Mais avant la fameuse rencontre, le garde proposa de faire visiter la ville au petit groupe, qui s'empressa d'accepter. Ainsi débuta la longue exploration de cette cité remplie de mystères. Le groupe se dirigea d'abord vers un ancien temple qui se trouvait sur la droite de la grande place, sur lequel on pouvait apercevoir diverses peintures représentant probablement des bribes de l'histoire d'Harmania. En pénétrant l'édifice, Matt remarqua une immense statue au centre du hall, et s'adressa au garde pour en savoir un peu plus sur la construction.
- Que représente cette statue ? Interrogea-t-il.
- Elle représente la Grande Déesse, Mère Nature, créatrice de la terre majestueuse qu'est Harmania. A ses pieds, vous pouvez observer une représentation de chaque élément. Dans sa main droite se trouve le glaive de la justice, et dans sa mai gauche la relique de la Quinte Essence, clé du pouvoir divin. D'autres questions ?
Matt ne répondit pas. Il était, comme tout le reste du groupe, obnubilé par l'immense statue. Kazhe rompit le silence en parlant à son tour.
- Décidément, vous les rongeurs, vous ne perdez pas une miette de l'histoire !
- Eh non mademoiselle, nous aimons bien exposer notre passé, pour être sûr que les civilisations prochaines sachent que nous avons été là avant eux.
- Ce n'est pas bête. Avoua Kazhe. J'aurais bien aimé que mon peuple en fasse autant. Malheureusement, la plupart de mes anciens congénères n'étaient que des brutes épaisses.
Matt remarqua Nyda qui était absorbé par l'image de la statue. Il s'approcha de son ami, mais dès qu'il lui pausa la main sur l'épaule pour engager la conversation, sa paume fut secouée d'un grand choc électrique.
- Aouch ! C'était quoi ça ?!
Nyda fixa son ami en marquant une longue pause.
- Boarf, j'en sais rien. Probablement une réaction chimique due à la pression de la profondeur.
Cette réponse ne satisfit pas Matt. Son ami était de plus en plus bizarre au fur et à mesure du temps qu'ils passaient en cette cité. Cela l'inquiétait. Mais il n'eut pas le temps de se poser davantage de questions, le garde décida qu'il était temps de rejoindre l'endroit de la rencontre, alors le groupe se mit en route.

Ils marchaient depuis plusieurs minutes, lorsque ce dernier incita le groupe à s'engager dans un immense escalier qui descendait dans les profondeurs de la cité. Tous n'étaient pas rassurés, surtout Ethelle dont on pouvait lire de l'angoisse dans le regard : Elle n'aimait pas quand il faisait noir, ni quand elle était enfermée. Le garde saisit une des torches qui étaient accrochées au mur, et démarra sa descente, suivi du cortège. Plus ils avançaient dans les profondeurs de la cité, plus l'air se faisait électrique. Matt, jusqu'ici plutôt curieux, se laissa dominé par l'angoisse. Il ressentait comme une puissance infinie qui émanait des entrailles de cette terre, et ce n'était pour le moins que très peu rassurant. Cependant, la présence de Maya qui lui sourit quand il la regarda lui donna la force de continuer à descendre. Au bout d'une demi-heure environ, ils arrivèrent en bas des marches. Ils franchirent alors une immense porte en pierre, et firent face à une chose spectaculaire. Devant eux était postée une immense statue, dont les yeux jaunes s'ouvrirent dès qu'ils firent quelques pas dans la vaste pièce sombre.
- Je vous attendais. Fit une voix rauque et grave, qui n'avait rien de rassurant.
Les yeux jaunes fixèrent Matt d'un regard qui pourrait déchirer la moindre part de confiance en soi chez n'importe qui.
- Tu dois être Matt, venu de Shattrath. Enchanté. Je m'appelle Akudundir, vouivre gardienne de la Quinte Essence. Je peux lire dans ton esprit les milles questions que tu te poses en ce moment même, alors je vais tâcher d'y répondre dans les plus brefs délais. Oui, je te connaissais. Oui, je suis bel et bien réel, comme toutes les autres légendes de cette Terre. Non, je ne suis pas allié aux félins. Non, je ne vais pas vous manger, je souhaitais m'entretenir avec vous.
Matt en restait de marbre. C'était une vouivre, comme dans les légendes. C'était une vouivre. Bien réelle. Il n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles, tant sa voix portait au loin.
- Nous n'avons pas beaucoup de temps. Vois-tu, nous les vouivres avons divers pouvoirs. Nous pouvons tracer l'emplacement des reliques si le plan ancestral est à notre portée, et surtout nous pouvons prévoir quelques événements avenir. Tu te demandes pourquoi je te dis que nous n'avons pas beaucoup de temps, alors je vais te répondre. L'armée féline vous a suivis jusqu'ici. Ils ne croient plus aux mythes et légendes d'autrefois, et c'est bien dommage. Il va falloir vous préparer à une bataille mémorable d'ici peu. Quelques heures, tout au plus.
Tous n'en croyaient pas leurs oreilles. Ethelle semblait paniquée, Maya quant à elle posa une main sur son arc.
- Si ces vermines veulent la guerre, je leur servirai une double ration si elles le souhaitent.
Maya semblait déterminée. Matt, lui, se posait encore beaucoup de questions, et une en particulier.
- Et vous ne pouvez pas nous aider ?
- J'ai le malheur de te dire que non, mon pouvoir a été vidé lors d'une bataille qui a eu lieu jadis, opposant cette même cité aux tribus renégats des Marécages Zandali. Dans un dernier effort, j'ai réussi à les repousser. Mais ces derniers avaient réussi à contrôler les éléments sans l'aide des runes. Ils étaient trop nombreux, et ils sont parvenus à dérober la relique de la Quinte Essence, qui reposait dans le temple que vous avez visité plus tôt. Aussi après cet effort, ma force m'abandonna. J'avais tout donné, et maintenant je suis contraint à un repos de plusieurs millénaires. Ainsi fonctionne le cycle de vie d'une vouivre. Sans la déesse, nous devenons des êtres vivants comme les autres, bien que le temps ne puisse pas avoir raison de nous.
- Une dernière question. Reprit Matt. Avons nous une chance de nous en sortir face à une armée pareille ?
- Oui, il vous en reste une. Vous la côtoyez même depuis suffisamment longtemps.
A ces mots, le regard d'Akudundir pivota vers Nyda, resté silencieux jusqu'à présent. La vouivre le toisa longuement, avant de prononcer ces paroles qui glacèrent le sang de tous.
- Nok'Karosh, il est temps de reprendre ta forme originelle.