Chapitre 41 :
Je sors un petit carnet. Ce carnet...il est si vieux qu’il me semble qu’il a toujours été recouvert de poussière. Je souffle un bon coup dessus et l’ouvre. Ce sont tous les mots de mes amis. En quatrième, je me souviens, je leur avais demandé de signer un petit carnet et de mettre un petit mot pour que je me souvienne toujours d’eux. Je regarde la première page, c’est Courtney. Je t’adore Laura, j’espère que l’on sera toujours amie, et même si ce n’est pas le cas, tu seras toujours dans mon cœur. Je souris, mais c’est un sourire triste qui se trouve sur mon visage. Le suivant, c’est Pierre. Ma Laura, je suis vraiment content de t’avoir connu, et je n’espère pas être toujours ton ami, car je sais que ce sera le cas. Ce mot m’arrache une petite larme. Il y a ensuite ceux de tous les autres garçons que j’ai connus, la bande d’idiots, comme j’aimais les appeler. MA bande d’idiots. Quoique l’avenir me réserve, ils auront toujours une place dans mon cœur.
Je regarde quelques autres choses, des photos, le verre acheté au parc d’attraction... Une heure passe, et je vais dîner.
Je remonte dans ma chambre et range tous mes souvenirs dans la boîte que je ramène au grenier.
Le lendemain matin, dans le bus, je vais vers Grégory.
« Salut, commencé-je.
- Coucou, comment ça va ?
- Bien, et toi ?
- Pareil. C’était comment avec Hugo ?
- Bien, on a beaucoup discuté et il s’est encore excusé de m’avoir fait souffrir.
- Mouais, je demande à voir la suite...
- Qu’est-ce que tu insinues encore ?
- Je ne veux juste pas que tu redeviennes aussi triste qu’avant, je dis ça pour toi, mais bon, tu fais comme tu veux.
- Ce sont mes choix, et je les assume, alors s’il te plait, respecte-les. »
Les portes du bus s’ouvrent, je descends et m’éloigne. Notre conversation s’est terminée au moment où le bus s’arrêtait à notre arrêt, c’est bien tombé. Grégory doit comprendre que je suis grande et que je peux prendre seule une décision. Il ne sera pas toujours là pour moi, et je me retrouverai un jour ou l’autre face à un choix qui n’appartiendra qu’à moi. Je ne demanderai pas toujours conseil à mes amis. J’ai grandis.
J’arrive près du lycée, et là, je sens une main se poser sur mon épaule et me tirer en arrière. Je me retourne et Grégory me prend par le bras :
« C’est bon, j’ai compris, et je tiens à m’excuser.
- D’accord, j’accepte tes excuses.
- Mais si jamais tu as des ennuis, promets-moi que tu viendras tout de suite m’en parler.
- Juré.
- Ok, super. »
Nous continuons le chemin à deux. Je suis contente qu’il ait compris qu’il n’a pas à s’immiscer dans ma vie comme il l’a fait. Nous arrivons et attendons les autres. Nina arrive, suivie peu après de Louis, puis de Melvin.
Je reçois un message de Hugo :
« Ça te dit que l’on mange ensemble demain midi ?
- Ok, ça marche. »
Je lui envoi le message et range mon téléphone.
« Qui était-ce, demande Melvin, c’est rare de te voir taper un message dans l’enceinte du lycée, même si c’est permis.
- C’est Hugo, on mange ensemble demain.
- Ah, je vois, murmure-t-il l’air amusé, tu l’aimes bien, non ?
- Non, répondis-je sans hésiter (mais pas du tac-au-tac non plus, ça paraitrait suspect).
- Tu n’aimes personne ? »
Cette fois-ci, je rougis et perds mes mots. Il y a bien quelqu’un que j’affectionne plus que les autres, mais maintenant, il n’est plus qu’un ami proche. Grégory m’a un peu déçu ces temps-ci. Je bégaie :
« N...non. »
Melvin rigole, ce qui me rend encore plus rouge.
« Fous-toi de ma gueule en plus ! J’aime bien Hugo, mais c’est tout.
- Pour l’instant.
- Mais ouais, fais-toi des films en plus. »
Alors qu’il allait répliquer, ça sonne (ouf !) et nous allons en classe.
La journée passe lentement, très lentement, trop lentement.
Le soir je rentre avec Grégory. Sur le chemin pour l’arrêt de bus, il me demande :
« Je peux savoir, moi, qui est le garçon que tu aimais ?
- Non.
- Pourquoi ?
- C’est ainsi, je ne veux pas trop en parler.
- Pourquoi ?
- Il m’a déçu.
- Pourquoi ?
- Tu vas arrêter de dire « pourquoi » ?
- Non, pourquoi ? »
Je souris et soupire :
« Je l’aimais, mais lui non, et il me l’a bien fait comprendre.
- Il ne sait pas ce qu’il a raté.
- C’est gentil, mais c’est trop tard. »
Si seulement il savait que c’était lui. Il doit s’en douter un peu, quand même...à moins qu’il soit aveugle, comme Louis avec Nina.
Chapitre 42 :
Il me prend la main et s’arrête. Je le regarde, l’interrogeant du regard et mon cœur se met à battre plus rapidement, me faisant inévitablement rougir.
« Dis Laura, une idée vient de me traverser l’esprit.
- Ah bon, tiens, dis-je gênée, comme c’est étrange.
- Ce garçon que tu aimais...est-ce qu’il ne se trouverait pas devant toi par hasard ? »
Oulala ! Je réponds quoi, moi ?!
« Euh...ben...en fait tu vois, je...
- Ton charabia en dit plus que le oui que tu refuses de prononcer. »
Comme j’aimerais disparaitre !
« Bon, j’avoue, j’ai été amoureuse de toi.
- Mais c’est terminé, donc on en parle plus, et je ne le dis pas aux autres.
- Merci. Mais, comment as-tu deviné ?
