Chapitre 41 :
Ce matin, nous sommes lundi. Comme depuis près d’un mois, je retrouve Mike dans le bus.
« Salut, dis-je timidement.
- Coucou. Tu as passé un bon week-end.
- Bof, et toi ?
- Pourquoi bof ?
- Tu étais à Paris et tu ne m’as même pas appelé...
- Désolé, j’étais très occupé. Tu me pardonnes ? »
Je l’embrasse puis lui souris.
« Bien sûr que crois-tu ?
- Tu es géniale Laura.
- Je sais, c’est pour ça que tu m’aimes tant.
- Sans doute. »
Il dépose sur mes lèvres un baiser, à son tour. Nous allons au lycée et nous asseyons sur un banc.
« Tu viens chez moi ce soir, demande-t-il.
- Avec plaisir. »
Pierre arrive peu après et nous rions ensemble. Hugo à son tour nous rejoint puis les garçons et Claire de qui je me suis beaucoup rapprochée ces derniers temps. Elle est plutôt sympathique et rit tout le temps. Sa joie est d’ailleurs communicative et toutes les deux, nous nous faisons souvent des délires ridicules mais géniaux !
Aujourd’hui nous nous faisons la bise et elle m’adresse un sourire chaleureux. Après avoir embrassé Nathan, elle revient vers moi et nous discutons un peu de notre week-end. Elle et son copain ont passé tout le dimanche après-midi ensemble à regarder des films.
En cours de physique, Mike se tourne vers moi à de nombreuses reprises pour m’envoyer un baiser que je faisais semblant de recevoir et d’embrasser à mon tour. Pierre m’a dessiné sur la main, comme à son habitude, un petit cœur avec un « L » et un « M ». Je le montre à Mike qui fait un bref sourire à Pierre avant de se pencher de nouveau sur ses exercices. On sent encore que la jalousie est présente malgré les apparences qui se révèlent trompeuses.
Pendant la récréation, je suis sur les genoux de Mike qui lui-même est sur un banc. Nous parlons un peu de tout et de rien puis à la sonnerie, nous nous levons pour aller en mathématiques.
Après l’heure de français, notre dernière heure du lundi, je suis Mike et nous arrivons rapidement chez lui. Nous nous allongeons sur son lit et il met en marche son ordinateur.
Le film était trop bien, je l’ai adoré !
Mike m’embrasse, passant son bras sur mon dos et m’attirant vers lui un peu plus. Je m’assois et l’embrasse à mon tour. Il se met à ma hauteur, pose ses mains sur mes épaules et me force à me rallonger. Ses bras sont toujours sur mes épaules et ses genoux sont au niveau des miens : à quatre pattes au-dessus de moi. Je passe mes bras autour de son cou et l’embrasse, encore et encore.
Soudain, je sens...non ! Non, je ne suis pas prête ! Je me lève et m’écarte un peu de lui, m’asseyant au bord du lit.
« Qu’y a-t-il, me demande Mike innocemment.
- Quoi, tu ne le sais donc pas ?
- Dis-moi, voyons.
- Je veux bien t’embrasser...mais je ne suis pas prête à embrasser avec la langue.
- Ah bon ? »
Je hoche la tête et ajoute :
« Je...enfin, ça me met mal à l’aise, j’ai l’impression de faire quelque chose de mal.
- Pourquoi, c’est humain, non ?
- Mike, comprends-moi.
- Je suis sûr que ça va te plaire.
- Tu l’as déjà fait ?
- Et pas qu’une fois.
- Je...non, je ne peux pas.
- Viens dans mes bras. »
Il me prend dans ses bras, enlaçant mon corps. Je respire longuement puis il tourne ma tête avec son index et murmure :
« Je suis sûr que tu vas apprécier. »
Sur ces mots, il m’embrasse et je sens que...enfin, vous voyez quoi, pas la peine de faire un dessin ! Je suis tout d’abord gênée, mais je me laisse très vite aller et oublie mes « complexes ».
Que suis-je en train de faire ? J’ai l’impression que je deviens ce que je ne voulais pas être...mais c’est si bon, si sensuel, si nouveau...si agréable à sentir !
Je me laisse faire, rendant presque ce baiser fantastique à Mike avec qui je me sens à l’aise.
Il éloigne finalement son visage du mien.
Chapitre 42 :
Je me serre alors contre lui et chuchote :
« Tu avais vu juste. »
Puis je lui rends ce baiser magique, ce qu’il semble apprécier. Il pose ses mains sur ma taille, je passe les miennes là où elles étaient, derrière son cou.
Je sens soudain ses mains descendre peu à peu. Je remonte ses mains au-dessus de mes hanches, sans pour autant cesser de l’embrasser.
De nouveau, ses mains semblent attirées vers le bas de mon corps. Je le pousse légèrement en arrière et me recule moi aussi jusqu’au bord du lit. Un peu perturbée, je ne dis rien. Il soupire :
« Quoi encore ?!
- Je n’aime pas que tes mains descendent sous ma taille.
- Pourquoi ?
- Je ne suis pas ce genre de fille qui se laisse faire.
- Allez, ça fait un mois que nous sommes ensemble.
- Ce n’est pas beaucoup.
- Á notre âge, c’est déjà pas mal.
- Je ne veux pas, c’est tout.
- Je peux te jurer que tu vas apprécier.
- Qu’est-ce que tu en sais ? »
Il me lance alors un regard et je comprends tout de suite. Je bégaie alors :
« Tu...tu...tu l’as...déjà fait ?!
- Oui, une fois.
- Non...on parle bien de la même chose... ?
- Une relation sexuelle ?
- Alors tu as... »
Là je ne régis plus puis je déclare :
« Je ne suis pas encore prête. »
Je me lève et m’apprête à partir quand je le sens prendre ma main.
« Tu m’enivres Laura, je suis fou de toi.
