Chapitre 21 :
Je révise un peu. Très rapidement, ça m’ennuie. Je m’allonge sur mon lit et tandis que je fixe le plafond de ma chambre, je repasse ma journée dans ma tête. Pas une fois je n’ai été seule. Les garçons et Nina ne m’ont pas laissé tomber. C’est si bien...si agréable. Ils me font penser à Pierre, Mike, Joan, Charles, Jérémy, Nathan, Tom...et Hugo. Tous ceux qui étaient au courant de sa tromperie et qui ne m’ont rien dit, tous ceux qui m’ont lâchement abandonnés alors que j’avais besoin d’eux.
Bref ! Je dois oublier mon passé sinon jamais je n’arriverai à avancer dans la vie. Je ne pardonne pas, j’oublie, c’est plus facile.
Quoi qu’il en soit, je ne veux pas accorder ma confiance trop vite. Ils ne sont pour moi que des connaissances, des sympathisants, des camarades de classe...pas des amis. Il faudra un peu plus de temps pour que je m’ouvre à eux.
Grégory...quel garçon étrange. Je n’avais même pas remarqué qu’il m’appréciait. En même temps, je suis bien la dernière personne à qui il pourrait prêter attention...
Mardi matin, je me rends au lycée. Dans le bus, j’adresse un sourire à Grégory. Il est tout content. Lorsque nous descendons, il vient vers moi et me salue. Nous rejoignons ensuite les garçons, Louis et Melvin. Nina vient vers nous et nous tire un grand sourire qui nous rend tous joyeux, même en sachant qu’à cause d’un remplacement, nous finissons plus tard.
« Dites les filles, commence Melvin, vous êtes déjà sorti avec combien de mec ?
- Trois, répond Nina.
- Deux, soupiré-je gênée.
- Seulement, nous interroge Louis, j’ai vu des filles qui ne pouvait même plus les compter.
- C’est ridicule. Les garçons sont sympas mais en couple, le rêve vire souvent au cauchemar.
- Ah bon ?
- J’ai eu deux mecs, le premier voulait abuser de moi et le second m’a trompé.
- Vraiment ? »
C’est Grégory qui me demande ça. Zut, je l’avais oublié, c’est vrai que Mike lui a dit que nous sommes sortis ensemble.
« Oui, pourquoi, le questionné-je à mon tour.
- Parmi ces deux mecs, lequel était Mike ?
- Tu veux vraiment le savoir ?
- Oui, je peux l’entendre.
- Le premier...et c’est pour ça que je l’ai quitté.
- Il ne me l’avait jamais dit.
- Pas étonnant...
- Laura, tu te sentirais aujourd’hui prête à sortir avec un mec, m’interroge Louis.
- Non.
- Et toi Nina ?
- Je ne sais pas, ça dépend qui. »
Louis a l’air satisfait de sa réponse. On se demande pourquoi tient... Ça sent l’amour à plein nez.
En classe Grégory évite de s’asseoir vers Pauline, il vient devant, vers moi (Nina voulait s’y asseoir mais j’ai surpris le regard de Grégory qui semblait dire « Laisse-moi me placer vers elle. » donc elle est derrière, vers Louis, ce qui n’est sûrement pas pour déplaire au jeune homme). Pas un mot pendant le cours, Grégory semble ailleurs, perdu dans ses pensées, il ne se donne même pas la peine de noter le cours. Je le prends en écriture normale pour lui passer après. Il en aura besoin vu tout ce que l’on a écrit en une heure.
Á la fin du cours, je le « réveille » en lui tapant doucement l’épaule.
« Hein ?
- On dit « comment » quand on est poli, souligné-je amusée.
- Que me voulais-tu ?
- Le cours est fini et tu n’as rien suivit. Tiens, c’est le cours. Aujourd’hui, c’était du condensé, tu aurais intérêt à le rattraper.
- Non, merci, ce n’est pas la peine Je me débrouille sans en général.
- Tu ne prends jamais les cours ?
- Si, mais pas souvent.
- Ah...ok. »
Ça va, monsieur ne s’embête pas... Il a de super notes sans rien faire, le top. Quelle chance. S’il savait seulement à quel point je travaille pour être au niveau auquel je suis...
Lors de la récréation, Pauline nous rejoint, ses amies sont avec elle. Qu’est-ce qu’elle nous veut encore elle ? Pourvu qu’elle ne s’incruste pas parmi nous !
Chapitre 22 :
Ben si. Elle s’incruste.
« Coucou Grégory !
- Salut Pauline, soupire ce dernier.
- Tu vas bien ?
- Oui, oui.
- Je peux venir avec vous.
- Non.
- Quoi ?
- Nous étions en train de discuter, alors ne viens pas nous embêter.
- Mais j’ai changé.
- Moi aussi, et je ne veux plus te voir.
- Mais...mais...
- Laisse-nous. Repars avec tes amies.
- Attends ! »
Cette dernière phrase, c’est Nina qui la prononce.
« Qu’y a-t-il ? lui demande Pauline.
- Reste avec nous.
- Non, s’oppose Grégory, Pauline, tu vas encore critiquer les autres et nous allons encore devoir te supporter.
- Laisse-lui sa chance, intervins-je. Si Nina estime que c’est une bonne idée, alors nous devrions l’écouter...elle se trompe rarement. »
Nina et Pauline semblent heureuses, mais les garçons ont plutôt l’air de vouloir nous tuer toutes sans exception. Nous avons tous le droit à une seconde chance et... Super, maintenant je repense à Hugo. C’est vrai quoi, je ne lui en ai pas laissé à lui, une seconde chance...