- J’ai un cerveau, moi, pas comme Louis.
- Comment ça ?
- Tu n’as pas remarqué que Nina l’aimait...enfin, je crois.
- Nina l’aime, je lui ai même déjà posé la question, et de toute façon, je pense qu’elle sait qu’on a tous remarqué.
- Et pourquoi tu ne m’aimes plus ?
- Si je le savais...je crois qu’en fait, t’avoir vu embrasser Pauline m’a dégoûté à vie.
- Tant que ça ?
- Ben ouais, maintenant, il y aura toujours une trace d’elle en toi.
- Peut-être pas non plus.
- D’accord, j’exagère, mais le fait est que la dernière personne que tu as embrassée, c’est elle, et ça, c’est dégueu.
- Ah bon ?
- Ouais. »
Il passe son bras derrière ma nuque, et m’attire vers lui. Je tombe presque dans ses bras et il dépose un doux baiser sur mes lèvres. Il y met fin peu après, me serrant encore contre lui :
« Voilà, comme ça, c’est toi la dernière que j’ai embrassé. Si tu retombes amoureuse de moi, fais-moi signe. »
Il s’éloigne, me laissant plantée ici, comme une idiote, rouge pivoine.
« Ben, me lance-t-il, tu viens ?
- J... J’arrive ! »
Je le rejoins et il commence à me parler. De quoi ? Je ne m’en souviens plus. Tout ce dont je me souviens, c’est de ce baiser. Après, c’est un grand trou noir, jusqu’à ce que je rentre chez moi. Je dois toujours être rouge, car ma mère me demande si je n’ai pas froid au visage.
« Non, murmuré-je, tout va bien. »
Puis je monte dans ma chambre. Il m’a...embrassé... Je n’arrive toujours pas à y croire ! En plus il m’a dit « Si tu retombes amoureuse de moi, fais-moi signe » donc peut-être que lui aussi...non, c’est ridicule, je me fais des idées... Pourtant...ouais, mais il a aussi embrassé Pauline...berk ! Ça me dégoute !
J’écris toute la soirée, j’ai beaucoup d’inspiration ! C’est génial !
Le jour suivant, jeudi donc, je prends un peu d’argent et mes affaires pour toute la journée. Rappel : je mange avec Hugo à midi !
Pendant le trajet, Grégory ne me parle pas beaucoup. Faut avouer qu’on n’a plus grand-chose à se dire...
La matinée se passe bien, je ris avec mes amis en cours, jette quelques regards à Pauline qui dort sur sa table et reprend la discussion avec mes amis. Les profs ne nous disent rien, alors que ceux qui parlent derrière sont réprimandés. Je pense que c’est parce qu’on est devant : on ne suspecte jamais les élèves qui sont devant, ce sont les élèves sages. Et la prof passe tout son temps à l’arrière de la classe.
En même temps, nous ne sommes pas des élèves perturbateurs : nous suivons le cours, c’est juste que l’on fait passé le temps en se racontant des blagues (souvent ce sont des blagues bien pourries, et pourtant, ça nous fait rire, comme quoi, il en faut peut pour nous amuser...).
Je sors du lycée et Hugo m’y attend. Je lui fais la bise et lui demande où nous allons manger ce midi.
« Il y a une sandwicherie pas loin d’un parc, ça te dit d’y acheter notre déjeuner et de se poser dans l’herbe ?
- Ouais, en plus il ne fait pas trop froid ce midi.
- C’est supportable disons. »
Nous nous rendons à la sandwicherie en question où Hugo me paie mon déjeuner. Je le remercie.
Nous allons nous installer sur l’herbe du parc, comme il n’a pas plus depuis plusieurs jours, elle n’est pas humide, c’est confortable. Nous mangeons avec appétit et parlons un peu de notre matinée et de nos cours.
Chapitre 43 :
L’air se rafraichit quand un gros nuage cache le soleil. Je prends mes genoux dans mes mains et mets ma tête dedans.
« T’as froid, demande Hugo.
- Tu comprends vite, dis-je en riant.
- Attends. »
Il retire son manteau et le pose sur mes épaules avant de passer son bras autour de ma taille.
« J’ai toujours super chaud, alors ne t’inquiète pas pour moi. »
Je baisse la tête et me sert contre lui. Ouais, ça va tout de suite mieux.
« Hugo...
- Oui ?
- Il y a un garçon que j’aime...et je ne sais pas comment lui dire.
- Qui est-ce ?
- Grégory, le cousin de Mike.
- S’il est comme son cousin, alors n’essaie même pas de sortir avec lui, il ne t’attirera que des ennuis.
- Il n’est pas comme Mike.
- Tu en es bien sûre ? Tu n’as découvert le vrai visage de Mike que quelques temps après que vous soyez sortis ensemble.
- J’en suis sûre.
- Moi je me méfie, je ne veux pas que tu sois triste à cause de lui. »
Je ris, il ne comprend pas pourquoi.
« C’est fou, dis-je amusée, Grégory m’a dit la même chose te concernant, il avait peur que tu me fasses souffrir de nouveau.
- S’il s’inquiète comme ça pour un rien, alors il doit bien t’aimer lui aussi.
- Je l’espère, mais je ne sais pas quoi penser. Il y a peu, il a embrassé une fille mais il m’a juré que c’était parce qu’elle le menaçait de nous ridiculiser, moi et une amie, devant toute la classe.
- Alors il a bien fait, cette fille, avec son chantage, a dû le dégoûter, et pourtant, il a prit sur lui pour ton bien, à toi et à ton amie. Je suis sûre qu’après il a dû s’excuser d’avoir fait ça. Mais s’il ne l’avait pas fait, quelle aurait été ta réaction ?
- Euh...oui, c’est vrai, je ne sais pas vraiment comment j’aurais réagit si cette fille nous avait dit que nous n’avions pas d’amis et que personne ne nous aimait devant tout le monde.
