Chapitre 31 :
Ce matin, nous sommes lundi, il fait frais dehors : cinq degrés. Je ne suis vêtue que d’un t-shirt à manches longues et un gilet assez chaud. Je grelotte un peu mais ça reste supportable.
Je sors et me retrouve rapidement à l’arrêt de bus. Je prends celui d’avant désormais pour passer un peu de temps avec Pierre et Hugo avant que les autres n’arrivent.
Dans la cour, Hugo, qui est le seul arrivé, s’assoit sur un banc. Je reste debout.
« Ben...tu ne t’assois pas ?
- Le banc est froid, je frissonne déjà.
- Pas grave, dit-il en tapotant ses genoux, prends place ici. »
J’accepte et m’assois sur lui. C’est plus chaud que le banc, effectivement. Il m’enlace et pose sa tête contre mon dos.
« Alors, tu as déjà plus chaud, non ?
- C’est clair. »
Je vois alors Pierre arriver. Il nous rejoint, ce n’est que lorsqu’il parle que Hugo le remarque.
« Alors, ça va mon gars, tu prends du bon temps avec Laura, rit le premier.
- Ouais, je la réchauffe, elle a froid, répond le second.
- Dis que tu n’en profites pas... »
Hugo ne répond rien. Je lui jette un bref regard, amusée. Les deux s’entendent bien, cela me rend heureuse !
« Et toi, réplique Hugo après un temps, tu n’en as peut-être pas profité à la luge ?
- Non, c’était un accident.
- Mais ouais... »
Ils me font rire... Ah mais oui, c’est vrai, vous ne comprenez peut-être pas...nous avons, comme je vous l’ai dit, fait de la luge en hiver. Il y avait toute notre petite bande et nous n’avions pas assez de luges donc nous nous sommes mis par deux. J’étais avec Pierre car Courtney était avec Charles. Nous avons voulu sauter une petite bosse de neige, mais à cause du froid, le plastique de la luge était cassant et dès notre atterrissage, elle s’est littéralement brisée en deux. Pierre et moi avons roulé sur près de quatre ou cinq mètres, si ce n’est plus. Et le hasard a voulu nous faire une farce : lorsque notre chute s’est arrêtée, Pierre était par-dessus moi, ses mains étaient dans la neige (heureusement qu’il avait des gans), ses bras tendus, il était à genou, et moi j’étais sous lui, ma tête entre ses bras, j’étais face à lui. Nous avions échangé un long regard, sans bouger, sans parler, jusqu’à ce que les autres arrivent.
Je rêve où ils se battent pour moi ?! Non, non, je ne rêve pas...du moins pas au sens propre.
« On se calme les garçons, tout ça c’est du passé, ok.
- Ouais, ouais, murmure Hugo, c’est du passé. »
C’est bizarre car je crois déceler dans sa voix de la haine ou quelque chose dans le genre. Pierre détourne le regard, je le vois serrer les dents. Soit ils sont vraiment jaloux, soit ils me cachent quelque chose.
Ce matin, Courtney et Mike arrivent en même temps, comme toujours, en discutant tranquillement. Il vient vers moi.
« Coucou Laura, comment tu vas ?
- Bien et toi ?
- Super. Dis, tu voudrais venir chez moi ce week-end ? La météo annonce près de vingt six degrés, il fera super chaud ! Nous remettrons en route la piscine.
- Oh oui, ce sera sympa !
- Parfait. »
Pierre et Hugo s’échangent un regard puis mon grand frère se lève et va vers ses amis qui viennent d’arriver.
Décidément, que se passe-t-il ces temps-ci ?!
La semaine passe rapidement et bien vite, c’est le week-end. J’ai la permission d’aller chez Mike, trop bien !
Je me rends chez lui en début d’après-midi, il fait en effet très chaud : je suis en débardeur et en short pour me changer plus vite.
Nous ne faisons rien de spécial, mis à part de jouer dans l’eau pendant trois heures avant d’en sortir. Á ce moment, je surprends Mike à me regarder de haut en bas. Il me semble distinguer de l’amour dans ses yeux. Je...je n’en suis pas sûre, mais je crois qu’il m’aime (je me fais vraiment des films moi…).
« Un petit massage ?
- Ce n’est pas de refus. »
Pendant qu’il me masse (d’ailleurs il n’a pas perdu le coup, il le fait toujours aussi bien !) nous n’échangeons pas un mot. Il semble un peu gêné.
Je rentre chez moi, encore un peu perturbée.
Le lundi qui suit, dans la cour, je discute avec Hugo de mes sentiments :
« Tu vois, commencé-je, j’ai l’impression qu’il m’aime...mais en même temps j’ai l’impression que non. »
Il réfléchit un peu avant de déclarer :
« Je crois savoir ce qui le bloque.
- Vraiment ?
- J’en suis presque certain.
- Qu’est-ce ?
- Mercredi après-midi, que fais-tu ?
- Euh...rien en principe. J’ai juste une heure d’anglais donc je finis vers deux heure trente.
- Mes cours de maths ont sautés : le prof est absent cette semaine. Je pense que je pourrais te montrer ce qui pose problème.
- D’accord. Alors on se voit chez toi ?
- Oui, chez moi à deux heures, ça marché ?
- Ok. »
Le surlendemain, je toque à sa porte, il est trois heures moins cinq. Hugo m’ouvre, me sourit et me fait entrer. Il me conduit dans sa chambre puis déclare :
« C’est ça ton problème. »
Il pointe quelque chose derrière mon dos. Je me retourne et...
Chapitre 32 :
Je me retourne et découvre un simple miroir.
« Eh bien ? Quel est le pro... »
Soudain, je comprends : le problème, c’est mon apparence négligée, mes cheveux coiffés toujours pareil, mes vêtements trop simples et genre « petite fille sage » ainsi que mon visage que je ne maquille jamais.
