obligé d'attendre sa régénération...
– … hein ? hein ? HEIN ?!
– Et en plus on est immédiatement téléporté à la tour..., bref, une perte de temps !

Cette fois-ci, Sofian était complètement paumé. Il chercha Elyess du regard pour lui donner une explication tangible, mais ce dernier était introuvable.

– … tu cherches mon frère ? remarqua Liselsia. Il a dit qu'il n'avait pas que ça à faire que d'attendre ta régénération, il nous rejoindra plus tard au Belvédère !
– Ah, soupira Sofian, dommage... je vais donc devoir demander des explications à la plus idiote de la fratrie !
– … je ne sais pas pourquoi mais je me sens grandement insultée ! Enfin, Eve m'avait effectivement demander de t'éclairer sur quelque point sur la régénération, paraît que ça se passe pas comme ça dans ton monde !

Sans crier gare, Liselsia prit le bras droit de Sofian et retroussa sa manche. 

– … qu'est-ce que... ?! s'étouffa presque le ressuscité.
– Tu vois la barre verte sur ton bras ? C'est ta jauge de vie ! Si jamais elle se vide, tu meurs et ressuscites ici, à la Tour du château !
– … hein ? hein ? HEIN ?

Sofian dévisagea intensément son bras. Et effectivement, il y avait ce genre de jauge de vie que l'on voit habituellement dans les jeux vidéos. La question restait de savoir pourquoi diable il avait ce truc sur lui.

– Évidement, continua Liselsia, la jauge se vide lorsqu'on prend des coups et se blesse. Comme lorsque je t'ai « blessé » avec Razor Blood tout à l'heure ! Bien, maintenant que je t'ai tout expliquer de façon clair, concise et efficace, reprenons là où on s'était arrêtés ! Eve m'a demandé de te conduire au Belvédère immédiatement après ta régénération, et bien que l'envie de faire poireauter Elyess me donne tout plein d'étoiles dans les yeux, je ne peux pas désobéir à la reine ! Suis-moi !
– Hé, attends !

Malheureusement, la demoiselle à l'épée n'était pas du genre à attendre et Sofian fut presque forcé de lui courir après à travers les couloirs du palais. Tant pis, les réponses attendraient, il n'était plus à ça près de toute façon. 
Liselsia montait de plus en plus haut, empruntant moult escaliers, Sofian se surprit à se demander si ces gens connaissaient l’ascenseur. D'un côté, ils étaient capable de créer des armes ultra-perfectionnées presque aussi puissantes qu'une bombe nucléaire et de l'autre, ils continuaient à s'user les jambes sur des escaliers préhistoriques !

– Tadaa ! s'exclama soudainement Liselsia. En voiture tout le monde !

La demoiselle s’arrêta enfin devant ce qui ressemblait étrangement à une sorte de tramway. 

– Je te présente notre Speed Network, ou SNW, c'est plus rapide. Le moyen de transport le plus rapide, efficace, fiable, abordable, chaleureux et surtout fonctionnel de Nasachi ! C'est le seul qui n'a jamais explosé depuis ça mise en circulation !
– Heureux de l'apprendre, surtout la dernière partie !
– Bon ça arrive que ça fume un peu mais rien de bien méchant... allez, rentre à l'intérieur, n'aie pas peur !
– … gloups...

Légèrement à contrecœur, Sofian pénétra le fameux SNW. Bon de toute façon, il ne pouvait pas mourir, alors pourquoi pas. 
De loin, le SNW ressemblait comme deux gouttes d'eau à un tramway classique, bien que plus petit. Cependant, Sofian ne se souvenait pas vraiment d'un tramway perché à quelques dizaines de mètres de haut, installé dans une espèce de long tube transparent. 
Liselsia s'installa sur un siège comme si de rien était et invita Sofian à ce placer en face d'elle. À travers la fenêtre du SNW, Sofian put enfin voir l’extérieur du royaume de Nasachi. Cette fois ci, il n'eut plus de doute, il était bien dans un autre monde. 
Déjà, même le ciel n'était pas normal, il avait une forme étrangement ovale et semblait se réunir en un même point. Un point reflétant les milles couleurs de l’arc-en-ciel. 
Et en bas, ce n'était pas mieux. On ne s'était pas moqué de lui, Nasachi avait tout du royaume technologique et futuriste. Parsemé de gratte-ciel vitrés de toutes formes, fourmillant de « tubes » transparent dans lesquelles fusait à toute vitesse d'autres SNW, Sofian crut même voir certaines personnes planer avec des sortes Jet-Pack miniatures. Tous cet univers futuriste contrastait énormément avec le château presque médiéval qu'il venait de visiter. 