Nous discutons tous les six et on se marre bien. Pauline est super cool, pas une seule fois elle ne parle d’elle, pas une seule fois elle insulte qui que ce soit. Mais bon, changer c’est une chose, rester ainsi c’en est une autre.
Toute la journée nous nous amusons, nous discutons de sujets sérieux ou non, et le soir je rentre avec Grégory. Nous parlions avec Melvin, Louis, Nina et Pauline, des sports que nous aimions. Nous poursuivons cette conversation tous deux, assis dans le bus :
« Et toi, demandé-je, quand tu ne surf pas, qu’est-ce que tu aimes faire ?
- Euh, hésite-t-il, je lis, je joue aux jeux vidéos, je fais des abdos...je m’occupe quoi.
- Mais tu ne dois plus avoir souvent l’occasion de surfer, non ?
- Ouais, je vais à la piscine de temps en temps pour la vague à surf, mais ce n’est pas pareil qu’une vraie vague et le chlore n’et pas comparable au sel de la mer. C’est un peu dommage, j’aimerai aller en vacances là où je pourrais faire du surf, mais Mike ne serait pas forcément d’accord et si nous ne sommes pas tous les deux d’accord, pas de vague.
- Ah...ouais, en même temps c’est logique.
- Eh oui. Et toi, qu’est-ce que tu fais comme tu n’aimes pas le sport ?
- Quand je n’étudie pas, je lis et j’écris.
- Tu écris quoi ?
- Des histoires, des poésies, un peu de tout.
- Je pourrais en lire un jour ?
- Non, dis-je catégorique.
- Pourquoi ?
- Je n’aime pas que les gens lisent ce que j’écris.
- Peur des commentaires négatifs ?
- Non, peu des brimades et des insultes.
- Ah, je vois. Mais tu sais que je ne suis pas comme ça.
- Peu m’importe, je ne veux pas que tu lises mes écrits.
- Comme tu veux. »
Il me sourit, je lui rends et nous continuons de discuter sur nos goûts littéraires : nous avons les mêmes ! C’est fou ça ! Je pensais qu’avec l’influence de ses amis ses goûts littéraires changeraient. Il est resté lui-même, alors peut-être qu’en étant sociable, je pourrais toujours rester celle que je suis, timide renfermée et intello, mais gentille... Hélas je ne m’en sens pas capable.
Nous nous souhaitons une bonne soirée et je descends du bus en lui adressant un signe. Chez moi, je monte dans ma chambre. Je n’arrive pas à me concentrer sur mes devoirs. J’abandonne et vais écrire sur mon bureau. J’écris, mais je suis dans d’autres pensées, perturbée par ce charme indéfinissable que dégage Grégory.
Non, je ne comprends plus ce qu’il m’arrive, j’essaie de me convaincre que je ne l’aime pas et puis, cet étrange impression revient : c’est comme si nous nous connaissions depuis toujours t que ce n’est qu’aujourd’hui que nous nous découvrons vraiment. Je sais, ça vous parait complètement ridicule, mais...c’est si...bizarre. Je n’ose pas lui en parler, il se moquerait, tous les garçons, au fond, sont les mêmes. Je tombe amoureuse, mais je refuse de le croire. On verra bien ce que réserve le reste de la semaine après tout...
Chapitre 23 :
Aujourd'hui, c’est mercredi, et toute la nuit il a neigé. Je sors le gros manteau, les gants et les chaussures étanches. En sortant, je me rends compte qu’il ne fait pas si froid et tout compte fais, je repose ma grosse doudoune et prends un manteau tout simple. Je ne suis pas frileuse, parfois ça a des avantages. Par contre en été c’est l’horreur.
Dans le bus je retrouve avec joie Grégory. Nous parlons de la neige et de nos souvenirs d’hivers passés où, lorsque nous étions petits, nous jouions innocemment dans la neige sans songer à demain, ne pensant qu’à l’instant présent. Quels souvenirs fabuleux !
« D’ailleurs, reprend Grégory après un court silence, quel est ton plus beau souvenir ?
- Ma première lecture de Roméo et Juliette.
- Non, sans rire. »
Je lui souris et soupire :
« Mon plus beau souvenir me fait désormais pleurer.
- Lequel est-ce ?
- Le bal des terminales, j’y étais allé en seconde avec le mec avec qui je sortais à ce moment. Ce fut une soirée magique.
- Ah bon ?
- Ouais. C’est inoubliable et gravé en moi à jamais.
- Quand est-ce que tu lui as parlé pour la dernière fois ? »
Cette question fait battre mon cœur plus vite et serre ma gorge. Je murmure :
« La veille de ma rentrée en première.
- Oh...je suis désolé. »
Il passe son bras autour de mes épaules pour me consoler. Doucement, je me défais de son étreinte et continue :
« Je n’ai plus jamais voulu lui reparler après ça. »
Nous arrivons devant le lycée. Nos amis sont déjà tous là, Pauline aussi. Bonjour le cadeau, je pensais qu’elle ne resterait pas avec nous aujourd’hui. Tant pis, on fera avec.
En discutant, j’apprends que tous sont venus avant pour être sûrs de ne pas être en retard à cause des bouchons causés par la neige. Finalement, aujourd’hui, très peu d’élèves sont absents, mais notre prof de philo qui habite loin n’a pas pu venir dons nous n’avons pas cours de l’après-midi, youpi ! Moi qui voulais terminer mon livre ! Je vais enfin en avoir l’occasion !
