Chapitre 51 :
Le premier agit avant que Mike ait terminé sa phrase et mon copain se prend un coup de poing dans le visage. Je réagis et envoie à ce gars un coup de pied latéral dans la mâchoire. Le pauvre se tient la bouche, un peu perturbé. Je m’exclame :
« Je suis ceinture noire de judo, si tu veux t’en prendre à lui, tu vas d’abord devoir me passer sur le corps ! »
En temps normal, je ne parle jamais du judo, mais il est vrai qu’il y a deux semaines, j’ai obtenu enfin la ceinture noire (on ne peut devenir ceinture noire qu’à partir de quinze ans). En gros, je me débrouille plutôt bien...et puis, je trouve ça assez amusant une fille qui protège son petit-ami. Selon les clichés sexistes qui persistent ici-bas, c’est plutôt l’inverse.
Le mec, intimidé, s’en va avec son ami. Une fille s’approche de moi et demande :
« Tu es vraiment ceinture noire de judo ?
- Oui. Moi c’est Laura, et toi ?
- Je suis Leïla.
- Enchantée ! Je te présente Mike, c’est le gars allongé par terre qui s’est pris un coup.
- Il va bien ?
- Il a le crâne dur, t’inquiète. Allez Mike, on se réveille !
- Facile à dire, soupire ce dernier, ce n’est pas toi qui t’es pris un coup dans la tronche.
- Ouais, c’est moi qui l’ai donné.
- Joli, j’avoue. Tu te débrouille pas mal pour une fille.
- Pff, je me débrouille largement mieux que toi.
- J’aurais aimé t’y voir, moi, dans les toilettes et sans mon aide.
- J’avoue, tu m’as aidé...une fois. »
Je l’embrasse et pars avec Leïla danser.
La soirée se termine bien, je salue Leïla, Jen, sa famille et remonte avec Mike qui me ramène chez moi. Mes parents doivent déjà être rentrés. Je m’exclame alors :
« J’ai oublié ma veste chez ta cousine ! Zut...faudra que j’aille la voir demain...
- Allons-y maintenant, me propose Mike.
- D’accord...si ça ne te gêne pas...
- En aucun cas.
- Super alors ! »
Nous repartons et arrivons chez Jennifer. Je sonne, c’est sa mère qui m’ouvre et m’indique que mon blouson se trouve dans une des chambres du premier étage, celle qui est au fond à droite. Mike et moi montons.
Mon blouson est sur le lit, avec quelques autres manteaux que les invités ont oubliés. Au moins, je ne suis pas la seule à être tête en l’air !
J’attrape mon manteau, Mike commence alors :
« Il y a une chose que j’aimerais savoir.
- Vas-y, dis.
- Pourquoi tu...refuses mes avances ?
- Je ne suis pas prête, c’est tout. Et toi, pourquoi tu essaies autant ? Tu aurais dû comprendre la première fois.
- Parce que je t’aime.
- Tu parles à ma tête ou à ma poitrine ?
- Arrête de faire l’idiote, c’est sérieux.
- Oui, c’est sérieux là, j’avoue. Tu as eu de la chance que je surmonte ma timidité et ma gêne pour toi, alors estime-toi heureux que nous soyons encore ensemble.
- Depuis quand tu me parles comme ça ?
- Je te parle comme j’en ai envie, et là, je n’ai pas envie d’être gentille. Tu m’énerves à dire que tu m’aimes, alors que j’ai tellement l’impression que c’est faux. En plus, tu es sûr que c’est prudent de prendre la moto, ton haleine pue la bière.
- C’est bon, je n’en ai pas trop bu. Et puis, si tu m’aimais vraiment, tu saurais à quel point je tiens à toi.
- Alors dans ce cas...peut-être que je ne t’aime plus...Mike. »
Je quitte la chambre, descends les escaliers et sors de chez Jen. Cette fois-ci, on se dispute, c’est vraiment devenu n’importe quoi, j’en ai ras le bol !
Chapitre 52 :
Quelle idiote je fais, croire que je pouvais le changer ! Quel crétin, et en plus monsieur ne comprend pas pourquoi je refuse ses avances ! Je ne suis pas une pute moi ! Je ne veux pas qu’il me ramène, il pourrait encore trouver le moyen d’en profiter !
Je me mets à courir, courir à en perdre haleine. Fatigué, mon corps ne me permet pas d’aller très loin, et ma vue se brouille, en plus de la nuit. Je trébuche et m’écrase au sol comme...non, laisser tomber (jeu de mot super : trébucher, laisser tomber, vous avez compris...oui, je sais que je ne suis pas drôle...). Je me mets à quatre pattes et tente de me relever, mes bras tremblent, je sens que je ne pourrais pas faire tout le trajet. Je m’assois et réfléchis : si j’appelle ma mère, elle va paniquer et je ne pourrais plus sortir avant mes trente ans... Je vais voir si Hugo est réveillé, il pourrait peut-être m’aider. Je lui envoie un SMS pour savoir s’il pourrait venir ou non :
« Coucou Hugo, là j’ai un petit problème, j’espère ne pas te déranger, mais j’ai vraiment besoin de toi. »
Pitié, Hugo, vient m’aider, je ne veux pas que Mike me voit ici et dans un tel état de faiblesse !
Á peine une minute après, je reçois un appel de mon grand frère :
« Allo, Laura ?
- Oui, c’est moi. Je ne te dérange pas ?
- Non, tu ne me déranges pas, voyons. Alors, que se passe-t-il ?
- J’étais à une soirée avec Mike, et cet idiot a un peu trop bu et il n’est pas en état de me ramener. Tu pourrais venir me chercher ? Faut à tout prix que je rentre chez moi sinon ma mère va s’inquiéter à mort.
- Tu ne la préviens pas ?
- Je ne veux pas l’inquiéter en lui disant que mon copain est ivre mort.
- Je vois. Par contre, je n’ai aucun véhicule.
- Ah...bon, ce n’est pas grave alors.
- Ça ne te dérange pas de rentrer sur mon vélo. Il est solide, nous porter tous les deux ne sera pas dur.
- Vraiment ? Mais tu vas être crevé après.
- Non, ce n’est rien. Je ne tiens pas à te laisser seule en pleine nuit. J’arrive tout de suite, envoie-moi un message avec l’adresse.
- Merci beaucoup.
