Chapitre 31 :
L’air gêné, Pauline se lance dans un long discours.
« En fait, Grégory voulait que tu passes une semaine avec nous juste pour savoir à quoi ressemblait l’ex de son cousin, tu lui faisais penser à lui-même, il se retrouvait dans ta détresse et tes sentiments. Mais maintenant, reprend-t-elle avec un air méchant, il ne veut plus te voir, tu pourris sa réputation, il ne t’aime pas. Je l’ai même entendu dire à Melvin qu’il était heureux que tu n’aies pas accepté de rester un mois mais une semaine.
- Tu mens, j’en suis sûre !
- Alors pourquoi il m’a avoué que ça l’énervait que tu lui résistes ? Pourquoi m’aurait-il confié qu’il en avait marre d’essayer de t’intéresser sans y parvenir ? Il t’a aimé, mais maintenant, depuis deux jours, il t’a en horreur. J’ai entendu de sa propre bouche qu’il avait hâte de reprendre sa vie normale.
- S’il m’avait en horreur, pourquoi ces regards, pourquoi ces sourires, pourquoi ces paroles ?!
- Pour que tu ne sois pas trop triste lundi quand il t’avouera ce qu’il ressent. Tu ne vaux rien, tu n’es rien, personne ne t’aime à part cette pauvre Nina. Pourquoi un garçon populaire voudrait réduire à néant sa si bonne réputation avec la fille que personne n’aime ? Pourquoi Grégory, le beau mec sympa et intelligent s’intéresserait à toi ? Tu es laide et ridicule. Regarde les autres filles de la classe, elles sont belles, elles prennent soin d’elle. C’est tout à fait le genre de Grégory.
- Mais, son ex n’était avec lui que pour la popularité donc il ne voudra pas sortir avec une fille comme toi ou les autres qui...
- Son ex était une fille impopulaire et que personne n’aimait. Il en est tombé amoureux, il me l’a dit, et elle en a profité. C’était une fille intelligente et manipulatrice à qui tu lui fais beaucoup penser. Tu sembles l’aimer, mais tu le rejettes. Il a l’impression que tu ne l’as jamais aimé et que tu n’es avec lui que pour sa popularité.
- Non, c’est totalement faux !
- Et alors, il ne t’aime plus, c’est trop tard. Je l’aime, et il m’aime. Mais par respect pour toi, il ne voulait pas montrer que l’on sortait ensemble, mais lundi, nous ne nous cacherons pas. Je voulais te prévenir, pour que ce ne soit pas un choc pour toi. Tu pourrais me remercier, grâce à moi, tu vas pouvoir retrouver ta vie triste et habituelle. Après tout, dans cette ancienne vie, tu avais le contrôle des évènements : tu étais seule. Mais là, tout pouvait déraper à n’importe quel moment, comme maintenant. Oublie Grégory, oublie-nous tous. Laisse-nous vivre notre vie, vis la tienne.
- Mais...
- Aucun des garçons ne t’aime, Grégory voulait juste que tu te sentes accepter, donc il leur a demandé de jouer le jeu. Tu ne t’es pas demandé pourquoi tu étais tout de suite acceptée et moi rejetée ? Ben ce n’est pas dur, c’est juste parce que Grégory l’avait demandé. Toutefois, dès lundi, les choses vont redevenir normales. Grégory t’a aimé, mais tu as laissé ta chance s’envoler, c’est trop tard désormais. Tu peux lui demander si tu veux, il sera d’accord avec moi. Tu veux qu’on l’appelle ?
- Non, ça ira...
- Laisse-nous tranquille, va-t-en. »
Ils ont tous joué un jeu...plus j’y réfléchis...et plus ça me semble plausible. Je me suis intégré si rapidement que c’était trop beau pour être vrai. J’ai été trop naïve encore une fois. Quelle idiote. Et comment sait-elle tout ça sur Grégory et moi ? Il n’y a qu’une possibilité...
« Je te laisse, Pauline, je dois y aller.
- Á plus.
- Adieu. Et vis ta vie avec Grégory, soyez heureux...même si tu ne le mérite pas. »
Je la laisse ici, comme une idiote, et pars. Je ne pleurs pas, je n’en ai pas le courage, mais je sens ma gorge se nouer. Je passe devant lui sans le regarder. Je suis sûre que ce que m’a dit Pauline était vrai. Elle avait l’air si convaincant. Et Grégory ne m’aime pas, c’est sûr. Tant pis, ma vie d’avant me convient aussi, même si elle était un peu moins drôle, moins sympa, moins intéressante...moins tout en fait.
Grégory me rattrape bien vite, étonné que je l’ignore, mais je n’ai pas le courage de lui demander si oui ou non Pauline a menti...je ne suis pas prête à entendre la vérité. Pourquoi ai-je eu la faiblesse d’accepter d’avoir de nouveau des amis... ?
Chapitre 32 :
Il pose sa main sur son épaule, je fais volte-face.
« Quoi ?!
- Pourquoi tu m’as ignoré ?
- Je viens de me rappeler que j’ai un truc urgent à faire en ville. Désolée, je dois y aller avant que ça ne ferme. »
Je m’éloigne et pars dans la direction opposée à celle que j’empreinte habituellement. Je sens que si je prononce encore ne serait-ce qu’un mot, je vais pleurer.
Il est sans voix. J’aurais dû lui demander confirmation, mais comme je l’ai dis, je n’avais pas le courage d’entendre sa réponse.
Ce week-end, j’ignore les messages de mes amis. En fait, je n’allume même pas mon portable. Je ne veux pas les entendre, je ne veux pas me souvenir d’eux. Cette idiote de Pauline a tout fichu en l’air, je suis sûre qu’elle a raison, sinon comment aurait-elle su tout ce qu’elle m’a dit ? Ses paroles m’ont blessé, en plus elle était agressive.