Le midi donc, après quelques trois heures de travail et dix minutes de récré, nous sortons tous. Avec Grégory, nous décidons de rater le bus pour rester un peu avec Melvin et Pauline qui attendent leurs parents pour rentrer (Louis rentre en moto et Nina va à la gare).
En discutant un peu avec eux, nous faisons passer le temps assez rapidement et tout compte fait, je ne regrette pas d’avoir raté le bus. C’est vrai quoi, pour une fois que des gens veulent passer un peu plus de temps à discuter avec moi, autant en profiter un peu, non ?
Sur le chemin pour l’arrêt, je m’amuse un peu avec Grégory : lorsque nous passons vers des voitures, des poubelles ou des murets couverts de neiges, nous faisons des batailles (trop courtes à mon goût). On se marre trop !
Nous arrivons à notre arrêt couverts de poudreuse blanche et brillante. J’en ai même dans les cheveux selon Grégory, un vrai bonhomme de neige ! Mes habits sont trempés, mes membres quant à eux sont gelés, mais j’ai un méga sourire sur le visage, je suis si heureuse, j’ai vraiment l’impression de retomber en enfance aujourd’hui, c’est comme quand je vais dans un parc d’attraction ou à la montagne, je me revois étant jeune et tout de suite...ben ça fait du bien quoi, je ne sais pas comment le dire autrement. C’est sympa de savoir qu’une part de nous est et sera toujours jeune et pleine de vie et de joie.
Nous attendons à l’arrêt en évoquant d’autres souvenirs de jours de neige que nous avons passés à l’école. D’accord, sur le coup on peut se dire « Mais c’est carrément nul ! » mais en fait non car on se rend compte que nos plus beaux souvenirs, ce n’est pas seul qu’on les constitue, c’est avec nos amis, ce sont des rires partagés, des moments où notre cœur bat plus vite que d’habitude... J’ai adoré passer des jours de neige à l’école car en récréation, on s’amusait toujours à faire des batailles de boules de neige dans un recoin de la cour (parce que c’était interdit), ou alors, on glissait sur la fine couche de glace qui recouvrait le triste goudron gris de la cour, mais on pouvait aussi fabriquer un bonhomme de neige, un igloo, ou alors on faisait des tas de neige dans lesquels on sautait.
Oui, décidément, c’est lorsque nous sommes tous ensemble que nous vivons les plus beaux moments de ma vie. Pourquoi ai-je mis si longtemps la réaliser ? J’ai perdu tant de temps dans mon coin à bouder le monde alors qu’il avait tant de belles choses à m’offrir, tant de merveilles à me faire découvrir !
Chapitre 24 :
Nous sommes à notre arrêt de bus depuis bien au moins vingt minutes, ce n’est pas normal. Je vois sur le totem (qui donne à la minute près le nombre de minutes qu’il reste avant l’arrivée d’un bus) qu’il passera dans deux minutes. Puis, alors qu’il venait de passer à une minute, il revient à dix-sept. J’entends deux femmes parler et l’une d’elle prétend qu’aucun bus n’est passé depuis plus d’une heure et demie, qu’un bouchon gigantesque bloque la circulation et qu’il faudra encore une bonne heure pour que tout soit débloqué. Je suis à vingt minutes (une demi heure plutôt car marcher dans la neige, ce n’est pas facile) de chez moi, je devrais rentrer à pied...
« Grégory, dis-je alors, je crois que nous devrions y aller à pied.
- Oui, j’étais en train de me dire la même chose. »
Nous décidons de passer par le parc pour contourner un rond point très fréquenter : le sol couvert de glace est affreusement glissant et il serait risqué de marcher là-dessus près des voitures qui, à cause de cette même glace, aurait du mal à nous éviter ou à s’arrêter.
Sans que je m’en rende compte, Grégory fait une boule de neige et me la lance dans le dos. Je lui souris et contre attaque avec une plus grosse boule encore. Je lui cours après avant de le rattraper enfin. Et hop, une boule de neige sur le torse, une ! On fait les gosses, comme ça, pendant au moins un quart d’heure. Je réalise même un rêve d’enfance : faire un ange de neige (je n’en avais fait avant, je viens d’accomplir le but suprême de ma vie). C’est froid mais c’est trop amusant ! Grégory m’aide à me relever, je suis congelée, mais heureuse.
Je profite encore un peu avec mon ami (car maintenant je le considère comme tel) et nous nous lançons dans une nouvelle bataille de boules de neige. Je le touche en plein de la jambe ce qui le déstabilise et le fait tomber. Il se relève et j’ai le droit à une pluie de boules gelées.
« Je me caille, dis-je amusée.
- Ben normal, déclare Grégory amusé, la neige c’est froid.
- Tiens, tu me l’apprends.
- T’es blonde toi.
- Oui.
- Ah mince c’est vrai... »
Je ris et, trop heureuse de partager un moment si joyeux avec quelqu’un que j’apprécie, je saute dans ses bras et lui susurre à l’oreille :
« Merci de m’avoir redonné goût à la vie. »
Nous décidons donc de rentrer chez nous et nous sortons du parc. S’il avait fait beau, je serais chez moi depuis déjà une heure et demie. Nous marchons pendant une quinzaine de minute
Nous arrivons à l’angle de la rue. Je ne suis plus qu’à quelques mètres de chez moi. Je dois dire au revoir à Grégory.