- Au moins, tu as une preuve maintenant que Grégory, même s’il n’est pas amoureux de toi, t’aime beaucoup quand même.
- Oui, tu as sûrement raison, merci. Tu m’excuseras, mais, je dois y aller.
- Ouais, alors à la prochaine.
- Ciao ! »
Je m’éloigne au pas de course. Je ne suis pas en retard, je veux juste retrouver au plus vite mes amis. Je veux les revoir, je n’aime pas être sans eux, je n’aime pas m’éloigner d’eux. Je ralentis l’allure quand je vois que les rues sont de plus en plus fréquentées (il est une heure de l’après-midi, ce n’est donc pas étonnant).
J’entre dans la cour du lycée et vois tout de suite le petit groupe discuter avec Pauline. Oh non, qu’est-ce qu’il se passe encore ?! Je m’approche, mais ils ne me remarquent pas.
« On t’a dit de dégager, s’exclame Nina (c’est rare qu’elle crie sur quelqu’un pourtant, mais Pauline n’est pas une personne très appréciée non plus...), va t’en !
- Mais, réplique Pauline, je suis sûre que je peux me faire pardonner.
- Non, tu vas encore essayer de te venger, répond Grégory, on te connait, on sait comment tu fonctionnes. Quand quelqu’un te blesse, tu fais tout pour lui faire payer, quitte à faire semblant d’être sa meilleure amie pendant plusieurs semaines. Mais cette fois-ci, tu ne nous aura pas.
- Tu ne me ferais pas ça, hein Grégory... »
Elle se ressert contre lui et pose sa main sur son torse. J’interviens et la tire en arrière par le col, une main sur la hanche, puis je soupire :
« Pauline, tu as eu ton moment de gloire, mais maintenant, les rôles ont été inversés. Je suis celle que l’on apprécie, et pas parce que j’ai trahi mes amis, et toi, tu es celle que l’on hait parce qu’elle a trahit ses amis et qu’elle s’est fait humilié...et à bien y repenser, c’était très drôle. Je suis prête à prendre exemple sur Grégory si tu ne pars pas d’ici. »
Pauline sert les dents et les poings avant de déclarer :
« Laura, tu me le paieras, car j’aime sincèrement Grégory.
- Dommage qu’il ne t’aime pas. Allez, goodbye ! »
Je la prends par les épaules, la fait se tourner, et la pousse. Elle s’éloigne. J’aime bien embêter Pauline, mais je ne le montre pas, ça ne le fait pas trop.
« Merci Laura, soupire Grégory, je n’aurais pas voulu qu’elle m’embrasse à nouveau, alors que je venais tout juste de gouter à tes lèvres. »
Je rougis, et tous mes amis se tournent vers moi.
« Comment ça, demande Louis avec un grand sourire. Vous vous êtes embrassés ? »
Pourquoi j’ai laissé Grégory faire ça...ah, oui, c’est vrai, j’ai encore des sentiments pour lui...et zut ! Moi qui ne voulais plus aimer...bonjour les bonnes résolutions...
« Je l’ai embrassé, rectifie Grégory. Je ne lui ai pas demandé son avis.
- Tu aimes Laura ?!
- Pourquoi ? Mes sentiments ne te regardent pas.
- Non, mais elle, ça la regarde, alors dis lui.
- J’attends qu’elle me dise ses sentiments. »
Cette fois-ci, je suis au pied du mur. Que dois-je dire ? Que dois-je faire ? Je dois faire ce que me dis mon cœur. Je pose mon sac et lui demande de venir à l’écart.
Je suis seule à seule avec Grégory. Je l’ai aimé, j’ai cru l’oublier, mais je l’aime toujours. Je soupire, mais avant que je n’aie le temps de parler, il me demande :
« Est-ce que tu veux sortir avec moi ? »
Chapitre 44 :
Je reste muette. Que répondre à cela ? Je l’aime, mais l’amour, c’est si compliqué ! Et puis à force de trop se voir, on pourrait se lasser l’un de l’autre et ça, je ne veux pas que ça arrive.
« Non, répondis-je franchement.
- Est-ce que tu m’aimes ? »
Pourquoi lui mentir, de toute façon, il est évident qu’il sait ce que je vais répondre.
« Oui. Je t’aime.
- Pourquoi ne veux-tu pas sortir avec moi ?
- Parce que j’ai peur que notre amitié en souffre et que je ne veux pas perdre à nouveau quelqu’un à qui je tiens. Après ma rupture avec Mike, je ne lui parlais plus beaucoup, et avec Hugo, ça a été pire. Pendant un an j’ai été incapable de lui pardonner. Je t’aime trop...et c’est ça le problème, je t’aime trop pour accepter. J’ai peur que ça tourne au « drame », comme ça l’a fait avec mes ex. De plus, je sais que si je te disais oui, je repartirais seule quand même. Tu ne m’aimes pas.
- Si je ne t’aimais pas, pourquoi t’aurais-je embrassé ? »
Là encore, je reste muette avant de balbutier quelque chose comme :
« Tu veux dire que...tu...
- Oui, mais je comprends ce que tu veux dire et je pense que tu as raison. Pourquoi gâcher une si belle amitié ?
- Oui...pourquoi ?
- Retournons vers les autres.
- D’accord. »
Nous rejoignons donc Nina et les deux garçons qui nous attendaient impatiemment.
« Alors, nous demande Melvin, qu’est-ce qu’ils se sont dit nos deux amoureux ?
- Rien, déclare Grégory sans montrer une quelconque émotion. Nous sommes amis, et c’est tout.
- C’est ça, reprend Louis, faites-nous marcher en plus. On n’est pas aveugle, hein, vous savez ?
- Si, lui dit Grégory, toi, tu es aveugle.
- Quoi ?
- Laisse tomber, quand tu t’en rendras compte, tu sauras de quoi je voulais parler.
- Mais de quoi est-ce que tu parles ?!
- Oublie, c’était idiot.
