Auteur : Jelubay
Posté le 28 août 2015  | Édité le 29 août 2015
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Journal d'une Adolescente

Partie 1 :
Une année bien remplie.




Résumé : Je suis Laura, une seconde de quinze ans. Je n’aime pas me maquiller et quant à ma coiffure, je fais tout pour aller le plus vite possible : une queue de cheval et c’est basta ! Je ne suis jamais sorti avec personne mais j’ai de nombreux amis qui comptent plus que tout pour moi. Pourtant, depuis que je suis entrée en seconde, tout va de travers, j’ai donc décidé de confier mes sentiments à mon journal intime, comme quoi, j’ai une vie bien remplie...


Chapitre 1 :
Je suis Laura Deschamps. J’ai actuellement quinze ans. Je suis blonde aux yeux verts. Mes longs cheveux me tombent à la taille et j’en fais toujours une queue de cheval. Je suis mince et de taille moyenne. Après, je ne me maquille pas et je n’aime pas les vêtements courts (shorts, débardeurs...) mais le pire, ce sont les robes et les jupes. Déjà ça vole partout, c’est l’horreur, et puis pourquoi les filles devraient mettre des robes et pas les mecs ? On n’est pas au Moyen-âge à ce que je sache ! Enfin bref, ma mère m’a acheté des tas de vêtements parce qu’elle dit qu’une fille devrait être la plus féminine possible. Du coup j’ai de tout, même de ce que je n’aime pas (blouson en cuir, minishorts, débardeurs, jupes qui arrivent au-dessus des cuisses...) mais en fait elle ne comprend pas que je ne veux pas qu’un mec me demande combien ça coûte pour une heure ! Et encore, j’estime qu’il y a pire : je mets des slims, des ballerines, des sweats (unis en général)... En fait, je me trouve grosse, surtout au niveau des jambes, donc mes vêtements les plus courts sont dans mon armoire avec l’étiquette du prix toujours attachée dessus.
J’ai aimé plusieurs garçons, mais jamais je n’ai été aimée. J’ai beaucoup d’amis, surtout des garçons : je trouve les filles lourdes avec leurs discussions qui suivent la règle des deux « m » (mecs et mode). Ce qui me fait rire avec eux, c’est qu’ils s’amusent à essayer de me caser avec n’importe qui. Si un garçon me parle plus de vingt secondes deux fois dans le mois, alors ils se chargent de répandre le bruit selon lequel il est amoureux de moi. Je préfère en rire qu’en pleurer. Je ne suis jamais sorti avec personne, je ne connais pas l’amour, je ne l’ai jamais connu. Bien des fois, je me suis demandé si je serai aimée. Je pense que oui, tout le monde a droit à une chance. Les filles autour de moi disent que je ne suis pas normal, qu’à quinze ans, il faut déjà être sorti avec un mec. Les garçons quant à eux disent qu’ils vont me trouver quelqu’un. Je serais bien curieuse de savoir qui...
Parmi tous les élèves, il y a Courtney, ma meilleure amie. Je la connais depuis toujours, il me semble. Mes plus vieux souvenirs remontent à nos années de maternelle, nous étions amies. Nous le sommes toujours. Elle vit donc près de chez moi, dans le même village. En ce qui concerne les garçons (ceux qui traînent avec moi et me cherchent désespérément un petit copain) il y a Jérémy, Tommy (qu’on appelle Tom), Charles, Joan, Nathan et Pierre, ce dernier étant celui qui est le plus proche de moi (je sais ce que vous pensez, mais il a déjà une petite amie) et me cherche le plus activement quelqu’un. Je considère Pierre comme mon grand frère, on se connait depuis toujours. J’avoue pourtant avoir été amoureuse de lui pendant trois ans, avant de me résigner, de me dire qu’il ne m’aimait pas. Ce fut douloureux hélas.
Tout commence lors de la rentrée en seconde. Je suis avec tous mes amis donc je ne suis pas trop perdue. Le lycée est plutôt petit et il n’est pas très loin du collège où j’ai étudié. Je garde de toute façon des relations avec mes anciens amis que je ne reverrai plus.


Chapitre 2 :
Ce matin, c’est la rentrée. Je me prépare et mets mon jean bleu foncé, mon t-shirt blanc et mon petit gilet noir puis enfile mes ballerines (blanches avec une petite fleur).
Je pars et vais attendre Courtney devant chez elle. Elle sort et nous nous rendons ensemble à l’arrêt de bus. Nous nous asseyons côte à côte.
« Alors, une nouvelle année commence, n’est-ce pas Courtney ? demandé-je.
- Ouais... Et sinon, tu es enfin décidée à te caser cette année ?
- Non, je ne sais pas...je ne me vois pas embrasser quelqu’un, ça...ça me fait bizarre.
- Au pire, ce n’est pas grave, tu as toute ta vie.
- Si tu le dis.
- De toute façon, je suis sûre que Pierre te trouveras quelqu’un, rie-t-elle.
- Pff. Je n’attire pas les garçons, de toute façon.
- Mais si, tu en es juste inconsciente, regarde comment t’observe le mec, là, au fond du bus. »
Je me retourne et scrute l’arrière du bus. Un jeune homme me regarde. Il semble être âgé de quinze ou seize ans. Il est grand, plutôt musclé, aux cheveux courts et bruns et aux yeux bleus. Je sens son regard me transpercer. Je rougis et me retourne immédiatement.
« Alors...il est beau gosse, hein ?
- Heu...plutôt mignon. Et toi ? Qu’en penses-tu ?         
- Ouais, il est trop mignon !
- Tu crois qu’il va être dans notre lycée ?
- J’espère. En plus, on dirait vraiment qu’il te trouve jolie.
- Tu ne crois pas que c’est plutôt toi qu’il regarde ?
- Non, ça se voit qu’il n’arrête pas de te fixer. Je ne l’ai même pas vu cligner des yeux.
- Pff, dis-je en la poussant gentiment, tu délires complètement ma pauvre.
- Mais non. Et puis tu sais, on va entrer en seconde, je suis déjà sorti avec cinq gars et toi ?
- Zéro.         
- Bien vu. Et pourquoi ?
- Je ne suis pas assez jolie ?
- Mais si, c’est juste parce que tu ne dragues pas !
- Et toi, que me conseillerais-tu ?
- Va le voir.
- Alors là, tu délires vraiment...
- Bien sûr que non !
- Je n’oserais jamais !
- Second problème : tu es timide.
- Et puis, je ne le connais même pas.
- Une raison pour aller lui parler.
- Une raison pour ne pas lui parler. Je ne veux pas.