– Ah oui, se souvint la demoiselle à l'épée. C'est la première fois que tu voies notre royaume.
– Mmmh, acquiesça Sofian. C'est... assez surprenant je dois dire. Je n'ai jamais rien vu de tel ! 
– Huhuhu..., Nasachi est le plus beau royaume d'Avalon après tout ! Déjà parce que c'est le seul et euh... bah parce que c'est le seul, héhé ! 
– …. oui, plissa Sofian des yeux, ça semble être une bonne raison...
– Haha... désolée, je suis un peu idiote sur les bords.
– … ça ne se voit pas du tout !
– Vraiment ?! s’enthousiasma Liselsia, des étoiles dans les yeux.
– Je te l'assure !
– Hihi ! Cool, j'avais peur de passer pour une débile devant un inconnu !
– … «  c'est déjà fait je crois... » 
– Uh ? Tu as dit quelque chose ?
– Non, non...

Le SNW se mit en marche, du moins, c'est ce que constata Sofian en voyant le paysage défiler à toute vitesse. Il n'y avait absolument aucune vibration ou autres perturbations, le SNW était fluide et glissait à travers son « tube » comme un ski sur la neige. Sofian avait pris le métro à Hoenn quelques fois, et ça n'avait strictement rien à voir. Pas d’accélération brutale au démarrage, et cette obligation de s’accrocher à quelques choses pour ne pas se cogner les dents au sol. En fait, si Sofian n'avait pas regardé à travers les vitres, il ne se serait jamais rendu compte qu'il était en mouvement. 

– On devrait arriver dans quelques minutes, décréta Liselsia. Ce SNW est directement relié au Belvédère. 
– … dit moi, une question me taraude l'esprit depuis tout à l'heure.
– Oulah ! s'affola Liselsia. Je ne suis pas sûr d'être super qualifiée pour répondre aux questions ! Je laisse ça à mon frère la plupart du temps !
– … 
– … mais j'imagine que je vais devoir faire un effort. Allez, vas-y, je m'échauffe les neurones ! 
– Ahem, toussota Sofian. Votre royaume est en guerre avec un empire c'est ça ? L'empire... d'Iokoï si je m'en souviens bien.
– Exacte !
– Mais d'après ce que j'ai compris, dans ce monde, personne ne peut réellement mourir !
– Mmmh... oui, c'est un sacré problème ça... nous nous affrontons souvent, mais c'est totalement inutile, puisque tous les guerriers que nous tuons reviennent à la vie. Mais d'un autre côté, c'est pareil de notre côté, alors au fond, c'est pas plus mal ! Comme je l'ai dit, je suis moi-même déjà morte plusieurs fois...
– Donc cette guerre n'a aucun sens, vous serez toujours au point mort !

Liselsia soupira.

– Possible. Tu sais, c'est pas comme si nous voulions vraiment nous détruire. Nous partons en guerre parce qu'Eve nous dit de le faire. De même pour Iokoï, ils sont en guerre contre nous parce que l'impératrice Vesna Natura le veut. Mais au fond, ce ne sont pas de mauvais bougres, j'en ai même connu pas mal sur le champ de bataille ! Les Iokois sont méga-fortiche tu sais, ils peuvent presque soulever des montagnes à mains nues !
– … à ce point ?!
– Ouiii ! J'ai toujours hâte de les affronter ! La guerre dure depuis si longtemps que finalement, elle fait presque partie de notre vie courante et le front est devenue un terrain de jeu. Ça peut faire bizarre, mais c'est comme ça, à force se taper dessus pendant des années, des liens se crées ! En plus il n'y a aucun risque, personne ne peut mourir pour de vrai ! 

Une bien étrange guerre, pensa Sofian. Dans son monde, guerre était synonyme de massacre, effusion de sang et autres joyeusetés. Ici, de la bouche de Liselsia, ça avait plus l'air d'un jeu. 

– Mais dans ce cas, pourquoi est-ce que vous avez besoin de Géogemme ? J'ai cru comprendre que vous les utilisez pour créer des armes principalement... si la guerre n'est que factice, ça ne sert à rien, non ?
– Mmmh, mais j'en sais rien moi ! s'exclama Liselsia. C'est Eve qui commande tout et qui sais tout ! Nous nous ne sommes que des exécutants !
– … je vois.
– Mais arrêtons de parler de trucs compliquées, ça me donne mal au crâne ! Parle-moi plutôt de toi ! Alors comme ça tu viens d'un autre monde ? Y a des gens méga-fortiches là-bas ?
– Ehm...

Pendant tout le reste du voyage, Sofian s'efforça de décrire son monde à Liselsia. Visiblement, pour elle qui ne vivait que dans un monde doté que d'une seule région coupée en deux, la Terre semblait absolument gargantuesque. Elle fut extrêmement surprise quand Sofian lui expliqua que chez lui, si on se faisait transpercer le cœur, on mourrait, pour de bon. D'ailleurs elle fut tellement surprise qu'elle ne le crut pas.