- Ah... »
Nina est rouge, mais chez elle, c’est moins visible que chez moi, quelle chance !
L’après-midi se déroule tranquillement, je discute beaucoup avec Nina et les garçons parlent ensemble.
Le soir, je rentre avec Grégory (ce n’est pas nouveau). Sur le chemin, nous abordons le sujet de Nina et Louis. Grégory me confie avoir demandé à Louis s’il voulait sortir avec son amie.
« Et alors, lui demandé-je, qu’est-ce qu’il a répondu ?
- Qu’elle ne voudrait pas sortir avec un idiot comme lui et qu’il ne veut pas lui faire du mal, même s’il l’aime. »
C’est trop chou, les deux s’aiment. Si seulement Nina était au courant, mais je n’ai pas envie de lui en parler, elle pourrait croire que je n’ai pas tenu ma promesse et que je lui en ai parlé.
Vers huit heures, alors que je viens de terminer mes devoirs, je reçois un message de Nina :
« Comment Grégory a su ?
- Comment ça ?
- C’est évident qu’il parlait de Louis et moi.
- Ben ouais, et alors ?
- Tu lui as dit ?
- Non, il le savait déjà, et quand il m’a demandé, je lui ai juste dit oui.
- C’est vache, t’aurais pas dû lui dire.
- Moi je pense que si.
- Pourquoi ?
- Sans dire que tu l’aimais, il a demandé à Louis ses sentiments pour toi.
- Et ?
- Il t’aime, mais il se trouve trop nul pour toi.
- Tu le jures ?
- Ouais. Tu devrais lui parler et aborder petit à petit le sujet.
- Tu crois ?
- J’en suis sûre, et puis, au pire, on est déjà tous au courant, tu n’es vraiment pas discrète. XD
- Ok...je verrai un autre jour, faut que j’y réfléchisse.
- D’acc. Je te laisse, j’ai à faire.
- Yo también, adiós (ça veut dire « moi aussi, au revoir » en espagnol) ! »
J’éteins mon portable et entreprends de commencer une nouvelle histoire. J’y songe, allongée sur mon lit, mais je finis par m’endormir.
Je suis réveillée le lendemain par ma mère. Ah, je n’aime pas devoir me lever tôt. En plus on est vendredi, c’est le dernier jour avant le week-end, la flemme de me lever.
Résultat, je rate le bus. Heureusement, même si le suivant est un quart d’heure après, en courant un peu sur le chemin pour le lycée, j’arrive à rattraper mon retard et je rejoins mes amis.
Chapitre 45 :
Grégory se retourne en m’entendant arriver et demande :
« Pourquoi tu n’étais pas dans le bus ? Je croyais que tu étais malade.
- Je l’ai raté, désolée, je sais que je t’ai manquée. »
Je lui fais un clin d’œil puis lui fais la bise. Il ne me dit rien, un peu étonné de ma réponse. Je ne savais pas que je pouvais ainsi le troubler.
Je salue Melvin et Louis puis Nina. Je suis la dernière arrivée et voilà que la sonnerie se fait déjà entendre.
Nous rentrons en classe et nous nous asseyons. Non, rien ne se passe, comme toujours, c’est nul et ça m’ennuie.
Le week-end arrive enfin, à la dernière sonnerie, nous nous barrons tous de cours sans demander les devoirs que le prof n’a pas eu le temps de nous donner. On recevra sûrement un message de toute façon.
Grégory et moi ne parlons pas sur le chemin du retour. Je lance finalement la conversation :
« Qu’est-ce que tu as ? Depuis ce matin, tu m’as à peine adressé la parole, c’est vexant, tu sais ?
- Tu m’as un peu perturbé ce matin, d’habitude tu n’es pas aussi directe et...provocante.
- Tu me trouvais provocante ?
- Un peu, mais ce n’était qu’une impression, tu es une fille bien, ça me faisait bizarre.
- Tu veux que je reste la fille sage et bien élevée que tu as connue ? Les gens évoluent tu sais ?
- Reste celle que tu étais, ça me convenait parfaitement comme ça.
- D’accord, si c’est la Laura naturelle que tu aimes, c’est tant mieux. Je suis contente.
- Ah bon ? Pour si peu ?
- Des gens qui m’aiment au naturel, ça fait longtemps que je n’en n’ai pas connu.
- C’est vrai ?
- Ouais. Bref, je ne tiens pas à revenir là-dessus.
- Tu as raison. Alors, qu’est-ce que tu fais pendant deux jours ?
- Je bosse...sûrement.
- Quel programme...
- Et toi, qu’est-ce que tu vas faire ?
- Je n’en sais pas plus que toi. »
Il me fait un sourire puis nous passons sur je ne sais plus quel autre sujet. Je rentre chez moi et m’assois devant la télévision, un documentaire animalier. Ouais, les pays pauvres ça va bien cinq minutes quoi. J’en ai marre de voir des reportages traitant de la misère humaine.
Les lions...ouais, j’aime bien les lions, c’est mignon mais c’est féroce, ça me plait !
Samedi matin, je reçois un message de Grégory :
« Tu fais quoi cet après-midi ?
- Rien de spécial, pourquoi ?
- Rien non plus. Tu voudrais venir chez moi ? On pourrait jouer un peu ou regarder un film...c’est comme tu veux.
- Je ne sais pas, tu ne veux pas plutôt profiter du temps : il fait beau mais frais, on est super bien dehors.
- Tu proposes quoi ?
- Je ne sais pas...se balader dans la montagne, dans les rues, dans le parc...
- Tu préfères quoi ?
- La forêt, il faudra prendre le bus mais c’est trop bien.
- Ok. ^^
- Super, on se retrouve à l’arrêt. Tu sais lequel c’est ?