- De rien. »
Je raccroche et lui envoie comme convenu l’adresse de la maison devant laquelle je me trouve. Hugo est tellement gentil et serviable. Et puis, il m’aime beaucoup, mais je ne sais pas si le fait qu’il ait rougit l’autre jour prouve qu’il m’aime vraiment. Je...de toute façon, ces temps-ci, je ne suis plus sûre de grand-chose...j’avoue être un peu perdue.
Non, je dois me reprendre, je dois être sûre de mes choix...oui, c’est certain : lundi, je lui dirai que je le plaque, pour toujours, et sans retour possible. Cette fois-ci, ses excuses ne suffiront pas, il m’a perdu, une bonne fois pour toute. C’est entièrement de sa faute, et il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même. J’en ai marre d’être celle qui accepte tout sans broncher, et qui demande ensuite à se faire pardonner. Je suis nulle moi aussi, mais au moins, je ne profite jamais de mes amis. Mike a voulut coucher avec moi, encore s’il me l’avait demandé une fois, notre relation n’aurait pas souffert, mais là...je ne trouve plus les mots pour m’exprimer. Disons juste que cette fois-ci, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Je ne sais pas si je l’aime encore, en tous cas, je ne lui fais plus confiance, ça, c’est sûr. Or, être en couple avec quelqu’un, ça signifie avoir confiance en cette personne, et je n’ai plus confiance en Mike.
Lui et moi, c’est finit.
Chapitre 53 :
Hugo arrive vers moi et descend de son vélo (qui est plutôt classe d’ailleurs, il a dû le customiser lui-même, en tous cas, c’est réussi. Bon, j’avoue que c’est quand même moins la classe que le scooter de Mike, mais je ne vais pas me plaindre non plus). Je suis toujours assise par terre.
« Alors Laura, on fatigue.
- Je suis crevée, merci de le souligner, ça me fait plaisir...
- Allez, monte, je te ramène.
- Merci beaucoup. »
Il me sourit et m’aide à me relever. Je monte sur son vélo, lui est sur le selle, moi, je suis debout sur les...comment dire...ces sortes de petits trucs (un peu genre deux barres de fer, vous voyez ?) fixés à la roue arrière sur lesquels ont peut s’appuyer (mais on est debout). Il se met à pédaler. Je vois bien que ce n’est pas facile, mais je ne peux rien faire. Je l’enlace, ayant peur de tomber et me penche un peu vers lui.
« Raconte-moi ce qu’il s’est passé à cette soirée, demande-t-il soudainement.
- Pas grand-chose.
- Où est Mike ?
- Sûrement chez sa cousine.
- Tu es froide, quelque chose t’a énervé ?
- Lundi, je lui annonce notre séparation.
- Ah, je vois...tu ne pleurs pas ?
- Je suis plus en colère que triste. Je ne tiens pas à te dire pourquoi...désolée.
- Peu m’importe, le principal, c’est que tu sois heureuse, alors fais moi un sourire ma belle.
- T’es bête, dis-je en riant.
- Seulement quand je veux te faire sourire.
- J’t’adore ! »
Il se retourne et fixe la route, et lorsque je me penche pour le voir de côté, je remarque qu’il est tout rouge. Je ris doucement, amusée.
Il me ramène chez moi en moins de vingt minutes, mon Hugo, c’est quelqu’un d’endurant ! Je le remercie et rentre. Je me jette sur mon lit qui craque légèrement. Un jour, il finira par céder sous mon poids... Je regarde mon portable : j’ai un message de Mike. Il me demande où je suis. Je lui réponds simplement que je suis chez moi, et dans ma chambre. J’éteins ensuite mon téléphone, le range, puis m’endors.
Le lundi qui suit, Mike est dans le bus. Je ne vais pas vers lui, malgré les signes qu’il m’adresse. Nous descendons et il m’attrape parla main. Il demande :
« Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Tu ne te souviens pas peut-être ?!
- Euh...non.
- Si je te dis « fête », « samedi », « dispute », à quoi ça te fait penser ?
- Quoi ? Ça ? Tu m’en veux encore ?
- Non, j’ai trouvé mieux pour t’expliquer qu’une fille n’aime pas ce genre de choses.
- Ah bon ? Quoi ?
- Je te quitte une bonne fois pour toute. »
Sur ces mots, je ne lui laisse pas le temps de répliquer et m’en vais dans la cour du lycée. Je m’assois sur un banc et réfléchis. Je n’ai absolument aucun remord, si quelqu’un doit en avoir ici, c’est bien Mike, c’est le plus gros pervers que j’aie jamais vu (après le mec au concert évidemment). Pourtant, il y a une semaine encore, c’était le mec le plus parfait du monde...que lui est-il arrivé ?!
Il me rejoint rapidement, s’agenouille devant moi et prend mes mains dans les siennes :
« Non, je t’en prie ma Laura, ne me laisse pas, je t’aime, je t’aime du plus profond de mon cœur (tandis qu’il parle, il pose mes mains sur son torse, au niveau de son cœur).
- Mais ça fait deux fois que...enfin, tu vois quoi, et c’est affreusement gênant, tu m’énerves à la fin quoi ! Je t’ai pardonné une fois, la deuxième, j’ai fais une pause, ça aurait dû t’aider à changer, mais non, alors maintenant que tu as laissé filer la troisième chance en me demandant en plus pourquoi je refusais, c’est finit, c’est foutu, carton rouge : tu sors.
- Non...s’il te plait.
- Mais t’as du mal à comprendre ou quoi ! »
Je vois Pierre arrivé, mais pas question que je sois déstabilisée pour autant. Je poursuis sans lui prêter attention, me concentrant sur Mike :
« Tu devrais avoir honte, alors assume.
- J’assume : j’ai voulu coucher avec toi, c’est tout.
- C’est tout ?! Mais c’est affreusement gênant, t’en es conscient au moins de ce que j’ai ressenti ?! Tu sais quel mal j’ai eu à te donner une troisième chance ?! J’ai dû surmonter ma gêne et ma timidité pour toi, et je l’ai fais, alors maintenant, sois sympa et laisse-moi tranquille. Je ne veux plus être considérée comme ta petite amie. Tu ne m’as pas aimé, jamais, tu n’aimais que mon corps...et tu as bien caché ton jeu. Tu as profité de mon amour pour toi, tu devrais avoir honte. »
Mike, sans dire mot, s’éloigne. Pierre vient s’installer à côté de moi. Je soupire :
« Voilà, au moins, je n’ai pas à tout t’expliquer. Tu as dû tout comprendre.
- Oui, tout, dit-il un peu dégouté.
- C’est bon, je ne me suis pas laissée faire, t’inquiète.