- Bon, d’accord. Alors c’est moi qui vais y aller. Je le trouve super mignon.
- Allez, vas-y, je vois que tu en meurs d’envie, dis-je en lui souriant.
- Cela ne te dérange pas ?
- Non, pourquoi ? Je serais heureuse que tu sortes avec quelqu’un. Depuis plus de cinq mois tu es seule. Fonce, je vous regarde.
- Ok ! »
Aussitôt, Courtney va vers le jeune garçon. Je m’assois à proximité et écoute sans regarder :
« Salut, commence mon amie, comment tu t’appelles ?
- Mike.
- C’est cool comme prénom. Moi c’est Courtney.
- Enchanté.
- Tu vas où ?
- Au lycée, c’est la rentrée.
- Tu es en quelle classe ?
- Seconde, répond Mike. Et toi ?
- Pareil.
- Dans quel lycée ?
- Le lycée de Gaulle, affirme Courtney qui meurt d’envie que ce soit aussi son cas.
- Comme moi.
- Ah bon ? On sera peut-être dans la même classe (on entend clairement sa joie dans sa voix).
- Oui.
- Dis, tu as une petite amie ?
- Non, pourquoi ? la questionne-t-il amusé de sa question si directe.
- Comme ça.
- Ouais, j’ai des doutes. Tu veux prendre la place de l’ancienne ?
- En quelque sorte, oui.
- Désolée, mais je ne préfère pas.
- Ok. Tu m’appelles si tu as besoin de quelque chose. Tiens, voilà mon numéro. »
Courtney donne à Mike un papier sur lequel elle a inscrit son numéro de téléphone et son prénom.
« Bon, je retourne vers mon amie, à plus.
- Comment elle s’appelle ?
- Laura. »
Lorsque je les entends parler de moi, je me retourne. Mon amie me fait signe de les rejoindre. Je me lève et viens vers eux, mes joues prenant une teinte cramoisie.
« Salut, déclare l’adolescent en souriant.
- Bonjour.
- Laura, c’est ça ?
- En effet. Et toi Mike ?
- Ouais. Tu es en seconde à de Gaulle toi aussi ?
- Oui.
- Cool.
- Mince, s’écrie Courtney, mon ticket de bus n’est plus valable. Je vais en acheter un autre. »
Elle part à l’avant de bus, nous laissant seuls ici.
« Tu as quel âge, me demande alors Mike, brisant le silence qui venait de s’installer.
- J’ai quinze ans. Et toi ?
- Seize ans. Tu as redoublé ?
- Non, je fête mes seize ans le douze mai. Et toi ?
- J’ai fêté mes seize ans le trente juin...et j'ai redoublé le CM2, mais j'étais petit, ça ne compte pas. »
Je ris à l'excuse de mon interlocuteur. Mike me sourit, dévoilant de superbes dents blanches et parfaitement alignées. Ce n’est peut-être qu’un détail, mais c’est trop beau ! Je lui souris à mon tour. Suis-je en train de tomber amoureuse ?
« Tu fais quelque chose demain soir ? continue-t-il.
- Non, rien.
- J’ai des places pour un concert, tu voudrais venir ?
- On se connait à peine mais…oui, ça me plairait beaucoup. Comment t’es-tu procuré ces billets ?
- Un ami m’en a vendu deux. J’étais censé y aller avec quelqu’un, mais cette personne ne peut pas.
- Sans vouloir être trop curieuse : qui était-ce ?
- Mon ex. Elle adorait ce groupe et je lui ai acheté ces places pour elle et moi. Je comptais y aller seul car ces billets ne peuvent être remboursés, mais si tu veux venir, ça pourra être sympa. Je ne connais presque personne car j’ai déménagé il y a quelques jours, toi et ton amie êtes les premières personnes à qui je parle. Et puis, on est dans le même lycée.
- Oui, pourquoi pas... C’est quel groupe ?
- Les Black Eye Peas.
- Tu as dû les payer cher...
- Non, ça va, j’ai de l’argent : mon père est le PDG d’une grosse entreprise et m’accord souvent ce genre de privilèges.
- Quelle chance... Moi, mon père est chef dans un restaurant.
- Il y a combien d’étoile dans ce restaurant ?
- Deux, il me semble.
- Ouah...il faudra que j’aille y manger !
- Ce serait cool. Tu verras : ce qu’il fait, c’est exquis !
- J’ai hâte. »
Mon regard se perd dans le sien. Nous nous regardons dans les yeux, sans ne rien dire. J’ai l’impression que cet instant dure une éternité. Il fait un pas vers moi. Nous sommes désormais face à face. Je détourne mon regard, beaucoup trop gênée pour soutenir le sien.
A ce moment, Courtney débarque ici et nous regarde puis déclare :
« Désolée, je ne savais pas que je tombais mal...
- Non, tu ne tombes...pas mal, dis-je un peu gênée.
- Oui, approuve Mike.
- Mais ouais, rit mon amie, je vous crois ! Je vois bien que je suis mal tombée ! »
Mike et moi nous regardons en rougissant. Est-ce si visible que je suis amoureuse ? Je ne dois pas l’être ! Non ! J’ai été amoureuse quatre fois dans ma vie et ça n’a jamais rien donné ! J’ai aimé Louis, un garçon de ma classe depuis la maternelle, pendant six ans (depuis le CE1 jusqu’en cinquième alors qu’il n’a été dans ma classe que jusqu’en CM2). Je dois peut-être m’attacher trop vite... Pourquoi l’amour existe-t-il ? Pour nous faire souffrir ? Pour nous blesser ? J’ai aimé des garçons, mais à ce que je sache, jamais ce ne fut réciproque.
Pourtant, cette fois-ci, je sens que c’est possible. Je le sens au plus profond de mon cœur ! J’en suis certaine ! C’est tellement idiot de croire ça alors que je ne connais ce garçon que depuis deux minutes ! Il me regarde comme les garçons regardent leur petite amie...et je veux être la sienne ! Je suis déjà amoureuse de Mike et j’espère que c’est réciproque. Néanmoins, dans la vie, l’espoir ne fait pas tout et il ne me suffit pas de le souhaiter pour que cela arrive. Il me suffit de dormir, et si j’ai de la chance, je me réveillerai et rirai de l’avoir aimé. Suis-je bête de penser que Mike ne pourra jamais accepter d’être avec moi ? Suis-je bête de me demander si l’amour vrai et sincère existe ? Suis-je étrange, moi qui ne suis jamais sortie avec quiconque ? Que dois-je faire ? Et si l'amour que je ressentais n'était qu'un bref coup de cœur ? Oui, dans deux semaines, je n'y penserai plus, je dois juste me concentrer sur autre chose !