– Mais tu ne peux pas savoir, t'es jamais mort dans ton monde !

Ce à quoi, Sofian ne put rien répliquer. Bon, il y avait du vrai dans ce qu'elle disait, certes, cependant Sofian avait du mal à se laisser convaincre par l'argument. 
Sofian lui parla aussi longuement des «Pokémon » ou « monstres » comme Liselsia les appelait. Il semblerait qu'ici, les Pokémon n'avaientt jamais été domestiqués et qu'ils erraient tous à l'état sauvage. Liselsia se demanda longuement comment les gens du monde de Sofian avaient réussi à apprivoiser des monstres pouvant aller jusqu'à plusieurs mètres, ce à quoi Sofian avoua son ignorance. Après tout, ça avait toujours été comme ça, et ça le serait toujours... selon toute vraisemblance. 
Le SNW arriva peu après à destination, laissant une Liselsia boudeuse, elle avait encore plein de questions à poser ! Mais le devoir passait avant tout.

– Ah, vous êtes enfin arrivé.

Elyess les attendait, un livre à la main.

– Oh ? remarqua t-il. Vous avez l'air de bien avoir discuté durant votre voyage. Veuillez accepter mes excuses, monsieur Sofian, devoir rester seul en compagnie de ma sœur a dû être un calvaire sans nom.
– N-non, pas vraim...
– Héé ! protesta la fameuse sœur. Qu'est-ce que ça veut dire ça ?!
– Que tu es chiante, souffla sereinement Elyess. Mais l'heure n'est pas aux évidences, mais plutôt à l'inconnu. Regardez, le Belvédère.

Immense. C'était le premier mot qui vînt à l'esprit de Sofian. Le Belvédère montait si haut que Sofian peinait à en voir le bout, il semblait même monter jusqu'au ciel, vers ce même point irisé que Sofian avait admiré un peu plus tôt. En lui-même, le Belvédère semblait composé d'énormes cubes grisâtre, superposé maladroitement les une aux autres, à un tel point qu'un se demandait comment la tour pouvait tenir debout. Les murs de la tour était quasiment entièrement recouverts d'un épais lierre verdâtre, ce qui rajoutait d'autant plus une dimension mystique à l’édifice. 

– Vous voyez au sommet ? Le point multicolore. C'est ce qu'on appelle, la fin du ciel, le centre et point culminant d'Avalon. Impossible d'aller plus haut, c'est comme si on se heurtait à un plafond invisible.
– Et... on est censé rentrer là-dedans ? 
– Absolument. J'espère que vous êtes prêt à vous battre, d'après les légendes, les monstres proviennent du Belvédère.
– … me battre...

Sofian empoigna plus fermement son éventail rouge et blanc. 

– Haha, mais ne t'inquiète pas, laissez-nous faire. Nous vous avions confié une arme que pour vous défendre au cas où.
– Mais comment est-ce qu'on y rentre ? demanda Liseslia. Il faut faire une distortruc, c'est ça ?
– D'après Eve, il suffit que notre nouvel ami touche le Belvédère pour y créer une entrée provisoire. Ça ne semble pas trop difficile.

Sofian acquiesça et s'approcha de la bâtisse. Décidément, quelque chose n'allait pas avec ce fichu Belvédère. À chacun de ses pas, Sofian sentait comme une immense pression sur ces épaules, comme si le Belvédère lui-même tentait de l'intimider. 
Finalement, après moult efforts, le brun arriva à quelques centimètres de la base de la tour. Après avoir déglutie 53 fois, Sofian posa sa main sur le bâtiment et aussitôt, le mur sembla fondre comme du beurre.

– Waah ! s'étonna Sofian. Qu'est-ce que...
– Ç-ça a marché ! s'exclama Liselsia. Eve avait raison !
– Comme toujours, tempéra Elyess. Dépêchons-nous d'entrer, cette faille ne devrait pas tenir très longtemps. 

*** 

Le Belvédère serait la demeure des monstres. Et bien la théorie se vérifia très vite. En effet, dès que le groupe y pénétra, un énorme rocher arrondi bondit vivement sur Sofian, bien décider à 'écrabouiller. Mais c'était sans compter les réflexes inhumains d'Elyess, qui trancha le monstre en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire et presque aussitôt, le rocher meurtrier disparu dans une traînée nébuleuse. 

– Hé bien, quel accueil, souffla l'intendant.
– Q-q-qu..., baffouilla un Sofian encore sous le choc.
– Hé, du calme ! tenta de le calmer Liselsia avec une grande claque dans le dos. Tu va pas faire ta chochotte dès maintenant !
– Ouaïche ! Ça fait mal ! protesta Sofian.
– Allons, allons, souffla Elyess, nous savions que se serait dangereux, restons sur nos gardes.