- Ouais, t’inquiète. ;)
- Ok, super. ^^ »
Je range mon portable, prend ma carte, et une sacoche avec de l’eau et des barres de céréales (au chocolat, et ouais, parce que moi je m’en f*us de maigrir ou non, no complexes !) puis je sors après avoir dit à ma mère où j’allais et avec qui (petit rituel, je le fais toujours, question de sécurité, depuis que j'ai vu le film « 127 heures » je ne pars jamais sans en parler à personne).
Je regarde mon portable : Grégory est dans le bus...que voilà justement. Je monte et retrouve mon ami.
« Coucou, le salué-je.
- Salut, ça va bien ?
- Ouais.
- Super...donc comme ça tu veux aller dans la forêt ?
- Ouais, il ne fait pas trop chaud à l’ombre des arbres et puis c’est vraiment très beau, tu y es déjà allé ?
- Non, jamais, je ne savais même pas qu’il y en avait une dans les parages.
- Ah, ben tu vas voir alors. »
Nous échangeons un sourire, quelle joie d’être ensemble et de faire une telle sortie !
Chapitre 46 :
Nous arrivons une demi-douzaine de minutes plus tard, il est l’heure de goûter, chouette ! Je lui proposerai de manger quand on aura trouvé un bel endroit.
Nous entrons dans la forêt. C’est vraiment beau, les arbres, en grande partie des sapins, se dressent, imposants, devant nous. Je me laisse un peu distancer par Grégory, puis je ramasse une pomme de pin et lui lance dans le dos. Il se retourne et je m’exclame :
« Bataille de pommes de pins !
- Tu vas me le payer ! »
Il saisit à son tour une pomme de pin et me la lance. Je l’arrête d’un coup de pied, comme je l’avais appris au judo (le coup de pied, hein, pas l’arrêt de pomme de pin avec le pied). Elle vole un peu plus loin.
« Ouah, s’écrie Grégory, la classe ! Comment tu fais ça ?
- Réflexe. Á toi. »
Je lui lance une nouvelle pomme de pin qu’il se prend dans la jambe.
« Tu devais l’arrêter patate, dis-je en riant.
- Attends... »
Il saisit un bâton et me fait signe.
« Vas-y, lance ! »
Je lance une pomme de pin vers son bâton et Grégory frappe et la fait voler à plusieurs mètres, elle passe juste au-dessus de ma tête.
« Ouah, comment t’as fait, m’exclamé-je admirative.
- J’ai fais quelques années de tennis et un stage d’une semaine de base-ball.
- Ok, t’es doué. Mais je me débrouille mieux.
- Je demande à voir... »
Il me lance une pomme de pin que j’arrête avec la paume de la main droite, la classe !
« Je gère, hein ?
- Ouais, râle-t-il, mais avec un bâton tu ne m’arrive pas à la cheville.
- Gamin, va. Tu vas voir »
Je saisis une branche et lui fait signe. Il m’envoie une pomme de pin que je rate.
« Encore une ! »
Il accepte et m’en renvoie une et boum ! Touchée ! Par contre elle ne va pas loin...mais je l’ai touchée.
« Á toi sans ta « batte », lancé-je, on va voir si tu es doué. »
Il pose son bâton et je lui lance un projectile qui fonce vers lui et lui tape l’épaule. J’en saisis un second et l’envoie vers sa jambe. Il donne un beau coup de pied dedans et quand la pomme de pin revient vers moi, je l’attrape sans mal.
« Joli, commente-t-il, on continue notre chemin ?
- D’accord. »
Nous reprenons donc notre route après que je lui ai balancé une dernière pomme de pin dans le dos (je suis méchante).
L’air se rafraichit mais j’ai prit le soin de bien me couvrir. Nous arrivons dans une petite vallée couverte d’herbe. Je m’assois par terre et invite Grégory à en faire autant. Je sors à manger : du pain et du chocolat, c’est trop bon !
« Tu as amené à manger, m’interroge mon ami.
- Ben oui, pas toi ?
- Non.
- Tu en veux ?
- Un petit morceau de chocolat, s’il te plait.
- Tient. »
Je lui en donne et nous mangeons tous les deux. Heureusement que l’on a trouvé ce coin où manger, je ne me verrai vraiment pas en train de goûter sur un tapis d’épines qui s’enfonceraient dans mon jean...
« Dis, commencé-je, tu ne crois pas que l’on devrait rentrer juste après avoir finit ? Il risque de bientôt faire nuit et moi, le noir, ça me fait flipper.
- Alors comme ça mademoiselle a peur du noir ?
- C’est ça, rigole, fo*s-toi de ma gue*le.
- Alors, rentrons.
- D’acc. »
Nous nous levons et nous repartons à notre arrêt de bus. Une fois arrivés, et tandis que nous attendons, nous discutons un peu, mais rien de vraiment très intéressant si vous voulez mon avis.
Le soir, en rentrant, je vais voir ma souris. Elle est dans sa cage. Je la sort et la fait un peu courir sur mon lit (je reste à côté, je ne suis pas folle non plus). Je lui fais la conversation, comme si elle pouvait m’écouter, me comprendre et me répondre :
« Tu crois que je devrais demander à Grégory de sortir avec moi ? »
Je la prends dans ma main. Elle fait le beau et me regarde avec ses petits yeux rouges.
« Je ne sais pas, soupiré-je, j’ai peur que l’on ne veuille plus jamais se voir après notre séparation. Je l’aime, tu sais, mais je l’aime trop pour sortir avec lui. Je crois que ça nous ferait du mal à tous les deux. Tu sais pourquoi je l’aime ? Je veux dire, quelles sont les raisons les plus évidentes. »
La souris continue de courir sur mon lit.
« Il est mignon, et même si le physique ne fait pas tout, il compte quand même. Il est intelligent, plus que moi, souriant, sympa, et par-dessus tout, c’est grâce à lui que je ne vis plus dans l’enfer de la solitude. Il a su m’ouvrir les yeux sur la vraie vie, sur le vrai sens de celle-ci. Et je crois que je ne le remercierai jamais assez pour me l’avoir montré. Je l’aime tellement, si tu savais. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde, je pense à lui, je ne peux plus le sortir de ma tête. Tu crois que je suis folle ? »
L’animal me regarde un instant puis se met à ronger mon lit. Quelle idiote je fais, elle ne me répondra jamais. Elle ne doit même pas me comprendre. Je crois que oui, je suis folle : pourquoi je parle à une souris ? Au moins, elle ne me contredira jamais...