Nous nous éloignons un peu.
« Laura, demande Courtney me coupant alors de mes pensées, tout va bien ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu as l’air pensif...comme si tu songeais à l’amour, ajoute-t-elle tout bas en scrutant Mike, qui est à peine un mètre plus loin, du regard.
- Mais non, m’écrié-je rougissante, je...
- Mais si, je ne suis pas aveugle, continue-t-elle en murmurant. De toute façon, si tu ne veux pas que j’en parle, pas de problème, et puis tu sais, tu peux tout me dire. On est amies, non ?
- Quoi ? Mais...deux secondes Mike, je reviens. »
Je prends ma copine par le bras et l’amène à l’avant du bus :
« Bon d’accord, j’avoue : j’ai un faible pour lui, mais n’en parle à personne !
- Pourquoi ? Tu caches toujours tes sentiments et au final, tu déprimes !
- Peut-être, mais j’ai peur de recevoir un râteau, et là, je serais plus triste encore.
- Pourquoi ?
- Parce que je ne le connais que depuis trois minutes au grand maximum, et que là, je ne sais pas s’il m’aime ou non : je garde espoir. Alors que s’il me dit qu’il ne veut pas sortir avec moi, je saurais que ça veut dire qu’aucun espoir n’est plus permis.
- Je te comprends, mais tu ne dois pas avoir peur. Fonce et au pire, qu’y perdras-tu ?
- Ma dignité.
- Oublie-la un instant, pitié, essaie !
- Tu as raison, toutefois, je suis timide et je n’oserai pas lui parler de ça.
- Imagine un instant que lui aussi pense ça. Vous ne sortirez jamais ensemble parce que vous êtes timides et non pas parce que vous ne vous aimez pas. Vu le regard de certains jeunes, tu aurais pu sortir avec plusieurs d’entre eux.
- Tiens, tu rechutes ? C’est la rentrée qui te rend malade ou bien tu as toujours été aussi folle ?
- Ouais, moque toi, rie-t-elle. N’empêche que je te promets de n’en parler à personne. »
Je repars avec elle au fond du bus. En chemin, j’ai cru l’entendre chuchoter :
« Pour l’instant... »


Chapitre 3 :
Décidemment, Courtney est la fille la plus têtue qu’il m’ait été donnée de rencontrer... Je la regarde en souriant et retourne auprès de Mike.
« Alors ? me demande-t-il.
- Alors quoi ?
- Je peux savoir de quoi vous parliez ?
- Désolée, c’est de l’ordre du privé, affirmé-je en secouant doucement la tête.
- Ok, je comprends. Ce n’est pas grave.
- Tant mieux. J’avais peur que tu le prennes mal.
- Non, je ne suis pas comme ça, ne t’inquiète pas.
- Venez, nous coupe encore Courtney, il y a des places assises ! »
Je m’assois à côté de mon amie, en face de l’adolescent.
« Et sinon, déclare Courtney, vous avez passé de bonnes vacances ?
- Oui, plutôt, commencé-je, je suis allée à la montagne. Nous avons fait des randonnées chaque jour de cette super semaine ! Et toi Mike ?
- Je suis allé en Chine.
- Vraiment ? C’est génial !
- Ouais…
- Et où, précisément ?
- Dans la province du Sichuan, voir le bassin (du Sichuan donc). C’était super !
- Ouah, je n’en doute pas ! Et toi Courtney ?
- Moi je suis restée chez moi. Sauf pendant une semaine où je suis allée rendre une petite visite à ma tante. Elle est super gentille !
- Quelle chance. »
J’adore parler des vacances, ça me rend toujours très heureuse !
Soudain, le bus freine si brutalement que je suis projetée en avant, comme mon amie. Elle, elle tombe sur un siège vide, mais moi je tombe directement sur le siège où se trouvait Mike. Je suis là, étalée sur lui. Il fait encore doux dehors, et le garçon n’a qu’un t-shirt, un jean et ses baskets. Sous son haut, je sens des muscles joliment dessinés. Je suis comme paralysée, affalée sur lui, les mains sur son torse pour stopper ma chute et les jambes écartées sur les siennes : je suis assise sur lui, les mains et les jambes mises comme si...oh mon dieu ! Je me relève immédiatement, très gênée (bien que ce ne fût pas désagréable...) et me rassois, le regard rivé sur le sol.
« Je...je suis désolée, m’excusé-je. Je n’ai pas fait exprès.
- Ne t’en fais pas. C’est à cause du coup de frein, ce n’est pas grave. »
Ouf, heureusement qu’il comprend cela. Je connais plus d’un garçon qui aurait profité de l’occasion pour faire ou toucher n’importe quoi...
« Tu ne t’es pas fais mal Laura ?
- Moi ? Non, mais je ne t’ai fais de mal ? Je ne suis pas aussi légère qu’une plume...
- En tous cas, tu as une taille de guêpe.
- Oh, merci beaucoup.
- De rien. »
Je ne sais que répondre à ce compliment et me contente de baisser la tête tant mes joues deviennent rouges ! Je déteste rougir, mais je ne peux m’en empêcher. Cela traduit mes sentiments à tous les coups…
« Ah, nous arrivons, dis-je anxieuse. La rentrée...j’ai peur.
- De quoi ? me questionne Mike.
- De n’être ni avec toi, ni avec Courtney.
- On verra bien, en espérant que je sois avec vous : vous êtes les seules que je connaisse.
- Oui. Moi j’espère aussi être avec mes amis. Je te les présenterai si tu veux.
- Ouais, ça me ferait plaisir ! »
Nous échangeons un sourire puis un regard long, interminable.
Nous descendons ensemble du bus et traversons quelques rues. Le collège est ici, à quelques mètres de moi. Les grilles sont fermées, elles ouvrent cinq minutes avant la sonnerie à huit heures dix. Il est huit heures sept. Dans trois minutes... Le lycée fonctionne de la même manière.
Au loin, j’entends des rires et reconnais ensuite, immédiatement les voix de Pierre et ses amis. Je me retourne et vois l’ombre de chacun d’entre eux se dessiner au loin. Je crie :
« Pierre ! »
Je me précipite vers lui et lui saute dans les bras. Nous tournoyons ensemble un petit instant, puis il me pose au sol.
« Alors, tout va bien ? lui demandé-je.
- Maintenant, oui. Je suis si heureux de te revoir !
- Et moi donc ! Alors, prêt pour le lycée ?
- Pas vraiment.
- Moi non plus.
- Laura ! »
Les autres garçons nous rejoignent. Je fais la bise à chacun d’entre eux.
« Vous m’avez trop manqué, m’écrié-je.
