– Nyahaha ! sourit exagérément Miya. Vous ne le regretterez pas chef !
– … j'ai un mauvais pressentiment, geignit Sofian.
– Nyahaha ! Casper, c'est à nous de jouer ! Nelly, Miya compte sur toi pour la couvrir !
– … hm.
La petite rousse fixa le Lokhlass d'une expression débordant de malice.
– Casper, on lui fait la totale ! Détruis-le ! Onde Folie !
Le Motisma tourna sur lui-même, jubilant à l'avance. Ses deux petits yeux bleu prirent une teinte démoniaque. Aussitôt, des milliers de sphères violettes apparurent au-dessus de lui. Le Lohklass eut soudain un frisson, comme s'il comprenait ce qui risquait de lui arriver si une seule de ces Ondes Folie ne l'atteignait, et dans sa panique, il projeta un puissant Hydrocanon en plein sur le Motisma.
– Hm. Onde Vide.
Mais Nelly tient parole. Happy concentra toutes ses ondes sur l'Hydrocanon, qui finit par dévier complémentent de sa course originelle.
– Nyahaha ! Maintenant !
Profitant du court moment de répit, Casper dirigea ses milliers de sphères malfaisantes droit sur le Lohklass.
Jamais au grand jamais le pauvre Pokémon Transport n'avait autant souffert. Il avait l'impression que sa tête allait exploser, il ne sentait plus ses membres, il était même devenu incapable de penser. Le Lokhlass poussa un terrible cri d'agonie qui résonna longuement à travers la plage, tout en secouant furieusement la tête, bavant à tout va.
– Woah..., geignit Sofian,... j'en aurais presque de la peine pour lui...
Mais ce n'était visiblement pas le cas de Miya dont le sourire carnassier s'accentuait à chacun des cris de sa victime.
– Nyahahaha !! FEU FOLLET !
Exactement dans le même état d'extase que sa dresseuse, le Motisma déploya une foule de flammes bleues qu'il projeta impitoyablement sur le Lokhlass encore agonisant.
Les Feus Follets n'étaient pas du feu ordinaire, loin de là. Leur but n'était pas de brûler la peau de leur victime, mais leur intérieur. Une à une, les flammes bleues infiltrèrent malicieusement le corps du Lokhlass, avec pour seul but d'enflammer ses organes.
Le Lohklass n'avait absolument plus aucun contrôle sur lui, incapable de penser, souffrant le martyre, et brûlant de l'intérieur.
Pendant une brève seconde, il aperçut le sourire maléfique du Motisma. L'instinct fit le reste.
« C'est lui qui me fait autant souffrir ! »
« C'est de sa faute ! »
« Je vais le tuer ! »
Dans un accès de rage déchaîné, le Lokhlass fonça droit vers Casper. Il aurait pu rester loin et l'attaquer à distance, et il aurait sûrement gagné de cette manière. Mais à présent, le monstre marin n'était plus que l'ombre de lui-même, redevenu une bête sauvage commandée uniquement par la rage et l'instinct de survie.
Casper revint rapidement vers la plage, ricanant. Le Lokhlass ne stoppa pas sa course, et même pire, il accéléra. Et ce qui devait arriver arriva, le Pokémon Transport heurta violemment le sable, sortant même de l'eau.
– C'est le moment ! s'écria Miya. Ilyana !
– Humpf, tu n'auras pas à me le dire deux fois ! Shiki !
La petite délinquante n'avait pas encore digéré la douche surprise qu'elle avait subie un peu plus tôt. Et elle était bien décidée à le faire savoir. Son Dimoret se lança dans un parfait massacre de Lohklass, démontrant encore une fois que de simple griffes pouvaient être on ne peut plus mortelles. Ilyana donna même de sa personne en ruant de coups le crâne du Pokémon.
***
Et quelques massacres plus tard...
– I-i... il est mort ? geignit Sofian.
– Nyahaha ! ria la petite rousse. Mais non, Miya n'est pas assez cruelle pour tuer !
– … si tu le dis.
Pourtant Sofian se souvint très bien de cette expression de sadisme pure qui teintait son visage un peu plus tôt.
– Ah mademoiselle ! s’émerveilla Julio. Tant de grâce et de subtilité ! Un combat rondement mené, digne de vous !
– Nyahaha ! s’embarrassa Miya.
– Attends, souffla une Camélia blasée. C'était gracieux et subtil ça ?