« Tu comprends ? Quand tu m’as parlé de Mike, je suis allé voir sa page facebook et j’ai vu ses quelques ex : toutes de vraies bombes, elles sont superbes.
- Ah bon ?
- Tu as déjà vu une fille appelée Courtney ?
- D’accord, tu m’as convaincu. Mais que peux-tu y faire ? Tu ne t’es jamais ni coiffé, ni maquillé, ni habillé en fille.
- Moi non, mais ma mère si. Tu te souviens de son métier ici ?
- Esthéticienne...c’est vrai, j’avais oublié !
- Viens, j’ai pris rendez-vous avec Agathe, une des employées, elle t’apprendra tout sur la mode. Véronique, elle, te maquillera, et ma mère te coiffera. Je suis sûre que tu seras sublime !
- D’accord, on peut toujours tenter le coup ! »
Il me prend la main et m’amène jusqu’à un petit salon de beauté. Nous entrons et sommes accueillis par la mère de mon ami.
« Coucou Laura. Je m’occuperai de toi après. Va déjà voir Agathe, la jeune femme dans la partie maquillage, elle saura te donner des conseils super pour la mode et le style vestimentaire.
- D’accord. »
Hugo et moi nous dirigeons vers la salle indiquée, au fond d’un petit couloir. Nous entrons et découvrons un petit choix d’habits. Une dame est assise devant un bureau.
« Laura, c’est ça ?
- Oui.
- Voici la salle de comptabilité. Mais pour t’aider, nous l’avons réquisitionné.
- Vous avez fait tout ça pour moi ?
- Oui, nous avions un petit budget mais il se trouve que le salon marche bien ces temps-ci alors nous en profitons. Et puis, tu es une amie de la patronne et nous sommes en collaboration avec une marque de vêtements qui nous a fait payer presque rien pour tout cela.
- Merci beaucoup. »
Nous faisons quelques essayages, je vais me changer dans une cabine improvisée : un paravent qui me permet de ne pas être vue.
Après quelques robes et jupes, je sors de la cabine et là, Agathe s’exclame :
« Tu es superbe !
- C’est parfait, continue Hugo, on n’aurait pas pu faire mieux. »
Je me regarde dans un miroir. Je porte un débardeur bleu sous une veste de cuir aux manches légèrement retroussées, ainsi qu’un jean slim noir et une paire de ballerines noires avec une fleur noire et des talons compensés. C’est vrai que ces vêtements me vont bien !
Je fais quelques pas, mais n’ayant presque jamais marché avec des talons, j’avoue que je dois sûrement avoir l’air idiot.
« Attends, je vais te montrer. »
La jeune femme se lève, c’est là que je vois des talons d’une dizaine de centimètres et aiguille pour arranger tout ça...
Elle fait quelques pas puis revient vers moi et me tend la main.
« Viens, on va marcher un peu ensemble. »
J’accepte et après quelques minutes à m’entrainer, je parviens enfin à tenir sur des talons. Je me déplace avec grâce...ou pas.
Nous enchaînons ensuite avec la mère de Hugo. Je me place devant un miroir, prête à me faire coiffer pour la première fois de ma vie. La femme arrive et me demande :
« Est-ce que ça te dérange si j’en coupe ?
- Oui, j’aimerais que la longueur de mes cheveux reste la même.
- D’accord, pas de problème. Allons-y. »
Après environ une heure et demie, je me regarde dans le miroir et j’en ai presque du mal à me reconnaître : mes cheveux ne sont plus attachés en queue de cheval, mais lâchés et légèrement ondulés.
« J’ai mis beaucoup de temps à faire le shampoing, déclare ma coiffeuse, ainsi que les soins pour cheveux secs, pour tes pointes et le brossage. Par contre, faire boucler tes cheveux ainsi n’était que l’affaire de dix minutes, et encore. Tu pourras te coiffer ainsi tous les matins.
- Merci beaucoup.
- De rien. Fonce au maquillage.
- Bien. »
Je me fais maquiller dans une grande salle où nous ne sommes pas seuls, des femmes se font faire une manucure, une pédicure... Je m’installe et une femme s’approche de moi, me saluant gentiment. Elle me regarde un peu puis commence à me maquiller.
Elle finit assez vite, ses gestes sont rapides et précis. Je me regarde encore dans la glace qui me fait face.
Le maquillage fait ressortir mes yeux verts, c’est incroyable ! Je porte un fond de teint rose très pâle, sur mes paupières il y a du blanc et je porte aussi un fard à paupière couleur violet clair et très discret, un peu de mascara et pour finir, du rose léger sur mes lèvres.
Je vais à l’accueil et y retrouve Hugo. Celui-ci lève les yeux, me regarde sans ne rien dire. Il semble ébahit.
« Alors, demandé-je timidement.
- Tu es magnifique. Miss monde est un boudin à côté de toi.
- Tu trouves ? Oh c’est trop gentil, merci beaucoup !
- C’est sincère, crois-moi. »
En rentrant, donc vers cinq heures du soir, j’envoie un message à Mike :
« Viens, faut que je te montre quelque chose. »
Il me répond et peu de temps après, la sonnerie de chez moi retentit. Je vais ouvrir, le cœur battant si fort qu’il pourrait sortir de ma poitrine.
Chapitre 33 :
J’ouvre doucement la porte et Mike, en me voyant, reste muet, comme Hugo.
« Alors, balbutié-je, qu’en dis-tu ?
- Tu...tu, bégaie-t-il, tu es splendide.
- Merci.
- Ouah, ça me fait un choc visuel : je ne savais pas que les anges existaient.
- Si, regarde, tu es là toi. »
Il me sourit mais je le sens gêné.
« Merci, finit-il par dire.
- Je suis heureuse que ça te plaise.
- Ça me plait ? C’est peu dire, j’adore tout chez toi ! Tu es parfaite ainsi !
- Merci. Allez, entre et viens grignoter quelques petits gâteaux avec moi.