- Toi aussi, déclare Tom.
- Ouais, rit Pierre, mon activité favorite, c’est avec toi que je la fais.
- Ah bon ? Qu’est-ce ?
- Te chercher un petit ami.
- C’est dingue, mais je m’en doutais...
- Bien vu alors. »
Mike et Courtney nous rejoignent. Cette dernière va saluer chacun des garçons.
« Les gars, je vous présente Mike, il est aussi au lycée et en seconde.
- Alors, espérons qu’il sera avec nous, déclare Pierre en me faisant les yeux doux, n’est-ce pas ?
- Ouais, ouais... »
Je lui donne un petit coup de coude. A son tour, Mike les salue :
« Salut. Moi c’est Mike. Et vous ?
- Moi c’est Pierre (grand, brun aux yeux verts, cheveux courts, musclé).
- Moi Tommy, mais on m’appelle Tom (de taille moyenne, châtain aux yeux bleu-gris, cheveux courts, fin).
- Je m’appelle Nathan (blond, yeux marrons, cheveux bouclés plus longs que les autres, musclé).
- Je me prénomme Jérémy (châtain, yeux noirs, cheveux courts, fin).
- Je suis Charles (blond, yeux noirs, cheveux plus longs que les autres à peu près comme Nathan à qui il ressemble beaucoup, musclé).
- Et moi Joan (brun, yeux verts, cheveux courts, fin).
- Enchanté. »
Tous sont souriants : ouf, Mike va parvenir à bien s’intégrer ! Je suis tellement heureuse pour lui ! Mais je crains tout de même la rentrée : et si j’étais séparée de mes amis ? Et Mike ? Oh non ! Je ne veux pas !
Heureusement, c’est un petit lycée et il n’y a que trois classes de seconde générale : j’ai beaucoup de chance d’être avec au moins un de mes amis, enfin, je crois.
« Et du coup, dis-je à Pierre, avec Emma, ça va ?
- Ouais...
- Tu es sûr ? Tu as l’air gêné.
- Je crois que je vais rompre.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- Elle m’énerve. Elle me reproche toujours tout.
- Ah bon ?
- Ouais. J’espère que ça ira mieux. Je nous laisse une semaine. Après je verrai si ça vaut le coup que je reste.
- Et elle, tu lui en as parlé ?
- Non, pas encore. Je ne veux pas qu’elle essaie de faire de son mieux pour ça. Je veux qu’elle soit naturelle. Cela me permettra notamment de voir si réellement elle m’aime et me comprend. Si elle voit que quelque chose ne va pas comme toi tu l’as remarqué, alors cela veut dire qu’elle se préoccupe de moi. Mais cela fait deux semaines que j’y pense et elle n’a rien vu.
- Si tu le dis. J’espère que ce n’est qu’une mauvaise passe. Vous aviez l’air si heureux ensemble !
- Vraiment ?
- Oui, je t’assure. Vous êtes beaux tous les deux.
- Si tu le dis. En tous cas, je garde encore une semaine. Après, j’irai lui parler. Si tu dis qu’on va bien ensemble, alors je te crois.
- Tant mieux. J’espère que vous vous réconcilierez.
- Merci, c’est gentil de me soutenir.
- C’est normal. »
Cela fait trois minutes, les grilles s’ouvrent. Moi, les garçons (dont Mike) et Courtney entrons ensemble dans l’établissement, anxieux, le cœur battant, entourés de personnes que nous ne connaissons pas, ou alors juste de tête.
Tant de questions m’assaillent : avec qui vais-je être cette année ? Y aura-t-il quelque chose entre moi et Mike ? Que va-t-il arriver à Pierre et Emma, sa petite amie ? Vais-je recevoir cette année mon premier baiser ?


Chapitre 4 :
La cour du lycée est vaste et couverte de verdure. Il y a plus d’une dizaine d’arbres et des pare-terre d’herbe et de fleurs. Quelques élèves y sont assis et discutent tranquillement. Moi, mon cœur bat à toute allure ! Comment les élèves peuvent être si détendus ?
Un banc se tient au fond de la cour. Nous allons nous y asseoir mes amis et moi. Je me place aux côtés de Mike, à l’extrémité droite du banc. Nous sommes plus serrés que des sardines en boîte et…
« Ah, crié-je, je vais tomber ! Au secours »
Je glisse sur le côté et, alors que j’étais sur le point de tomber, Mike me prends la main et me tire vers lui. Emportée près de lui si violemment, je tombe, mais cette fois-ci, contre lui. Pierre qui regardait la scène m’a fait ses fameux yeux doux et son petit sourire en coin.
Sept garçons (âgés de dix-sept ou dix-huit ans) arrivent à notre hauteur et un d’entre eux, le plus grand et celui qui a l’air le plus méchant, s’avance :
« Hé les nuls, ici c’est notre banc ! Dégagez !
- Vous êtes sûrs ? »         
Mike, tandis qu’il pose cette question, se lève, imité par Pierre, Tom, Jérémy, Nathan, Charles et Joan. Moi et Courtney nous levons aussi. L’adolescent s’approche de moi :
« Tu fais ta maligne gamine ?         
- Tu sais ce qu’elle te dit la gamine ?
- Non, quoi ?
- Ta gueule !
- Tu vas voir ! »
Il s’apprête à me donner un coup de poing. A cet instant, je me baisse et lui donne un coup de pied dans le tibia puis un coup de coude dans les côtes.
Mike et les autres ont tout vu et me regardent.
« Laura, déclare mon ami, tu es impressionnante.
- Oui, lui apprend Courtney, elle fait du judo.
- Et elle en fait même très bien, ajoute Pierre. »
Je lui souris. En effet, depuis le CE2, je fais du judo. En plus de la souplesse, j’y ai acquis de bons réflexe et des techniques pour envoyer bouler ceux qui m’énervent.
Nous allons nous ranger car la sonnerie retentit. Le directeur va nous appeler pour que l’on rejoigne nos classes.
« Alors, me questionne Pierre alors que les autres sont partis, tu l’aimes bien Mike, hein ?
- Tu parles de quel genre d’amour ?
- L’amour où toi et lui finissez dans un lit.
- Tu blagues là, non ?
- Ben non, pourquoi ? rit-il.
- Moi qui croyais que tu avais changé. L’espoir fait vivre.
- L’amour aussi.
- Arrête avec ça, crié-je en lui donnant un petit coup de coude sur l’épaule.
- Pourquoi ? Est-ce que cela te gêne ?
- Oui ! Euh...de quel façon ?
- Ben du genre « oh non, je l’aime trop, comment il l’a su ? ».