– Faut croire, geignit Thomas. Je n'aimerais pas être à la place de ce Lokhlass... enfin, au moins nos compteurs ont disparu...
– Hm, acquiesça gravement Nelly.
Et pendant que Julio bombardait Miya d'éloges, Camélia pointa le Lokhlass inconscient.
– Et sinon, qu'est-ce qu'on en fait de ce truc ?
– La grande question est de savoir pourquoi il nous a attaqué, réfléchit Sofian. J'ai toujours cru que les Lokhlass étaient super gentils !
– Peut-être que c'est simplement une femelle ? Dans ce cas, tout s'explique..., décréta Julio à tout hasard avant de subir les foudres du personnel féminin en place.
– Allons, tenta de tempérer Thomas, au moins le problème est résolu. Vous ferez mieux de partir tant qu'il est encore inconscient.
– Quoiii ?! exagéra Sofian. Mais je n'ai toujours pas trouvé ma sirène moi !!
Toute l'assistance adressa un regard peiné vers le brun.
– Les sirènes n'existent pas, statua impitoyablement Nelly.
– Meuh euuh ! Je veux pas ! Je veux pas !
Nelly soupira et tendit le bouquin qu'elle lisait précédemment à l'adolescent capricieux.
– … « Comment convaincre les idiots que les créatures fantasmagoriques n'existent pas » ?!
La grande brune hocha la tête avec détermination.
– Fais-toi une raison, souffla Camélia. On ne peut pas toujours avoir ce que l'on veut.
– Naoon ! Je ne peux pas abandonner mon rêve d'avoir mon nom inscrit en lettres d'or dans le grand livre de l'Histoire !
– Mais qu'est-ce qu'il est chiant..., grogna Ilyana.
Et même si personne n'acquiesça, chacun pensait de même.
– Bon, tenta une Camélia qui avait vraiment envie de partir maintenant, il se fait tard...
– Heiiin ? s'étonna exagérément Sofian. Mais il est à peine 16h !
– IL-SE-FAIT-TARD.
– Il se fait Tartard ! s'exclama Thomas.
– … et toi la ferme, grogna Camélia.
– Je suis d'accord avec la sans-poitrine..., siffla Ilyana.
– LA SANS-QUOI ?!
– Voyons Camélia, tempéra Sofian, ce n'est pas comme si tu pouvais prétendre le contraire !
– La nature est cruelle, rappela intelligemment Nelly.
– Gnnn !! Bref, je dois rentrer !!
– Elle fuit, résuma Nelly.
– Naoon ! grogna Camélia de plus belle. J'ai juste promis à ma mère de rentrer plus tôt aujourd'hui !!
– Elle cherche des excuses, continua inlassablement Nelly.
– … vous avez tous décidés de me faire chier aujourd'hui ?! BREF ! À demain !
Et la fière présidente du conseil des élèves effectua un magnifique repli stratégique.
– Si elle peut partir, je ne vois pas pourquoi je resterais..., siffla Ilyana.
Et la petite délinquante fit de même, sans une pensée pour la famille de Krabboss qu'elle avait atomisée un peu plus tôt.
– Mademoiselle Miya, s'avança Julio. Je pense que nous devrions prendre exemple sur elles.
– Nyaaah..., geignit la rousse. Bah, à demain chef !
Et le majordome de bleu et blanc et la mademoiselle féline s’esquivèrent.
– … les sirènes n'existent pas, tenta une nouvelle fois Nelly avant de prendre leur suite.
Au final, il ne restait plus que Sofian, Thomas et le Lokhlass inconscient sur la plage.
– Tout le monde m'abandonne ! s'écria Sofian.
– Tu devrais partir toi aussi, s’enquit Thomas.
– … et ma sirène ? Je veux trouver ma sirène ! Je veux que mon nom soit inscrit en lettres d'or dans le grand livre de l'Histoire !
– Tu as appris cette phrase par cœur… ? Soit raisonnable, si personne n'en a trouvé, c'est qu'il n'y en a pas ! Et puis, il y a un risque que d'autres Lohklass se cachent dans le coin, se serait plus prudent de fuir tant qu'il est encore temps.
– ….. mouais, se résigna Sofian. Mais que ce soit bien clair, je n'ai pas encore abandonné ! Je reviendrai sur cette plage, et je jure sur tout ce qui m'est dispensable que je trouverai la vérité sur le secret du mystérieux chant de la sirène !! Mouahahaha !!