Bien malgré lui, Sofian acquiesça. Maintenant il n'avait plus de doute, les « monstres » étaient bel et bien des Pokémon. Le rocher de tout à l'heure ressemblait en tout point à un Grolem. 

– Euh, le Grol... enfin le monstre qui nous a attaqué, il...
– Il va sans doute revenir, somma Elyess. Comme nous, les monstres ressuscitent après leur mort. Maintenant silence.

Sofian fit la moue mais ne répliqua pas. Elyess était encore plus sérieux que d'habitude, même Liselsia était alerte. Après tout, c'étaient des guerriers, ils savaient ce qu'il faisait.
Le groupe marcha en ligne droite pendant un long moment, chose étrange pour Sofian, puisqu'il était persuadé d'être entrer dans une tour, et pourtant, il avait beau regarder autour de lui, il ne voyait qu'une espèce de grotte rocheuses à sens unique. L'intérieur n'avait strictement rien à voir avec l'extérieur. Encore un mystère dont un certain docteur en serait friand. 
De temps en temps, des Pokémon surgissaient de nulle part, d'autres Grolem, des Nostenfer, des Galéking et même un Pyrax qui s'invita à la petite fête. Mais ils avaient beau être aussi nombreux qu'ils voulaient, aucun des Pokémon ne réussirent ne serait-ce qu'à toucher Elyess ou Liselsia. 
L'homme à la rapière se déplaçait avant tant de finesse, d'élégance et de rapidité qu'il semblait danser à travers les assauts meurtriers de ses assaillants, avant de les faire disparaître en un coup de vent. 
De son côté, la demoiselle à l'épée préférait la force brute, peu stratégique certes, mais diablement efficace, même la carapace d'acier d'un Galéking ne put contenir un seul coup de la lame sanguinaire.
Et finalement après quelques joyeux massacres de Pokémon, Elyess s'arrêta.

– C'est bon, je ne sens plus de présence, on a le champ libre.

Sofian haussa un sourcil. Comment pouvait-il savoir ça ? Mais n'eut pas le temps de s'étonner plus que ça, puisque le visage sérieux d'Elyess fondit soudainement comme neige au soleil.

– Alors ça y est..., marmonna t-il des étoiles dans les yeux. C'est ça... l'intérieur du Belvédère ! Stupéfiant, tout bonnement stupéfiant !

Et le voilà parti analyser chaque poussière au alentour, comme une Ilyana dans un magasin de bonbons. 

– Pfeuh, souffla Liselsia. C'est nul oui ! C'est juste une grotte et les monstres d'ici sont nazes, je m'attendais à mieux !
– Ma très chère sœur, soupira Elyess. Cela ne m'étonne pas de toi, mais fais un effort. Il y a tant d’énigmes à résoudre ! Déjà, que faisons-nous dans une grotte rocheuse ? Et pourquoi n'avançons-nous qu'en ligne droite alors que de l'extérieur, le Belvédère ne s'étend que vers les cieux ?
– Pff... des questions, de mystères, c'est pour moi tout ça ! Je veux me battre moi ! Je suis là que pour ça !
– … tu sais, des fois je me surprends à espérer que je suis un enfant adopté... tu ne t'en rends pas compte enfin ? Le légendaire Belvédère ! La supposée demeure de Dieu ! Le Tout-Puissant ! Et nous y sommes ! À l'intérieur !
– … peut-être mais les monstres sont nazes !
– ….. j'abandonne...

Et Elyess retourna s'amuser tout seul à sa prospection. 

– Bouh ! bouda Liselsia. Toujours à poser des questions inutiles ! Alors qu'il n'y a que le combat qui compte dans la vie ! T'es d'accord avec moi, hein, Sofian ?
– ….. c'est une question piège ?
– Non !
– Pourtant, ça en a tout l'air !

Vu l'air renfrogné de la demoiselle, Sofian se dit qu'il était peut-être temps de changer de sujet.

– … sinon, ton frère à l'air assez croyant ! Je m'attendais plus à ce que des scientifiques comme vous réfutent tout ce qui n'est pas fondé.
– Mmmh..., vraiment ? Eh bien détrompe-toi, à Nasachi, nous sommes très croyants ! Dieu est même la cinquième chose que je respecte le plus après les combats, l'alcool, l'alcool et Megiddo !
– … je ne sais pas ce qui me choque le plus, que tu aies dit l'alcool deux fois ou que tu considères Dieu moins important que ton épée !
– Ah ? Je ne vois pas le problème ! Bref, c'est normal de croire en Dieu, après tout c'est lui qui nous a créés et nous a donné l'intelligence nécessaire pour bâtir notre royaume !
– Mmh, oui, vu comme ça, ça à du sens...
– D'autant plus que la légende raconte que c'est lui qui nous a donné nos sept Géogemmes ! Il paraît même qu'Eve le voit souvent !
– Ah oui, d'acc... heiiin ?! Votre reine ?
– Bah oui, c'est logique, vu que c'est l'une des personnes les plus puissantes d'Avalon. Et Dieu ne côtoie que les plus forts !
– … votre Dieu à l'air très élitiste...