- Mais t’es trop bête, dis-je le sourire aux lèvres.
- Et toi tu es amoureuse !
- Je vais te tuer ! »
A cet instant, je lui saute sur le dos. Résultat, nous tombons tout les deux dans l’herbe. Je suis allongée sur lui. Je roule rapidement sur le côté. Nous sommes là, silencieux, sur la pelouse, couchés côte à côte. Qu’est-ce que je disais : Mike et moi on se connait depuis quelques minutes et déjà mes amis veulent me caser avec lui...
« Ce que c’est reposant, commencé-je doucement, je pourrais rester ici des heures durant.
- Moi aussi... Bon, je pense que je vais me lever, sinon je vais m’endormir ! »
Il se remet debout et me tend la main. Je la saisis et me relève. J’essuie mon jean, veillant à enlever les brins d’herbe qui y sont collés. Nous allons vers les autres. Le directeur commence enfin :
« Bonjour à tous et à toutes... »
Une main me tapote l’épaule. Je sursaute et me retourne.


Chapitre 5 :
Courtney se tient derrière moi, avec Mike et les autres :
« Laura, où étais-tu ? Nous te cherchions depuis déjà sept minutes.
- Désolée, m’excusé-je, je discutais avec Pierre.
- C’est rien. Mais la prochaine fois, préviens.
- Je n’y manquerai pas. »
Le directeur a déjà effectué l’appel d’une classe. Nous sommes en seconde générale et technologique, je n’ai toujours pas entendu nos prénoms. Le directeur commence l’appel de la seconde classe.
« Alors, en seconde GT deux, j’ai placé tous les élèves qui étaient dans le collège De Gaulle l’année dernière. »
Je suis très heureuse et espère que moi et mes amis y seront.
Les minutes passent. Je suis appelée ainsi que Courtney et les garçons. Mike n’est toujours pas appelé. Soudain j’entends :
« Et voici tout pour la classe de seconde GT deux. Dans la troisième classe, il y aura... »
Je sors de mon rang et vais vers mon ami.
« Oh non, dis-je attristée, j’aurais tant aimé être avec toi.
- Et moi donc. Retourne dans ton rang, je ne voudrais pas que tu te fasses remarquer le jour de la rentrée. »
J’acquiesce et repars me ranger. Le directeur appelle la troisième classe dans laquelle se trouve Mike. Il nous souhaite une bonne rentrée et une bonne année. Un professeur vient vers nous, une jeune femme qui a l’air très gentil.
« Bonjour, je suis Mme Maisoie. Je suis votre prof de français. Suivez-moi, je vais vous faire découvrir l’établissement puis je vous donnerai votre emploi du temps. Nous avons une matinée chargée. Dépêchons. »
Alors que la classe part, je m’éclipse discrètement et vais vers le directeur que je connais car c’tait aussi un des professeurs du collège :
« Monsieur, puis-je vous parler un instant ?
- Oui. Qu’y a-t-il ?
- Vous savez qui est Mike ? Celui de seconde GT trois ?
- Oui, je vois à peu près.
- Nous prenons le même bus et donc pour raison de covoiturage, lors de grèves par exemple, il serait plus pratique que nous soyons dans la même classe. En plus, nous sommes amis, vous ne pourriez pas le changer de classe ?
- Je ne sais pas. Rejoins ta classe, cours, ils ne sont pas très loin.
- D’accord. Au revoir. »
En général, je ne sais pas veut dire non... Mais j’ai toujours été une élève sérieuse, je sais qu’il m’apprécie. Pourvu qu’il accepte ma requête.
La matinée commence par la visite du lycée. Il n’est vraiment pas grand. Au moins, je ne m’y perdrai pas...
Nous entrons dans la classe. Mme Maisoie nous donne notre emploi du temps. Nous aurons vingt-neuf heures de cours. Moi, j’en aurais trente-deux (je fais latin depuis la cinquième et j’ai décidé de continuer).
« Vous aurez une semaine répartie sur cinq jours entiers, non plus quatre et demi. Donc bien que vous ayez à peu près autant d’heures qu’en troisième, elles sont mieux réparties et vous prendrez deux fois à dix heures et terminerez trois fois à trois heures de l’après-midi. Par contre, certains jours seront sûrement un peu longs pour vous... »
J’étudie longuement l’emploi du temps, et surtout le nom des professeurs. La plupart me son inconnus, sauf celle du latin qui est la même que celle de l’année dernière (je l’ai depuis la cinquième).
Soudain, alors que j’étais plongée dans ma lecture, quelqu’un toque à la porte.
« Tiens, murmure Mme Maisoie, je ne savais pas que quelqu’un devait venir, c’est peut-être la conseillère d’orientation... »
Puis elle déclare assez fort :
« Entrez. »


Chapitre 6 :
Le directeur pénètre dans la classe. Derrière lui, un jeune garçon au large sourire observe la classe. Mike ! Son regard se pose sur moi. Je lui souris. Il me sourit à son tour. Qu’il est beau !
« Madame, cet élève sera dans votre classe. Je suis désolé, mais j’ai du travail et je ne peux m’éterniser ici. Á bientôt et travaillez bien. »
La prof n’a même pas le temps de le saluer qu’il s’en va. Il semblait très pressé.
« Bon, jeune homme, place-toi où tu veux. »
Mike hésite un instant puis vient se placer juste à côté de moi. Après tout, je suis l’une des seules personnes qu’il connait.
« Merci d’avoir demandé au directeur de me changer de classe.
- Il t’a dit que c’était moi ?
- Non, mais je t’ai vu lui parler. »
Je me retourne, un peu gênée.
La première matinée est longue, ennuyante, mais au moins, tous mes amis sont avec moi, c’est déjà ça.
Nous avons le droit à une pause de dix minutes avant de sortir car nous n’avons pas eu de récréation (et sûrement que la prof a remarqué que nous nous ennuyions tous).
Dans la cour, j’observe un peu les élèves de ma classe, nous sommes quasiment autant de filles que de garçons, d’ailleurs, un groupe d’adolescentes s’est formé un peu plus loin. Personnellement, je préfère rester avec mes amis et Courtney.
« Laura ? Tu dors debout ou quoi ? »
Je pose mon regard sur Joan.
« Quoi ?
- Je viens de te poser une question. »
Tous les regards de mes amis sont sur moi.
« Redis, je n’écoutais pas.
- Je te demandais comment cela se faisait que tu sois toujours dans les meilleurs de la classe sans travailler.
- Mémoire visuelle et auditive : je retiens ce que l’on dit en cours, pas besoin d’apprendre mes leçons, je les connais déjà en rentrant chez moi.
- Trop classe !
- Si tu le dis...