- Tant mieux, tu as eu raison.
- Ah bon ? Tu trouves ?
- Bien sûr...et puis tu es une fille bien.
- Merci beaucoup. »
Chapitre 54 :
Je lui souris, heureuse qu’il me comprenne et ne me prenne pas pour une fille que je ne suis pas (ce que je craignais le plus). J’ai tellement honte de ce qu’il est arrivé.
« Promets-moi...
- Je n’en parlerai à personne, me coupe-t-il, c’est juré.
- Merci. »
J’ai des vrais amis, c’est fantastique, je suis heureuse !
Hugo arrive peu après. Va-t-il me parler du fait qu’il m’ait ramené après la fête d’anniversaire de la cousine de Mike ?
Il me fait la bise et demande :
« Je viens de voir Mike partir un peu plus loin...qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Je l’ai plaqué, fin de l’histoire. Alors, tu as passé un bon week-end ?
- Ouais, c’était bien. Et toi ?
- Oui, dis-je sèchement.
- D’accord...eh, tu as entendu parler du bal des terminales pour leur bac ?
- Un bal ? Comme aux États-Unis ?
- En quelques sortes, oui.
- Mais tu n’es qu’en première...
- Un ami m’a donné une invitation, je peux amener qui je veux...tu voudrais venir avec moi, me questionne-t-il après une brève hésitation.
- Oui, j’adorerais !
- Mais...tu as une robe de bal ?
- Euh...non. J’irai m’en acheter une, mais je ne sais pas trop où chercher. Tu connais un bon magasin de robes de soirée ?
- Ouais, je te montrerai un de ses jours. On ira la choisir ensemble si tu veux.
- Oui, merci. »
Il se tourne vers Pierre et soupire :
« Je ne peux pas amener d’amis, seulement une cavalière, désolé.
- Ce n’est rien. Je ne suis pas à l’aise à ce genre de fête de toute façon.
- Ah, ok. Tu veux venir toi aussi pour aider Laura à choisir une robe ?
- Non, merci, je vais avoir des jours chargés prochainement.
- Comme tu veux...Laura, que dis-tu d’y aller samedi ?
- Oui, je n’ai rien à faire (j’ai souvent rien à faire). »
Nous parlons un peu tous trois et à la récré, deux heures après, Pierre me demande de parler avec lui.
« Qu’est-ce qu’il y a, commencé-je.
- Je...je voulais que tu saches que...
- Que... ?
- Que Mike te mène en bateau depuis le début.
- Quoi ?!
- Écoute, je ne devrais pas te le dire, mais ce mec est vrai con, dès le début il avait prévu de...de tu sais quoi.
- Je vois...dis-je sceptique.
- Je l’ai entendu en parler avec un de ses potes, ils parlaient de toi, ça avait l’air de bien les faire rire en tous cas.
- Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant ?!
- Parce que quand j’ai entendu ça...vous étiez déjà ensemble, et tu avais l’air si heureux...je ne voulais pas gâcher ça... Je me suis dit qu’il était sûrement vraiment tombé amoureux de toi, mais j’ai compris ce matin que non. Je suis désolé, mais j’avais peur que tu t’énerves si je t’en parlais.
- Donc s’il a eu un si brusque changement de personnalité (passant du petit copain parfait au gros pervers sexuel), c’était juste parce que de toute façon il s’en fichait...je vois...il devait en avoir marre d’être avec moi, il se disait sûrement que s’il me quittait, ça ne changerait rien pour lui. C’est un très bon acteur avec tous ses « Je t’aime ».
- Je suis vraiment désolé. C’est un gros dragueur en fait...mais ça, tu as dû le remarquer...
- Pourquoi moi ? Suis-je si attirante, dis-je l’air amusé.
- Euh, hésite Pierre.
- Quoi ?
- C’est ça, bien sûr, mais c’est surtout parce que tu n’étais jamais sorti avec personne...il se disait que tu étais donc désespérée et comme il avait l’impression que tu l’aimais bien, il en a profité. Et puis, après que tu aies accepté, il t’aurait abandonné je pense.
- Tu...tu es sérieux ?
- Oui...désolé, j’ai peut-être manqué de tact...
- Non, ça va.
- Tu vas bien ?
- Oui, oui, t’inquiète.
- Ne lui dis pas que je l’ai épié s’il te plait.
- Oui, ça reste entre nous. De toute façon, je l’ai déjà quitté, alors...
- Ouais...encore désolé pour cette nouvelle.
- Je préfère l’apprendre maintenant que plus tard. Et puis, j’avoue que je m’en doutais un peu, donc le choc est moins rude.
- Tant mieux, je n’aurais pas voulu te voir fondre en larmes...
- Je ne pleurerai plus pour des histoires de cœur. C’est finit. Et puis, tu es là, toi, et Hugo aussi. Tu es mon meilleur ami, lui joue le rôle de mon grand frère depuis ma plus tendre enfance (si bien que maintenant je l’appelle vraiment comme ça). Je n’ai besoin de rien d’autre pour être bien.
- J’en suis heureux...mais envisagerais-tu de...de sortir avec Hugo ?
- Oui, j’y ai songé, pourquoi ?
- Tu l’aimes ?
- Je ne sais pas, il me faut du temps, il y a quelqu’un d’autre que j’aime bien.
- Qui, demande-t-il en rougissant.
- Je ne tiens pas à en parler, désolée.
- Ce n’est pas grave. »
Il est écarlate, pire qu’après avoir couru un marathon. Est-il...amoureux de moi lui aussi ? Non, c’est impossible, il ne peut pas, je veux dire, c’est si...inattendu. Je veux dire : qu’il m’aime et me demande de sortir avec lui, d’accord, mais ça fait longtemps quand même.
D’ailleurs, c’est vrai, après tout, Pierre et Hugo sont deux personnes que j’admire beaucoup et que j’aime énormément. J’ai déjà embrassé Pierre deux fois, et il est si tendre, si mignon, si gentil avec moi...je craque complètement face à lui. D’un autre côté, Hugo est un garçon formidable, intelligent et si aimable. Il m’a aidé à de nombreuses reprises, notamment quand je voulais quitter la fête de Jen, il m’a même sauvé la vie, c’est trop romantique !
Mais...lequel des deux est-ce que j’aime le plus ? J’en ai marre d’hésiter, pourquoi ne puis-je pas être sûre de moi une bonne fois pour toute ?!