- Tu m’as convaincu d’essayer le baiser avec la langue, mais ça, je ne peux pas.
- Et pourquoi ?
- Je bloque, c’est tout.
- Laisse-moi te guider. »
Il m’attire vers lui et me serre contre son corps, je suis bien avec lui. Mais que dois-je faire ? Dois-je laisser parler mon cœur ou ma raison ? Je sens que je risque de regretter ce que je veux faire, et c’est pour cela que je ne peux pas le faire.
Il vient murmurer dans mon oreille :
« Laisse-moi te guider. »
Puis il m’allonge sur le dos et commence à me masser doucement, comme il sait si bien le faire. Ses mains passent sous mon t-shirt et je le sens caresser mon dos, j’en ai des frissons !
Je le sens alors lever mon t-shirt jusqu’à mes épaules. Après quelques secondes, ses mains reprennent ses caresses, venant parfois heurter mon soutien-gorge. C’est à cet instant qu’il le dégrafe et les deux bouts tombent sur les côtés.
« Mike...
- Oui ?
- Je...je... »
Que dois-je faire ? J’ai peur de le regretter si je franchis ce pas décisif.
« Je veux partir, lâché-je finalement.
- Maintenant ?
- Tout de suite.
- Comme tu veux. On remet ça ?
- Dans deux ans, pour ton anniversaire, on y songera si l’on est toujours ensemble, mais là, je suis trop jeune.
- Je vois... »
Il me remet bien mon soutien-gorge (heureusement qu’il n’a rien vu) et mon t-shirt puis je m’en vais sans me retourner, trop chamboulée par les évènements qui venaient de se produire en si peu de temps. Ai-je eu raison ou au contraire ai-je eu tord de refuser ses avances ?
Chez moi, je vais directement dans ma chambre.
Toute la nuit, je me pose des questions, je ne dors presque pas.
Le reste de la semaine, j’essaie d’éviter Mike sas pour autant le délaisser : je l’embrasse toujours pour lui dire bonjour, je m’assois toujours vers lui...mais je refuse lorsqu’il m’invite chez lui.
Le vendredi, après notre heure d’espagnol de l’après-midi, nous sortons. Mike m’arrête, me prenant par le bras, puis il me demande :
« Tu viens chez moi ?
- Non répondis-je en évitant de croiser son regard, je dois aller chez ma grand-mère.
- Mais tu m’as dit que les deux étaient mortes. »
C’est vrai, quelle idiote !
« Ne me mens pas Laura, tu sais que je t’aime.
- Oui, j’en suis consciente. »
Il m’embrasse alors fougueusement et comme je l’aime tant...avec...enfin, vous voyez quoi, comme lundi !
Il me tire par la main et je cède finalement. Nous nous retrouvons dans sa chambre en un clin d’œil. Là, il me plaque contre la porte et m’embrasse, puis dépose quelques baisers dans le cou...ce qui me fait vaguement penser à ce soir où nous étions au concert et où ce mec pas très net m’avait agressé dans les toilettes. Et si cela tournait avec Mike de la même façon que ça aurait tourné avec ce gars ?! Je...suis-je en train de céder ?!
Chapitre 43 :
Non, je ne peux pas faire ça...mais d’un autre côté, Mike, je l’aime tant ! Et puis, il a un corps parfait !
Tout ce temps, je l’ai aimé, pendant des mois, j’ai espéré qu’un jour viendrai un tel moment où nous nous embrasserions, où je serai blottie dans ses bras. Tout ce temps, j’ai rêvé de l’amour, j’ai rêvé de quelqu’un qui me dirai honnêtement « Je t’aime Laura, comme jamais je n’ai aimé une fille. » et j’étais sûre de ne connaître ça que dans quelques années, je pensais que jamais on ne pourrait m’aimer pour moi, après tout, je suis plutôt banale, intelligente, mais moins que certaines filles brillantes, je ne suis pas très drôle et il peut arriver que j’aie mauvais caractère. Pourtant, Mike, lui, il m’aime, il m’a embrassé, et il m’a dit « Je t’aime. »...nous sortons ensemble ! Je l’aime, c’est indiscutable, mais cette gêne qui s’est installée...non, je ne peux pas lui résister, je l’aime trop... Je ne sais plus quoi faire, je suis complètement perdue ! Cet amour, c’est incroyable, je l’ai toujours souhaité, tout ce temps que j’ai passé à songé à Mike, je me disais qu’un jour peut-être, par dépit, il sortirait avec moi...et encore ! Mais là, c’est différents...ces derniers jours, je ne me reconnais pas. Je ne suis plus moi-même, j’ai l’impression de devenir quelqu’un d’autre.
Inconsciemment, je passe mes mains sous son t-shirt, sentant alors du bout de mes doigts ses muscles puissants et son corps chaud.
Ses mains à lui descendent et il me tient finalement par les hanches.
« Non, murmuré-je, non... »
Il me guide jusqu’au lit, mais ne le voyant pas, je m’y étale, sur le dos, mes pieds touchant toujours le sol. Mike reste debout mais se penche et pose ses mains sur mes épaules, me coinçant par la même occasion.
Nous nous embrassons encore une fois et il passe ses mains sous mon t-shirt, s’approchant dangereusement de ma poitrine. Je ne peux pas me laisser faire ! Je ne suis pas prête.
Je le repousse encore et déclare :
« Tu ne peux pas me faire faire cela avec autant de facilité que le baiser.
- Je vois.
- M’aimes-tu ?
- Oui, à la folie.
- Je repose ma question : m’aimes-tu pour moi ou pour mon corps ?
- Les deux.
- Je t’aime aussi, mais je suis de plus en plus mal à l’aise avec toi, Mike. Je...cela me refais penser à ce gars dans les toilettes de la salle de concert.
- Je ne suis pas comme lui, se défend-t-il.
- Certes, mais tu m’y fais penser, et je ne suis pas bien.
- Que veux-tu dire ?