J’ai voulu avoir des amis et à nouveau tout a été gâché. Je ne suis pas faite pour me lier aux autres, je ne suis pas faite pour être heureuse...
Le week-end passe, dimanche après-midi, on toque à la porte. J’entends ma mère ouvrir puis discuter avec quelqu’un. C’est une voix féminine, je suis certaine qu’il s’agit de Nina, d’ailleurs, j’entends déjà ses pas dans l’escalier. La porte de ma chambre s’ouvre. Je suis à mon bureau, faisant semblant d’être concentrée sur ma leçon, mais elle n’est pas dupe et soupire :
« Je sais que tu fais genre, alors arrête. »
Á mon tour, je soupire et lève les yeux vers elle.
« Quoi ?
- Grégory m’a dit que tu l’avais complètement ignoré à la sortie du lycée.
- Et alors ?
- Je croyais que tu l’aimais !
- Tu as raison, je l’aimais.
- Que c’est-il passé ?
- Je te le dirais demain soir, après la sonnerie, ok ?
- D’accord. Tu es sûre que ça va aller ?
- Oui, merci beaucoup.
- Je suis heureuse d’être ton amie, tu sais, dit Nina doucement.
- Et moi je suis heureuse de t’avoir rencontré.
- Merci.
- Tu veux rester un peu, j’ai envie de jouer à la bonne paye, pas toi ?
- Ok, j’adorerais ! »
Je sors le plateau de jeu et nous prenons nos pions... Bref, on joue à la bonne paye. Je gagne ! Youpi !
Nous rangeons le plateau, puis Nina me lance un défi :
« Cap de faire un six d’un coup ?
- On va voir ça tout de suite. »
Nous prenons chacune un dé et le lançons. Je fais un quatre, et celui de Nina va sous mon bureau. Elle se lève :
« Je vais le chercher.
- Tant que tu y es, j’ai fais tomber un crayon sous mon bureau, tu ne voudrais pas voir si tu peux l’attraper ?
- Tu me prends pour ta boniche ou quoi ?
- Ouais, dis-je en lui tirant un grand sourire.
- C’est bien parce que c’est toi. »
Elle se penche sous le meuble et je lui lance :
« Si ça avait été Louis, tu aurais accepté aussi, non ? »
Elle se crispe et ne répond pas. Nina se retourne et me lance un regard interrogateur en rougissant :
« De quoi est-ce que tu parles ?
- Tu es rouge, patate.
- Vraiment ? Je...je veux dire...euh...non, ce n’est pas vrai.
- Promis, je ne dis rien.
- Promis ?
- Juré.
- Merci. »
J’en étais sûre. Même un aveugle aurait vu leurs regards en coin.
« Tiens, ça y est, dit-elle après s’être remis à chercher, j’ai le dé ! »
Elle me lance le dé qui tombe sur le six.
« Alors, me demande-t-elle, c’est qui la meilleure maintenant ?
- Ok, je m’avoue vaincue.
- Cool ! »
Nous rions et elle part à la recherche de mon crayon.
« Je tiens quelque chose ! »
Elle sort un truc carré puis l’examine.
« Eh, mais c’est toi sur cette photo, non ? »
Je la rejoins précipitamment et lui arrache le cadre des mains :
« N’y touche pas !
- Tu y tiens ?
- Au contraire. Je vais la mettre dans le grenier.
- Non ! »
Elle reprend la photo.
« Tu es trop belle ! »
Oui, cette photo a été prise par Hugo qui me l’avait envoyé, je ne l’avais pas mentionné dans cette histoire, c’est pour ça que ça ne vous dit rien. Je l’avais mise sur mon bureau, elle a dû tomber dessous à cause de l’espace entre mon bureau et le mur, et je l’y aurais oublié... En fait, sur l’image, il y a tous mes amis (Mike, Pierre, Courtney, Joan, Charles, Tom, Nathan et Jérémy) autour de moi. Nous sommes assis dans l’herbe et comme je sortais avec Hugo à ce moment, nous sommes en train de nous embrasser. Je m’étais fait belle pour l’occasion, c’était un week-end peu après le bal de fin d’année. Je m’en rappelle encore...
Chapitre 33 :
Cette photo...je me souviens de tout...absolument tout : du plus joyeux au plus triste.
« C’était avant que tu ne deviennes insociable, me questionne Nina, n’est-ce pas ?
- Oui, c’est gentil de le souligner.
- Je ne veux pas sembler curieuse, mais qui était celui que tu embrassais ?
- Hugo, un mec que j’aimais vraiment.
- Et c’est lui qui t’a trompé ?
- Ouais, et avec ma meilleure amie, cette fille sur la photo (je mets mon doigt sur Courtney).
- Désolée.
- Les excuses, qu’elles viennent de toi ou d’eux, ne changeront pas le passé.
- Il était plutôt mignon ton mec.
- Ouais, j’avais des goûts de luxe. »
Nous rions un peu puis elle demande :
« Tu n’as jamais eu envie de lui pardonner ?
- Si, mais je n’en ai jamais eu le courage.
- J’aimerais te voir belle comme tu l’étais sur cette photo. Tu peux venir comme ça lundi ?
- Je vais me taper l’affiche, tu le sais bien.
- Si tu ne te fies qu’à l’avis des autres, tu n’iras jamais très loin...
- D’accord, je me fais belle lundi.
- Cool, j’ai hâte de te voir ainsi.
- Tu verras bien...
- Tu devrais pardonner à Hugo, sinon tu seras toujours bloquée, tu n’arriveras jamais vraiment à t’ouvrir.
- Tu crois ?
- Oui, j’en suis même sûre. Regarde, tu n’as pas voulu dire à Grégory ce que tu ressentais (elle insiste sur le –ais) pour lui. Pourquoi à ton avis ? Parce que tu avais peur que votre amitié se brise et que lui aussi te trahisse.