- C’est proposé si gentiment. »
Je lâche un petit rire et vais servir les gâteaux. Il aime mon style, il me trouve très belle ! Super ! Nous nous asseyons face à face. Je nous mets la télévision, mais je sens que très fréquemment, son regard se pose sur moi. S’il savait à quel point je suis heureuse !
Il repart de chez moi une dizaine de minutes plus tard.
« Alors...à demain.
- Salut Mike !
- Ciao. »
Il m’observe discrètement une nouvelle fois, de haut en bas. Avant de partir.
Jeudi, comme chaque jour, j’arrive très tôt. Hugo n’est pas là. Un de ses profs doit être absent. Je vais vers Pierre qui lui aussi semble plus qu’étonné par ma transformation spectaculaire.
« Laura ?
- Oui ?
- Je ne t’avais pas reconnu.
- Tant que ça ?!
- Quand même, ça fait bizarre de te voir prendre soin de ton apparence à ce point. Et tu marche si gracieusement avec des talons !
- Merci. »
Nous restons ensemble à parler un peu de la veille, je lui raconte en détail ma transformation et il me complimente, encore et encore.
Les autres arrivent. Tous les garçons restent stupéfaits devant ma nouvelle apparence, Courtney aussi.
Á la récréation, nous partons au stade de sport à cinq minutes du lycée. Nous nous changeons et allons dans la salle où se trouvent les terrains pour les sports tels que le tennis, le hand...
Aujourd’hui nous avons badminton, trop bien ! Enfin un sport dans lequel je suis douée !
Nous nous changeons (j’ai un débardeur bleu de sport et un legging noir avec des baskets bleu pâle et noir) et allons devant la petite table qui sert de bureau au professeur. Celui-ci prend la parole :
« Nous allons commencer par évaluer votre niveau avec un petit tournoi. Vous vous mettrez en double. »
Mike me fait comprendre d’un regard qu’il veut être avec moi. J’accepte d’un hochement de tête et nous allons prendre une raquette et un volant.
Les matchs commencent et le principe est simple : nous sommes répartis sur six terrains à deux contre deux et nous avons dix minutes pour prouver que nous sommes meilleurs que nos adversaires. Ceux qui gagnent montent d’un terrain, ceux qui perdent sont éliminés.
Je me place devant, étant la plus petite. Je stoppe les amortis et Mike joue presque tout le temps. Au premier tour, six groupes sont éliminés, soit la moitié des élèves. Les six groupes restants sont répartis sur les trois premiers terrains. Nous sommes contre Courtney et Charles qui jouent bien, mais moins que Mike et moi car nous gagnons.
Il ne reste que trois groupes : Pierre et Nathan, Joan et Tom et Mike et moi. Les deux premiers groupes s’affrontent et Mike et moi allons boire puis nous entraîner en faisant quelques échanges. On en enchaîne au moins une vingtaine avant que le coup de sifflet ne se fasse entendre. Ce sont Pierre et Nathan qui ont gagné.
Nous nous mettons en place. Pierre, qui est devant lui aussi, me dit :
« Nous sommes invaincus et nous le resteront.
- C’est ça, répondis-je, crois en tes rêves. »
Nous commençons à jouer et le score est très serré : une fois nous gagnons le point, une fois ce sont nos adversaires. Au coup de sifflet, il y a douze à quatorze...Mike et moi avons gagné ! Trop bien !
« On a gagné, s’exclame-t-il.
- Nous sommes les meilleurs ! »
Je saute dans ses bras, il me fait tournoyer, puis nos regards se croisent, il me repose, m’enlace puis...il m’embrasse.
Chapitre 34 :
Je profite de ce baiser magique et l’embrasse à mon tour, fougueusement, avec passion, avec amour, pressant mes lèvres contre les siennes. Le prof ne nous dit rien, d’ailleurs je ne sais pas s’il nous a vu car il était occupé à écrire les résultats sur une feuille. Nous nous séparons et échangeons un long regard.
« Je t’aime Laura.
- Je t’aime encore plus, Mike. »
Cela fait près de huit mois que je rêve d’être avec lui, et désormais ce rêve se réalise. Mike m’aime, il veut sortir avec moi, c’est fantastique ! En plus il m’a embrassé, ce n’est même plus un rêve, c’est...c’est indescriptible tant c’est merveilleux.
Pierre, qui nous a vus, s’éloigne et entre dans les vestiaires des garçons.
Nous devons aller nous changer. Je quitte les bras de Mike et retrouve Courtney.
« Alors, dit-elle l’air heureux, tu as enfin trouvé l’amour ?
- On dirait bien, oui. Pour la première fois je sors avec un garçon.
- Et c’est ton premier baiser avec ça.
- En fait...non, ce n’est pas le premier...
- Quoi, s’exclame-t-elle abasourdie.
- En fait, après que tu aies embrassé Mike pour la première fois, tu te souviens que j’étais partie en pleurant.
- Oui, super souvenir.
- Pierre m’a donné rendez-vous et nous nous sommes baladés un peu dans la colline près de chez nous. Là, il m’a embrassé et m’a demandé de sortir avec lui. J’ai refusé.
- Tant mieux, je ne l’aime pas trop moi, Pierre.
- Ah bon, pourquoi ?
- Je ne lui fais pas confiance, c’est tout. Je préfère ne pas me justifier. »
Son ton est glacial, j’en ai même des frissons.
« Tu sais, je connais Pierre depuis très longtemps et je peux t’assurer que tu n’as pas à te méfier de lui.
- Pourtant, j’ai l’impression que...non, laisse tomber.
- Ah...bon. »
Après nous être changé, nous ressortons du vestiaire. Pierre est à côté de ses amis mais semble plongé dans ses songes : il ne parle pas, son regard est perdu dans le vide et pour finir, il ne me remarque pas quand j’arrive. Je fais coucou devant ses yeux, ce qui semble le réveiller.
« Alors, tout va bien, demandé-je un peu inquiète.
- Oui, répond-t-il, et toi ?