Chapitre 55 :
La semaine passe et pour moi, il n’est pas question d’adresser la parole à Mike. Il me lance fréquemment des regards suppliants. Dans ces cas là, je me retourne, l’ignorant totalement. Je ne retomberai plus dans ses bras comme l’idiote que j’ai été. Cette expérience douloureuse m’a endurcit. J’ai l’impression d’avoir grandit, de ne plus être l’enfant que j’étais. Pourtant, j’ai peur maintenant, je n’arrive plus à me dire que j’aime un garçon sans repenser à ce que m’a fait cet idiot. Je pense que le prochain garçon dont je vais tomber réellement amoureuse (Pierre ou Hugo ? Je n’en sais rien) sera celui avec lequel je me sentirai le plus en sécurité. On verra bien qui sera « l’élu de mon cœur », seul le temps me le dira.
J’avoue m’être rapproché de chacun de mes amis cette semaine, mais particulièrement de Pierre car nous sommes dans la même classe.
Le week-end pointe rapidement le bout de son nez (oui, le week-end a un nez) et samedi arrive. Ma mère m’a donné de l’argent pour me payer une jolie robe, mais je n’aurai pas de noël du coup...tant pis ! Je suis déjà heureuse qu’elle m’ait permis d’aller au bal ! C’est génial, je vais passer une soirée avec Hugo...et une tonne de gens que je ne connais pas. Je ne suis pas très à l’aise en soirée, mais Hugo m’a invité, je n’allais pas refuser quand même ! Ça n’aurait pas été poli...Enfin bref, ce bal se déroule le dix-sept juin au lycée à partir de huit heures du soir.
Donc aujourd’hui, je vais avec lui me trouver une robe. Il m’a dit qu’il avait déjà son costume pour le bal, donc nous allons chercher une robe qui va à peu près avec. Il m’a dit avoir un costume noir avec un peu de blanc il me semble. J’ai hâte de voir ce que nous trouverons !
Hugo arrive bien vite devant chez moi. Nous allons ensemble au centre-ville en bus. Là, nous marchons un peu pour arriver devant une grande boutique spécialisée dans les tenues de soirée. En vitrines, il y a quelques robes, toutes magnifiques, avec des rubans, de la dentelle, de la soie ! Ouah, c’est magnifique ! Je voudrais pouvoir toutes les porter !
Nous entrons et nous dirigeons vers le premier rayon. Toutes ces robes sont très coûteuses, heureusement que mes parents sont généreux !
Hugo et moi nous séparons. Il revient quelques minutes après, tenant dans ses mains une robe merveilleuse.
« Regarde, celle-là t’irait bien, non ?
- Ah oui, elle est vraiment jolie !
- Va l’essayer.
- J’y cours ! »
Je me change, ressors, et me place devant un miroir. C’est une robe bleue clair avec sur le bustier de petits cristaux bleus en forme de cœur. Je lance un regard à Hugo pour savoir ce qu’il en pense, mais il me fait « non » de la tête. Je suis d’accord avec lui, elle est un peu trop simple...
Il m’amène une nouvelle robe. Je me change une seconde fois et sors. Cette fois, c’est une robe rose pâle avec une rose de tissus au niveau de la ceinture et des volants de soie magnifiques ! Je me tourne de nouveau vers Hugo qui soupire :
« Non, la couleur ne va pas...
- Ouais, dis-je, j’avoue... »
Je me change et sors. Je ne vois aucune robe qui m’irait... Je m’approche d’une des vendeuses qui me regarde de haut en bas puis demande :
« Vous cherchez une robe de bal ?
- Oui, déclaré-je, mais je n’en trouve pas qui m’irait parfaitement.
- Je crois qu’il y en a une qui vous irait vraiment, mais elle est dans la réserve. Vous permettez que je vous la montre ?
- Bien sûr. »
La jeune femme s’en va et revient quelques minutes plus tard, tenant une robe rouge dans sa main.
« Allez l’essayer mademoiselle. »
J’accepte et entre pour la troisième fois dans la cabine d’essayage. J’en sors après quelques minutes et m’approche du miroir. Hugo me fixe, il ne me lâche pas des yeux, tout comme la vendeuse.
« J’ai bien choisi, murmure-t-elle, vous êtes superbe avec.
- Elle dit vrai, approuve Hugo, elle te va vraiment bien. »
Je me regarde donc dans le miroir, curieuse de me voir.
Oui, ils ont raison, cette robe est incroyable ! C’est une robe rouge avec un bustier superbe en satin avec de nombreuses parles surtout au niveau du haut du bustier et de la ceinture qui forme un V. Une rose de tissus sur le côté de cette ceinture de perles ajoute une petite touche toute mignonne ! Le bas est magnifique lui aussi : il est assez large et fait de satin et de soie. Il y a de nombreux volants qui donnent du volume à la robe. Elle ma va à la perfection et est au ras du sol, tant mieux, je n’aime pas montrer mes jambes. La vendeuse m’apporte ensuite le collier qui va avec, un collier fin en argent avec quelques morceaux de cristal.
« Cette parure est sublime, combien coûte-t-elle ?
- Eh bien, pour une telle robe et avec ce collier, il faut compter...quatre cent cinquante euros.
- Je la prends.
- Parfait. Voulez-vous les chaussures qui vont avec ?
- Puis-je les voir ? »
La jeune femme hoche la tête et revient avec une paire de sandales à talons aiguille (ça va, je pourrais marcher avec maintenant que j’arrive à tenir en équilibre sur des talons). Je préfère l’acheter, comme ça si j’ai un bal de promo en première et en terminale aussi, je pourrai la remettre.
« Ce sont des chaussures en cuir synthétique, m’apprend la vendeuse, sur les petites lanières, ce sont des strass.
- Je peux les essayer ?
- Oui, mais quelle est votre taille ?
- Je fais du trente-huit.
- Alors c’est cette paire là qu’il vous faut. »
Elle ouvre une autre boîte et me tend les chaussures. Je m’assois et les mets puis me relève et marche un peu avec.
« Tu es magnifique, déclare Hugo, ce sera toi la plus belle de cette soirée !
- Merci. »
Je me change puis vais payer et Hugo me raccompagne devant chez moi. Nous nous faisons la bise après quoi il part.
Le reste du week-end, je ne fais rien. Je m’ennuie un peu à vrai dire.
Le lundi, rien ne se passe, mais le mardi...
Chapitre 56 :
Aujourd’hui, c’est mardi, un jour dont je ne parle pas beaucoup en général. Ce matin comme tant d’autres, je me lève et me prépare à partir au lycée. Dans le bus il y a Mike qui ne me lâche pas des yeux, c’est si gênant !