Soudain un événement imprévu interrompit la discussion. Un Elyess fou de joie déboula vers le duo, les mains remplies d'une tonne de poussières. 

– On est sur la bonne piste ! On est sur la bonne piste !!
– … plaît t-il ? s'étonna Sofian.
– Regardez ! Je n'ai jamais vu autant de Géofragments de ma vie ! Une Géogemme ne doit pas être loin ! Vite, poursuivons ! 

Et l'intendant fonça tout azimut.

*** 

– … un cul de sac ?

Après de longues minutes de marche ennuyeuse – surtout du goût de Liselsia –, le trio arriva au fin fond de la caverne.

– Non ! s'enflamma Elyess. Là-bas !

L'homme à la rapière pointa une espèce de piédestal, somptueusement placé tout au fond, éclairé par ce qui deux mystérieuses flammes violettes.

– … si on était dans un jeu vidéo, décréta Sofian, se serait sans doute là-bas que se trouverait l'objet de notre quête ! 
– Allons voir !

Elyess s'empressa de vérifier cette conjoncture, sauf qu'au moment précis où il fit un peu de plus, le sol se mit à trembler et presque aussi tôt, deux statues de chevaliers de pierre surgirent mystérieusement du plafond.

– … évidement, souffla le brun. Qui dit jeu vidéo dit forcément Boss à la fin d'un donjon !

Les deux chevaliers se positionnèrent devant le piédestal. Ils étaient à peu près de la taille de Sofian et l'un d'entre eux possédait uniquement un bouclier et l'autre, uniquement une épée. 

– Gnn, grogna Elyess. Voilà qui est fâcheux... ce ne sont pas des monstres, mais ils ont l'air assez dangereux...
– Pouah ! cracha presque Liselsia, c'est juste de la roche un bon coup de Megiddo et on en parle plus !

Avant même que son frère ne puisse lui dire d'attendre, Liselsia sauta vigoureusement sur le chevalier à l'épée, prête à le fracasser en mille morceaux. Mais alors que Megiddo allait rendre son jugement, le chevalier au bouclier s'anima soudainement et s'interposa entre Liselsia et sa proie, dans une traînée d'ombre.

– Im..impossible !

Et pourtant, Liselsia ne rêvait pas, le bouclier de pierre résista sans problème à sa charge destructrice. La demoiselle fut forcée de bondir en arrière, afin d'éviter l'épée de l'autre chevalier.

– Gnnn !! s'enerva t-elle. Alors là, c'est trop fort ! Personne ne bloque Megiddo ! Personne !!

Tout d'un coup, les yeux de Liselsia s'enflammèrent d'une dangereuse lueur sanguinaire.

– Arf, geignit Elyess. Monsieur Sofian, si j'étais vous je reculerais. Lorsqu'elle libère Megiddo, strictement personne n'est à l'abri...

Liselsia repartie à l'attaque, plus furieuse que jamais et encore une fois le chevalier au bouclier surgit devant elle, prêt à parer son assaut.

– Alors ça, pesta la furie, c'est ce que tu crois !!

Le choc Megiddo / bouclier créa une onde de choc terrible, raisonnant sans pitié à travers la grotte, provoquant de jolis éboulis au passage. Elyess fut forcé de jouer de la rapière afin de mettre en pièces certains rochers tombés du plafond qui menaçaient de l'écraser, lui et Sofian.

– Espèce d'idiote ! hurla l'intendant. Tu vas nous ensevelir vivant !
– Pas tant que ce truc ne sera pas réduit en poussière !

Mais le bouclier du chevalier tenait bon, ce qui enragea d'autant plus la demoiselle. 

– Mmh, tenta Elyess de réfléchir malgré la situation. Ce n'est pas normal, il est impossible de résister à une attaque frontale de Megiddo, il doit forcément y avoir un truc ! … !!

Elyess bondit vivement, et poussa sa sœur d'un bon coup de pied bien placé, juste avant que le chevalier à l'épée ne put l'embrocher.

– Hé ! protesta Liselsia. Pourquoi tu m'as frappé !
– Pour te sauver idiote ! Ne laisse pas la rage t'envahir, crétine, c'est le meilleur moyen de perdre !
– Huhuhu... la rage ? Le meilleur moyen de perdre ? Huhuhu... au contraire frérot, c'est le meilleur moyen de tout détruire ! Que les flammes d'Avalon s'abattent, MEGIDDO !
– L-Lise, non !