« Bon, soupiré-je, je vais y aller.
- Que le temps passe vite. J’ai l’impression qu’on est parti du lycée depuis seulement dix minutes.
- Ouais, pareil.
- Je n’oublierai jamais ce moment.
- Moi non plus. »
Je m’éloigne et lui fais un signe. Juste devant chez moi, je glisse et m’explose par terre, au sens propre. J’ai super mal aux genoux. Le top pour finir cette belle journée en beauté.
Je rentre et me laisse tomber sur mon lit. Quelle journée formidable ! Je passe l’après-midi à penser à eux.
Le jour suivant, je me réveille plus tard que d’habitude. Je vais être en retard ! Donc je saute le petit déjeune cours dans la rue pour atteindre mon arrêt à l’heure. J’y arrive tout juste et sans tomber. Oui, je suis fière de ça...
Je monte dans le bus, il est là. Je fais la bise à Grégory et m’assois vers lui.
« Coucou, me salue-t-il, ça va ?
- Ouais, j’ai faillis rater le bus, je n’ai pas mangé et sinon ça va.
- Tu n’as rien avalé ce matin ?
- Non, tant pis.
- J’ai de l’argent, tu voudras passer à la boulangerie ?
- Non, merci, ce n’est pas la peine.
- Mais si, c’est ça les amis. »
Des amis ? Il le pense vraiment ? Des amis...lui et moi...
Chapitre 25 :
Nous descendons à notre arrêt qui se trouve à quelques minutes à peine du collège. Sur le chemin il y a une petite boulangerie où tout semble délicieux. Nous entrons, Grégory et moi.
« Choisis ce que tu veux, me chuchote Grégory à l’oreille.
- D’accord, mais je te rembourserai.
- Pas besoin.
- Si, j’insiste. »
Il ne répond rien. La boulangère arrive, nous sourit et nous demande ce qui nous ferait plaisir. J’hésite un peu, ça me gêne qu’il paie pour moi. Il lâche alors :
« Une part de tarte aux fraise s’il vous plait. »
La vendeuse nous demande si ce sera tout. J’acquiesce.
Nous sortons, Grégory tient un petit paquet de carton. Il me le tend :
« Je t’ai déjà vu en manger à la cantine. J’espère que ça te plaira.
- Je te rembourserai, merci beaucoup.
- Ne me rembourse pas, deux euros ce n’est rien du tout.
- Alors on partage.
- Mais tu n’as rien mangé ce matin.
- Cette part est énorme, on peut largement partager.
- D’accord, j’abandonne. »
Je lui souris, il a cédé, j’ai gagné ! Il me fait rire...
Nous entrons dans la cour du lycée et nous asseyons sur un banc à l’écart. Grégory ouvre le petit paquet et me tend la part.
« J’ai dit quoi, demandé-je.
- Comme tu veux. »
Il me laisse la majeure partie de la tarte et nous mangeons, côte à côte. Une fois notre petit déjeuner terminé, je demande :
« Alors comme ça tu m’espionne à la cantine ?
- Non, je te croise, et tu as toujours sur ton plateau une mini tarte aux fruits, et souvent aux fraises.
- Bien vu, tu es perspicace.
- Merci, merci. »
Nous échangeons un regard et Melvin nous rejoint.
« Alors, ça va les amoureux ?
- Les quoi, m’exclamé-je étonnée.
- Pourquoi, ce n’est pas le cas ?
- Pas encore, dit Grégory l’air amusé.
- Ah les garçons, soupiré-je.
- Allez, t’inquiète, je rigole ! On a juste mangé ensemble, ce n’est que ça. Elle n’avait pas mangé ce matin, donc je nous ai payé une part de tarte à la fraise.
- Ouais, ouais déclare Melvin l’air songeur, c’est ça. »
Nous continuons notre discussion et Louis et Nina arrivent peu après.
Bref, rien de spécial aujourd’hui mis à part que je commence à me remettre en question : qui suis-je vraiment ? Cette fille insociable qui refuse de se lier aux gens, ou celle qui adore être avec ses amies et rire avec eux ?
Je suis un peu perdue, j’ai peur d’être seule à jamais mais en même temps je redoute d’être encore déçue par ceux que j’aime. Je vais essayer de rester naturelle avec mes amis, on verra bien ce que ça donne. Après tout, je ne vais pas les tuer et ils n sont pas méchants, même si je me méfie des populaires. Après tout, ces garçons sont beaux et sympas. Toutes les filles en ont déjà entendu parler et beaucoup en sont amoureuse, même les plus belles : ils peuvent avoir celle qu’ils veulent. Je ne veux pas qu’ils me laissent tomber dès qu’ils auront trouvé une fille pas trop moche qu’ils aiment. Je ne veux pas être le « bouche trou » de service, je ne veux pas être abandonnée pour une autre, je veux rester la bonne amie avec qui on aime discuter et rire. J’ai peur que ces mecs me laissent tomber tôt ou tard. Lundi prochain, quand Grégory ne se sentira plus obligé de rester avec moi, je vais revenir à ma vie habituelle, ennuyante.
Donc voilà, quand la sonnerie retentit, comme la veille, je suis un peu triste de quitter Louis Nina et Melvin. Heureusement que lors du trajet, Grégory est toujours là. Je m’amuse bien avec lui il me raconte souvent comment se passaient ses moments de surf. J’aurais bien aimé le voir, car ce qu’il me dit est impressionnant.