Arrivée au lycée, je vais dans la cour, les bancs sont déjà pris donc je reste debout contre un arbre. Des mains se posent sur mes yeux.
« Qui c’est ?
- Mike ?!
- Trouvé. »
Il contourne l’arbre et se poste devant moi.
« Qu’est-ce que tu veux ?
- Je veux que tu m’excuses.
- Non, désolée.
- S’il te plait.
- Non, désolée.
- Par pitié.
- ...Non, désolée.
- Arrête de répéter ça.
- Non, désolée.
- Je t’adore, tu es trop drôle. »
Là, il me prend dans ses bras. Je tente de me défaire de son étreinte, mais il me serre trop fort. Je m’exclame :
« Lâche-moi !!!
- Chut, il y a mieux à faire avec de si jolies lèvres. »
Et là, il m’embrasse, pressant carrément ses lèvres contre les miennes. Dégoûtée, je ferme les yeux et essaie de bouger, mais cette brute me tient fermement.
Je pousse de petits cris, mais les autres ne m’entendent pas. Zut alors !
Tout à coup, Mike me lâche et part en arrière. Soulagée, j’ouvre les yeux et m’essuie les lèvres. Berk !
Devant moi, Mike fait face à Hugo et Pierre. Ce dernier prend la parole :
« T’es c*n ou quoi ?! Elle ne veut plus te voir, tu n’avais pas compris ?! Va t-en !
- Et si on te revoit avec elle, intervient Hugo en frappant son poing sur sa main, tu sais à quoi t’attendre. »
Mike sert les dents et s’en va en marmonnant. Lui qui était si gentil avant, j’aimerais retrouver le Mike que j’ai connu.
Je me jette dans les bras de mes amis et murmure :
« Merci infiniment. »
Ils sont si gentils avec moi ! Je les aime tant ! Jamais qui que ce soit m’a aimé, jamais un garçon n’a montré de l’attention pour moi, et je n’avais jamais réalisé à quel point Pierre m’aimait. Je suis vraiment trop bête. D’ailleurs...pourquoi moi ? Qu’est-ce qui me différencie de ces filles belles et intelligentes ? Je ne prends pas soin de mon apparence et je ne suis pas la première de ma classe, en plus j’ai déjà vu les filles de la classe de Hugo...ben je peux vous dire qu’elles sont toutes plus belles les unes que les autres ! Je les envie un peu...
La journée se passe bien après cela, Mike me laisse tranquille mais ses yeux sont rivés sur Pierre et moi en classe. Il m’énerve ! Qu’est-ce qu’il a à la fin ?!
En récréation, je vais vers lui et la bande de filles avec qui il traine (pour me rendre jalouse très certainement). Il me regarde arriver et demande :
« Que me veux-tu Laura ? »
Toutes ces amies (habillées très court au demeurant) me jettent des regards assassins. Je préfèrerais encore être au zoo dans l’enclos des tigres, mais je dois lui parler.
« J’ai besoin de te dire deux mots.
- D’accord. Je reviens les filles. »
Toutes soupirent mais aucune ne proteste. Je l’entraine à l’écart des regards indiscrets et lui demande l’air sévère :
« Pourquoi ai-je l’impression que ton regard est toujours posé sur moi ?
- Va savoir, peut-être parce que tu ne penses qu’à moi.
- Non, mes pensées sont orientées vers Hugo et Pierre. Mais je surprends ton regard très fréquemment, trop à mon goût d’ailleurs.
- D’accord, je te jette souvent quelques regards, mais je veux juste voir si tu fais encore attention à moi.
- Arrête alors s’il te plait, c’est très désagréable.
- D’accord, d’accord, sois cool un peu.
- Là, je te signale que je suis en train de bouillonner de l’intérieur, donc évite de me chercher, ça vaudrait mieux pour toi. Ok ?
- Pff, je m’en vais. »
Et sur ces mots, il part sans se retourner. Je soupire de soulagement et souris en retrouvant mes amis. Un peu plus loin, je surprends Courtney et Axelle qui nous regardent (elles regardent plus les garçons que moi, évidemment). Je ne sais même plus combien de temps ça fait que Courtney ne m’a pas adressé la parole. Joan, Nathan, Jérémy, Charles et Tom me parlent de temps en temps et me disent encore bonjour chaque matin. Je...ils me manquent un peu, j’adore Pierre et Hugo, mais sans mes idiots favoris, rien n’est plus pareil. Je trouve que tout a beaucoup changé en très peu de temps, c’est désagréable...
Chapitre 57 :
Coucou, je me permets de faire une petite ellipse jusqu’au jour du bal. Que dire sur ce qu’il s’est passé entre temps... ?
Tout d’abord, Hugo et moi discutons beaucoup ensemble, je vais parfois chez lui et sa mère nous laisse nous amuser tranquillement. Je l’aime beaucoup, elle est vraiment gentille. Á propos du bal : ma mère m’a reproché d’avoir dépensé tout l’argent qu’elle m’avait donné (ben pourquoi elle me l’avait donné alors ?!) et du coup, en plus de noël, je peux oublier mon anniversaire. Super...ce bal à intérêt à valoir ces deux fêtes réunies.
Avec Pierre, nous nous amusons beaucoup, avec le retour des beaux jours, nous allons souvent au parc ensemble. Je me rappelle de toutes ces heures que nous y avons passées. Une vieille dame nous a même dit que nous formions un très beau couple (nous nous chamaillions en roulant dans l’herbe, je riais et lorsque je me suis relevé, elle était sur un banc en train de nous regarder, amusée). Lorsqu’elle nous a dit ça, nous avons, Pierre et moi, échangé un regard, puis nous avons tous deux rougit. Ce moment restera à jamais gravé en moi car...je suis tombée amoureuse de mon meilleur ami à ce moment pour la seconde fois (de la sixième à la quatrième je l’aimais déjà et je crois que c’est ça qui a fait que j’ai penché pour lui). Après tout, il est trop beau (petit rappel : Pierre est brun aux cheveux courts, ses yeux sont verts, il est plus grand que moi et assez musclé) et il sait toujours comment me remonter le moral. Je l’aime tellement ! Je...il n’a aucun défaut mon Pierre à moi !