- J’ai l’impression que tu n’es avec moi que pour conclure et que tu n’aimes que mon corps.
- C’est faux.
- Mais c’est une impression désagréable.
- Cesse de tourner autour du pot et dis-moi tout.
- Je veux que l’on fasse une pause dans notre relation. »
Mike en reste stupéfait, bouche-bée, sans voix. Il se place près de moi et m’interroge doucement :
« Tu es bien sûre de toi ?
- J’y avais déjà songé la première fois, mais je me suis dis que nous avions tous le droit à une deuxième chance. Tu ne l’as pas saisie, tant pis. Je veux prendre le temps de réfléchir un peu.
- Comme tu le voudras...au revoir alors...
- Á lundi. »
Chapitre 44 :
Je dépose un petit bisou sur sa joue et sors de chez lui. Je rentre chez moi et monte les escaliers quatre à quatre avant de me jeter sur mon lit en pleurant. Mes parents ne sont toujours pas rentré et, certaine que personne ne m’entend, je me morfonds en hurlant :
« Non ! Qu’ai-je fais ?! Pourquoi l’ai-je rejeté ?! »
Une douleur lancinante serre mon cœur dans ma poitrine, comme lorsque l’on stresse, comme si quelqu’un était en train de l’écraser.
Je m’effondre finalement, épuisée, et m’endors. Lorsque mes yeux se ferment, je sens une dernière larme rouler le long de ma joue. Qu’est-ce que j’ai fais ?!
Je me réveille quelques heures après et regarde ma montre...il est quatre heures du matin. Dehors, il fait noir. Mon ventre gargouille, et puis, pourquoi suis-je au-dessus de mon lit et habillée qui plus est ? Pourquoi ne suis-je pas en pyjama ? N’ai-je pas mangé hier ?
C’est alors qu’en un instant, tout me revient : Mike, moi, ses avances, la pause que je nous ai imposée...mes pleurs incessants puis ma fatigue, puis plus rien, je me suis endormie.
Je le relève et m’assois à mon bureau. J’allume ma petite lampe et sors d’un de mes tiroirs du papier et un stylo. J’écris :
Je suis anéantie, je ne sais plus quoi penser. Mike ne voudra plus jamais me voir, c’est évident, et même s’il acceptait de discuter un peu, je me sentirai à tout jamais coupable et bête, mais surtout mal à l’aise. Il a essayé de coucher avec moi, après tout. Il...il a tellement changé, qu’est-ce qui lui prend ? Ces temps-ci, je ne reconnais plus celui que j’aimais. Devrais-je le prendre bien dans le sens où cela signifie qu’il me trouve attirante ou devrais-je au contraire le prendre mal dans le sens où il a dû penser que j’étais une fille facile ? Je suis bête : ce n’est pas en posant mes questions à une feuille que mon problème va s résoudre...je suis ridicule... Mais je m’en fiche. Que ferait Courtney à ma place ? Elle...elle l’aurait quitté, comme elle l’avait déjà fait avec un de ses ex. Serait-ce pour cela qu’elle l’a quitté ? Je devrais lui demander demain, peut-être aurai-je la réponse... Finalement, ce n’est pas si mal d’écrire ce que l’on pense.
Je retourne dans mon lit, m’allonge et scrute la pièce. La lumière étant allumée, je distingue les quelques meubles qui sont près d’elle. Je repense à son expression ahurie quand je lui ai demandé de faire une pause. Je...non, je ne dois pas pleurer ! Pourtant, comment oublier un jour son regard qui semblait me supplier ?
Une larme perle puis disparait doucement, laissant sur mon visage une fine traînée humide. Ses yeux bleus ressemblaient à l’océan dans lequel les vagues déferlaient. Je sentais qu’il allait pleurer lui aussi, mais je me suis enfuie avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit.
Samedi matin, je m’habille et entends quelqu’un frapper à la porte. En effet, cette nuit, après avoir un peu réfléchi, j’ai annoncé la nouvelle à mes amis, je leur ai dit que Mike et moi faisions une pause, rien de plus, pas de détails, mais pour me consoler, Hugo m’a invité au restaurant, à celui où travaille mon père en plus !
Il est environ onze heures donc je suppose que c’est lui. J’ouvre et vois alors Pierre se tenir devant moi.
« Que fais-tu ici ?
- Ton message...je l’ai reçu et je suis venu ici.
- J’attends Hugo, nous allons manger ensemble ce midi. Mais, donne-toi la peine d’entrer, je t’en prie...
- Merci »
Nous allons ensemble dans ma chambre. Là, il me regarde intensément. Je détourne mon regard et demande :
« Que fais-tu ici ?
- Je voulais savoir si tout allait bien, je te connais, tu as dû pleurer au moins une heure.
- Et alors ?
- Je n’aime pas te savoir triste.
- C’est tout ? Tu voulais juste me dire ça ?
- Non, je voulais aussi te dire autre chose...
- Quoi ?
- Non en fait, laisse tomber, je...ce n’est pas le bon moment, tu attends Hugo donc...je m’en vais.
- Attends ! »
Je le rattrape par la main.
« Dis-moi.
- Non, soupire-t-il gêné, je dérange.
- Non, voyons.
- Alors...je...euh...tu crois que toi et moi...euh...enfin... »
Il rougit, ce qui, je l’avoue, m’amuse un peu. Il est si mignon...je...quoi ?! Je tombe amoureuse de Pierre ?! Non, c’est impossible, c’est...c’est tout moi.
Le doux visage de Mike revient alors en moi. Ne pourrais-je vraiment jamais l’oublier ?! Pourquoi est-ce que je l’aime, lui ? Pourquoi est-ce que je meurs d’envie d’être avec Mike alors qu’une fois à ses côtés, je suis mal à l’aise ?!