- Tu accepterais de m’aider en espagnol, demande Mike, j’ai du mal dans cette matière car notre prof est partie à la retraite en milieu d’année, il n’y avait pas de remplaçant.
- D’accord. »
Nous discutons et rions. Puis Pierre me propose de venir l’aider à chercher un cahier qu’il a oublié de reprendre dans son casier.
« Alors, commence-t-il, tu as hâte de lui donner des cours d’espagnol, hein ?
- C’est toi qui le dis, pas moi.
- C’est vrai que tu n’es pas une pro dans les cours de langue... »
Il me fait un clin d’œil et j’explose de rire, quelle blague pourrie !
« Tu n’as pas trouvé mieux que ça ?
- Non, pas en si peu de temps.
- Tu parles, je suis sûre que tu as déjà réfléchi à des multitudes de blagues ridicules !
- Euh...non, c’est faux.
- T’as hésité, souligné-je.
- Non.
- Si.
- Non.
- Si. »
Ça a continué assez longtemps puis nous sommes repartis vers les autres après que Pierre a pris son livre. Joan, en nous voyant arriver, s’exclame :
« Vous avez mis du temps, hein ?
- Sans commentaire toi, soupiré-je amusée.
- Vous avez fait quoi ?
- On est allé chercher un livre.
- Seulement un livre pour près de sept minutes alors que les casiers sont tout près ?
- Oui.
- Vraiment ?
- Oui.
- Certaine ?
- Oui.
- Certaine de chez cer...
- Tais-toi. »
Il ne dit plus rien et ferme enfin sa bouche. Ouf ! Nous avons enfin le droit de partir. Mike, Courtney et moi montons dans le bus.


Chapitre 7
« Laura, me demande le premier, tu peux me donner ton numéro ?
- Si tu veux, mais de toute façon tu as déjà celui de Courtney.
- Comme ça j’en aurais deux.
- D’accord. Tu notes ? »
Il sort son portable et note les chiffres que je lui dicte.
« Super, euh...ce soir, pour le concert alors, tu viens ?
- Je demande à mes parents et je te redis.
- Parfait. »
Je lui fais la bise et descends du véhicule. Courtney me salue et je rentre chez moi.
L’après-midi, ma mère me donne son accord, mais elle reste méfiante et je suis forcée de la rassurée. Finalement, je peux aller au concert ! Génial ! Mais comment m’habiller ? Je fouille mon armoire de long en large et opte pour une tenue décontractée : un débardeur noir et blanc, un short en jean et mes ballerines favorites. Je me mets un gilet noir assez léger et je suis prête. C’est la première fois que je mets ce short et ce débardeur, j’espère ne pas trop attirer l’attention avec, mais je veux juste que Mike me regarde...
Je reçois un message de lui d’ailleurs :
« Salut, c’est Mike, je voulais savoir si c’était bon pour le concert.
- Coucou, oui je peux venir.
- Super, je viens te chercher à six heures ce soir, ça te va ?
- Super. »
Je lui envoie mon adresse et me plonge dans un livre.
Vers six heures moins cinq, on toque à la porte. Je descends et ouvre, c’est Mike. Une moto est garée sur le trottoir.
« Je pensais que ce serait tes parents qui nous amèneraient...
- Pourquoi, tu as peur ?
- Non, ça va...bon un peu en fait, j’avoue, mais je suis surtout un peu étonnée que tu sois venu en bus ce matin alors que tu as une moto.
- Tiens, dit-il en me tendant un casque. Et comme tu dois t’en douter, si je viens en bus, c’est que j’ai peur de me faire voler mon scooter.
- Ah...
- Le concert se termine vers huit ou neuf heures, donc pas très tard.
- Oui, j’ai vu ça sur internet.
- Allons-y. »
J’enfile le casque et m’installe derrière lui.
« Tiens-toi bien à moi, d’accord ?
- T’inquiète. »
J’enlace sa taille de mes bras et nous démarrons. Je suis serrée contre lui, c’est trop bien !
« Tu n’as pas trop peur, me demande-t-il assez haut.
- Un peu, si...
- Ne regarde pas la route si c’est ça qui t’inquiète. »
Je ferme les yeux et m’imagine dans le train de la mine, à Disneyland. C’est bête, mais ça m’éclate.
Nous arrivons rapidement et je descends du véhicule. Je donne le casque à Mike qui me demande encore une fois si je n’ai pas eu trop peur. Je réponds la même chose que la première fois :
« Un peu, si...
- Mais faut pas avoir peur, je gère. »
Il me sourit et nous entrons dans la salle après un peu d’attente. Il n’y a plus beaucoup de places... Nous réussissons quand même à trouver deux sièges côtes à côtes.
« Tu t’es habillée spécialement pour l’occasion Laura ?
- Ouais, j’ai fait des efforts.
- C’est gentil. »
Le concert passe et nous nous levons.
« Je vais aux toilettes, dis-je, on se retrouve vers l’entrée ?
- D’accord. »
Je me rends donc aux toilettes. Là, un garçon d’une vingtaine d’années me regarde avec insistance. Gênée, je tourne la tête et continue de me laver les mains. Il s’approche de moi.
« Quel est ton nom ? »
Je ne réponds pas et jette un coup d’œil rapide autour de nous : je suis seule avec lui.
« Je m’appelle Théa, déclaré-je avec conviction.
- Tu as quel âge ?
- Quatorze.
- Je ne te crois pas. »
Il me prend par les épaules et me tourne vers lui.
« J’ai entendu ton copain t’appeler Laura.
- Il me confond avec ma grande sœur.
- Je ne crois pas, non.
- Lâchez-moi.
- Non plus. »
Je lui écrase le pied et lui donne un coup de coude. Il me lâche, je pars, mais il me fait trébucher et je tombe. Le jeune garçon me prend alors le bras et le serre à un tel point que je ne sens plus le bout de mes doigts.
« Vous me faites mal !
- Tu vas voir petite garce ! »
Il me traine dans une des cabines, me projette sur le siège et ferme la porte. Je me relève et essaie d’attraper la poignée. Hélas le garçon en profite pour me plaquer contre une des parois, m’appuyant sur les épaules pour que je ne bouge pas.
« Si tu te débats, tu vas souffrir. »
Il pose sa main contre ma bouche et commence à m’embrasser dans le cou. Malgré ma bouche fermée, je peux faire du bruit en poussant de petits gémissements, espérant que quelqu’un m’entende.
« Chut, murmure-t-il, ne fais pas l’idiote. »
Je ne suis pas croyante...mais...DIEU AIDE-MOI PAR PITIÉ !