Mike me laisse tranquille ces temps-ci. Il a compris que je ne voulais plus entendre parler de lui et se fait discret. Je crois qu’il sort avec une des filles qui lui court après, elle n’est pas dans notre classe, mais est en seconde. C’est vrai qu’elle est jolie, mais c’est la fille avec tous les clichés du monde : maquillée avec un pot de peinture, portant des vêtements si court qu’on peut presque tout voir, et enfin, elle est bête comme ses pieds et rit à tout et n’importe quoi.
Courtney traine toujours avec son amie Axelle, tant mieux pour elle si elle est contente, moi ça m’attriste un peu, j’aimais vraiment Courtney, c’était ma meilleure amie, et nous nous sommes toujours dit que c’était pour toujours...faut dire, Courtney n’a jamais eu une bonne notion du temps.
Avec mes autres amis, nous discutons parfois, ils me font tellement rire !
Bref, nous avons passé nos derniers contrôles il y a trois jours, aujourd’hui, je vais au bal avec Hugo pour faire la fête avec ceux qui viennent de passer leur bac. Il y aura en majorité les terminales, mais quelques secondes et premières ont eu l’occasion de venir eux aussi pour avoir fourni un bon travail toute cette année (ce qui était le cas de Hugo lorsqu’un de ses amis lui a donné un ticket et qu’il m’a invité).
Normalement, il vient me chercher à sept heures trente pour être là-bas à huit heures. Pour préparer l’évènement, le lycée à fermé hier. Je me demande à quoi le gymnase va ressembler...
Je m’habille, chausse mes talons, me mets du maquillage discret, et je me coiffe avec un chignon plutôt joli (j’avais vu un tutoriel de coiffure sur internet). On toque à la porte, j’ouvre et là...
Chapitre 58 :
J’ouvre et là, je vois Hugo, habillé avec un costume qui lui va super bien. Il s’incline et me tend la main. Je pose la mienne dessus et il m’embrasse le dos de la main, comment c’est trop classe !
Il dit alors, l’air solennel :
« Pour notre premier bal, mademoiselle, j’ai décidé de marquer le coup. »
Il se décale d’un pas sur sa droite, dévoilant une limousine avec chauffeur.
« Tu as loué une limousine ?!
- J’ai voulu faire ça bien, par contre cette année, pas de noël, ni d’anniversaire, et mes vêtements devront encore tenir deux ou trois ans.
- T’es trop mignon ! »
Je suis excitée comme une puce ! En plus Hugo est super beau, bien coiffé, parfait quoi ! Je vis un rêvé éveillée !
Il m’ouvre la portière et me fait monter dans le véhicule noir. Dedans, il y a un minibar, des verres proprement rangé sur une étagère, une sorte de canapé de cuir noir, des lampes au plafond et une télévision devant nous. La classe !
Je m’assois sur le canapé et Hugo s’installe près de moi.
« Un verre mademoiselle ?
- Mais avec plaisir, dis-je en l’imitant.
- Coca ?
- S’il vous plait monsieur. »
Nous nous regardons et éclatons de rire. Il me serre un verre de coca et lui se prend du jus d’orange (au moins il ne touche pas à l’alcool).
Nous n’osons pas vraiment parler : ça fait un peu rendez-vous entre amoureux et j’avoue être gênée. Lui aussi on dirait bien. Je me lance et dit :
« Je suis vraiment heureuse que tu m’aies invité.
- Et moi que tu te sois autant investi, regarde-toi, tu ressembles à une princesse.
- Merci beaucoup. J’adore cette limousine, c’est vraiment chic.
- Beaucoup comptaient venir en limousine, il n’en restait plus beaucoup quand je suis allé en louer une donc d’un côté, ce ne sera pas très chic comparé aux autres.
- Oublie les comparaisons, c’est incroyable tout le mal que tu t’es donné pour ce bal.
- C’est ton premier, il faut qu’il soit inoubliable, non ?
- Si tu le dis... »
Nous échangeons encore quelques mots et nous arrivons au lycée. Ce n’était pas très loin, dommage, j’aurais voulu rester un peu plus longtemps dans la voiture.
Hugo descend le premier, il m’ouvre la porte et me prend la main afin de m’aider à descendre. Devant le gymnase, de nombreux couples discutent. Les têtes se tournent vers nous. Les filles ont de jolies robes, mais elles sont un peu simples je trouve. J’avoue quand même qu’avec celle que j’ai, j’ai fais fort.
Nous entrons et découvrons un gymnase transformé : seul le sol en parquet n’a pas changé. Il y a des tables disposées ça et là, ainsi qu’au centre de celle-ci une piste de danse. Un buffet se dresse un peu à l’écart, quelques élèves y prennent déjà à manger dans de belles assiettes de porcelaine. Certains sont à leur table en train de discuter en mangeant.
Un prof qu’il me semble avoir déjà vu s’approche et nous demande nos noms. Il nous mène ensuite à une table où nous nous installons. Ce sont des tables de deux, cool.
« Tu veux aller manger, me demande Hugo.
- Non, merci, répondis-je, je n’ai pas fin pour l’instant. »
En fait, c’est surtout que je n’ai pas envie de ressembler à ces goinfres qui s’empiffrent sans honte. Je vais attendre que tous aient commencé à danser. Comme je ne suis pas très douée en danse, j’aurais un prétexte pour éviter la piste.
Peu à peu, tout le monde arrive. Hugo se lève et salue un de ses amis, celui qui l’a invité je crois bien. Le jeune homme est avec sa petite amie, les deux sont très beaux je trouve.
« Bonjour Laura, me salue-t-il.
- Bonjour...euh...
- Je suis Anthony.
- Alors bonjour Anthony, dis-je amusée.
- Je te présente ma petite amie : Cécile.
- Enchantée, déclaré-je poliment.
- Moi aussi, répond la jeune fille, et j’adore ta robe, elle ta va à ravir.
- Merci beaucoup, dis-je heureuse, la tienne est vraiment très belle aussi.
- Merci, c’est ma mère qui l’a fabriqué.
- Ouah, elle a déjà été couturière ?
- Oui, pendant quelques années pour un grand nom de la mode.
- Quelle chance, elle est vraiment réussie.
- Merci.
- Bon, nous interrompt Anthony, nous allons danser un peu, le DJ ne va pas tarder.
- Il va y avoir un DJ, demandé-je un peu hésitante.
- Bien sûr...ah, mais c’est vrai, vous n’avez pas reçu de programme comme vous n’êtes pas en terminale. Pour faire court, un DJ va venir ambiancer la soirée et à minuit pile, le roi et la reine de la soirée seront couronnés.