Soudain, mon cerveau se vide complètement, je ne songe plus à rien, je m’approche de Pierre jusqu’à ce que nous ne soyons plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, je prends dans ma main la fermeture éclaire de son gilet, attire mon ami vers moi puis l’embrasse. Que suis-je en train de faire, suis-je devenue folle ?! C’est Mike que j’aime...ou...est-ce Pierre ? Si je ne suis pas sûre, pourquoi est-ce que je fais ça ? Ils vont tous me prendre pour quelqu’un que je ne suis pas ! Pour une mauvaise personne !
Je lâche Pierre, encore étonnée par mon geste (lui aussi d’ailleurs). Je recule puis m’exclame :
« Je suis désolée, je n’aurais pas dû, excuse-moi, je suis ridicule ! »
Mon ami ne trouve rien à dire, il est complètement muet. Il doit être très gêné, mais quelle idiote je fais !
Chapitre 45 :
Pourtant, il ne réagit toujours pas. Il déclare finalement :
« Tu...
- Je sais, le coupé-je, mais crois-moi, je ne sais pas ce qu’il m’a prit, je ne t’aime pas (vu sa tête, cette remarque ne lui a pas plu)... enfin, je t’aime bien, mais seulement comme l’ami que tu es pour moi.
- Je vois. Tu étais un peu triste et perdue. Je ne t’en veux pas, t’inquiète, j’avoue d’ailleurs que ce n’était pas désagréable, dit-il tout naturellement en me faisant un clin d’œil.
- Quoi ?! Mais...
- Allez, ciao Laura, à lundi ! »
Il s’éloigne, une main dans la poche, l’autre levée, comme pour me dire au revoir. Une fois que je réalise qu’il est parti, je murmure comme pour moi :
« Á lundi Pierre... »
Quelle étrange semaine décidément...
La sonnerie retentit, je me lève et vais ouvrir. C’est Hugo. Il est midi moins le quart, il était tant qu’il arrive !
« Coucou, le salué-je, comment ça va ?
- Salut, bien et toi ? Pas trop triste ?
- Non, ça va, j’ai des amis qui savent comment me remonter le moral.
- J’ai vu Pierre en venant, ça à un rapport avec lui ?
- Oui, il est passé en coup de vent. Nous avons un peu discuté et il a su me consoler...
- Il a su te consoler... ?
- Euh...oui, pourquoi ?
- Comment a-t-il pu faire pour te consoler, je te connais, tu devais être effondrée.
- Euh...il...enfin, il a su trouver les mots justes... »
Á cet instant, Hugo m’attrape par le bras droit et m’attire vers lui. Je lui tombe littéralement dessus, une main sur ses abdos taillés par des heures de musculation, l’autre étant toujours « emprisonnée » par son étreinte. Il approche son visage du mien et murmure à mon oreille :
« Tu es rouge, et tu bégaies, ne me mens pas, Laura. »
Je suis pétrifiée, dois-je lui avouer ce que j’ai fais ? Non, ça ne me serais d’aucune utilité, et puis, il n’a pas à savoir. Hugo reprend, toujours aussi doucement :
« Pierre t’aime, est-ce réciproque ?
- Je...euh...non.
- En es-tu sûre ?
- ...Oui. »
Il reste contre moi quelques secondes avant de lâcher mon bras. Je recule, il lance alors :
« Allons manger, nous risquons d’être en retard.
- D’accord. »
Nous sortons de chez moi et nous nous rendons au restaurant. Mon père est aux cuisines aujourd’hui, donc je vais manger ce qu’il va préparer, trop cool !
Nous nous asseyons et un serveur nous apporte la carte (que je connais par cœur). Nous choisissons rapidement : pour lui, ce sera une simple salade en entrée, et en dessert une part de fondant au chocolat. Je choisis quant à moi en entrée un peu de salade et en dessert une tartelette à la fraise. Nous avons décidé de partager ensemble une pizza pour le plat principal.
Les gens nous dévisagent, et je n’apprécie pas ça du tout. Nous sommes jeunes, et alors ?! N’avons-nous pas le droit de nous voir...entre amis évidemment !
Hugo remarque ma gêne, il se lève, à la surprise générale, puis s’approche de moi, là, il se met à genoux, prend ma tête dans ses mains, me tourne vers lui, puis, plongeant son regard dans le mien, il déclare :
« Ne fais pas attention aux autres, je suis ici le seul que tu connaisses.
- Ok.
- Ne regarde pas cette bande d’idiots, ils n’ont jamais appris les bonnes manières, finit-il tout haut.
- B...bien.
- Super. Maintenant, profitons de l’instant...tranquillement. »
Á ces mots, il va s’asseoir, plus personne ne nous regarde, tous semblent gênés. Amusée, je murmure :
« Ça fait du bien d’avoir des amis... »
Hugo, qui semble avoir entendu ma remarque, esquisse un léger sourire. Il est trop mignon quand il sourit...mon grand frère adoré.
Chapitre 46 :
Le serveur nous amène tout d’abord l’entrée. Nous mangeons sans bruit, je suis un peu gênée et je crois que mon teint qui virait au pourpre il y a peu n’est toujours pas décidé à redevenir normal. Mon ami l’a déjà remarqué ce qui l’a fait chuchoter :
« Laura, est-ce que tu es gênée de ma présence ?
- Non, avais-je alors dit tout bas, c’est juste que...qu’être ici...ce n’est pas dans mes habitudes, avec mon père aux fourneaux qui plus est.
- Est-ce lui qui a préparé cette salade ?
- Oui, les deux ont été préparées par lui-même.
- Est-ce lui qui préparera la pizza ?
- Non, mais il nous fera les desserts.
- J’ai hâte alors. »
Revenons à l’instant présent : Hugo a terminé, mais moi, j’en suis loin. Il ne me lâche pas des yeux, ce qui me rend encore plus rouge qu’avant !
« Tu as pris une salade à quoi, me questionne mon ami.
- Juste de la salade et des tomates, pourquoi ?