- Oui, plutôt. Je vais voir Mike. Tu ne vas quand même pas rester ici seul, si ?
- Si. Tu sais, parfois c’est agréable d’être seul, de songer à des choses qu’on ne confiera jamais à personne...
- Tu es sûr que ça va ?
- Oui, va t’amuser avec ton mec, ne t’en fais pas pour moi, ça va. »
Je m’éloigne et rejoins Mike. Il me prend dans ses bras et m’embrasse. Je lui demande :
« Depuis combien de temps m’aimes-tu ?
- Je ne sais pas trop, après avoir rompu avec Courtney, j’ai senti que nous étions très proches et cela m’a vraiment fait plaisir.
- Tu es trop gentil. »
Je l’embrasse pour le remercier, il me rend ce doux baiser. Je crois que je ne vais plus réussir à m’en détacher tant je l’aime ! J’ai envie de sauter partout, de rire, de crier que je suis heureuse et de l’embrasser, de l’embrasser jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Je lève les yeux et regarde par-dessus l’épaule de Mike. Pierre nous jette un bref regard avant de partir.
Quel est le secret que me amis semblent partager ?
Chapitre 35 :
Nous revenons en cours et l’après-midi il ne se passe rien qui mériterait d’être développé. L’après-midi, en sortant du lycée, Mike vient vers moi, il me prend dans ses bras, m’embrasse doucement, frôlant presque mes lèvres. Je l’aime, je l’aime tant...il fait battre mon cœur si fort...
« Je t’aime Laura, tu es la plus belle du monde.
- Je t’aime encore plus. »
Je me blottis dans ses bras qu’il place autour de mon corps. Pourtant, une chose me dérange, mais je ne parviens pas encore à mettre le doigt dessus. Je suis sûre que je trouverai bientôt ce que c’est.
Il me tire un peu à l’écart et nous nous embrassons, passionnément, assez longtemps pour que Courtney nous dise qu’il faut y aller sous peine de rater le bus. Mike et moi nous regardons en riant : le temps passe si vite lorsque nous sommes ensemble !
Le lendemain, je vais discuter avec Hugo. Je lui annonce que je suis avec Mike, mais là, je ne comprends vraiment pas sa réaction :
« Quoi ?! Mais c’est horrible !
- Hein ? Mais pourquoi ? J’attendais ce moment depuis si longtemps.
- Je suis révolté !
- Vas-tu m’expliquer ce que tu as, m’écrié-je.
- Tu es si bête que tu ne vois pas la vérité : il ne t’aime que parce que tu es devenue belle !
- Ah vraiment ? Alors en plus de me trouver bête, tu me trouves moche.
- Non, ce n’est pas ce que je voulais dire...
- Ne te fatigue pas, je ne veux pas en entendre plus. »
Je m’éloigne et me réfugie dans un coin isolé de la cour de récréation. Là, je m’assois sur le sol encore humide et, prenant ma tête dans mes mains, je commence à me poser des questions : est-ce vrai qu’il ne m’aime que pour mon corps ? Pourquoi Hugo a eu une telle réaction ?
Le stress et la fatigue accumulée depuis la rentrée me tiraillent et bien vite, je cède et laisse mes sentiments s’exprimer : je me mets à pleurer, complètement perdue.
Une main se pose sur mon épaule. Je me retourne, les yeux encore rouges et vois Pierre qui me regarde, étonné, n’ayant pas assisté à notre dialogue. Il s‘agenouille en face de moi et murmure :
« Si, j’ai tout entendu. »
Je ferme les yeux, laissant échapper de nouvelles petites gouttelettes d’eau.
« Il ne faut pas pleurer pour ça voyons. »
Puis je sens ses doigts sous mes yeux, essuyant mes larmes. Lorsque j’ouvre les yeux à nouveau, je le vois me fixer avec tendresse.
« Tu le crois, demandé-je après m’être calmée, tu crois vraiment que Mike...
- Je ne sais pas trop. Dès que tu as changé d’apparence, il n’a cessé de te regarder pendant les cours.
- Je suis vraiment trop naïve...
- Non, juste humaine. »
Il me prend dans ses bras. Surprise, je me laisse faire et lui fais un câlin. Je me sens si bien avec lui.
Tout à coup, je suis attirée en arrière. C’est Mike. Celui-ci s’exclame :
« Qu’est-ce que vous faisiez ?!
- Rien de spécial, le rassure Pierre, pourquoi ?
- C’est ça, ouais. Je sais que tu l’aimes, qu’est-ce que tu crois !
- Cela n’a rien à voir ! »
Entre les deux, le ton monte. Je me demande pourquoi en ce moment Pierre est beaucoup moins apprécié parmi mes amis...
« Je te préviens que si je la vois encore une fois dans tes bras tu vas le regretter sale c** !
- Mais qu’est-ce que tu as contre moi ?!
- Tu la laisses, maintenant c’est ma meuf compris ?!
- Elle ne t’appartient pas, et puis elle pleurait, je voulais juste la consoler.
- Tu pleurais, me demande-t-il soudain plus étonné.
- Oui, approuvé-je, bien sûr que je pleurais, mais tu étais occuper à vouloir le tuer au lieu de te soucier de moi, de me regarder.
- Allez, viens. »
Mike me prend par la main et m’attire un peu plus loin. Là, il s’excuse pour sa conduite égoïste puis déclare m’aimer. Il m’enlace puis m’embrasse. Je ne peux m’empêcher de lui pardonner immédiatement. Je reste blottie dans ses bras encore assez longtemps, me sentant si bien contre lui. En plus je sens tous ses muscles sous ses vêtements, ce qui me donne l’impression de ne jamais être en danger avec lui.
La sonnerie retentit. Nous allons en enseignement d’exploration. Je suis en LS (Littérature et Société). Pierre y est aussi, mais Mike, lui, fait MPS (Méthodes et Pratiques Scientifiques).