- Tu crois vraiment ?
- Je pense, oui. »
Je ne dis rien et prends la photo. Je me relève et monte au grenier. Nina me suit. Je pose le cadre dans le carton, avec mes autres souvenirs de mes amis. Mon amie regarde ce qui se trouve dans la boîte mais ne touche à rien.
Voilà, après ça, Nina est partie en me saluant une dernière fois. Quand ma mère me demande ce que j’ai fais, je lui raconte notre après-midi et lui parle de la photo. Elle m’écoute attentivement, mais ne me juge pas, et c’est pour ça que je l’adore ma mère.
Le soir, je me lave les cheveux pour le lendemain. Je ressors tout mon maquillage que j’avais furieusement balancé dans un sac de plastique que j’avais caché dans une de mes armoires.
Voilà, tout est prêt. Je demande à ma mère de me réveiller plus tôt que d’habitude pour demain, elle accepte car je lui ai dis que Nina voulait me voir toute belle, toute pimpante.
Le jour suivant donc, je me lève plus tôt et déjeune (oui, je sais, vous ne vous y attendiez pas), après quoi je m’habille tout bien, comme je le faisais avant : nous sommes en janvier mais Nina a bien choisi son jour : il fait dix degrés aujourd’hui.
Donc je mets un débardeur blanc avec un tout petit nœud très discret, avec par-dessus un gilet noir assez chaud. Je mets aussi un slim que j’aime bien et me penche à la fenêtre : cool, cette nuit il n’a pas neigé et ce qu’il restait de poudreuse est partie à cause des saleuses. Je mets donc des talons (je ne suis pas frileuse des pieds). Je me maquille puis me coiffe. Je lâche mes cheveux, même si je n’aime pas ça. En fait, hier soir, je me suis fais une natte et donc aujourd’hui, ils font de jolies boucles. Après tout ça, je fais mon sac et sors dehors. Ouais, il fait bon, c’est nickel !
Dans le bus, lorsque je monte, je vois Grégory poser sur moi son regard. Il semble assez étonné. C’est fou comme il me fait penser à son cousin...
Nous descendons et il vient me parler :
« Pourquoi tu es...
- Comme ça, complété-je interrogative.
- Oui.
- C’est Nina, elle voulait me voir bien préparée. Au revoir. »
Je m’éloigne mais il me rattrape.
« Attends, qu’est-ce que tu as depuis vendredi ?
- Ta copine m’a tout avoué, je sais tout, alors laisse-moi.
- Tu...tu sais vraiment tout ?
- Oui.
- Je suis désolé, on voulait te le dire, mais...
- Tu ne vaux pas mieux qu’elle.
- Laisse-moi t’expliquer, s’il te plait.
- Ok, j’écoute.
- D’accord, alors voilà...
Chapitre 34 :
- D’accord, alors voilà, tu avais l’air un peu triste dans ton coin mais personne ne pouvait t’approcher. J’ai voulu te connaitre un peu mieux car j’étais dans la même situation que toi. Lorsque je t’ai découverte, j’ai réalisé à quel point moi-même j’étais renfermé. Je me suis fait des amis et tout allait mieux après. Mais toi, tu étais toujours seule... J’ai voulu te faire redécouvrir l’amitié, la vraie, comme je la connais désormais. Je t’ai donc proposé un mois avec nous. J’ai demandé à mes amis d’être sympa avec toi, mais Pauline menaçait de tout dire si jamais on le faisait réellement, alors quand elle t’a bousculé, le premier jour après les vacances, on a compris pourquoi et on lui a demandé de partir, comme tu l’as vu. Mais c’est vrai qu’à la base, mes amis étaient sceptiques, néanmoins, après un jour, ils m’ont dit qu’ils te trouvaient sympa toi et Nina. Nous avons donc décidé de vous dire la vérité à vous deux, en plus, Nina, nous n’étions pas très heureux quand tu l’as ramené... Bref, nous voulions vous dire ce matin tout ça, mais aussi que nous voulions prolonger cette semaine, que nous nous étions beaucoup amusés avec vous deux. Mais Pauline...cette salope voulait tout vous dire, avec ses mots. On savait que ce serait forcément méchant et nous avons refusé. Elle m’a trainé à l’écart vendredi et m’a proposé de ne rien dire en échange d’une chose...
- Un baiser, complété-je outrée.
- Oui, et comme je savais que si je refusais, elle le dirait non pas là mais devant toute la classe pour vous faire honte, j’ai accepté. Á ce que tu viens de me dire, je comprends qu’elle n’a pas tenu sa promesse et ça me dégoûte d’avoir accepté. Crois-moi, je t’en prie. Elle m’avait menacé de tout dire devant tout le monde, et je devais faire semblant de l’aimer. Je ne voulais pas que tu te renfermes encore plus, et Nina, comme toi d’ailleurs, ne méritais pas que Pauline vous mette la honte en cours.
- Alors, dis-je après une hésitation, tu ne me hais pas ?
- Non, ça, c’est elle qui l’a inventé.
- Je te crois. Je suis si heureuse que vous ne me haïssiez pas ! »
Je lui saute dans les bras, ses amis n’étaient peut-être pas enthousiaste de me connaître, mais ce qui compte, c’est le présent, et en ce moment, je déborde de joie et de bonne humeur.
Nous arrivons au lycée ensemble, en chemin, nous nous excusons mutuellement : lui pour m’avoir menti et avoir demandé à ses amis de faire semblant de m’apprécier, et moi car j’ai préféré croire Pauline plutôt que lui.
Lorsque nous entrons dans la cour, je retrouve Nina qui s’est faite toute belle aussi. Elle a les cheveux détachés, est habillé très soigneusement et est maquillée. Quelle élégance ! Elle parle avec Louis, Melvin n’est pas encore arrivé. Les deux amis doivent se demander où nous sommes : d’habitude, ce sont Grégory et moi les premiers arrivés.