Nous faisons donc le chemin jusqu’à notre arrêt ensemble, tout en discutant de tout et de rien.
Tout à coup...
Chapitre 26 :
Tout à coup, je glisse sur la glace (décidément, je ne suis vraiment pas douée...) et par réflexe, je m’accroche à la première chose venue, ici Grégory. Ce dernier me retient mais, surpris par ma chute, il glisse aussi et s’agenouille par terre, me tenant dans ses bras.
« Ça va, me demande-t-il avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
- Oui, oui, je vais bien, ne t’en fais pas. »
Je tiens toujours son bras et lorsqu’il se relève, je suis. Nous nous tenons tous deux, je tremble encore. Face à face, à moins de vingt centimètres l’un de l’autre, je me sens rassurée, je me sens bien et en sécurité...mais aussi affreusement gênée.
« Merci, dis-je en le lâchant.
- Non, c’est normal. »
Nous continuons notre chemin sans prononcer un mot. J’avoue être intimidée par ce qui est arrivé. Je n’ose pas parler de peur de revenir sur le sujet. Je suis sûre que Grégory ressent la même chose que moi : lui non plus n’ose pas dire mot.
« Grégory, dis-je pour lancer la conversation, je suis désolée, je n’ai pas fais exprès de t’entraîner avec moi.
- Ne t’inquiète pas, il y a eu plus de peur que de mal. Je ne t’en veux pas.
- D’accord. »
Nous nous mettons ensuite à discuter de nos chutes les plus drôles. Je lui décris ma chute de luge avec Pierre (voir Partie 1 Chapitre 31).
« Tu as vraiment déjà fait un truc comme ça, s’exclame mon ami étonné.
- Ouais, on en faisait ensemble, tranquille, puis on a franchit le tremplin et après quelques roulés-boulés, on s’est retrouvé dans une position plus que suggestive.
- Je n’en reviens pas, j’ai l’impression que la personne que tu me décris n’est pas celle qui se trouve en face de moi.
- Pourquoi ?
- Tu sembles avoir tellement changé. Quand je t’ai rencontré, tu étais en maillot de bain, tu as eu un peu de mal à t’ouvrir à cause de ta haine envers Mike mais en quelques minutes, tu nous a souries, tu t’es ouverte, on a même été plus que très proche quand on faisait les courses dans le toboggan.
- Ah c’est vrai, murmuré-je gênée, j’avais oublié ce moment là de ma vie.
- La piscine ?
- Non, toi et moi dans le toboggan.
- Moi, pas. Je me suis beaucoup amusée, c’était vraiment sympa, tu étais si souriante, si joyeuse, tu riais à tout. Ça, ça prouvait vraiment que tu es une fille simple et c’est ce que j’apprécie tant chez toi. On n’avait pas à se forcer : tu aimais les gens comme ils étaient. »
Je suis assez émue lorsqu’il parle du passé ainsi. Je suis touchée.
« Laura ?
- Oui ?
- Tu ne dis plus rien ?
- Je ne sais pas quoi dire, tu m’as touché, évidemment. Je ne reste pas insensible face au passé, mais je me dis que tu as raison, bien sûr. Je commence à regretter mes choix. Je n’aurais pas dû me couper des autres. J’ai un an et demi à rattraper.
- T’inquiète, moi et mes potes, on est là. On va t’aider à rattraper le temps perdu.
- Merci. Tout compte fait, je suis heureuse de t’avoir rencontré. »
Nous rions tous les deux.
Je descends du bus et rentre chez moi, je suis sur mon petit nuage. J’ai passé vraiment une semaine géniale, dommage que tout prenne fin demain soir. Et ouais, demain c’est vendredi...cette semaine est la plus belle que j’ai vécue depuis bien au moins un an et demi et je ne veux pas qu’elle se termine maintenant. Je ne veux pas retourner à ma routine de pauvre ado seule et rejetée alors que je viens de redécouvrir le sens de l’amitié. Lundi prochain, ils ne voudront plus me voir, je ne serai plus rien pour eux et c’est ce que je redoute. Je ne veux pas revenir à ma vie morne.
Pourtant, ils ne voudront pas ternir leur image plus longtemps en restant avec la fille pathétique, intello et laide de la classe.
Le lendemain, en me levant, j’ai ce poids au cœur, ce poids qui semble vouloir dire « aller, dernier jour avec des personnes qui comptaient enfin pour toi. »
Chapitre 27 :
Dans le bus, je reste silencieuse, un peu triste. Grégory ne semble même pas s’en apercevoir. Oui, je dois me rendre à l’évidence, je ne suis rien pour lui, je ne suis qu’une fille qu’il a aidé à s’intégrer l’espace d’une semaine. Comme j’aurais voulu avoir accepté sa première offre : un mois. J’aurais vraiment du dire oui, pourquoi ne l’ai-je pas fait ?!
Il pose sa main sur mon épaule et me demande :
« Qu’est-ce qui ne va pas ? »
Je reste muette un instant. J’ai l’impression d’être heureuse lorsqu’il semble s’intéresser à moi ou à ce que je peux ressentir. Je souris le plus naturellement possible et dit :
« Rien, rien, tout va bien.
- Quand une fille dit que tout va bien, tout va mal, alors ne te moque pas de moi.
- Si, si, je te jure que ça va...maintenant.
- Qu’est-ce qui n’allait pas ?