- Ton père n’a pas caché dedans des piments pour te faire une blague, on dirait que tu es plus rouge encore qu’avant.
- Ce n’est rien, je...j’ai chaud, c’est tout. »
Á ces mots, je retire mon gilet, me trouvant alors en débardeur ici. Ce n’est pas top, mais comme le dit Hugo, je ne verrai ces gens qu’une fois dans ma vie.
La pizza arrive bien vite après que j’aie terminé mon entrée. Nous la partageons, mais pour être honnête, c’est Hugo qui la mange en entière et me laisse trois parts. Je voudrais garder de la place pour manger mon dessert. D’ailleurs, il ne parvient pas à finir l’assiette dans laquelle il reste deux parts.
Nous discutons un peu à voix basse pour ne pas déranger les gens et un serveur nous amène le dessert. Miam, ça à l’air succulent ! Je déguste mon gâteau comme si je n’avais rien mangé avant. Je regarde le dessert de Hugo, il semble délicieux (le dessert, on est d’accord ?!).
« Tu en veux, me propose mon ami.
- Non, merci.
- Tu es sûre ?
- Euh...oui.
- Tu as hésité, vas-y, prends-en un peu.
- Je...tu es sûr que ça ne te dérange pas ?
- Certain, ça me fait plaisir.
- D’accord, dans ce cas. »
Mais avec ma cuillère, je ne peux pas lui piquer un morceau de gâteau, j’ai les bras trop petits...c’est ridicule. Je me rétracte finalement.
« Laisse tomber, ce n’est pas important de toute façon.
- Laisse-moi faire. »
Il prend un bout de son fondant sur sa cuillère et l’approche de moi.
« Vas-y, je viens de l’essuyer, elle est propre. »
J’acquiesce et avale le morceau.
« Alors ? Est-ce bon ?
- Oh, oui, c’est même délicieux. »
Il me sourit et continue de manger.
« Mais, protesté-je, tu ne l’as pas essuyé.
- Quoi ?
- Ta cuillère, je...enfin, je veux dire, tu ne l’as pas essuyé après que j’aie mangé.
- Tu es malade ?
- Non.
- Alors je ne vois pas pourquoi j’aurais eu à le faire, ce n’est pas la mort après tout.
- Oui, mais tu l’as bien fait pour moi.
- Si je ne l’avais pas fait, tu aurais été embêtée, non ?
- Euh...cela n’aurait pas été très grave, de toute façon.
- Je préfère le faire, aujourd’hui, tu es ma princesse, et je te traite comme telle.
- Merci.
- Mais c’est normal, et puis, tu le mérites. »
Je ne réponds rien, complètement figée. J’ai tant de compliments ces temps-ci ! Et puis, pourquoi ai-je l’impression que Mike, Pierre et Hugo m’aiment ? Peut-être parce que c’est le cas...non, c’est autre chose, retire ça de tes pensées Laura, tu ne peux pas être aimée par tant de personnes en même temps alors qu’auparavant jamais tu n’as été aimée. Faut dire, à seize ans, les mecs ont les hormones qui les travaillent. Cette idée me fait sourire, un sourire qui, par bonheur, échappe à Hugo. Qu’aurais-je pu répondre s’il m’avait demandé ce que j’avais ?! Heureusement que ce n’est pas arrivé !
« Á quoi penses-tu ?
- Hein ?
- Pardon, reprend Hugo, je ne voulais pas te déranger pendant que tu étais plongée dans tes songes, excuse-moi. Tu vas encore devenir rouge.
- Non, ça va, mais si je te disais ce qui me perturbe ainsi, je crois que je te gênerais.
- Ah...soit, bon, je vais payer...
- Ok.
- Tu es sûre que tu ne veux pas me le dire ?
- Si tu veux. »
Le serveur arrive, nous coupant dans notre conversation, et donne l’addition à Hugo qui paie.
Mon ami se lève, vient vers moi, me tend la main tel un gentleman. Flattée, je pose ma main sur la sienne et me relève. Il baisse la tête poliment, ouah, quel bonne éducation ! Ah ah ! Nous nous éloignons du restaurant. Arrivée devant chez moi, j’ouvre la porte.
« Au fait, tu ne m’as toujours pas dit ce à quoi tu songeais, me rappelle-t-il.
- Tu veux vraiment le savoir ?
- Oui.
- Pour tout dire, avoué-je en rougissant légèrement, je crois que tu m’aimes bien. »
Chapitre 47 :
Là, il bloque complètement, rougis encore plus que moi, mais ne dit rien et ne fait plus un mouvement. Je m’approche, lui fais un bisou sur la joue puis lui murmure à l’oreille :
« Je savais que je visais juste... »
Je lui fais un petit coucou de la main et referme la porte doucement derrière moi. Je regarde immédiatement à l’œillet la réaction de mon grand frère. Il pose sa main sur sa joue, à l’endroit même où je l’ai embrassé, puis après une minute, il s’en va en marchant, comme si rien n’était arrivé bien que ses yeux semblaient perdus dans le vide. La couleur de son teint le trahit en tous cas, il est toujours aussi rouge ! Alors c’est vrai, Hugo m’aime ? Il est amoureux de moi ! Ah, c’est trop bizarre, moi qui étais certaine qu’il ne me considérait que comme sa petite sœur ! Ça ma fait...ben, bizarre quoi, je ne pourrais l’exprimer autrement. Après tout, je n’ai jamais été très appréciée, mais là, deux en même temps, c’est déjà pas mal, reste à voir si Pierre aussi voudrait sortir avec moi...ils sont marrants les mecs quand même. Ils savent que j’aime Mike mais ils ne peuvent pas s’empêcher de faire comme si nous étions ensemble...