Quand Nina et Louis me voient, ils en restent bouche-bée, et quand Grégory voit Nina, il a la même réaction.
« Eh bien les filles, demande Louis, c’est la journée de la beauté ?
- Oui, répondis-je, alors, qu’est-ce que tu en penses ?
- Vous êtes toutes les deux trop belles ! Ce n’est pas que vous êtes laides habituellement mais...ouah !
- Laura ! »
Nina se jette sur moi et me fait un gros câlin.
« Tu es trop belle, je savais que tu accepterais !
- Et tu as fais un effort aussi à ce que je vois.
- T’es perspicace toi ! »
Je la serre dans mes bras. Le reste est un peu long, donc pour faire bref :
_ Melvin arrive et reste sans voix devant Nina et moi (je me devais de l’écrire).
_ Grégory dit à Melvin et Louis que Pauline m’a tout dit mais « avec ses mots ».
_ Louis pète un câble.
_ Melvin, Grégory et lui insultent leur ancienne amie de tous les noms.
_ Nina et moi devons les calmer.
_ Ils racontent tous les trois la vérité à Nina qui ne comprenait rien.
_ Nina pète un câble.
_ Tout le monde re pète un câble.
_ Ils insultent Pauline de tous les noms.
_ Je dois les calmer.
_ Tous se calment enfin.
Après tout ça (c’était assez drôle d’ailleurs), nous voyons Pauline s’approcher de nous. Nous l’attendons de pied ferme cette garce.
Chapitre 35 :
Lorsqu’elle arrive, elle voit les regards sévères de ses amis. Elle leur demande ce qui ne va pas. Grégory réplique :
« Alors comme ça nous haïssons Laura et Nina ? Nous voulons qu’elles nous laissent tranquille et s’en aillent ?
- Quoi, ce n’est pas ce que tu m’as dit, lui demande-t-elle l’air innocent.
- C’était tout le contraire !
- Oups, je ne savais pas. »
Grégory surprend son sourire qui semble crier « espèce de crétin, je t’ai eu toi et tes amis ! ». Á ce moment, il la gifle. Le bruit fait se retourner tout le monde, et tous sourient en voyant ça, ils sont amusés car Pauline a la marque de main de Grégory sur la joue, elle est toute rouge. L’adolescente le regarde, ébahie. J’avoue qu’il y est peut-être allé un peu fort... Mais c’est si drôle ! Je suis si heureuse que nos amis nous défendent face à elle qui est pourtant largement plus populaire.
Pauline s’éloigne, sous les yeux de nos camarades de classe qui ont suivit toute la scène.
En cours, le prof reproche à Pauline de parler (c’est nouveau ça). Et là, l’un des mecs de la classe s’exclame :
« Vous devriez demander à Grégory de la calmer, il y arrive très bien. »
Á ces mots, tous rient, sauf Pauline qui rage plus qu’autre chose. Au moins, elle hait Grégory une bonne fois pour toute. Peut-être va-t-il finir par s’intéresser à moi dans ce cas... Et encore, je ne suis pas sûre de le vouloir vraiment, après tout, je ne veux pas gâcher mon amitié avec lui à cause d’une histoire d’amour éphémère...
Nous nous retrouvons en récréation et discutons un peu de la classe, mais très vite, c’est de Pauline dont on parle. Nous nous demandons ce qu’elle a pu ressentir lorsqu’elle s’est pris la baffe.
Jusqu’au soir, nous ne faisons rien d’intéressant.
Á la fin des cours, je sors avec Grégory et nous allons à l’arrêt de bus. Maintenant que Nina est au courant de ce qu’à dit Pauline, il est inutile qu’elle m’attende ici. Donc nous nous sommes souhaité une bonne soirée avant de nous quitter. Sur le chemin, Grégory et moi parlons un peu, comme toujours d’ailleurs...
« Tu veux faire quoi après avoir passé ton bac, lui demandé-je.
- Je vais aller en fac de lettres modernes, et toi ?
- Pareil, en fac, mais en langues étrangères appliquées.
- Donc il faudra se dire au revoir à la fin de l’année.
- Ouais, c’est toujours difficile, hein ?
- Même si les deux bâtiments sont côte à côte, je doute que nos horaires correspondent. Et même si c’était le cas, c’est ma tante qui m’amènera comme c’est sur le chemin de son travail.
- Et Mike, que fait-il après le bac ?
- Il va en fac de sciences.
- Vraiment ?
- Oui, il a montré un intérêt particulier aux maths et à la biologie.
- Tant mieux.
- Ouais. »
Enfin bref, en gros, on parle de notre avenir, encore une fois quand on y pense. On parle de la maison de nos rêves, alors là, ça va très loin : terrains de sports nombreux, parc aquatique, voitures plus classes les unes que les autres...on rêve, on s’imagine un avenir trop top ! Je suis un peu triste de savoir qu’après le bac, nous ne nous verrons plus. Mais bon, tant pis, et puis on pourra toujours se donner rendez-vous avec d’autres amis. Cela sera sympa.
Après le trajet de bus, je rentre chez moi. Ma mère m’accueille avec un grand sourire. Je me demande ce qu’elle a, mais elle semble ravie.
Je vais dans la cuisine me servir un verre d’eau, puis je vais dans la salle à manger. Il y a trois personnes que ma mère vient de rejoindre. Je ne savais pas que nous avions des invités.
Les trois se retournent pour me saluer. Je me crispe et lâche mon verre d’eau qui s’écrase au sol dans un bruit strident de verre qui se brise. Oh non...Hugo !
Chapitre 36 :
Je fais un pas en arrière.