Chapitre 47 :
Je la remets dans sa cage, lui offrant au passage quelques graines de tournesol qu’elle met dans ses bajoues. La souris va se coucher puis s’endort sous mes yeux. Je la regarde, attendrie et murmure :
« Tu as beaucoup de chance, tu n’auras jamais de problème toi avec l’amour...d’un côté c’est dommage que tu n’aies pas de mâle dans ta cage. Mais tu sais, les souris sont comme les humains, un jour elles sont ensemble, et le lendemain elles s’entretuent. Si la vie était facile, ça se saurait... »
Je vais écouter un peu de musique. Parfois, ça m’aide à réfléchir, mais pas ce soir, hélas. Je suis perdue, comme je l’ai toujours été, sans vraiment le savoir.
La semaine suivante, le premier lundi de février, cela fait quelques semaines que j’ai rencontré Louis et Melvin. Je prends le bus et y retrouve Grégory. Il a une égratignure sur la lèvre, ça ne saigne pas trop, mais on voit une trace rouge. Je m’inquiète pour lui, en plus la coupure fait au moins deux centimètres, elle part du côté droit de sa lèvre inférieure pour arriver au-dessus de son menton, un peu plus à gauche. C’est en train de cicatriser : il a dû se faire ça samedi ou dimanche, mais pas ce matin.
« Grégory ?
- Oui, salut, ça va ?
- Eh...ça ira mieux quand tu me diras ce qu’il s’est passé pour que tu aies la lèvre inférieure dans un tel état...
- Ce n’est rien, ne t’inquiète pas.
- Je veux savoir ce qu’il s’est passé, Grégory, qui t’a fait ça ?
- Non, non, laisse tomber.
- Je ne laisserai pas tomber. Je veux savoir ce qu’il t’ait arrivé. »
Á ce moment, Grégory rétorque :
« Ce ne sont pas tes affaires, ne te mêle pas de ça, arrête de vouloir tout savoir. J’ai le droit d’avoir une vie privée.
- D’accord, mais je ne me mêle pas de ta vie, je m’inquiète, et je veux savoir ce qu’il s’est passé, j’ai peur pour toi et si tu refuses de me le dire, j’en conclus que tu veux me protéger...et c’est donc quelque chose qui est peut-être grave.
- Mais non, c’est rien, je me suis battu avec un pote et basta, on jouait, c’est tout.
- Menteur, murmuré-je, je ne te crois pas. »
Il ne m’entend pas et ne répond donc pas. Une fois arrivés au lycée, nous rejoignons nos amis et Grégory semble se calmer. Je me dis, en toute logique, que ce n’est ni avec Melvin, ni avec Louis, qu’il s’est disputé. Nina arrive à son tour, mais aucune tension n’apparait, je ne pense donc pas qu’il soit possible que ça ait un rapport avec elle. Je tire Grégory à l’écart et avant même que je ne parle, je comprends que ça ne va pas, il semble impatient, agacé. Sa blessure aurait-elle un rapport avec moi ? Pourtant je ne lui ai rien fait. Je vais donc droit au but :
« Qu’est-ce que je t’ai fait ?
- Pourquoi tu me demandes ça ?
- Tu es égratigné, et tu as l’air de me faire la tête.
- Mais ça n’a rien à voir.
- Tu me le jures ?
- Ouais, ouais. »
Il baisse les yeux et retourne vers ses amis. Et il pense vraiment que je vais le croire... Il me prend pour une idiote.
Le reste de la journée, je décide de le laisser tranquille. Je vois bien qu’il ne veut pas être trop avec moi. Je me rapproche de Melvin, on discute dans la cour, Louis, Grégory et Nina sont près de nous, mais j’ai l’impression qu’ils sont très loin.
« Laura ? Tu m’écoutes ?
- Euh...oui, lui répondis-je, bien sûr.
- ...
- Bon, d’accord, j’étais dans mes pensées, désolée.
- C’est à cause de Grégory, hein ?
- Non voyons ! C’est ridicule ! Pourquoi tu crois ça ?! »
Melvin me lance un regard qui semble dire « c’est bon, peu importe ce que tu diras, je sais que tu l’aimes et que son comportement aujourd’hui te trouble ». Je soupire :
« Oui, c’est à cause de lui, il ne vous a rien dit sur sa coupure ?
- Non, il nous a dit qu’il se l’est fait bêtement chez lui.
- Moi il m’a dit que c’était un ami qui lui avait fait quand ils s’amusaient.
- Tu es sûre ?
- Certaine. »
Je me tourne vers Grégory, pourquoi ne veut-il pas nous dire ce qu’il a ?
Chapitre 48 :
« Tu crois que ce sont ses parents qui le frappent, me demande Melvin.
- Pourquoi maintenant, en plus, il vit chez son oncle et sa tante. Il ne vous l’a pas déjà dit ?
- Ah, si, c’est pareil, peut-être qu’ils le frappent.
- Non, ils sont trop gentils.
- Tu les connais ?
- Oui, son cousin, c’est mon premier mec.
- Tu penses qu’il peut avoir frappé Grégory ?
- Je ne sais pas. Ça lui arrive d’être violent, mais Grégory et lui s’entendent plutôt bien.
- Franchement, ça ne t’est pas arrivé de te disputer avec quelqu’un que tu aimais ?
- Ben, si, mais pas au point d’en venir aux mains.
- D’accord. Mais entre garçons, ça arrive plus souvent qu’entre filles.
- Faut dire que vous êtes quand mêmes moins compliqués, quand vous vous disputez, vous en venez aux mains, et après c’est oublié.