Quelqu’un toque à ma porte. Hugo ? Je me penche à ma fenêtre et vois Mike. Tiens, quand je pense à lui, il vient. C’est cool ça ! Faudrait un jour que j’essaie de penser à...je ne sais pas, aller, première personne laquelle je pense...euh...Mike ! Ah mais non, je suis bête moi... J’essaierai une autre fois.
Je descends et lui ouvre. Là, il me saute au cou et s’exclame :
« Je t’en prie Laura, je t’aime plus que ma propre vie, j’ai essayé de me passer de toi, mais tu me rends accro ! Je ne peux plus t’oublier, je suis à tes pieds, je ferai ce que tu veux...je t’aime Laura. »
Abasourdie, je ne réponds rien, mais après un peu de réflexion, donc environ six ou sept secondes, je déclare :
« Tu n’es qu’un obsédé Mike.
- Je changerai, promis.
- On ne change pas les gens.
- Si, je peux changer.
- Tu es vraiment sûr ?
- On ne peut plus.
- Je...j’ai du mal à te croire.
- Alors tu ne m’aimes plus ?
- Euh...non...enfin, si...euh...je... »
Mike me saisit alors par l’épaule, s’approche de moi et m’embrasse juste un petit bisou innocent déposé doucement sur mes lèvres. J’avais oublié à quel point il pouvait être mignon...
« Mike, murmuré-je.
- Oui ?
- Je ne peux décidément pas t’oublier. Je pourrais aller au bout du monde juste pour toi...
- Je t’aime.
- Moi aussi...mais...
- Mais quoi ?
- Mais, je ne sais pas si je pourrais un jour surmonter ce qu’il s’est passé.
- Quoi ?
- Ce mec dans les chiottes et toi n’êtes peut-être pas si différents.
- Pardon ?!
- Je...je me sens bien avec toi, mais quand je viens dans ta chambre, ou inversement, je...je ne peux pas m’empêcher de ressentir de la gêne ou d’être mal à l’aise.
- Non...non, Laura, je t’en prie, dis-moi que ce n’est pas finit entre nous, pitié.
- Si, ça l’est, dis-je en sentant les larmes me monter aux yeux, mais crois-moi, ce fut très difficile de le décider.
- Laura, réfléchis.
- C’est tout réfléchit, soupiré-je en pleurant, c’est tout réfléchit... »
Je pleurs, la tête levée vers le ciel. Mike m’enlace et m’embrasse dans le cou. Je le repousse doucement, rentre chez moi, et ferme la porte. Je m’y adosse et me laisse tomber contre elle, les larmes noyant presque mon visage. Je pleurs en silence, je ne veux pas qu’il m’entende, qu’il sache que je suis faible. Je prends mes genoux dans mes mains et y enfouis ma tête, camouflant mes sanglots. Derrière la porte, j’entends Mike déclarer :
« N’oublie pas que je t’aime, Laura.
- Je n’oublierai pas, murmuré-je...je n’oublierai pas. »
Chapitre 48 :
Après quelques minutes à rester devant la porte, je me lève, vais dans ma chambre et m’exclame :
« P*tain, mais qu’est-ce que j’ai fais, merde ! Pourquoi je l’ai repoussé ! Mike, je t’aime ! Pardonne-moi pout tout le mal que je t’ai fais ! »
Mais Mike était parti, et je suis seule désormais...toute seule...si seule... Mike a fait des fautes, mais comment oublier quelqu’un que j’aime depuis si longtemps...devrais-je lui laisser une dernière chance ?
Je me jette sur mon lit et mets mon MP3 en marche. J’écoute un peu de tout, mais ne pleurs pas. C’est moi, c’est de ma faute, alors je dois arrêter de me lamenter. J’ai déjà beaucoup pleuré ces derniers temps et je ne dois plus le faire, c’est terminé, je suis grande. Je reste muette et ne dis rien. Je veux pleurer, mais je n’en suis pas capable, je n’en ai plus le force désormais.
Abattue, épuisée, fatiguée, ennuyée, désespérée, triste sont des mots qui peuvent sans aucun mal me qualifier. Je suis désemparée.
Je ressors de chez moi en vitesse et vois Mike assis contre la barrière de mon jardin. Quoi ?! Alors il n’est pas parti ?! Il est resté près de moi...il ne m’a pas abandonné. Il me regarde, voit qu’il me reste les traces rouges sous mes yeux, prouvant que j’ai pleuré. Lui aussi a ces traces. Il se lève et ouvre ses bras. Je cours vers lui et me jette dedans. Les larmes me remontent aux yeux. Je susurre :
« Qu’est-ce que j’ai dit ? Bien sûre que je veux rester avec toi, bien sûr que je t’aime. Désolée de t’avoir dit ça. »
Stupéfait, puis heureux, il répond tout en passant sa main dans mes cheveux :
« Ce n’est rien, le passé est passé, il est oublié. Vivons dans le présent. Je t’aime ma Laura.
- Et je t’aime cent fois plus Mike.
- C’est impossible...
- Impossible ne fait pas partie de mon vocabulaire. »
Et hop, un petit baiser pour se réconcilier. Il me prend dans ses bras et me serre si fort que j’ai l’impression que plus rien d’autre n’a d’importance, que seuls lui et moi existons. Je l’enlace à mon tour, nous restons ainsi près de cinq minutes, il passe ses doigts sous mes yeux, puis me fixe et murmure :
« Je n’aime pas que tu pleures, tu es tellement plus belle quand tu souries. »
Je ne réponds rien et blottis ma tête dans son cou, profitant du moment.
« Tu me laisses une chance de me rattraper, m’interroge-t-il.
- Bien sûr.
- Tu es une fille fantastique. »
Nous nous séparons enfin, il me fixe intensément puis s’en va, me lançant un bref salut. Je le regarde s’éloigner, des étoiles plein les yeux, des papillons plein le ventre, et des nœuds plein les cheveux...bah, peu importe, lui est le seul qui compte en ce jour merveilleux.