« Laura, fais attention, me reproche ma mère, tu as cassé un verre. »
Non, sans dec, je n’avais pas remarqué...
« D...désolée maman.
- Coucou Laura, me salue la mère de Hugo avec un grand sourire, ça faisait longtemps, hein ?
- Oui, bonjour.
- Comment ça va le lycée, me demande son père.
- Très bien.
- Super. Continue de bien bosser.
- O...oui.
- J’ai eu l’idée de les inviter quand tu m’as parlé de la photo où toi et tes amis posiez (super, j’ai bien fait de lui parler de ça, tiens...). Tu sais, dit ma mère en revenant avec un balai, Hugo est passé en fac de sciences, et il est dans les premiers de sa classe.
- Cool. Tant mieux pour lui. »
P*tain, Hugo est encore plus beau qu’avant ! C’est un truc de fou ! Ses muscles sont vachement plus saillants que lorsque je l’ai connu !
« Je peux vous fausser compagnie, demande-t-il, j’aimerais parler à Laura.
- D’accord, répond ma mère qui lave le sol. Allez dans la chambre de Laura, il fait un peu froid dehors et je ne veux pas que vous attrapiez un rhume.
- On n’est plus des gosses maman, soupiré-je.
- M’en fiche. »
Elle me fait rire ma mère quand même. Je monte dans ma chambre suivie de Hugo qui ne dit rien. Nous n’avons parlé de la trahison à personne, pas même à nos parents qui croient que nous préférions rester amis. S’ils savaient à quel point ils se trompaient. Ma mère pense que c’est cette rupture qui m’a attristé. Elle n’a pas tord dans un sens...
Une fois dans ma chambre, Hugo s’assois sur ma chaise de bureau, je prends place sur mon lit.
« Alors, que voulais-tu me dire, lui demandé-je froidement.
- Je voulais te demander de tourner la page, tu te souviens que nous nous étions promis de rester amis même si l’on se séparait.
- Désolée, mais ça, c’était trop douloureux pour que je te le pardonne tout de suite.
- Quand te décideras-tu à me pardonner ?
- Tu es vraiment désolé ?
- Oui, je veux que nous soyons amis à nouveau, comme avant, comme un frère et une sœur, c’était trop bien, non ?
- Oui, j’avoue que c’était chouette.
- Alors ?
- J’ai une amie à qui j’ai raconté mon histoire, et elle m’a dit que je devrais te pardonner, car on a tous droit à une seconde chance après tout, non ?
- Oui, je suis d’accord.
- Je ne te pardonne pas.
- Quoi ?! Pourquoi ? Je t’en prie, je n’ai jamais voulu ça, c’est Courtney, je...je ne sais pas ce qu’il m’a pris, mais je t’en prie, pardonne-moi, je pense à toi tous les jours, à notre amitié que j’ai brisé bêtement et pour une histoire de deux jours. Je veux redevenir ton confident, pas ton copain, juste ton ami. Je ne voulais pas te blesser à ce point, et je sais ce que tu as traversé à cause de moi. Je comprends que tu ne veuilles pas me pardonner, mais souviens-toi des bons moments que l’on a passé.
- Je ne te pardonnerais jamais. Tu m’as trop fait souffrir, tu sais que j’ai perdu tous mes amis ? Tu m’as détruit, j’étais anéantie. Par ta faute, je ne serai plus jamais la même, j’ai beaucoup de mal à faire confiance aux gens maintenant. Je ne peux pas te le pardonner, désolée. »
Chapitre 37 :
Il semble complètement sous le choc. Je me lève et m’assois sur ses genoux en l’enlaçant et murmure :
« Je plaisante, je voulais juste voir si tu t’en fichais ou pas que je te pardonne.
- Quoi ?
- Si tu m’avais dit que ce n’était pas grave, ça voulait dire que tu n’en avais rien à faire de notre amitié, mais là, je me rends compte que tu y tiens vraiment, alors je te pardonne.
- Vraiment ?
- Ben oui.
- Tu es trop géniale, je t’adore !
- Moi aussi je m’adore.
- Pff. »
Il rigole et m’ébouriffe les cheveux. Je n’aime pas quand il fait ça, mais tant pis, là, je suis heureuse, et rien ne pourra venir gâcher cette joie immense. J’ai l’impression que ce pardon que j’ai accordé à mon ami m’a libéré d’un poids immense.
Je me relève et demande :
« Alors, on fait quoi ?
- Je ne sais pas. On retourne vers les adultes ?
- Pas envie.
- Ok. Tu as un petit ami ?
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Je ne sais pas, je veux juste savoir.
- Euh, non, tu as été mon dernier mec.
- Ah, ok.
- Et toi ?
- Non, je n’ai jamais eu de mec.
- T’es con ! »
Je lui donne une petite tape sur la tête (s’il avait été debout, ça n’aurait pas été si simple...) et ris.
« Sans rire, tu es ressorti avec une fille ?
- Oui, puis une autre, et un troisième.
- Je vois que je comptais beaucoup pour toi...
- Oui, et c’est pour ça que je te demande pardon. Les autres, je les ai quitté et elles ne me parlent plus, je m’en fiche. Mais toi, ça m’attristais qu’on ne se parle plus.
- Ah, je vois.
- Allez, que veux-tu faire ?
- Je ne sais pas trop...
- Qu’est-ce que c’est ?
- Touche pas ! »
Je lui arrache des mains la feuille qu’il tenait. J’avais oublié de cacher mon poème et je l’ai laissé bien en vue sur mon bureau, quelle idiote !
« Attends, je veux le lire.
- Non, c’est hors de question !
- Pourquoi ?
- Personne n’a le droit de lire mes poè...mes écrits.
- Tu écris des poèmes ?
- Ouais, et alors ?
- Montre, s’t’plait.
- Non.
- Allez.
- Non.