Thomas dévisagea avec un œil perplexe son ami qui riait aux éclats tandis qu'il retournait en ville.
– … bien.
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Une fois seul, Thomas Raibolt s'approcha prudemment du pied de la falaise.
– Ah, te voilà toi, sourit-il. Bon sang, on devrait vraiment penser à te mettre une laisse.
Bien cachée derrière de gros rochers, une gracieuse Meloetta roupillait paisiblement. Thomas s'assit sur l'un des cailloux, observant le visage paisible de la créature.
– … et maintenant ? Je ne vais quand même pas la réveiller.
Ne trouvant finalement rien de mieux à faire, le barman se mit à discuter avec la Meloetta.
– Tu ne te rends pas compte, à quel point tes petites escapades nous ennuient ? se plaignit-il gentiment. Si au moins tu nous prévenais, ou pourrait trouver quelqu'un pour t'accompagner. Je suis sûr que Félix, ou même George, adorerait se balader avec toi. Je peux comprendre que la vie à la base t'ennuie, mais tout de même, pense à nous !
Le Pokémon Mélodie lui répondit par un doux ronflement. Thomas soupira.
– J'engueule un Pokémon endormi...
Tout d'un coup, Thomas se redressa. Son instinct bestial ne le trompait pas, un ennemi s'approchait. Un ennemi dangereux.
– … qui est là ?
– Déjà repéré ? s'étonna une voix masculine. Mmh, je me doutais bien que mon fabuleux éclat ne passerait pas inaperçu bien longtemps !
L'homme sortit élégamment de sa cachette. Thomas jura allègrement. Cet homme extravagant, dont la tenue blanche atypique rappelait un Milobellus, dont le visage arrogant et supérieur inspirait le mépris chez certains et l'admiration chez les autres, Thomas Raibolt le connaissait bien, trop bien.
– Marc Mikuri, cracha t-il.
– Thomas Raibolt, s'inclina somptueusement le dénommé.
– … il ne me semble pas avoir demandé une entrevue avec le champion d'Atanalopolis pourtant.
– Haha, ria franchement Marc. Je vois que tu n'as rien perdu de ton humour, mon ami !
– Que fais-tu ici ?
Le champion d’arène esquissa un petit sourire narquois.
– Je vois que tu t'es bien amusé avec ce petit Lokhlass.
– … !
– Tu l'as bien amoché d'ailleurs. Ce n'est pas très élégant de s'attaquer ainsi à des Pokémon sauvages.
– … sauvage ? Tu vas me faire croire que ce n'est pas toi qui nous l'a envoyé ?
– Je crois qu'il y a comme un malentendu. Ce Lokhlass est bien un Pokémon sauvage. S'il t'a attaqué, c'est uniquement... parce que tu es un ennemi de tout ce qui existe.
– …..
Marc fixa lourdement Thomas, droit dans les yeux.
– Thomas Raibolt, second commandant des Sentinelles, élu de Genesis, celui qui veut détruire le monde.
– …
– Rends-toi à l'évidence, Raibolt. Qu'importe le point de vue, tu es dans le camp des « méchants ». Ne t'étonne donc pas qu'un simple Pokémon sauvage d'ordinaire calme te prenne pour cible.
– … j'en suis conscient. Si c'est le prix pour assurer l'avenir, je suis prêt à le payer. Qu'importe si le monde me juge coupable.
– Toujours aussi borné, souffla Marc. L'avenir n'a de sens que dans la construction, et non pas dans la destruction !
– Tsst. Tu es venu pour me faire la leçon ?
Le visage de Marc se détendit.
– Non. Pour tout te dire, même si cela porte atteinte à ma beauté, j'étais simplement censé me cacher lâchement dans l'ombre, tel un méprisable espion. Mais que vois-je ? Le Pokémon qui roupille sereinement derrière toi, ce ne serait pas votre célèbre Meloetta ?
– … !
– Si je la kidnappais, ce serait un coup dur pour vos plans, n'est-ce pas ?
– … ce sont donc là tes intentions.
Thomas se mis en garde. Soudainement, l'air autour de lui se rempli d'électricité statique et ses bras se mirent à crépiter dangereusement. Il fixa Marc d'une expression si féroce que même le fier champion déglutit.
– Et bien voici les miennes.
Et l'élu de Genesis se lança à l'assaut.