Le soir même, j’envoie un message à mes amis. Tous sont heureux pour moi, mais deux ne me renvoient pas de messages : Pierre et Hugo. J’ai du mal à croire que ce soit le hasard. Hugo, lui, c’est sûr, il m’aime, mais Pierre m’aime-t-il aussi de cette façon ? Je m’en fiche un peu mais j’avoue être curieuse (et légèrement vaniteuse). J’aimerais savoir... Après tout, il m’a déjà embrassé et m’a demandé de sortir avec lui...oui, mais les choses ont sûrement changées depuis. Bon, je pense aussi que le baiser que je lui ai donné cet après-midi l’a un peu perturbé, est-ce une preuve de son amour ? Je suis trop curieuse ! Faut que je me sorte ça de la tête !
Aujourd’hui, nous sommes lundi, et j’ai décidé de ne plus prendre soin de mon apparence comme je l’ai fais ces derniers temps. Tout d’abord, j’ai trop la flemme, et puis, ils doivent m’aimer pour ce que je suis...non ?
Donc ce matin, je la joue naturelle et tranquille, type intello,...comme avant...comme lorsque Pierre est tombé amoureux de moi, je sais que Mike m’aimera pour ce que je suis réellement, sous tous ces affreux artifices qui me rendent « belle ».
Je monte dans le bus et le vois, assis sur un siège, au fond. Je m’approche de lui, il semble surpris. Aïe, et s’il n’aimait pas mon apparence ? C’est vrai après tout, il est sorti avec moi peu après ma transformation. Et s’il ne m’aimait pas moi ? Et s’il n’aimait que mon physique ? Oh non ! C’est impossible...quoique...
Chapitre 49 :
Après m’avoir toisé d’un air étrange, il se lève et me prend dans ses bras, me murmurant à l’oreille :
« Tu étais en retard ? Tu n’as pas eu le temps de te préparer ?
- Si, répondis-je tout haut, regarde, je me suis même fait une queue de cheval.
- Tu étais mieux avant, soupire-t-il.
- Et alors ? Tu me trouves moche, lui demandé-je froidement.
- Non, non pas du tout ! C’est juste que tu changes de style si souvent, je t’ai connu ainsi, ensuite tu es venue au concert en te faisant le plus à la mode possible, puis tu redeviens normale, ensuite tu changes pour quelques semaines, puis te revoilà normale. Reste comme ça une bonne fois pour tout, j’ai l’impression que tu n’es pas à l’aise sinon.
- Oui, tu as raison...je suis bien comme je suis.
- Ouais. Dis, ça te dirait de venir avec moi à une fête organisée par ma cousine pour ses dix-huit ans ? Il faut avoir au moins quinze ans.
- Oui, bien sûr...comment refuser ?
- Super, je viendrai te chercher samedi à sept heures. C’est assez loin et j’aimerais être en avance.
- D’accord. »
Nous nous rendons dans la cour et parlons à nos amis qui arrivent peu à peu. J’oublie de demander à Courtney la raison précise pour laquelle elle et Mike ont rompu...ouais, de toute façon, elle ne voudra sûrement pas m’en parler, ce n’est pas grave. Et puis, je dois pouvoir me faire ma propre opinion.
Tous semblent un peu déçus de me voir de nouveau ainsi vêtue, coiffée et maquillée, mais aucun ne me fait de commentaire et l’ambiance est super.
En classe, je ne songe qu’à Mike, il hante mes pensées sans cesse. C’est fou comme je l’aime...
Le reste de la semaine se passe sans aucun problème, il m’aime, je l’aime, et nos amis n’y voient aucun problème. Ils me trouvent belle comme je suis et m’apprécient, c’est tout ce qui compte.
Aujourd’hui, nous sommes samedi, il est six heures. Je commence à me préparer, c’est l’anniversaire de sa cousine après tout, je dois me faire belle...pour une fois. Donc je détache mes cheveux, je me maquille un peu et m’habille assez court, comme les filles de mon âge. Après tout, ce n’est qu’une soirée. J’ai acheté un petit cadeau pour la cousine de Mike : une compilation de chansons assez populaires de nos jours, je l’ai trouvé dans un magasin spécialisé dans la musique.
Ça sonne, je prends un petit blouson et sors. Je vois Mike qui me salue chaleureusement, tout content que j’aie accepté de venir. Il est habillé décontracté, avec un t-shirt, un jean et des baskets. J’avoue que ça lui va plutôt bien.
« Tu es vraiment très jolie, me complimente Mike.
- Merci, toi aussi tu es beau...mais toi, même quand tu n’essaies pas, tu l’es.
- Alors ça nous fait un point commun.
- M...merci. »
Il me fait monter sur sa moto, j’enfile un casque et nous démarrons. Je m’accroche à lui, l’enlaçant pour être sûre de ne pas tomber. J’aime bien quand il m’amène quelque part sur sa moto, c’est sympa...
Nous arrivons en dix minutes environ devant une très grande maison. Elle est vraiment jolie. Il fait encore jour à cette heure et en cette douce saison qu’est le printemps, donc je vois tous les détails de cette belle architecture. Nous montons quelques marches pour nous retrouver devant une large porte de bois. Des statues représentant des anges l’encadrent.
« Ouah, murmuré-je, c’est la classe.
- Oui, avoue Mike, je n’aime pas me vanter, mais ma famille est plutôt riche.
- C’est pour ça que lorsque je t’ai rencontré, tu revenais de Chine.
- Entre autres, oui.
- Trop cool... »
Nous toquons et une jeune fille nous ouvre, un grand sourire sur le visage.
« Mike, je suis si heureuse de te voir !
- Moi aussi Jenny ! Comment ça va ?
- Bien et toi ?
- Bien. Je suis venu avec ma copine, Laura. Laura, déclare-t-il en s’adressant à moi, je te présente ma cousine Jennifer. Perso, je l’appelle Jenny ou Jen, ça dépend des fois.