- Oh, j’ai hâte de voir ça. Je me demande qui ce sera.
- Je voterai pour vous deux, nous assure le garçon. Et puis, vous savez ce que feront le roi et la reine, non ?
- Euh, non, pas vraiment.
- Ils danseront en premier le slow.
- Tu voudrais être reine, me demande Hugo.
- Non, je ne tiens pas à danser de slow, je ne sais pas comment faire.
- Comme tu veux, alors ce sera non pour nous, conclu Hugo.
- Bon, tant pis, soupire Cécile.
- Nous allons danser un peu, vous venez ?
- Non, dis-je, je ne sais pas danser et je ne tiens pas à me ridiculiser. »
Le couple hausse les épaules et va profiter de la musique. J’ai hâte de voir la fête que ça va être quand le DJ va arriver...
Chapitre 59 :
Nous restons assis avec Hugo, les autres dansent.
« Tu ne veux vraiment pas danser, me demande Hugo.
- Oui, vraiment, je...j’ai peur de tomber avec mes talons.
- Je te rattraperais.
- Merci, mais... »
Trop tard, il m’empoigne et me guide jusqu’à la piste de danse. Ma robe attire l’attention et quelques élèves nous regardent. Tant pis, je vais devoir danser...
Je fais comme les autres, désireuse de retourner m’asseoir. Mais Hugo semble tellement heureux, je ne peux pas gâcher son plaisir, ce serait égoïste.
Au bout d’un quart d’heure, le DJ entre et se place derrière ses platines. L’ambiance augmente d’un cran, tout le monde saute partout, les bras levés. Je m’éclipse et me sers au buffet quelques gâteaux et un verre de jus de pomme.
Je m’assois en regardant, amusée, les couples s’éclater.
Hugo me rejoint avec une assiette dans les mains.
« Je t’ai vu partir, et en allant au buffet, tu m’as donné faim, rit-il.
- Ah...ok...dis, est-ce que tu passes une bonne soirée ?
- Pour l’instant, oui, tu es un peu timide, mais dans une ou deux heures, je vais retrouver la Laura un peu fofolle avec qui j’aime bien me chamailler de temps en temps.
- Hugo... »
Je murmure ce dernier mot, touché par ce qu’il vient de me dire. Nous nous rapprochons peu à peu, nos visages ne sont plus qu’à quelques centimètres, à peine. Ma respiration est devenue faible, mon souffle est court. Nos lèvres s’approchent...et là Anthony et Cécile se ramènent. Hugo et moi nous écartons en sursautant puis il s’exclame :
« Quoi ?!
- Ah, euh...rien, bafouille Anthony, je ne savais pas que je vous dérangeais...
- T’inquiète, c’est fait de toute façon. Bon, qu’est-ce que tu voulais ?
- Je voulais vous demander si vous vouliez venir danser avec nous.
- Laura, tu voudrais venir avec moi danser, me propose Hugo en souriant. Promis : on va s’amuser. »
Je réponds que je suis d’accord mais mes pensées sont toutes orientées vers Hugo. Je croyais que j’aimais Pierre...qu’est-ce qu’il m’arrive ?! Lequel dois-je choisir ?! Hugo est tellement gentil, et nous avons faillit...qu’ai-je fait ? Vais-je céder ? Mon cœur bat si fort, j’ai l’impression d’être en apnée depuis deux minutes ! Bon, calme-toi Laura...je vais laisser les choses se faire, je fais confiance en mon destin. Si certains évènements doivent arriver, alors qu’ils arrivent, j’y ferai face.
Nous allons donc sur la piste de danse. Qu’est-ce que l’on s’amuse ! Nous dansons beaucoup avec de temps en temps des pauses où nous allons tous boire un peu. Hugo et moi dansons ensemble, Anthony et Cécile aussi. On fait un peu les foufous, c’est marrant !
Puis vient une danse un peu style orientale. Je commence à danser un peu autour de Hugo, me serrant contre lui, imitant un peu la danse des autres élèves qui me fait rire (et qui, avec ça, est assez sensuelle).
Hugo et moi éclatons d’un même rire et les quelques couples autour de nous nous regardent, amusés.
Puis vient une musique un peu plus d’aujourd’hui et tout de suite, je me lâche pour faire passer à mon ami une soirée inoubliable : je danse en sautillant et en levant les bras, poussant des cris de joie de temps en temps, et à force d’essayer, j’y arrive vraiment : je m’éclate !
« Ouais, crie Hugo pour se faire entendre, là je te reconnais enfin Laura !
- Allez, viens ! »
Je lui prends les mains et nous dansons ensemble, il me fait tourner, me serre contre lui, puis je recule jusqu’à ce que nos bras soient tendus et continue de danser. Je m’exclame :
« Je ne me suis jamais autant amusé que ce soir !
- Tant mieux ! »
Puis, crevée, je vais m’asseoir. Je suis rouge, mais mon sourire est énorme.
« Tu vois, me murmure Hugo à l’oreille, je savais que tu t’amuserais.
- Je l’ai fait pour toi. »
Sans le faire exprès, je pose ma main sur la sienne. Je l’enlève, gênée.
« Quelle heure est-il, demandé-je.
- Il est minuit dans dix minutes. Tu voudras rentrer à quelle heure ?
- Je ne sais pas, on verra bien quand les gens commenceront à repartir.
- Cool. »
Nous restons assis encore un peu quand le directeur monte sur l’estrade. Un silence de plomb tombe sur la petite assemblée. Il prend un micro puis fait un petit discours :
« Bonjour à tous et à toutes, tout les professeurs et moi-même espérons que vous vous amusez bien (des cris retentissent). Nous vous souhaitons donc à tous d’avoir réussit avec une bonne mention votre bac...même si ce n’est pas gagné (des sourires se dessinent sur certains visages). Nous voici donc au moment que vous attendez tous : le roi et la reine du bal (tiens, pourtant nous n’avons pas voté). Seuls les terminales, qui avaient reçu avec leur programme un bulletin de vote pouvaient décider. Voyons pour qui ils ont voté. Qui sera l’heureux couple qui pourra inaugurer le premier slow que ce lycée aura connu. »
Il sort d’une enveloppe un petit billet (dans le sens une petite feuille, on est d’accord) sur lequel est noté le nom du roi et de la reine du bal. Pourvu que ce ne soit pas nous...