En cours, je m’assois devant et lorsque je lui fais signe de venir vers moi, il part se placer un peu plus loin. Je me lève devant tout le monde et me mets à ses côtés. Or, tous sont au courant de ma relation avec Mike et semblent étonnés. Pendant une heure et demie, il ne parle pas et à la fin du cours, il s’éclipse. Je le retrouve en SES (Sciences Économiques et Sociales) et m’assois à nouveau à côté de lui. Mes autres amis avaient ce cours lors de la première heure et demie donc il n’y a que Pierre, moi et les autres de LS pour l’instant.
De nouveau, pas un mot n’est échangé.
Lorsque sonne la cloche prévenant que les cours du matin sont terminés, Pierre part sans ne m’adresser ni un mot, ni un sourire, ni même un regard.
Il est onze heures et ce midi, je mange avec Mike, je dois donc l’attendre en récré, suivant Pierre pour découvrir ce qu’il a à m’éviter.
Je me précipite derrière lui et le rejoins lorsque nous arrivons dans le fond de la cour, là ou généralement, il n’y a personne. Aujourd’hui n’échappe pas à la règle. Il pose ses mains sur le muret qui nous sépare de la rue sans m’entendre arriver.
Chapitre 36 :
Je m’approche et me place à ses côtés. Sur ses joues, je vois glisser quelques larmes. Je demande :
« Que se passe-t-il ? Depuis ce matin, tu ne m’as pas adressé un mot.
- Et ?
- Pourquoi tu me fais ça, qu’ai-je fais ?
- Tu ne peux pas comprendre. Ne cherche pas.
- Dis-moi ce qui ne va pas. Je t’en prie.
- Non. »
Il se tourne vers moi, essuie ses larmes et me fait un sourire, un sourire que je devine être forcé.
« Je n’aime pas te voir comme ça. »
Je le prends dans mes bras, souhaitant de tout mon cœur retrouver le garçon que j’aime tant, le vrai Pierre, celui qui agit sans réfléchir, celui avec qui je joue bêtement en physique...celui qui m’a embrassé sans se demander si c’était ou non une bonne idée, celui qui m’a consolé...
« Pierre, dis-moi tout. »
Il ne répond pas.
« Je ne te jugerai pas, et je n’aime pas me mêler des affaires des autres, mais là, je ne peux pas te laisser basculer dans la solitude. Je sais ce que c’est...et crois-moi, ce n’est pas joli...
- Laura...tu sors avec Mike.
- Oui, et ?
- Tu sais que je t’aime...
- ...
- Dis quelque chose. »
Cette situation est très gênante !
« Je, balbutié-je en perdant tous mes moyens, je t’aime beaucoup aussi, et je ne veux pas te perdre à cause de mes relations avec Mike.
- Vraiment ?
- C’est promis, juré, craché.
- Alors je te crois. »
Je le lâche et il me sourit. Génial ! Je suis trop contente !
« Je préfère ça, dis-je soulagée.
- Mais je te préviens : si j’ai le droit à une seule remarque de Mike, je me casse.
- Pourquoi ? Tu as peur de lui ?
- Je n’ai pas envie, dans un accès de rage, de lui éclater la figure.
- Ouais, ouais, si tu le dis... »
Je me rends avec lui auprès des autres. Là, je m’exclame :
« Mike ! »
Je lui saute dans les bras et l’embrasse. Je dis ensuite :
« Viens, faut que je te dise quelque chose. »
Je prends ses mains et l’attire, plantant mon regard dans le sien, un peu plus loin. Je commence alors à lui parler de mon problème :
« Pierre m’a évité ce matin, pas un seul mot, pas un sourire, pas un regard. J’ai essayé de me rapprocher de lui, mais cela ne l’a pas empêché de m’ignorer. Lorsque je lui ai demandé, il m’a avoué ne pas apprécier toutes tes réprimandes quant à notre relation. Après tout, il a raison, c’est mon meilleur ami, pourquoi ne puis-je être avec lui ?
- C’est bon tu te calmes. Je suis juste un peu...jaloux.
- Oh, t’es trop chou quand tu es jaloux. Mais tu sais, ce n’est pas parce qu’il m’a embrassé que...oups, dis-je en comprenant ce que je venais de dire à voix haute.
- Il t’a quoi ?!
- Il m’a embrassé, repris-je fermement et froidement, le jour où tu as embrassé Courtney. Tu te souviens ? Alors qu’il était évident que je t’aimais, tu es sorti avec elle.
- Tu n’as aucun reproche à me faire puisque tu as embrassé ce mec.
- Erreur, c’est lui qui m’a embrassé.
- Pardon ?!
- Laisse tomber, c’est du passé. Laissons tomber tous les deux : tu n’es plus avec Courtney, et je ne suis pas sorti avec Pierre. Je t’aime, et tu dis m’aimer. Oublie-le, ne pense qu’à moi. »
En parlant, je ne cesse de le fixer ce qui semble le déstabiliser un peu. Il soupire :
« Tu as raison, le passé est passé. Oublions. Je t’aime, c’est tout ce qui compte.
- Je suis heureuse de te l’entendre dire. »
Il m’embrasse et nous sortons du lycée pour aller déjeuner. J’ai la sensation que toute cette histoire avec Pierre n’est pas terminée...allez savoir pourquoi...
Chapitre 37 :
Nous entrons dans un fast-food ou nous commandons à emporter des hamburgers, des frites, des boissons et deux petits gâteaux. Nous allons nous asseoir dans un parc pour manger. Je me régale !
Étant donné que nous reprenons dans une heure, je m’allonge sur l’herbe et pose ma tête sur sa jambe. Je ferme les yeux, aveuglée par la clarté du soleil et m’endors.
Je suis réveillée par Mike qui m’embrasse.
« Pourquoi tu m’as réveillé ?