Aussitôt, une tornade de feu miniature entoura Megiddo, avant de fusionner complètement avec l'épée. Les piques barbares de la lame, s'enflammèrent et se mirent soudainement à parcourir les rebords de Megiddo, à toute vitesse, comme une sorte de tronçonneuse de l'enfer. 

– Huhuhu..., ricana Liselsia avec un grand sourire sadique. Ah nous deux, chevalier, contemple la forme final de Megiddo, le Pourfendeur Écarlate !

Et la demoiselle enragée fusa vers son adversaire désigné. À chaque fois que l'épée rencontrait le bouclier, c'était comme si le monde entier tremblait tant Liselsia était déchaînée. Mais malgré tout, le chevalier au bouclier restait impassible, bloquant chaque assaut comme si de rien n'était.

– C-ce n'est pas bon, geignit Elyess. Lise n'est capable que de foncer tête la première, et elle n'a tellement pas l'habitude de voir ces attaques sans effet qu'elle en devient folle ! Enfin, encore plus que d'habitude ! Ce qui est déjà pas mal !

De son côté Sofian ne pouvait qu'observer, impuissant. Il n'avait ni la force brute de Liselsia, ni l'agilité légendaire d'Elyess. Certes, il avait Razor Blood, il savait à peine s'en servir. 
Puis, Sofian comme un flash. Ces deux chevaliers, l'un au bouclier, et l'autre à l'épée. L'un qui protège l'autre pendant que ce dernier attaque. Cette façon de combattre lui rappelait étrangement quelque chose... ou plutôt deux personnes... oui voilà, Kunja et Karen et leur Munja invincible et leur Ninjask surpuissant !

«  Hé, pas mal ! Je ne m'attendais pas à ce que tu fasses le lien aussi rapidement ! »
– … !! Qu-qui est là ?!

Inquiet, Sofian regarda rapidement à droite et à gauche. Liselsia était toujours en train de lutter contre le chevalier en armure, et Elyess était bien trop occupé à sauver sa sœur du chevalier à l'épée pour parler. 

«  Du calme ! C'est plutôt ma réplique ça ! Vous êtes chez moi après tout. » 
– … arf... encore une voix dans ma tête c'est ça ? Je vais finir par croire que je suis schizo...
«  Haha ! Ce serait un plot twist intéressant ça ! Mais non, je suis désolé de te l'apprendre mais tu n'as pas encore bon pour l'asile. »
– Heureux de l'apprendre...
«  Je me présenterais bien plus longuement, mais je crains que vous n'avez pas le temps pour plus de blabla, à la place, acceptez plutôt ce modeste présent ! À plus dans l'bus ! »
– Hein ? Hé !

Soudain un flot irisé descendit du plafond et frappa Sofian de plein fouet. Mais il n'en souffrit cependant pas. Il ressentit plutôt des intenses stimuli traversant son corps, comme des petits arcs électriques. L’événement ne dura qu'une seconde.

– … !! Qu'est-ce que... , Kunja... Karen...
– Aargh !!

Non loin de là, Liselsia se cogna violemment contre la paroi rocheuse, dans un bien sale état, mais encore plus enragée que jamais. De son côté, constatant qu'il ne pourrait pas vaincre le chevalier au bouclier, Elyess tenta de s'en prendre à celui à l'épée. Mais rien n'y faisait, il avait beau pousser sa vitesse au maximum, le chevalier au bouclier parvenait toujours à s'interposer. 

– … du poison, se souvint Sofian. Il faut utiliser du poison ! Elyess !
– … arf ! Monsieur Sofian ! Je …. je suis légèrement occupé là !
– Je sais comment battre ce type au bouclier !
– … quoi ? Vraiment ?!
– Oui ! Utiliser des attaques directe ne sert à rien ! Il faut utiliser des attaques indirectes !
– … monsieur Sofian, ce n'est pas le moment de parler en énigme ! Tsst ! Fichue statue !
– Ggnn... essayez de l'empoisonner !
– … l'empoisonner ?
– Oui, c'est le seul moyen de la battre !
– … je ne suis pas sûr de comprendre mais... je veux bien essayer. Ça tombe bien, Khamsin est un expert en toxine !

Elyess se désengagea, laissant sa sœur s'occuper seul des deux chevaliers. L'intendant en profita pour se concentrer sur sa rapière. 

– Que s'ouvre la fleur du désert, Khamsin !

Soudain, la lame de la rapière se parsema entièrement d'une myriade de petites épines, suintant une étrange liquide bleuté.