- Pitié.
- Non.
- Regarde ! »
Je me tourne et m’exclame :
« Quoi ?!
- Tu as vu ?!
- Non, quoi ?
- Je t’ai piqué ta feuille (il me tire un large sourire en plus).
- Rends-la moi, ce n’est pas cool, je ne veux pas que tu lises ça.
- Mais si, mais si, dans ton inconscient, tu veux que je le lise.
- Négatif.
- Si, si, je te jure. »
Il commence à lire à voix haute :
« Peu à peu, la tristesse m’envahie
Tandis que passe lentement la nuit.
Je reste assise sans un mot dans le noir
Alors que s’immisce en moi le désespoir
Ici-bas, personne n’aime vraiment
Il s’agit toujours d’argent
Nos sentiments se monnaient
Mais personne n’en est inquiet
Une larme cristalline perle sur ma joue.
Je rêve tristement de ton visage si doux,
Seule dans cette pièce sombre, je pense
Á toi, et je pleurs en silence. »
Je ne dis rien, lui non plus. Hugo murmure finalement :
« C’est vraiment bien.
- Tu trouves ? Moi je pense plutôt qu’il y a encore de nombreux point à améliorer. Les vers n’ont pas le même nombre de syllabe, je trouve aussi que...
- Non, je crois que tu as mis tout ton cœur dans ce poème, il est beau et c’est tout ce qui compte. D’accord, ce n’est pas parfait et dieu sait que je ne m’y connais pas vraiment en poésie, mais moi je l’aime beaucoup.
- Tant mieux. Je suis contente que ça te plaise.
- Comment l’as-tu appelé ?
- Il n’a pas de nom. C’est toujours dur de trouver un titre.
- D’accord.
- Tu viens, on redescend ?
- D’acc. »
Nous rejoignons les adultes et discutons en mangeant des gâteaux. Tout compte fait, je ne regrette pas d’avoir parlé à ma mère de cette photo. Je devrais lui envoyer plus souvent de tels messages subliminaux...
Quand Hugo repart, j’appelle Nina pour lui annoncer que j’ai pardonné à mon ex.
Chapitre 38 :
J’allume mon téléphone et compose le numéro de Nina. Son téléphone sonne et je l’entends répondre :
« Oui ? Laura ? C’est toi ?
- Oui, je voulais juste te dire que ma mère a eu la bonne idée d’inviter mon ex et sa famille boire un coup.
- Ouille, c’est moche ça. Et alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Je lui ai pardonné.
- Non, sans blagues ?!
- Promis, bon, j’avoue qu’au début, j’ai fait genre que je ne voulais pas, mais c’était juste pour voir si ma réponse l’attristait ou le laissait indifférent.
- Quel test...et alors ?
- J’ai bien cru qu’il allait pleurer. J’ai craqué, ça m’a trop touché.
- Oh, j’adore, c’est trop mignon !
- Oui, je trouve aussi. Je vais lui demander si on peut se voir le week-end prochain.
- Bonne idée, j’espère qu’il dira oui.
- Moi aussi. Je lui téléphone tout de suite.
- Ok, alors j’y vais, je vous laisse discuter. Bye.
- Á plus. »
J’attends qu’elle raccroche, puis appelle Hugo.
« Allô ?
- Oui, Hugo ? C’est Laura.
- Eh, petit sœur, comment ça va depuis ce temps ?
- Euh...comme il y a dix minutes.
- Ah...ok. Pourquoi tu m’appelles ? Sans vouloir te vexer...
- Je voulais te demander si tu voulais que l’on se voie le week-end prochain.
- Et pourquoi pas demain, tu sais, le mardi je finis tôt.
- Ben, demain je finis à dix-huit heures, donc ça risque d’être compliqué...
- Je t’attendrai.
- Tu finis à quelle heure ?
- Á trois heures et demie, mais je dois aller en ville faire quelques courses, donc on se retrouve devant le lycée à six heures.
- Tu vas attendre longtemps...
- Ça ne me dérange pas.
- Comme tu veux. Alors à demain.
- Salut. »
Je raccroche la première, le cœur battant. J’ai peur, je suis stressée à l’idée de le revoir et surtout à l’idée que mes affreux souvenirs ne me reviennent. Pendant un an et demi, j’étais convaincue que l’amitié, c’était comme un mouchoir : on l’utilise et lorsqu’on en n’a plus besoin, on le jette. J’avais le sentiment que j’étais abandonnée quand ils n’étaient pas là, et comme le dit le proverbe : « loin des yeux, loin du cœur », je me trompais, visiblement. Hugo ne m’a jamais oublié.
Le lendemain, je suis plongée dans mes pensées, et en montant dans le bus, je ne remarque même pas Grégory. Il me rejoint et me demande :
« Pourquoi tu n’es pas venue vers moi ?
- Grégory ? Tu étais là ? Je ne t’avais as vu. Désolée.
- Ah...tu es pensive ? Qu’est-ce qui te tracasse ?
- Je vais voir Hugo ce soir et je stresse un peu.
- Qui est-ce ?
- Tu ne te souviens pas de lui ? C’est mon ex, le mec avec qui j’étais à la piscine quand il y avait Mike et toi.
- Tu veux sortir avec ton ex ?
- Non, dis-je l’air indigné, il a toujours été comme mon frère et je ne supportais plus de lui faire la tête.
- Mais c’est ce c*n qui t’a fait tant de peine ! Tu ne vas pas le pardonner si facilement !
- Je fais comme je veux, dis-je gentiment.
- Il va encore te faire du mal.
- Non...
- Si, me coupe-t-il, je te croyais un peu plus intelligente.
- Tu ne le connais pas, déclaré-je un peu énervée.