- Premièrement, c’est parce que tu es trop mignonne et que je n’ai pas pu me retenir. Ensuite, c’est parce que nous devons repartir : les cours vont bientôt reprendre et tu ne voudrais pas être en retard, n’est-ce pas ?
- Aide-moi à me relever s’il te plait... »
Je tends la main, il la saisit et me tire si brusquement que je me retrouve contre lui. Quel rêve !
Il comprend et susurre :
« Moi aussi je suis bien contre toi. »
Puis il passe ses bras autour de moi. Cette impression de sécurité revient alors.
Nous allons au lycée, main dans la main. Sur le chemin, Mike passe sa main derrière mon cou, sur mon épaule. Puis, un peu avant d’arriver au lycée, il s’arrête, me ramène vers lui et m’embrasse passionnément. Je lui rends ce baiser et après avoir échangé un long regard tout mignon, nous entrons dans le lycée. Ça sonne et nous allons en cours.
Nous avons espagnol. Je m’installe vers Pierre et le cours commence. Mike semble gêné que je sois près de mon ami, il me lance de drôles de regards que je soutiens, comme pour lui dire que j’ai quand même le droit d’avoir des relations avec Pierre en tant qu’amis.
Je continue finalement de suivre le cours normalement, faisant quelques sourires à mon ami de temps en temps, ce qui rend évidemment Mike fou de jalousie.
En sortant, il m’attrape par le bras et déclare, énervé :
« Pourquoi tu le regardes, pourquoi ne suis-je pas le seul avec qui tu veux sortir ?!
- Mike, dis-je calmement, je t’aime de tout mon cœur mais j’ai bien le droit d’avoir des amis, non ?
- Tout ce que ce mec veut, c’est se retrouver dans le même lit que toi.
- Non, Pierre n’est pas comme ça...
- Si, crois-moi
- Qu’en sais-tu ?
- Tous les mecs sont comme ça.
- Je vais commencer à te croire, n’est-ce pas Mike ?
- Tous sauf moi.
- Sans blague... »
Puis il s’en va, sans même me dire au revoir. Je reste bouche-bée par son comportement aussi glacial.
Tout le week-end, je lui envoie des messages, mais il semble avoir décidé de m’ignorer.
Le dimanche je vais, comme chaque semaine, au judo (c’est juste que j’oublie de le dire car jamais je ne fais rien d’intéressant. Aujourd’hui par contre, nos cours se passent avec les petits car la salle doit-être libre pour un spectacle de GRS qui va se passer sur leur heure de cours. Ils viennent donc le dimanche au lieu de mardi prochain, ainsi la salle aura le temps d’être préparée. Ils sont trop mignons !
Nous devons les aider à progresser de notre mieux. Pour cela, chaque élève choisira l’un d’entre nous (nous sommes pile le même nombre si l’on compte le professeur) et nous lui apprendrons notre coup préféré. Je suis la seule fille parmi tous les adolescents et toutes les petites veulent être avec moi. Le professeur arrive et demande le silence avant d’ajouter :
« Alice, tu iras avec Laura. »
Puis il m’apprend que la petite est la meilleure de son groupe et qu’elle est une élève sage et agile.
Je passe donc une heure et demie avec elle, à lui apprendre quelques coups qu’elle ne connaissait pas. Puis nous faisons un goûter lors de la demi-heure qui reste, tous les petits ayant appris au moins une nouvelle technique.
Nous prenons à boire, Alice et moi, puis nous allons nous asseoir sur un des bancs de la salle. Nous discutons un peu pour apprendre à nous connaitre en attendant que ses parents viennent la chercher. Il ne reste que nous et deux autres petits qui attendent leurs parents. Et puis, si j’ai dix minutes de retard pour dîner, ma mère ne m’en voudra pas.
« Alors, tu es née ici, demandé-je.
- Oui, c’était le onze mars deux mille sept.
- Donc tu as sept ans depuis peu.
- Oui.
- Tu as un frère ou une sœur ?
- Je n’ai qu’un grand frère, mais il est bête et méchant.
- J’aurais aimé avoir une petite sœur comme toi, dis-je en riant.
- Moi je veux bien être ta sœur.
- Dommage que tu ne le sois pas.
- Je ne veux pas rester avec mon frère. En plus, il me parle toujours d’un secret mais il ne veut jamais me dire ce que c’est, soupire-t-elle en faisant la moue.
- Je suppose qu’il doit être plutôt mignon. Quel âge a-t-il ?
- Il est un peu plus vieux que toi, je dirais.
- Je me demande si je le connais... »
Puis une voix nous coupe, un garçon...un garçon que je connais bien.
« Alice, vient, nous rentrons. »
La petite regarde par-dessus mon épaule et réplique :
« Mon amie et moi étions en train de discuter.
- Nous devons rentrer, insiste-t-il. »
Je soupire et l’interroge froidement :
« Toujours en train de m’éviter...Mike ? »
Chapitre 38 :
Entendant un long silence, et voyant l’expression ahurie de la petite, je comprends que j’ai deviné qui était le grand frère d’Alice. Je me retourne et vois Mike, gêné de me voir.
« Vas-tu m’expliquer pourquoi tu ne veux pas me parler ?
- Tu le connais, me demande la fillette.
- C’est ma petite amie, lui apprend son frère.
- Vous sortez ensemble ?!
- Oui, dis-je, mais ton frère refuse de me parler, et je ne sais même pas pourquoi. Assume un peu, et dis-moi tout.
- Non, je n’ai rien, c’est juste que ça m’énerve que tu préfères trainer avec Pierre plutôt qu’avec moi.
- Pierre est mon meilleur ami depuis longtemps, je ne peux l’oublier seulement parce que je sors avec toi. Je t’aime d’une autre façon, c’est indescriptible, mais je t’aime, sois en sûr.
- Je ne suis plus sûr de rien.
- Qu’est-ce que cela veut dire ?!