Chapitre 8 :
Tout à coup, alors que je perdais tout espoir, un grand boum se fait entendre, la serrure des toilettes vole en éclat et Mike entre. Il saisit le garçon par son t-shirt, le tire et le pousse au sol violemment.
« Ça ne va pas de t’en prendre à une jeune fille ! »
Le jeune homme ne répond rien et se relève. Mike lui assène un beau coup de poing dans la mâchoire, un dans le ventre et un coup de pied dans l’entre-jambe. Le gars est allongé au sol, genre une petite fille qui veut sa maman et pousse de longs gémissements rauques.
« Viens, allons-nous-en. »
Mike me prend la main et nous nous précipitons dehors. Il monte sur son scooter, enfile son casque, je fais de même.
Nous démarrons et je me tiens à lui. Nous roulons rapidement, je comprends qu’il est encore choqué par ce qu’il s’est passé. Mon cœur aussi bat à cent à l’heure. Nous descendons devant chez moi.
« Je suis désolé de ne pas être arrivé avant, soupire-t-il, je ne voulais pas que ce premier moment passé avec toi se termine si mal. S’il t’avait touché, je m’en serais voulu jusqu’à la fin de mes jours.
- Non, ça va. Plus de peur que de mal et puis, j'oublie vite, il ne m'a rien fait.
- Vraiment ?
- J’ai vraiment eu peur, mais je suis rassurée, et puis il m’a juste embrassé dans le cou, je ne vais pas en mourir.
- Je suis désolé.
- Au contraire, j’ai bien cru que personne ne m’aiderait. »
Il me prend alors dans ses bras et murmure :
« Ne t’inquiète pas, je serais toujours là. »
Je l’enlace à mon tour et repose ma tête dans son cou, je me sens protégée avec lui, comme si rien ne pouvait m’arriver. Il s’écarte finalement et nous échangeons un long regard.
« Á demain alors, chuchoté-je.
- Oui...à demain. »
Il s’en va et je rentre. Je pense à Mike toute la soirée, à lui venant à mon secours comme dans les livres où les princes sauvent les princesses. Oh j’adore ! C’est trop romantique !
Le lendemain, je me lève et me prépare pour aller au lycée. Á l’arrêt, Courtney vient me parler :
« Alors, comment s’est passé ton concert avec monsieur beau gosse ?
- Très bien, monsieur beau gosse était très gentil.
- Tu ne l’as pas embrassé ?
- Mais je le connais à peine !
- Et alors ?
- Le bus, soupiré-je pour stopper cette conversation.
- C’est bon... »
Nous montons et retrouvons Mike. Il me fait la bise et demande :
« Tu as bien dormi ?
- Oui, et toi ?
- Oui. Tu n’es pas trop déçu par rapport à hier ? »
Cette phrase étonne Courtney. Je déclare :
« Je ne tiens pas à en parler, ne m’en veux pas.
- Je comprends tout à fait.
- Merci. »
Mon amie nous regarde étrangement.
Au lycée nous commençons par nos enseignements optionnels. J’ai dessin, comme Pierre, Joan et Mike. En fait, on s’ennuie pas mal, mais le prof est sympa. La journée se déroule tranquillement, sans aucune remarque des garçons sur Mike et moi (un exploit, ils ne devaient pas être en forme). Le soir, je rentre avec Courtney. Nous nous séparons en descendant du bus et allons chez nous. Je me rends compte que ce que j’éprouve pour Mike est vraiment de l’amour, mais comment lui avouer ?
Lundi matin, nous prenons le bus et je salue Mike.
Arrivés au collège, nous allons saluer les garçons. Pierre me demande de venir avec lui un peu à l’écart. J’accepte et il déclare :
« J’ai quitté Emma. Elle n’a pas eu l’air triste de notre rupture et je crois que j’ai bien fait de la lâcher.
- Ah bon ?
- Ouais.
- Pourquoi ?
- Euh...ah, ça sonne. »
En effet, je ne l’avais pas entendu, mais je vois tout le monde aller se ranger. Que voulait me dire Pierre ? Je commence à me demander si...non, c’est absurde...quoique...


Chapitre 9 :
Nous avons sciences physiques, mais la prof ne sait pas tenir la classe, alors c’est un bazar monstre ! Je suis tout devant, avec Courtney, Pierre et Tom, nous sommes sur un rang de quatre. Derrière nous, il y a Mike, Joan, Charles, Nathan et Jérémy, sur un rang de cinq donc. Je suis entre Courtney et Pierre à côté de qui se trouve Tom.
« Laura, demande Mike, tu fais quoi mercredi après-midi ?
- Rien, pourquoi ? La prof d’anglais est absente toute la semaine.
- Tu pourrais m’aider en espagnol ?
- D’accord. Je viendrai chez toi ou...
- Viens chez moi, c’est plus rapide.
- D’accord. »
Pierre murmure :
« Oulala... »
Je lui tire la langue et rit.
Pendant le reste de la séance, il se venge en essayant de m’écrire partout sur les bras. J’essai de le repousser mais il est quand même fort. Je suis poussée sur Courtney et suis quasiment allongée sur ma chaise. Il se penche au-dessus de moi avec son stylo. Soudain, Joan s’exclame pour rire :
« Attention, au viol ! »
Toutes les têtes se retournent vers nous, mais le bruit ne s’estompe pas. Des « ouh ! » s’élèvent dans le brouhaha, car tous sont au courant de la rupture de Pierre. Déconcentrée, je ne fais plus attention à celui-ci qui me fait un cœur sur la main avec un M et un L dedans (allez savoir ce que ça veut dire...). Il m’ébouriffe ensuite les cheveux. Je me passe un rapide coup de brosse et lui tape la tête avec. La sonnerie retentit. Nous allons en récréation. Nous nous asseyons sur un banc. Je suis entre Mike et Pierre, serrée.
« Je peux plus respirer !
- Viens sur mes genoux, propose Mike. T’inquiète, je sais que tu es légère. »
Il me fait un clin d’œil et je repense au coup de frein dans le bus. Je m’assois sur ses genoux et lui lance un bref regard. Pierre se lève et me prend par les mains avant de me tirer vers lui. Je lui tombe dans les bras, il me fait un croche-pied tout en me tenant et me laisse tomber doucement par terre. Je me doutais qu’il se vengerait.
« On fait la paix, demandé-je.
- Ça marche. »
Il me tend la main et m’aide à me relever. Je me repose sur les genoux de Mike.
Mercredi arrive vite et en récré, Pierre et moi (nous avons eu le droit de sortir avant car nous avions terminé un contrôle d’histoire) discutons :
« Alors, tu as hâte de donner des...cours de langue à Mike ?