- Non, je ne le connais pas aussi bien que toi, mais vu ce que tu m’as raconté, il se la coulait douce pendant que toi tu vivais seule et dans ton coin, je ne veux pas que tu redeviennes comme tu étais avant alors que tu sembles plus épanouit maintenant. »
Nous descendons du bus, Grégory continue de vouloir me prouver que Hugo n’est pas digne de confiance.
« Tu n’es pas ma mère, m’emporté-je, je peux gérer ma vie seule, je ne suis plus une gamine, et avant d’entrer en terminale, j’étais heureuse comme j’étais, seule et heureuse de l’être. Je suis contente de vous avoir à mes côtés, mais Hugo, c’est juste mon ami, et avec toi et les autres près de moi, je ne redeviendrai jamais comme avant. D’ailleurs, j’ai eu l’impression, en t’entendant parler, que tu me trouvais minable avant que je ne m’ouvre à toi.
- Mais non, tu ne comprends rien.
- Alors c’est moi qui ne comprends rien maintenant. Laisse-moi. Je fais comme je veux. Lui, je le connais depuis toujours. Je sais tout de lui. Comparé à Hugo, tu n’es qu’un parfait inconnu à mes yeux.
- Alors évite-moi. Après tout, je ne suis qu’un inconnu.
- Non, Grégory, ce...ce n’est pas ce que je voulais dire... »
Mais trop tard, il s’éloigne déjà.
Chapitre 39 :
Et voilà, maintenant, c’est moi la méchante, super... Je cours et le rattrape par le bras. Il ne se retourne même pas.
« Grégory...
- Laisse-moi. »
Il tire son bras et je le lâche. Je me poste devant lui et pose mes mains sur ses épaules :
« Écoute, j’ai beaucoup souffert à cause de lui, certes, mais après un an et demi, il serait peut-être temps de lui pardonner. Nous étions si proches étant petits et je ne peux plus vivre avec tant de haine et de rancune en moi. Je t’en prie, comprends-moi. Je ne veux pas te perdre toi aussi et vivre avec des regrets. Je ne veux plus souffrir. »
Il ne dit rien, je plonge mon regard dans le sien, contemplant ses beaux yeux bleus.
« Excuses acceptées, lâche-t-il enfin.
- Merci, je t’adore ! »
Je passe mes mains derrière sa nuque et lui fais un gros câlin. Je suis trop contente qu’il me pardonne ! Lui aussi s’excuse d’avoir été un peu trop protecteur, mais c’est oublié.
Je le lâche et nous allons au lycée. Nina, en me voyant arriver, me saute dans les bras et me félicite, elle est heureuse que j’ai eu le courage de lui pardonner et m’assure qu’elle savait que j’avais cette bonté en moi.
Lorsqu’ils apprennent la nouvelle, Louis et Melvin semblent un peu plus mitigés. Décidément, Nina est la seule fière que j’aie pu faire ce que je ne parvenais pas à accomplir depuis tant de temps. Au moins, il y a une personne qui me soutient.
En cours, je n’ai rien de très spécial à vous apprendre, si ce n’est que Grégory et moi faisons les idiots...ce qui me rappelle mes cours avec Pierre. Quels moments fantastiques !
D’ailleurs, Pauline ne réponds plus aux profs, et ne travaille plus non plus. Elle dort dans son coin à chaque court. Sans blague, ça fait du bien. Je ne supportais même plus le simple fait de la voir en fin d’année...
En récréation, nous nous réunissons et discutons tous ensemble de tout et de rien, mais surtout des cours. En me tournant, je vois Pauline, seule. Ses deux amies sont un peu plus loin à rire avec les garçons de la classe. Je ne veux pas paraitre méchante (même si je le suis), mais bien fait pour elle !
Le midi passe, puis l’après-midi arrive. Je déteste finir tard. En plus on a philo...top... En plus lors de cette séance, on parle de la xénophobie, en gros quelque chose qui n’a rien à voir avec ce que j’écris ici. Je ne sais même pas pourquoi j’ai évoqué le sujet...peut-être parce que Melvin nous a fait une belle blague bien pourrie à la fin de l’heure. Par contre, je ne m’en souviens plus, mais il y avait un français, un belge et je ne sais plus trop quoi...enfin, c’est une blague assez connue quoi.
Bref, passons, le soir, j’attends impatiemment que la sonnerie retentisse. Vite, allez ! Encore une petite minute...
Et voilà ! Youpi !
Je sors en vitesse après avoir rapidement salué mes amis et cours à travers la récréation. J’arrive aux grilles où je vois Hugo.
« Hugo ! »
Je lui fais un « coucou » de la main. Il me répond par un sourire. J’arrive à sa hauteur, essoufflée, principalement à cause du poids de mon sac.
« Eh bien ma Laura, tu as couru pour me rejoindre...je ne m’y attendais pas !
- Moi non plus, pour ne rien te cacher.
- Alors, que veux-tu faire ?
- Il ne fait pas très frais. On peut se balader un peu.
- Je marche ! »
Il sourit et nous nous mettons en marche. Nous discutons, et il m’apprend que pour lui, tout va super bien. Il a quelques camarades et est très doué en classe. Comme il n’a pas beaucoup de devoirs, il a le temps de faire un peu d’exercice chaque semaine (ça se voit, croyez-moi !) et ses parents sont très fiers.
« Et toi, me demande-t-il après ses explications, comment ça s’est passé pendant mon absence ?
- Je, balbutié-je avec une sorte de poids dans la gorge, je ne tiens pas à en parler.
- S’il te plait, raconte-moi.