Le directeur brandit le papier et s’exclame :
« Le premier roi et la première reine de notre lycée sont...Anthony et Cécile ! »
Chapitre 60 :
Quelques applaudissements retentissent et lorsqu’ils sont couronnés, le bruit redouble d’intensité. Ils font un petit discours et descendent. Le slow va sûrement commencer. Mais il n’y a pas de musique.
Le directeur reprend alors :
« Nous avons décidé, également la veille du bal de choisir un roi et une reine dans la catégorie « Junior » c'est-à-dire parmi les élèves de seconde et de première du lycée qui ont travaillé dur toute l’année pour pouvoir venir ici ce soir. Voici donc les votes des terminales pour un couple où au moins un élève de seconde ou de première se trouve. Il n’y en a pas beaucoup, mais un couple s’est démarqué. Ces deux élèves forment un couple très attachant, ils se sont amusé tout le long du bal, ils se sont d’ailleurs beaucoup fait remarqué, elle pour sa robe resplendissante, lui pour sa gentillesse envers sa cavalière, mais aussi car aucun d’eux n’est en terminale et que seuls leurs bons résultats leur ont permis de venir ici ce soir. Applaudissez tous...Laura et Hugo, respectivement en seconde et en première ! »
Oh...non...pourquoi me suis-je fait remarqué ?! On dirait un mauvais film de romance américain, où les deux dansent et, au final s’embrassent devant la foule. Pourvu que ça n’arrive pas ! Je suis bien trop timide !
Les élèves nous applaudissent...pourtant nous ne voulions pas être élus, pourquoi tous ont voté pour nous ?
Hugo se lève, me tend la main et m’aide à me relever, moi qui suis encore crevée. Nous marchons côte à côte, mais nous sommes trop gênés pour dire quoi que ce soit. Nous devons aller sur l’estrade pour recevoir une couronne (pour lui) et un diadème (pour moi donc). En chemin, les terminales nous murmurent « Félicitations, j’adore ta robe. », d’autres disent joyeusement « J’ai adoré ta façon de danser à la fois sexy et timide. ». Je vois maintenant pourquoi ils ont voté pour nos...je me suis trop démarqué ! Quelle idiote !
Nous montons sur la scène et recevons une couronne et un diadème. Il est en argent, c’est plutôt joli, en tous cas, il va super bien avec mon collier !
« Allez les jeunes, dit joyeusement le directeur, passons maintenant au premier slow de la soirée. »
Je lève les yeux vers Hugo et lui souris. Il semble aux anges...et puis, autant en profiter, je n’aurais peut-être pas ce privilège une autre fois.
Nous arrivons sur la piste. Nous devons danser le slow entier ! Pendant quatre minutes, il n’y aura que lui, moi et Anthony et Cécile ! Je susurre à l’oreille de Hugo :
« Je veux bien danser un slow mais je ne sais pas comment faire...
- Tu n’as jamais vu ça dans les films ?
- Je n’y prêtais pas attention.
- Alors mets ta main droite sur mon épaule gauche, et donne-moi ta main gauche et moi, je vais mettre ma main gauche sur ta hanche, ça ne te dérange pas ?
- Ce n’est qu’une danse après tout, non ?
- D’accord. Pour les pas, laisse-moi te guider, évite juste de m’écraser les pieds.
- Je vais tenter le coup, mais je ne garantis rien. »
Un peu timidement, il pose sa main sur ma hanche. Il est trop choupinou ! La musique commence. C’est une musique au tempo lent, elle est douce, simple, agréable. Avec du violon et d’autre instruments que je ne saurais identifier. Cécile et Anthony dansent si joliment, j’aimerais danser comme eux.
Je suis les pas de mon cavalier. Il danse vachement bien mon Hugo !
« Tu as déjà dansé la valse, lui demandé-je tout bas.
- Avec une amie, dans le sud, on aimait bien valser de temps en temps, alors elle m’a appris comment faire et voilà.
- La classe.
- Toi aussi tu te débrouilles bien.
- Pff, quand je vais tomber devant tout le monde, on verra qui se débrouillera le mieux.
- On verra. »
J’aime bien ce petit air un peu mystérieux qu’il a parfois. Je...pu*ain mais qui est celui que j’aime ?! Pierre ou lui ?! Aucun n’a de réel défaut, et je me sens attirée par les deux, je suis complètement perdue. C’est ridicule, en plus j’ai peur de les blesser.
Plongée dans mes pensées, je ne suis plus la danse et je trébuche par ma faute, m’emmêlant les pieds. Je tombe en arrière quand il me rattrape, passant sa main qui était sur ma hanche dans mon dos, nous nous tenons toujours de l’autre main (lui de la main droite moi de la main gauche). Nous échangeons un long regard après quoi j’entends un élève crier :
« Un baiser ! Un baiser ! »
Un deuxième se joint à lui :
« Un baiser ! Un baiser ! »
Puis Cécile et Anthony s’arrêtent et se joignent à eux, une dizaine s’y met, une vingtaine, puis tous (il y a quatre classes de vingt-cinq élèves de terminale plus une trentaine d’élèves de secondes et première, soit près de cent trente élèves). Hugo et moi n’avons pas bougé, je suis tétanisée par l’appréhension, comme pétrifiée...mais en même temps, j’aime tellement Hugo, bien que j’aie essayé de me convaincre du contraire.
Il me chuchote à l’oreille :
« Alors, qu’est-ce que tu en dis ? »
Oh mon dieu, qu’est-ce que nous nous apprêtons à faire ?! Je croyais aimer Pierre ! Non, en fait, serait-ce Hugo ? C’est un gros bazar dans ma tête, plus aucune information ne peut accéder à mon cerveau. Hugo...il a toujours été là quand nous étions petit...il revient dans ma vie des années après et...j’en tombe amoureuse lors d’un bal, comprenant enfin que je l’aimais, mais que, le considérant comme mon grand frère, je refusais d’écouter mon cœur. C’est la magie de l’amour, il n’y a rien à comprendre. Je ne changerai plus jamais d’avis comme j’ai pu le faire, je ne veux plus me dire « Hugo, c’est mon grand frère, je ne peux pas », je veux me dire « Hugo est mon ami, il m’aime, je l’aime, c’est ainsi ». Je suis sûre de moi désormais...Hugo, mon Hugo, oui, c’est toi que j’aime, Pierre ne sera jamais plus qu’un ami très proche, mai toi Hugo, tu as toujours été plus proche de moi que quiconque. Hugo, je t’aime !
Après cette dernière hésitation, je demande enfin :
« Tu en penses quoi, toi ?
- Donnons leur ce qu’ils veulent... »