- Est-ce que tu m’aimes ? »
Á ce moment, il devient pourpre et perd ses mots. Je rectifie :
« Est-ce que tu me considère comme ton amie ?
- Euh, ben ouais. On est potes, non ?
- Oui, pour moi. Mais je me disais que peut-être que tu ne m’appréciais pas vraiment.
- Pourquoi ?
- Parce que tu es Grégory, le beau mec intelligent et populaire, et que moi, je suis Laura, la fille réservée, intello, inutile et qui ne prend pas soin d’elle. Tout nous oppose, alors pourquoi moi ?
- Tu n’es pas superficielle, tu es sincère, tu sembles innocente, je t’aime bien.
- Merci. »
Je ne trouve rien à redire, il est trop gentil. Peut-être que lundi tout restera comme c’est en ce moment finalement. Ce serait si bien ! J’en rêve !
Je crois qu’en fait, je commence vraiment à aimer Grégory. Oui, c’est un gentil garçon, généreux, qui veut que les autres s’intègrent et trouvent leur place. Il est mignon en plus et puis il est intelligent et il aime le surf, LE mec parfait ! Je l’aime vraiment beaucoup...je crois que je suis à la frontière entre l’amitié et l’amour. Je risque vraiment de craquer bientôt.
Nous descendons du bus et parlons un peu sur le chemin.
« Toi, plus tard, que veux-tu faire comme métier, demandé-je.
- Prof d’anglais. Et toi ?
- Prof d’espagnol.
- Tu pourras aider Mike alors, il n’est plus aussi doué qu’avant.
- Ah bon ?
- Ouais, il m’a dit qu’un jour une fille avait tenté de l’aider en langue et qu’il avait tout donné pour l’impressionner. Mais quand elle l’a laissé, il a été complètement dégouté.
- Tu sais qui elle était ?
- Non, je sais juste qu’elle était sympa, belle et qu’il l’aimait beaucoup.
- Ok...
- Pourquoi ?
- Non, juste comme ça. Et tu comptes avoir des enfants toi ?
- J’espère, après tout, on rêve tous d’une belle famille et d’une belle maison avec un beau jardin, non ?
- Ouais. »
Je souris, je suis heureuse d’être avec lui. On rigole vraiment beaucoup et il me donne un coup d’épaule amical. Je lui en donne un à mon tour, il m’attrape par le cou avec son coude et me plaque contre lui. Je ne vois pas son visage : je suis de dos, mais je le sens contre moi et...c’est juste trop super ! Je suis si bien avec lui ! Je ne cherche pas à me défaire de son étreinte, je suis si heureuse de sentir son corps contre le mien. Je n’avais pas ressentis cette chaleur depuis près d’un an et demi. Comment ai-je pu me séparer de cette sensation si douce. Je sens la chaleur de sa respiration sur mon cou. Ce moment, j’ai l’impression qu’il va durer toute l’éternité...
Chapitre 28 :
Il me chuchote à l’oreille :
« Tu préfères réfléchir avant d’agir ou le contraire ?
- Dans ces moments là, je serais tentée de dire que je préfère réfléchir après.
- J’aime bien ta façon de penser. »
Je tourne un peu la tête, posant ma joue contre la sienne. Je suis toujours retenue par son étreinte. Il passe son autre bras sur mon ventre, je pose mes mains sur celui qui est contre mon cou. Je commence à me demander si je ne suis pas allé trop loin. Après tout, on ne se connait pas beaucoup. Je commence à ressentir un peu de honte face à ce qui vient d’arriver.
Il se sépare de moi une ou deux minutes plus tard.
« Désolé, je sais que tu ne ressens pas ce genre de chose pour moi. »
Que dois-je répondre ?!
« T’inquiète, je...ce n’est rien. Oublions cela.
- D’acc. On reste potes ?
- Bien sûr que croyais-tu ? »
Deux secondes...pourquoi je ne lui ai pas dit la vérité ? Pourquoi ai-je menti ? Je suis c*nne ou quoi ? J’avoue être un peu triste, mais je suis sûre que ça vaut mieux pour nous deux. Tant pis, de toute façon, je ne suis pas encore sûre de mes sentiments car ils viennent à peine de faire leur apparition. Je ne voudrais pas lui faire de mal, il ne le mériterait pas.
« Bon, on va au lycée, lancé-je interrogative.
- Ça marche. Mais ne parlons pas de...cet incident...aux autres.
- Comme tu voudras.
- Merci, je t’en suis reconnaissant. »
Je ne comprends pas très bien pourquoi, mais j’accepte de ne rien dire aux autres de notre petit moment de faiblesse. Et s’il ne voulait pas salir sa réputation à cause de moi ? Non, il ne ferait pas ça ! Ou, peut-être que si...
Nous arrivons au lycée peu avant que ça sonne. Nos amis sont déjà là et nous attendent, Pauline est encore de la partie, j’en suis toujours aussi heureuse...
En nous voyant arriver, ils cessent de discuter, nous regardent puis Nina demande l’air taquin :
« Pourquoi vous avez tardé ?
- Pour rien qui te concerne, lui répond Grégory.
- Dis quand même.
- Je viens de le dire. »
Nina me lance un regard interrogateur. Je lui réponds par un haussement d’épaule l’air de dire « Et ouais, parfois il y a des choses que l’on ne doit pas savoir, rends-toi à l’évidence. ». Elle ne pose pas plus de questions. Pauline par contre a l’air de rager, je crois qu’elle aime vraiment Grégory mais je ne préfère pas m’avancer.