– La troisième forme de Khamsin, la Rose des sables, déclara sereinement Elyess. Alors, je dois juste empoisonner ce tas de pierre, c'est ça ?
– Euh... oui ! Ça devrait suffire pour la détruire ! … je crois...
– … vous croyez ? Haha..., ce n'est pas comme si on avait beaucoup d'autres d'idées de toute façon.

Elyess se mit en garde et fusa proprement vers le chevalier au bouclier, la pointe de Khamsin en avant. Le chevalier bloqua aisément le coup, comme d'habitude.

– Gnn, geignit l'intendant. Et maintenant ?
– … euuh...

Tout d'un coup, le poison azur de Khamsin s’infiltra dans le bouclier du chevalier de pierre, avant de s'étendre à tout son corps.

– … Um ?

Le chevalier indéfectible commença enfin à se fissurer, tombant petit à petit en morceau.

– Huhuhu..., ricana Liselsia qui n'avait rien suivit du combat. Il faiblit enfin ! C'est le moment, d'en finir ! Goutte à ma plus puissante attaque, fichu soldat de pierre !
– L-Lise ! paniqua Elyess. T-tu n'es pas sérieuse ?!
– Et comment que je le suis !

Les flammes de Megiddo augmentèrent soudain dangereusement d'intensité, à un tel point que la caverne devint un véritable four. Puis, toute cette puissance ardente quitta la lame pour se réunir en sa pointe, formant un sorte de mini-soleil.

– Que se déchaînent les astres, ARMAGEDDON ! 
– E-espèce de fooolle !!

Liselsia pointa sa lame vers le chevaler au bouclier. Et avec un sourire on ne pouvait plus sadique, elle bondit sur lui.
Puis vint l'impact. Un impact absolument gargantuesque. Une véritable Hypernova miniature se déclencha soufflant absolument tout dans une explosion titanesque. 

*** 

– … 
– … 
– … 
– … 

Dans la salle du trône du palais de Nasachi, Eve Vylnamore, Sofian Aaken, Elyess Blauenacht et Liselsia Blauenacht se fixèrent les un les autres, dans un silence gênant.

– Tout est de la faute de cette idiote ! craqua finalement Elyess.
– Hé ! prostesta sa sœur. Comment j'aurais pu savoir que de déclencher une Hypernova nous tuerais tous ?! 
– En utilisant ce qui tu as entre les deux oreilles, crétine ! Et tu sais très bien ce qu'il se passe lorsque tu déclenches Armageddon ! Et puis, honnêtement, si ça s'appelle Armageddon, c'est bien pour une raison, non ?! 
– Pfff !

Sofian ne put s'empêcher de pouffer tellement la situation était cocasse. Ils avaient presque vaincu les deux chevaliers, mais c'était alors que Liselsia, fortement enragée de ne pas avoir pu fracasser ses ennemis, avait invoqué sa plus puissante attaque, l'Armageddon. Et disons que le résultat des courses avait dépassé toutes les espérances...

– Allons, tenta de temporiser Eve, au moins le Belvédère à contenu l'attaque et tient toujours !
– Un miracle, souffla Elyess. La dernière fois qu'elle l'avait utilisé, elle avait complètement rasé Avalon...
– Ne m'en parle pas, grogna la reine. J'ai dû négocier comme une dingue auprès de Dieu pour qu'il accepte de reconstruire Avalon exactement comme elle était avant, ainsi que d'effacer la mémoire du petit peuple sur ce tragique incident !
– Bouh ! bouda Liselsia. Ça va, ça arrive à tout le monde de faire des erreurs !
– De simples erreurs mènent rarement à la fin du monde ! pesta son frère.

Sofian haussa un sourcil. La... destruction du monde ? Cette Liselsia était si forte et inconsciente que ça ? Heureusement qu'aucun d'entre eux ne pouvait mourir ici ! Mais il y avait autre chose qui perturbait le brun, quand les habitants de ce monde lui parlait de Dieu, Sofian imaginait qu'il s'agissait d'un Dieu comme celui de son monde, un être extérieur, mythique. Or, il semblerait que le Dieu d'Avalon soit un peu plus proche de ses sujets..., un mystère de plus sur la longue liste.

– Alalah, quel imprévu, soupira Eve.
– … un imprévu ? plissa Sofian des yeux. Mais je pensais que votre Horlotruc vous permettez de voir l'avenir ! Vous ne devriez pas tout savoir ?

Soudain, un petit sourire discret se dessina sur les lèvres de la reine.

– Oh, si tu savais, voir l'avenir revient parfois à se plonger dans un écran de fumée, surtout si un crétin au-dessus de tout décide d'intervenir...
– … pardon ?
– Non, ce n'est rien... enfin, Elyess, tu m'as bien confirmé la présence d'énormément de Géofragments au Belvédère, n'est-ce pas ?
– Oui, Votre Majesté. Nous soupçonnons aussi la présence d'un Géogemme. Mais nous n'avions pas pu le confirmer, à cause de... Ahem...
– Rhoo ça va ! se défendit Liselsia. Pas la peine de me regarder comme ça ! Boouh !