- Que je ne sais pas si je t’aime encore. »
J’essaie de répliquer, mais mes mots se perdent dans l’immensité de mon chagrin...il veut me plaquer après trois ou quatre jours de relation, à peine. Des larmes perlent sur mes joues, je me lève, me retrouvant face à face avec lui, puis je m’exclame :
« Regarde-moi, Mike, et dis-moi pourquoi tu as tant changé en quelques jours ! Regarde-moi et ose me dire que tu ne m’aimes plus !
- Laura...
- Qu’est-ce que tu me caches ! Pourquoi je me sens si exclue lorsque je suis à tes côtés ?! Pourquoi tu es si lunatique ?! Pourquoi refuses-tu de me parler de ce secret qui semble concerner tous mes amis...pourquoi ne m’aimes-tu plus...alors que je t’aime plus que ma propre vie... ? »
Tout en parlant, je soutenais son regard, son si beau regard emplit de froideur mais aussi d’une certaine empathie.
Á la fin de ma dernière phrase, il me prend dans ses bras et me serre contre lui. Je sens ses larmes sur ma peau. Alice, qui avait donc assisté à toute la scène, verse aussi une larme, mais rien de plus.
« Je suis bête Laura, excuse-moi. Je n’aurais pas dû te dire ça. Je t’aime de tout mon cœur. »
La journée s’est bien terminée : je suis rentrée après qu’il m’ait embrassé une dizaine de fois, puis je me suis endormie, bouleversée par cette longue journée. Pourtant, je suis sûre qu’il ne m’a pas tout dit. Mike me cache quelque chose et tous sont au courant, tous sauf moi Pourquoi ne puis-je pas savoir ? Pourquoi est-il indispensable que je sois mise à l’écart ? J’ai l’impression d’être rejetée par ceux avec qui j’ai pourtant passé les meilleurs moments de ma vie...
Lundi matin, dans le bus, je vois Mike. Je vais vers lui et demande :
« Coucou, pourquoi tu as pris ce bus-là ?
- Je n’ai pas le droit ?
- Ce n’est pas ma question...
- J’avais juste envie de te voir.
- T’es trop drôle...t’as juste envie que je n’approche pas Pierre, n’est-ce pas ?
- Ouah, t’es maligne, toi !
- Écoute, je vais parler avec Pierre ce matin et lui faire la bise, comme toujours, et si jamais tu le frappes pour cela, c’est à moi que tu auras à faire, mon amour, finis-je d’un ton glacial.
- Ok poulette. Compris.
- Bien, dis-je en me radoucissant, je t’aime mieux comme ça. »
Je me lève, nous sommes arrivés à notre arrêt. Je descends et vais dans la cour du lycée accompagnée par Mike que je tiens par la main.
Nous nous asseyons sur l’herbe sèche, ces temps-ci il fait beau et l’air est doux.
Il s’assoit et je me place entre ses jambes, allongée, profitant du soleil léger du matin. Sa main frôle mes cheveux, doucement, silencieusement. Je vois alors à travers mes paupières que le soleil est couvert. J’ouvre les yeux et vois Mike juste au-dessus de moi. Il se penche un peu plus et nous échangeons un baiser, puis un autre.
C’est à ce moment que Pierre arrive. Il nous regarde, hébété, puis s’éloigne. Je me lève brusquement et le rejoins, sous le regard outré de mon copain. Tant pis s’il n’est pas content !
Je saute sur le dos de Pierre et nous tombons tout deux au sol. J’ai atterris sur son dos, lui a amorti sa chute avec ses mains, et l’herbe est beaucoup plus agréable sous le corps que le béton, autant en profité.
Je roule sur le côté et m’allonge près de lui. Il se relève. Je m’écrie :
« Ne m’ignore pas !
- Je ne veux plus te voir Laura.
- Quoi ?!
- Va-t-en, va rejoindre Mike. Notre amitié s’est fissurée quand tu l’as embrassé, et elle s’est brisée quand tu l’as choisit lui plutôt que moi. »
Chapitre 39 :
Je ne trouve rien à répondre et me jette sur lui, le serrant fort dans mes bras. Je sentais sa voix si faible, si mélancolique...je n’aime pas le voir comme ça.
« Pierre, tu es mon meilleur ami, je t’aime et je t’aimerais toujours, je te l’ai déjà dis.
- Oui, mais il faut que tu saches quelque chose, Laura.
- Dis-moi quoi, je ferais semblant de ne pas savoir.
- Je ne doute en aucun cas de tes capacités d’actrice, mais...c’est impossible.
- Pourquoi ?
- Si seulement je le savais...
- Ignore ce secret et redeviens mon ami, celui que j’ai connu à mon entrée au collège, celui qui est venu vers moi quand seule Courtney acceptait de m’approcher. Nous avons toujours vécu sans secret et c’est ça l’amitié.
- Je ne peux pas supporter de te voir avec lui.
- Et lui ne peut supporter de nous voir discuter. »
Il émet un léger rire qui me rassure. Mike me prend par le bras et déclare froidement :
« La fête est terminée, Laura, je veux te parler.
- Je reviens Pierre, t’inquiète, ce n’est pas lui qui pourra me contrôler. »
Nous nous éloignons donc et il soupire :
« Tu as raison, je suis impuissant face à l’amitié que tu as vis-à-vis de Pierre.
- Enfin tu t’en rends compte...je suis heureuse que tu fasses attention à moi.
- Ouais, mais tu pourrais venir ce soir chez moi que l’on passe un peu plus de temps ensemble ?
- Si tu veux. J’envoie tout de suite un message à ma mère.
- Cool. »
Comme je viens de le dire, je demande à ma mère la permission d’aller chez Mike après les cours. Elle accepte, bien sûr.
Le soir venu, je suis Mike chez lui et monte dans sa chambre. Nous nous mettons un film que je ne connaissais pas et dont j’ai oublié le titre. C’est plutôt du genre fantastique avec, casée dans le récit, une histoire d’amour entre le personnage principal et son amie d’enfance. J’ai beaucoup apprécié !