En récréation, deux heures après, Grégory et Pauline vont parler un peu ensemble, à l’écart. Je me demande ce qu’ils se disent, mais cela ne m’importe pas vraiment pour tout dire.
Le midi, je sors mon sandwich. J’ai décidé de rester avec mes amis ce midi, comme ça on aura une bonne heure pour discuter un peu. Je suis sûre qu’on va beaucoup s’amuser !
Nous nous mettons sur un banc et sortons tous un pique-nique. J’ai de l’eau, un sandwich et une pomme pour le dessert.
Nous nous amusons à comparer ce que nous mangeons, les calories que nous allons prendre... Les garçons nous taquinent un peu sur notre poids avec des commentaires comme « les filles vous devriez faire plus de sport vu ce que vous mangez »... Super les potes. Au moins, ça nous fait rire (un peu).
Une nouvelle fois, Pauline demande à Grégory de le suivre. Ils vont discuter un peu plus loin mais je peux encore les voir. Je me retourne de temps en temps, comme si j’avais peur de ce qu’ils se disent. Cela, bien sûr, n’échappe pas à Nina, qui, étant juste en face de moi me voit parfaitement, et murmure :
« Tout va bien, t’inquiète. »
Cela me rassure et je continue de parler avec eux tous.
Mais quand je vois le visage de mon amie se décomposer, je me retourne et...non, ça recommence.
Chapitre 29 :
Mais quand je vois le visage de mon amie se décomposer, je me retourne et voir Pauline et Grégory s’embrasser langoureusement. Ils se tiennent et semblent si heureux. Mon sourire se volatilise, je me lève, sans les lâcher des yeux.
« Que fais-tu, demande Melvin.
- Je, répondis-je un peu perturbée, euh...je...je dois y aller. »
Je détourne mon regard de cet affreux spectacle et fuis cette dure réalité en courant. J’aurais dû me rendre compte qu’il l’aimait, quelle idiote je fais ! Moi, il ne m’aime pas, je ne suis rien, je ne vaux rien. Pauline est une jolie fille qui ferait baver n’importe quel garçon. Je suis si bête ! Bête ! Bête ! J’aurais dû m’en rendre compte quand il l’a embrassé à Paris ! Une erreur, une erreur, mon œil oui ! Il voulait l’embrasser depuis le début, pourquoi lorsque j’aime quelqu’un je deviens si aveugle ?! Je ne voulais plus jamais retomber amoureuse et maintenant, je me souviens pourquoi ! J’ai l’impression de me revoir quand j’ai vu Mike et Courtney s’embrasser pour la première fois : c’est exactement la même réaction que j’ai eue.
J’arrive dans un recoin de la cour très éloigné du bâtiment principal du lycée. Très peu d’élèves trainent par ici en temps normal. Je ne veux pas que l’on me voit. Je ne veux pas que les lycéens me voient verser des larmes qui rendent mes yeux rouges et mon visage laid. Je m’assois dans l’herbe, contre le muret de l’enceinte de l’établissement. J’enlace mes jambes avec mes bras, me recroquevillant sur moi-même. Je pose ma tête entre mes genoux et je pleurs. Certes, moins de larmes que lorsque j’ai appris la trahison de mes amis, mais je ne peux pas me retenir.
J’entends des pas. Non, je ne veux voir personne, surtout pas Grégory.
« Laura, tout va bien ? »
Je reconnais la voix de Nina. Je me retourne. Pourquoi quand je pleurs personne ne me laisse jamais tranquille ?!
« Oui, ça va.
- Te moque pas de moi.
- D’accord, que veux-tu savoir ?
- Á quel point est-ce que tu tiens à Grégory ?
- Comme un ami, mais depuis hier, j’y réfléchis et maintenant, c’est sûr : je l’aime.
- Oh mince. Tu devrais aller discuter avec lui.
- Pourquoi ? Je suis nulle et inutile. Il ne m’aime pas et ne m’aimera jamais. C’est Pauline dont il est le plus proche et je refusais de me l’avouer, mais là, ça fait deux fois qu’il l’embrasse, je ne suis pas aveugle !
- Eh ! »
Elle crie. Je la fixe, droit dans les yeux.
« Tu n’es pas minable Laura et Grégory t’aime vraiment, sinon c’est que je suis aveugle. Je pense juste qu’il croit que tu ne l’aimes pas. Il va avec Pauline car elle ne le rejette pas, elle. Tu l’aimes, c’est évident, et c’est réciproque mais...bon sang, ait un peu confiance en toi !
- Je...je ne peux pas. Je le vois flirter avec Pauline et ça me tue, je ne suis pas capable de lui dire que je l’aime, de ne veux pas subir son regard braqué sur moi lorsqu’il entendra ces mots.
- N’ait pas peur, je doute qu’il te rejette et rit de toi.
- Je...je ne peux pas. Je vais juste essayer de l’oublier. Tout ira bien. »
Je lui lance un sourire triste pour lui montrer que ça va un peu mieux. Elle déclare :
« Si tu veux l’oublier, alors je serais à tes côtés durant cette épreuve.
- Merci beaucoup, tu es une vraie amie.
- De rien, ça me fait plais’ ! »
Nous retournons vers les autres, Grégory et Pauline sont toujours ensemble, à l’écart. Melvin et Louis ne sont pas dupes et ils savent tout maintenant. Ils me questionnent :
« Depuis combien de temps ?