- Ben, ça me fera réviser l’espagnol par la même occasion donc oui.
- Ouais, moi je suis sûr que vous finirez ensemble.
- Qui te dis que c’est lui que j’aime ?
- Va savoir.
- Il suffit que je parle à quelqu’un et tu veux me caser avec lui, alors je sais que tu meurs d’envie de me mettre avec Mike.
- Bien vu. »
Les autres nous rejoignent et nous parlons un peu.
Le midi, je vais chez Mike. J’ai prévenu mes parents et lui les siens. Nous mangeons des pâtes avec de la viande. Nous montons ensuite dans la chambre de Mike.
C’est plutôt simple et joli. Il s’assoit sur son bureau et sort ses cours. Je l’aide à apprendre ce qu’il n’avait pas travaillé comme certains temps. En parlant de temps, les heures défilent très rapidement. Il est cinq heures quand j’ai fini de lui expliquer rapidement ce qu’il devait apprendre et revoir. Nous avons un peu travaillé les bases aussi. Je m’assois sur son lit. Il me rejoint et je soupire :
« Super, ça c’est fait.
- Ouais. »
Je ramasse une des boulettes de papier tombée au sol et lui lance dessus. Ce simple geste nous fait basculer dans une bataille de boulettes. J’arrache quelques feuilles que j’avais emmenées et hop, quinze boulettes en plus !
Il prend dans sa main une tonne de papier et me les lance dessus. Je recule et tombe sur son lit, dans ma chute, je saisis son bras par réflexe et l’entraîne avec moi. Je suis allongée sur son lit et lui est au-dessus de moi, ses mains encadrant mes épaules. Fatiguée par la bataille, je respire bruyamment. Nous échangeons un regard, et là, son visage s’approche du mien, de plus en plus, mon cœur bat à une rapidité à couper le souffle. Je me demande ce qu’il va se passer, le redoutant et l’attendant impatiemment à la fois.


Chapitre 10 :
Sa bouche s’approche de mon oreille et il murmure :
« J’ai gagné. »
Je le repousse, un peu déçue, mais soulagée aussi : je ne sais pas si je suis vraiment prête à sortir avec un garçon.
Je me relève et après avoir discuté encore un peu, il me ramène à pied : nos maisons ne sont pas très loin, à une dizaine de minutes de marche, à peine.
« Bonne soirée, dis-je en refermant le petit portail de mon jardin.
- Á demain. »
Il s’éloigne et je vais dans ma chambre. Je n’avais pas amené mon portable et je me rends compte que j’ai reçu un message de Pierre :
« Alors, comment ton copain se débrouille en langue ?
- Super, il est plutôt doué.
- Oulala, ça promet.
- Ouais t’as vu. XP Et avec Emma, elle ne t’a rien redit sur votre rupture ?
- Je ne sais pas, je l’ai bloquée.
- Ah, ok. Désolée.
- Non, ce n’est rien, c’était sympa de vouloir m’aider.
- Tant mieux alors. :)
- Ouais. Tu vas redonner des cours à Mike ?
- Je ne sais pas, je crois qu’on a fait le tour.
- Vous avez fait le tour en langue...berk !
- XD »
Il ne m’a plus répondu, considérant peut-être que c’était un au revoir.
Le lendemain, jeudi, je me lève tôt et prends le bus d’avant. J’ai envie d’être seule et de m’isoler un peu. Je vais dans la récréation et m’assois sur un banc, l’herbe étant humide à cause de la rosée matinale.
Je songe à Mike : il est beau, doué en cours, sympa, protecteur...parfait quoi ! Et puis, je ne peux le définir, je mettrai des jours à trouver tous les adjectifs qui lui conviennent ! Donc je vais résumer grâce à un texte de Montaigne qui parlait de son amitié avec La Boétie :
« Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. »
Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. »
J’aime beaucoup ce texte qui est vraiment beau, et surtout cette phrase : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. », cela montre que ce sont nos âmes qui sont attirées l’une par l’autre et que réfléchir n’y change rien : c’est comme ça, et ce n’est pas autrement. L’amitié, comme l’amour, ne s’explique pas.
« Laura ? »
Je sursaute et me retourne. Pierre me regarde, l’air amusé :
« Je t’ai fais peur, hein, avoue.
- Non, j’ai sursauté à cause du monstre vert et gigantesque qui se tient devant moi...bien sûr que tu m’as fait peur...banane.
- Oh l’insulte, ça clash, je vais le dire à ma maman.
- C’est ça, vas-y. »
Nous éclatons de rire et il finit par me demander :
« Alors, et avec Mike, ton beau gosse préféré, comment ça se passe ?
- Quoi, qu’est-ce que tu dis ?!
- Tu l’aimes, hein ?
- Non, dis-je en rougissant.
- Menteuse.
- Je ne mens pas !
- Et re-menteuse.
- Mais je t’assure que je ne l’aime pas.
- Tes joues s’empourprent comme ça alors, sans aucune raison.
- J’ai chaud.
- Tu frissonnes depuis tout à l’heure.
- La chair de poule, quand tu m’as fait peur.
- Menteuse, menteuse et re-menteuse. Tu sais, tu peux me le dire si tu l’aimes. »
Je craque, me lève brutalement et m’exclame :
« Oui je l’aime, non il ne m’aime pas, oui j’ai rêvé qu’il m’embrasse, non il ne l’a pas fait...oui j’ai encore eu tort d’aimer...non, cette fois-ci, c’est trop, je baisse les bras. »
Ma voix se brise, reconnaitre ainsi à voix haute que je suis moche et inutile, c’est si douloureux ! J’ai l’impression que je vais pleurer...
« Mais non voyons, ne baisse jamais les bras. »
Pierre me prend dans ses bras, ignorant que quelques jours auparavant, c’était Mike qui me serrait contre lui. Il dépose un petit bisou qui fait « smack » sur ma joue. Il sait qu’à chaque fois qu’il le fait, ça me fait rire. J’esquisse un léger sourire, mais ne ris pas.
« Eh bien, tu dois vraiment être triste pour ne pas rire. »
Il lève sa main vers mon visage, repousse quelques unes de mes mèches et avec son pouce et son indexe, il me fait un sourire en étirant mes lèvres sur le côté (ce qui en général fait une tête avec un sourire ridicule). Sa propre idiotie le fait rire, je lâche à mon tour un petit rire assez discret qu’il entend.
« J’aime mieux ça. »
Il me prend à nouveau dans ses bras, comme à chaque fois que je suis triste. Il a toujours fait ça.
J’ai l’impression que ce moment dure une éternité...une douce, paisible et agréable éternité. Quand soudain...

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