Puis à la fin du film, Mike passe ses bras autour de mes hanches et m’approche de lui. Et encore un baiser d’échangé (faudrait que j’utilise un compteur de bisous !).
Je reprends mes affaires et le salue. Il me sourit.
« Tu pourras repasser quand tu voudras.
- Super, en plus il y a de moins en moins de devoirs, ça sent les vacances !
- Ouais, alors c’est d’accord ?
- Bien sûr, je passerai quand je pourrai.
- Génial, j’ai hâte d’être à la prochaine soirée que l’on passera ensemble.
- Moi aussi. Je crois savoir d’ailleurs que pour mercredi, nous n’aurons pas de devoirs...
- Tu passes demain soir ?
- Avec grand plaisir, dis-je en lui faisant un clin d’œil.
- Á demain matin.
- Fais de beaux rêves.
- Si je rêve de toi, ils seront merveilleux. »
Il est trop mignon ! Je l’adore ! Je fonds complètement ! Mike est le mec dont je rêvais le soir avant de m’endormir et le matin en me réveillant, j’ai toujours voulu rencontrer un garçon comme lui, gentil, mignon, amoureux, intelligent (il me fait concurrence en espagnol désormais)... Il est parfait !
Je rentre chez moi, me croyant sur un petit nuage. J’ai l’impression que je vais m’envoler à tout moment, que des ailes vont pousser dans mon dos et que je vais m’élever jusqu’au ciel où je retrouverai Mike et où l’on sera juste tous les deux, ensemble, pour toujours...oui, je sais, il m’arrive parfois de délirer.
Pourtant, je me demande ce qu’il sera advenu de nous dans dix ans. Je ne pense pas que je serais toujours avec lui, mais je l’espère vraiment !
Le lendemain matin, dans le bus, Mike est là, assis sur un siège. Je me pose sur ses genoux, inquiète à l’idée de lui broyer les os. Mais il semble tenir le choc, tant mieux !
Au lycée, ou plutôt dans la cour, Pierre vient me saluer et tous trois, nous discutons un peu, tranquillement. Il n’y a pas de bagarre, mais je sens que les tensions entre les deux persistent.
Cela se ressent encore plus lorsqu’arrive Hugo. Il demande à me parler seul à seul, laissant les deux garçons dégoûtés. Nous marchons en même temps de discuter :
« Je suis désolé pour ce que je t’ai dis Laura, je me suis emporté. Pardonne-moi, on a tous droit à une deuxième chance et tu es ma petite sœur après tout, non ?
- Tu sais que je vais craquer.
- Je te connais.
- T’es pardonné, évidemment.
- Tu es fantastique.
- Je sais, c’est pour ça que je suis ta petite sœur. Il faut bien que nous ayons des caractères communs.
- Ouais, si tu le dis.
- Je me vante, j’assume.
- Un câlin pour fêter notre amitié ?
- Oui ! »
Il n’a pas le temps de réfléchir que déjà, je saute dans ses bras, trop heureuse à l’idée de le retrouver.
Chapitre 40 :
Le temps passe, nous faisons une nouvelle ellipse d’un mois environ pour nous retrouver en fin mai, nous sommes en plein dans les beaux jours, le soleil tape surtout le midi et j’ai déjà attrapé un coup de soleil dans le cou.
Mike et moi sommes toujours ensemble, et encore plus complices qu’avant. Alice, comme ses parents, m’apprécie beaucoup, je m’intègre parfaitement à cette famille ce qui me ravit vraiment !
Pierre et moi avons pu nous rapprocher un peu plus car Mike a beaucoup plus confiance en moi. Je suis heureuse de pouvoir passer à nouveau des soirées avec mon meilleur ami devant un film à nous goinfrer de pop corn ! C’est trop bien !
Hugo et moi nous voyons très souvent aussi, tout d’abord au lycée, mais aussi en dehors parfois : au parc, vers la petite colline...
Le seul point négatif est que j’ai l’impression que Courtney s’éloigne de moi peu à peu et que nous ne sommes plus les meilleures amies du mode. Cela m’attriste, je l’avoue, j’ai beaucoup d’affection pour elle et je sais qu’elle m’apprécie, mais en plus de ne plus avoir le temps de nous voir en dehors des cours, en classe, j’ai l’impression qu’elle m’évite. Lorsque j’en ai parlé à Mike, il a avancé le fait qu’elle soit peut-être jalouse de moi. Je ne vois pas en quoi ce serait un bon motif pour m’éviter...
Quoi qu’il en soit, j’essaie parfois d’aller vers elle, nous parlons un peu et après elle s’en va, comme si elle m’évitait, ce qui est désagréable étant donné que je la considère toujours comme ma meilleure amie.
D’ailleurs, Courtney est de plus en plus proche d’Axelle, une fille de notre classe plutôt mignonne, châtain aux yeux marron ayant une peau très claire. Elle n’est pas très grande et est fine avec de belles formes. Les deux s’entendent bien et sont souvent ensemble.
Je me suis donc peu à peu éloignée de Courtney pour me rapprocher de mes amis.
Je ne vous ai pas dit ! Nathan sort maintenant avec Claire ! Vous ne vous en souvenez plus, n’est-ce pas...c’est cette fille qui voulait se présenter aux élections de délégués. Je n’avais pas pu y participer car j’amenais Nathan à l’infirmerie et Mike a refusé de se proposer comme je n’étais pas là. Elle et Antoine sont nos délégués cette année.
Ils sont trop chou ensemble. Ils on commencé à se parler un peu quand il lui a demandé si c’était simple d’être déléguée. Après avoir un peu discuté, ils sont devenus amis et trois semaines après, ils sortaient ensemble...c’est trop mignon, deux vraies âmes sœur !
En bref, tout va pour le mieux selon moi, mais si je reprends ici, c’est parce que rien ne dure éternellement, et que parfois, pour l’apprendre, il faut vivre des épreuves bien tristes et douloureuses.