- Hier, répondis-je l’air détaché.
- Et tu l’aimes vraiment ?
- Je crois que ça se voit.
- Tu savais qu’il a déjà embrassé Pauline ?
- Oui...
- Tu crois qu’il l’aime ?
- Oui, donc je ne veux pas que vous lui parliez de ça, d’accord ?
- Ok, m’assure Melvin.
- Promis, dit à son tour Louis.
- Merci les gars.
- C’est normal, répond Melvin, on t’a fait passé un vrai interrogatoire, on te devait bien ça.
- Ouais, je suis de son avis, reprend Louis.
- Merci encore. »
Nous reprenons une discussion plus joyeuse, les garçons nous racontent leur histoire d’amour ratée, les râteaux qu’ils se sont pris et les filles les plus moches avec lesquelles ils sont sortis. Melvin et Louis ont eu respectivement 5 et 8 copines. Je leur demande à tout hasard s’ils savent combien de petite-amie a eu Grégory.
« Je crois qu’il n’en a eu que trois...ouais, deux ou trois, répond Melvin, il n’est pas très filles habituellement, il préfère rester avec nous pour discuter. »
Je ne montre pas à mes amis à quel point je suis triste qu’il s’intéresse à Pauline alors qu’il ne s’est jamais vraiment intéressé à plus de trois filles.
D’ailleurs, voilà les amoureux qui reviennent vers nous.
Chapitre 30 :
Pauline me demande timidement (c’est très rare ça) de venir la voir cet après-midi, après les cours. Nous terminons à 16h30, et je compte bien l’attendre pour savoir ce qu’elle a à me dire.
Il nous reste une dizaine de minutes pendant lesquelles nous discutons tous ensemble. Grégory me demande de venir à l’écart. Je refuse. Je ne veux pas être seule à seule avec lui.
« Pourquoi, me demande-t-il.
- Euh...ben... Parce que.
- Ce n’est pas une réponse digne de toi. Jamais tu ne dirais « Parce que ». Tu sais parfaitement que ce n’est pas une phrase.
- Parce que je ne veux pas, j’ai la flemme de bouger, ça te va ?
- D’accord. On remet ça à plus tard, ok ?
- Ouais, ouais. On verra. »
Il semble étonné de ma réponse. Tu n’avais qu’à pas embrasser Pauline et dans ce cas, peut-être qu’on aurait pu discuter !
« Grégory, reprend Melvin pour détendre l’atmosphère, on parlait des filles avec qui on était sorti. Tu nous avais dit que tu avais eu combien de meufs déjà ?
- Deux, lui apprend Grégory.
- Seulement, mais tu es resté combien de temps avec elles ?
- La première, j’avais onze ans, donc on n’est pas resté longtemps ensemble : deux mois. La seconde, je l’ai rencontré en quatrième et nous sommes sortis ensemble en milieu d’année, pendant un an et un mois. Elle m’a largué en voyant que je n’étais plus populaire.
- Sans blague, s’exclame Nina choquée. Pendant un an vous avez été ensemble et elle était là juste pour être populaire ?!
- Ouais. C’est moche, hein ?
- En effet... »
Je suis assez étonnée de savoir ça. Alors en fait, quand ses parents son morts, Grégory a perdu tous ses proches et sa copine l’a largué car il n’était plus le plus populaire. C’est vraiment horrible ce qui lui est arrivé. Le pauvre...
L’après-midi, je ne fais pas trop attention à Grégory. Par politesse, lorsqu’il me regarde, je lui souris et lorsqu’il me parle, je l’écoute et lui réponds, mais je me concentre encore plus sur mes études qu’avant, ce qui est très fort, je précise car moi-même je ne savais pas que c’était possible.
Le soir, lorsque nous sortons de cours, le soleil baisse à l’horizon, le vent souffle et les arbres morts agitent leur branches dans un grincement inquiétant (après, ce n’est que mon opinion, mais les arbres en hiver me font un peu peur...). Je demande à Grégory de m’attendre :
« Gregory, je vais parler à Pauline, je te promets de ne pas être longue, je...je ne veux pas rentrer seule.
- Pas de problème. Je t’attends devant le lycée.
- Merci. »
...Quoi ?! Oui, je lui parle...bon j’avoue, je lui ai demandé de m’attendre parce que je l’aime mais c’est vrai que je suis mal à l’aise seule, je ne mens pas ! C’est bon, moquez-vous de moi, je vois vos petits sourires sur vos visages, vos sourires narquois.
Je rejoins Pauline. Elle m’attend un peu plus loin, à une vingtaine de mètres des grilles du lycée. Elle semble très sérieuse, je me demande vraiment ce qu’elle va me dire. Cette peste va sûrement me narguer encore une fois, rire à l’idée qu’elle l’a embrassé, et qu’il l’aime. Je la hais tellement cette fille ! Mais...mais j’aimerais tellement être à sa place parfois, juste pour ces moments qu’elle partage avec Grégory. Même s’il semble m’aimer, je crois que c’est Pauline sa « préférée », et ça m’attriste beaucoup, vraiment...
Elle commence à parler :
« Je dois discuter avec toi d’un sujet très important.
- Vraiment ? Je me demande bien lequel.
- C’est à propos de tes amis.
- Trop forte, comment j’avais deviné.
- Arrête de te moquer, je suis très sérieuse.
- D’accord, je t’écoute. »