- Alors que vous vous boudez pendant deux mois.
- Deux semaines quand on aime bien la personne.
- Super... »
Nous échangeons un sourire.
Le soir arrive bien vite et nous partons chacun de notre côté après que nous nous soyons dit au revoir. Grégory et moi allons à l’arrêt de bus, mais alors que je m’arrête, il continue son chemin.
« Grégory, l’appelé-je, il est ici l’arrêt.
- Je sais, mais je ne rentre pas maintenant.
- Pourquoi ?
- Pas envie. Je vais me balader un peu.
- Je peux venir ?
- SI tu veux. Mais je vais juste marcher, rien d’intéressant.
- Je viens quand même. »
Je le rejoins et nous nous éloignons de l’arrêt. S’il a accepté que je vienne, alors il ne compte pas aller voir un ami, donc il veut juste fuir sa maison. Je commence vraiment à soupçonner l’existence d’un conflit entre Mike et Grégory.
Je tente de lancer un peu la conversation :
« Alors, ça c’est bien passé aujourd’hui ?
- Oui.
- Tu fais quoi ce week-end ? Tu voudrais passer chez moi, je vais faire des gâteaux samedi.
- Non, je vais être occupé samedi et dimanche.
- Tu vas faire quoi ?
- Je vais chez de la famille.
- D’accord. »
Un échec total quoi, mais je ne le lâche pas d’une semelle. Nous revenons à l’arrêt de bus au moment où le véhicule arrive. Nous montons et là non plus, je n’arrive pas à parler avec lui. Je descends et lui fais signe. Il me fait un bref sourire. C’est déjà ça...
Je rentre et appelle Melvin :
« Allo, Melvin ?
- Oui, c’est toi Laura ?
- Ouais.
- Alors, et avec Grégory, ça avance ?
- Non, ça recule je dirais. Il ne veut même plus me parler, j’ai l’impression.
- Tu as le numéro de son cousin ?
- Non, je ne l’ai plus.
- C’est bizarre quand même, j’ai trop envie de savoir ce qu’il se passe.
- Ouais, moi aussi, mais que peut-on y faire ?
- On pourrait...euh...tu sais quel bus prend son cousin ?
- Non, je ne le vois jamais.
- Tu ne pourrais pas prendre le bus après celui que tu prends habituellement, tu pourrais peut-être le croiser et l’amener à parler de ce que tu veux entendre.
- C’est nul, je ne vais pas attendre quinze minutes de plus pour espérer voir le mec que je déteste le plus au monde.
- Ah, merde... Bon, ben débrouille-toi, c’est toi qu’il déteste de toute façon.
- Sympa, merci de ton aide.
- Mais non, je rigolais.
- Très drôle, j’ai même eu un fou rire.
- Moque-toi, c’est ça. Bon, on en reparle demain. Á plus.
- Ok, à demain. »
Je raccroche et soupire : que peut-il bien se passer ? Pourquoi Grégory refuse de nous parler ? Je vais essayer de lui poser la question demain, pourvu qu’il m’écoute et me réponde. Je ne veux pas le perdre à cause d’une histoire dans le genre. Je ne sais même pas ce qu’il se passe, et j’estime qu’il pourrait au moins en parler à ses amis, c’est la confiance mutuelle, et j’ai l’impression qu’il ne nous fait pas entièrement confiance. Peut-être qu’il ne veut pas en parler à cause de ce que ses anciens amis lui avaient fait après la mort de ses parents...allez savoir...
Chapitre 49 :
Comme je me l’étais promis, le lendemain, dans le bus, je vais vers Grégory. Je m’assois près de lui, lui souris, puis demande :
« Tu as passé une bonne nuit ?
- Non.
- Ah, pourquoi ?
- Laisse tomber. »
Je ne réplique rien, mais lorsque l’on descend du bus, je lui demande très directement :
« C’est quoi ton problème ?!
- Mais rien.
- C’est ça, moque-toi de moi en plus. D’abord tu t’es coupé, ensuite c’est un de tes amis qui t’a coupé, c’est quoi la vraie histoire, comment tu t’es fait ça ?
- Laisse tomber.
- Non ! »
Je le prends par la main et le force à me regarder et me mettant juste devant lui.
« Je ne laisserai pas tomber. Et je ne suis pas la seule à vouloir savoir. Pourquoi depuis que tu as cette coupure tu refuses de me parler ?!
- Non, mais ne vous inquiétez pas, rien ne vous concerne.
- Alors soit normal avec nous !
- Ouais, ouais. »
Il se dégage et s’éloigne.
« Et t’appelle ça normal, m’exclamé-je, attends-moi ! »
Je le rattrape et nous arrivons rapidement au lycée (je crois en fait qu’il voulait me semer). Il retourne vers Melvin, Louis et Nina. Melvin vient vers moi et demande :
« Alors, tu en sais plus ?
- Non. Il ne veut rien me dire.
- Ça m’énerve !
- Pareil...mais je pense que quand il sera prêt à parler, il viendra. Ce n’est qu’une question de temps.
- Si tu le dis... »
Nous discutons et je l’invite à manger chez moi samedi, que je ne fasse pas des gâteaux pour rien.
Mardi passe rapidement (pour une fois), et mercredi suit. Je n’en sais toujours pas plus. Il me parle parfois mais ne veut rien me dire sur ce qui lui a fait cette blessure, et je ne sais même pas pourquoi il refuse de m’en parler, ça m’énerve quand il se passe des choses dans mon dos. J’ai l’impression que c’est comme un complot...je ne suis pas conne non plus, je sais bien qu’on ne complote pas contre moi, mais ça m’en donne l’impression.