La reine de Nasachi soupira, lasse.

– Nous verrons ça plus tard..., quant à toi Sofian Aaken.
– … oui ?
– Tu as joué ton rôle à la perfection, je te remercie, je vais maintenant te ramener chez toi. Même si la mission à virer à la catastrophe à cause d'une certaine personne... enfin, je compte sur toi pour la prochaine fois !
– … la prochaine fois ?!
– Huhuhu..., ricana Eve. Maintenant que j'ai ta marque, je peux te faire venir revenir à Avalon à volonté !
– … !!
– Enfin, si tu le veux bien, bien entendu. Je ne voudrais pas passer pour une despote devant mes sujets.
– Mmmh..., réfléchit Sofian. Oui, pourquoi pas.
– … tu es sûr ?
– Absolument, affirma résolument le brun. J'ai comme qui dirait... trouvé une certaine résolution au Belvédère.
– Ah, si tu le dis. Dans ce cas, voilà ce que nous allons faire, je vais te renvoyer chez toi, et la semaine prochaine, je te ré-invoquerai.
– La semaine prochaine... un dimanche donc. Oui pourquoi pas, je suis toujours libre le dimanche !
– Huhuhu, évidement. 

La reine prit son Horlogium entre les mains. 

– Hé bien, dois-je te renvoyer dans ton monde maintenant ?
– Mmmh, oui, j'ai hâte de voir si tout ceci n'était qu'un rêve ou pas !
– Haha, tu ne seras pas déçu, croie-moi.

La fratrie Blauenacht s'avança. 

– Hé bien, sourit Elyess, ce fut cours mais intense.
– Héhé, ricana Liselsia, ce n'est pas tous les jours qu'on meurt dans une Hypernova !
– Hahaha..., ria maladroitement Sofian. C'est vrai...
– Allez, déclara l'intendant. Nous ne vous retenons pas plus longtemps, vous devez avoir hâte de retrouner chez vous.
– À la prochaine ! sourit la demoiselle à l'épée.

La reine toussota.

– Sofian Aaken, es-tu prêt ?
– Mh ! acquiesça ce dernier.
– Dans ce cas...

L'Horlogium luisit soudain de mille et une couleur, et se mit même à absorber tout la lumière ambiante, plongeant la salle du trône dans les ténèbres.
Eve s'approcha discrètement de Sofian.

– Juste une chose, Sofian Aaken.
– … ?
– Un conseil d'un personne capable de voir l'avenir... ne néglige pas tes liens.
– … pardon ?
– Tes amis... ceux de ton monde... décideront bientôt de ta destinée. Enfin, je ne peux pas en dire plus, secret professionnel ! Huhuhu...
– Qu... !

Et avant même qu'il ne puisse répliquer, Sofian disparut dans une traînée nébuleuse.


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– Uh...

Sofian se réveilla sur le dur plancher de son appartement. Comme s'il venait de se réveiller d'un long et terrible rêve.

– … en était-ce vraiment un ?

De cela Sofian en doutait fortement. Et pour preuve, il sortit un étrange objet d'un de ses poches.

– … Razor Blood, souffla t-il. Haha... oui, tout ceci était bien réel.

Mais il y avait autre chose. La raison pour laquelle il avait accepté de revenir dans ce mystérieux monde d'Avalon. 
Dans le Belvédère, lorsque ce flot irisé le toucha, Sofian avait appris beaucoup de choses, des choses qu'il n'aurait jamais dû savoir.

– … Kunja et Karen... désolé...

Comment cela était-il possible ? Pour le savoir, il n'y avait qu'une seule solution : retourner à Avalon. Mais pas maintenant, un monde d'Héroic Fantasy c'est bien, mais le monde réel avait également ses bons côtés ! 


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~ Tuturu ! ~ 

Note du flemmard qui sert d'auteur ( et non pas de largeur, huhuhu ! ) 
Alors ce chapitre vous a plu ? Pas trop dépaysant ? Il vous reste encore de l'énergie ? Tant mieux ! Parce que ce n'est pas fini ! Qu'a bien pu voir Sofian au Belvédère ? Et bien il suffit de le demander ! 

L'ordinateur de Sofian est mis à jour ! Avec une nouvelle section, Avalon ( en construction soyez indulgents), ainsi que « Le sable de l'Horlogium », une nouvelle rubrique... très importante pour la bonne compréhension ! Nan sans déconner, pour comprendre la suite, il faut le lire ! 

Le sable de l'Horlogium

~ Tuturu ~ 

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