- Après que j’ai appris ce coup dans le dos, je n’ai pas réussi à faire confiance aux autres. En première, vers le milieu de l’année, je me suis fais une amie, Pauline. Elle me comprenait et était vraiment sympa. Mais moins d’une semaine après qu’on soit devenues amies, elle est tombée amoureuse d’un mec « cool » et à tout fait pour l’impressionner, quitte à se moquer de moi pour être regardée et admirée. Son plan a fonctionné, et elle m’a laissé, abandonnée, j’étais vue comme la fille première de classe et inutile. J’ai même songé au suicide avant d’imaginer la réaction de mes parents. Je me suis rétractée à se moment. »
Une larme s’échappe sans que je ne me contrôle.
« J’avais le couteau dans la main, et une lettre d’adieu prête. Mais je ne voulais pas leur faire du mal, je ne voulais pas qu’ils croient être de mauvais parents. Je ne me suis plus laissé faire et à partir de ce moment, je n’étais plus simplement la fille effacée et intello, mais aussi celle qui répliquait avec violence et que personne ne devait approcher. J’ai même utilisé mes années de judo contre un des mecs de la classe qui voulait s’amuser à me taquiner. Après ce coup, tous m’ont laissé tranquille. J’étais insultée, mais dans le dos. Aucun n’étais plus assez brave pour venir me parler en face. C’était pathétique. »
Une seconde larme suit la première. Je ne prends pas la peine de l’essuyer et continue :
Chapitre 40 :
« En terminale, Pauline, le jour de la rentrée, a décidé de m’humilier un peu. J’ai voulu répliqué, mais c’est moi qui ai tout prit. J’ai rencontré Grégory, nous étions pareils, nous avions perdus confiance en l’être humain, et en l’amitié. Mais peu à peu, il s’est rapproché de Pauline et des mecs cools. J’avoue que ça m’a déçu et un peu attristé. Puis il m’a invité à rencontré pendant une semaine ses amis. C’était la semaine dernière. C’était sympa et depuis, j’ai l’impression d’avoir moi aussi, à nouveau, des amis sur qui je peux compter. »
Une troisième larme, de joie cette fois, roule sur la joue. Je lève la main pour l’essuyer, mais Hugo prend mon poignet de sa main, et de l’autre, il essuie ma joue.
« Tout ça, c’est à cause de moi, soupire-t-il, je suis désolée de t’avoir infligé tout ça. Tu as toujours été un peu fragile et je m’en veux de t’avoir fait traverser un tel calvaire.
- L’important, c’est le présent. Á quoi bon t’en vouloir toute ma vie ? Je la gâcherai si je le faisais.
- Tu as dû être très courageuse...
- Chut, ne dis plus rien. Regarde. »
Je lève la tête. Nous ne devons pas être très loin de chez moi car d’ici, je vois la petite montagne. Á l’horizon, on peut aussi voir le coucher de soleil. C’est vrai qu’il va bientôt faire nuit. Mais le ciel...il est coloré de ces si belles couleurs pastel que j’adore, c’est magnifique. En été, c’est encore mieux, car en plus de ce beau paysage, les arbres sont recouverts de feuilles et les oiseaux volent et chantent.
« Tu as toujours aimé les couchers de soleil, n’est-ce pas ?
- Oui, avoué-je, ceux qui n’en profitent pas et préfèrent rester sur leurs ordinateurs sont des idiots. Dès que j’en ai l’occasion, je regarde les couchers de soleil. J’adore les couleurs qu’il donne au ciel.
- Tu as sûrement du travail à faire, donc je ne vais pas m’éterniser En plus, il fera bientôt nuit. Je vais me dépêcher de rentrer.
- Ok. On se téléphone.
- Ça marche. Au revoir.
- Salut. »
Il s’en va, je le regarde partir, une pointe de tristesse dans le cœur. Je me revois encore en seconde et lui en première, comme si rien n’était arrivé entre temps, comme si j’avais oublié tout ce qui m’a transformé. J’en suis heureuse, j’ai oublié la solitude que j’ai ressenti tout ce temps, comme si elle n’avait jamais existé. J’ai l’impression d’être libérée d’un poids horrible.
Je rentre chez moi, il est environ six heures et demie. Le temps passe vite. Ma mère est à la cuisine, je la laisse et vais faire mes devoirs dans ma chambre. Je n’ai pas grand-chose, donc au final, j’ai le temps de m’occuper un peu. Je n’ai pas trop envie d’écrire, et range mes affaires. J’allume mon ordinateur, mais je n’ai pas envie de jouer ou d’écrire. Je l’éteins et soupire. Quelle est la chose que je désire faire le plus aujourd’hui (une chose possible bien sûr, sinon, je dirais sans hésiter « saut à l’élastique ! », ne me demandez pas pourquoi, j’aimerais essayer un jour, c’est tout). Je tourne en rond, dans ma chambre, je vais dans le jardin, mais le soleil est déjà couché, et il commence à faire sombre dehors, je ne vois déjà plus très distinctement la colline près de chez moi. Je rentre et retourne dans ma chambre.
Je m’allonge sur mon lit et pousse un long soupir. Qu’est-ce que je peux bien faire ?! Dehors il fait nuit et à l’intérieur, je ne veux rien faire. Je m’ennuie !
Je me tourne et vois mon bureau. Il est tout en bazar, donc pour m’occuper, je décide de le ranger (la pire des manières qui soit pour tuer le temps, c’est pour dire à quel point je suis désespérée). Allez hop, les cahiers, dans le sac, les manuels aussi, les stylos dans la trousse et... Je regarde la photo. J’étais pourtant sûre de l’avoir rangée au grenier avec le reste. Je la tourne. Il y a un petit papier que je lis :
N’oublie jamais ceux que tu as aimé ma chérie.
_ Maman
J’aurais dû m’en douter, il n’y a que ma mère pour me faire ça. Je prends la photo et la pose sur une de mes étagères. Là, je pourrai toujours la voir, même quand je serai dans mon lit.
Je monte au grenier et ramène dans ma chambre un énorme carton remplit d’objets en tout genre. Je l’ouvre et me replonge dans mes souvenirs.