- Enchanté, dis-je en lui faisant la bise.
- Moi aussi. Au téléphone, Mike m’a beaucoup parlé de toi, en bien évidemment.
- Ravie de l’apprendre.
- Allez, entrez tous les deux, la fête va bientôt commencer. Au moins, nous aurons le temps de discuter un peu avant l’arrivée des invités. Qu’est-ce qu’on va s’amuser ! »
Nous entrons et nous asseyons sur un canapé de cuir. Je donne mon cadeau à Jenny qui le pose sur une table un peu plus loin, me remerciant. La tante de Mike (autrement dit la mère de Jennifer) nous sert à boire. Je la remercie et nous trinquons tous les quatre. Je n’ose pas trop demander où est le père de Jennifer, mais venant d’une famille aisée, je parierai qu’il est au travail...
Quelqu’un sonne à la porte. C’est l’hôte de cette fête, Jen, qui va ouvrir. Trois ados entrent en lui faisant la bise, il y a une fille et deux garçons. Tous semblent avoir l’âge de Jennifer, soit aux environs de dix-sept ans.
Tiens, quand j’y pense...pourquoi tous les invités doivent avoir au moins quinze ans ? Je crois que je vais commencer à m’inquiéter un peu. Je suis presque sûre qu’il va y avoir de l’alcool.
Chapitre 50 :
Une demi-heure après, tous les invités sont arrivés. Nous sommes sortis dans le jardin de derrière, où il y a des tables sur lesquelles sont disposées des petits gâteaux et des boissons dont du coca, du jus de fruits, de l’ice tea et...des bières ! Je comprends enfin pourquoi c’est une fête interdite aux moins de quinze ans. Je n’ai jamais bu et je ne compte pas commencer à quinze ans, l’âge où le corps grandit. Beaucoup prennent une canette de bière, pour ma part, je prends du coca et retrouve Mike.
« Mike, tu ne m’avais pas dit que cette fête était...arrosée.
- Bof, ce n’est pas très important.
- Oui, mais certains semblent avoir mon âge, et ce n’est pas bon à quinze ans de boire...ni à seize, dis-je en le regardant sévèrement.
- Allez, détends-toi un peu, t’es trop rabat-joie. Tu en veux un peu ?
- De bière ? Non, merci, je ne tiens pas à essayer l’alcool aujourd’hui, et surtout pas en public, on ne sait jamais, non ?
- Ouais, si tu le dis. C’est parce que tu ne tiens pas l’alcool ?
- Je n’ai jamais essayé, mieux vaut être prudent. Essaie de ne pas trop en abuser.
- C’est noté poupée.
- Moi c’est Laura.
- T’es pas fun...
- Et j’assume, dis-je en souriant.
- Ah...tiens, voici le DJ qui arrive enfin. L’ambiance va tout de suite être meilleure.
- Si tu le dis... »
Le temps passe, Mike et moi dansons ensemble, puis pendant quelques minutes, tandis qu’il danse avec sa cousine, je mange quelques gâteaux, seule, avec ma canette de coca dans la main droite. Un jeune garçon s’approche de moi et déclare :
« T’es vraiment belle toi...
- Et toi, t’as un peu trop bu, non ? »
Le garçon hésite puis s’en va. Quelle loque... Mike me rejoint et me questionne :
« C’était qui lui ?
- Je n’en sais rien, il avait du boire une ou deux dizaine de canettes en trop...
- Allez, viens, dansons. »
On s’éclate trop, je ne vois même pas le temps passer. La nuit est tombée et des lampes ont été allumées dans le jardin. Nous sommes environs cinquante je dirais...cinquante jeunes entre quinze et vingt ans.
Mike me laisse de nouveau. Le mec de tout à l’heure se ramène encore, avec un de ses potes. Il me regarde et déclare :
« T’as vu, elle est bonne, hein ?
- Ouais, pas mal. Eh, jeune fille, ça te dirais de faire un tour avec nous ?
- Alors, réfléchis-je tout haut, est-ce que j’aimerais faire un tour dans la rue en pleine nuit, seule avec deux pauvres mecs bourrés qui semblent être vulgaires et avoir envie de me sauter ? Vous avez votre réponse...NON !
- Mais allé, insiste le premier.
- Sois cool, renchérit le second.
- Fais pas ta pute. »
Je m’approche d’eux et murmure :
« Ici, des putes, il y en a plein, alors faites votre choix, tout en sachant que moi, je n’en suis pas une, compris ?! »
Ils semblent interloqués l’espace d’une minute, puis le premier me saisit par la taille et essaie de m’embrasser. Je tourne la tête, me dégage de son étreinte et recule puis aboie :
« Mais ça va pas ?! T’es un gros malade ou quoi ?! »
La musique camouflant mes cris, personne ne m’a entendu, ou alors une ou deux personnes, mais pas plus. Le second revient à la charge en me chuchotant à l’oreille :
« J’ai très envie de toi, allez, sois pas vache...
- Je suis vache si je veux ! »
Et hop, deux baffes m’échappent, une pour chaque gars. Je retourne auprès de Mike et sa cousine, faisant comme si rien n’était arrivé. Nous dansons un peu tous les trois puis Jenny part. Tandis que nous nous amusons, les deux gars reviennent.
« Eh mec, c’est ta meuf ?
- Non, déclare Mike serein, pourquoi ?
- Super, on peut te l’emprunter ?
- Non, pourquoi ?
- Pourquoi non ?
- J’ai vu comment vous la traitiez, et étant donné que je sors avec cette jeune fille, je vous interdis de l’approcher.
- Tu nous as dit que ce n’était pas ta meuf.
- Ben oui, elle ne m’appartient pas. Maintenant, partez les boulets.
- De quoi tu nous as traités là ?!
- Ah parce qu’en plus d’être cons, vous êtes sourds ?!
- On va te régler ton compte mec.
- J’ai hâte de voir ça. »