Par contre, aujourd’hui, c’est mercredi, et lorsque je monte dans le bus, je remarque tout de suite que Grégory n’est pas là. Bien sûr, au lycée, c’est la stupéfaction : Grégory ne manquerait jamais de cours et j’ai beau lui envoyer des messages, aucune réponse, je ne sais pas où il est. J’ai même appelé chez lui pour demander si je lui passais les devoirs, mais personne n’a décroché, alors que sa mère est toujours à la maison, elle est informaticienne et son travail ne nécessite pas qu’elle se déplace.
Personne ne sait où est Grégory, ni sa famille. Ils se sont comme envolés. Ils ne répondent plus et le soir, après les cours, quand je suis allée chez lui pour lui apporter les devoirs et les cours qu’il n’avait pas, j’ai eu beau toquer pendant dix minutes, il n’y avait personne. Je veux bien que Grégory et sa famille fassent un voyage, mais pourquoi n’a-t-il averti personne au lycée ?
Je soupire et m’assois sur la petite marche de l’entrée en soupirant. Après quelques minutes à réfléchir, je décide de rentrer chez moi : le ciel est couvert et il avait annoncé de la pluie toute la soirée.
Je demande à ma mère si elle sait quelque chose à propos de l’absence de mon ami et sa famille, mais elle reste muette, elle ne sait rien non plus et n’étais pas au courant d’un quelconque voyage. Néanmoins, elle savait que la famille allait s’absenter aujourd’hui, mais n’ayant pas vu la mère de Mike depuis longtemps, elle n’en savait pas la raison.
Au moins, je suis sûre que Grégory revient demain ou après-demain puisqu’il ne s’agit pas d’un long voyage. Je lui demanderai.
Jeudi matin, comme je m’en doutais, je retrouve Grégory dans le bus. Je vais vers lui. Il demande :
« Qu’est-ce que tu veux ?
- Euh, bafouillé-je, je voulais juste te passer les cours que tu as manqué.
- Je me fiche de ces cours, soupire-t-il.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? Et pourquoi hier tu étais injoignable.
- Oublie ça.
- Oublie, laisse tomber, tu ne sais dire que ça !
- Calme-toi, on est encore dans le bus.
- Je m’en fiche bien, qu’est-ce que je t’ai fais pour mériter ça ?! Je croyais que nous étions amis...visiblement, je me trompais. Je n’ai jamais su choisir mes amis, et c’est sympa de me le prouver. »
Je pars au fond du bus, mais je sens que ma remarque l’a ébranlé. Il me regarde, étonné, puis, finalement, il se lève et vient vers moi.
Chapitre 50 :
« Tu me considères vraiment comme ton ami ?
- Pourquoi ferais-je tant pour quelqu’un que je n’aime pas ?
- Et pourquoi tu veux absolument savoir ce qui ne va pas ?
- Je te l’ai dit : je suis ton amie, et je veux savoir ce qui ne va pas, je voudrais pouvoir t’aider, mais j’ai l’impression que toi, tu veux absolument garder ton petit secret...or pour les amis, il n’y a pas de secret. »
Il ne répond pas, l’air perdu dans ses pensées. Je prends sa main. Il me regarde, muet.
« Dis-moi tout, je veux savoir si je peux t’aider.
- Promets-moi de ne pas te vexer.
- Euh...promis. »
Nous descendons, c’est notre arrêt. Pendant que nous marchons, il m’explique :
« Tout a commencé samedi matin, quand j’ai appris que...que ma grand-mère est morte. Tu te souviens, c’est elle qui m’avait hébergé quelques temps, mais elle ne m’aimait pas. Pourtant, je me sentais proche d’elle, et puis, c’est ma famille.
- Je suis vraiment désolée pour toi...
- J’ai repensé à mes parents, donc forcément, j’ai versé une larme...ou plus...enfin bref, ça n’a pas échappé à Mike qui m’a conseillé de faire attention de ne pas pleurer à l’école.
- Et pourquoi ?
- Il m’a dit qu’on se moquerait, et que je devais me méfier de mes amis car l’amitié, la vraie, ça n’existe pas. Ce ne sont que des mensonges pour les enfants, on nous fait croire que l’amour et l’amitié existe, et on vous laisse découvrir seul l’horrible vérité. Ensuite, j’ai répliqué que mes amis ne se moqueraient pas. J’ai affirmé que Laura, ma meilleure amie, et son ex par la même occasion, était une fille sensible, qui me comprenait, et qui me donnerait raison. Il m’a dit au nez et a dit que tu n’étais qu’une traînée et que tu te fout*ais de ma gue*le et que tu en profiterais pour devenir une fille populaire, comme tu l’as été étant jeune. Je...ça m’a énervé, j’étais furieux, je lui ai donné un coup de poing au visage, et nous nous sommes bagarrés. C’est là que je me suis coupé à la lèvre.
- Tu...tu t’es battu pour moi ?
- Ouais, c’est naze, hein ? Tu dois te dire que je n’aurais pas dû me battre, que j’aurais dû le raisonner, je te connais... Et puis, j’aurais dû t’en parler, mais il m’a dit que si je te parlais de ça, je verrais que tu étais une fille qui n’attendait qu’une occasion pour se hisser en haut de l’échelle de popularité. Je...je n’ai pas voulu te faire confiance, je suis désolé. Tu sais, je m’en veux de te l’avoir caché, je vois bien que ce silence t’a blessé. Tu me le pardonnes ?
- Bien sûr, qu’est-ce que tu crois ? Et puis, tu sais, ça me touche que tu me défendes, même si tu en es venu aux mains...
- N’en veux pas à Mike, tu l’as blessé en le quittant, mais au fond, ce n’est pas un mauvais gars, et puis il t’aimait beaucoup et je suis sûr qu’il aimerait redevenir ton ami.
- T’inquiète, je ne le juge pas. Tout ce qui compte pour moi, c’est toi. Je suis contente de retrouver le Grégory que je connais.
- Merci, je suis heureux de l’apprendre. Tu croyais qu’il m’était arrivé quoi ?
- Avec Melvin, on se posait la question, je pensais à Mike, mais je ne le croyais pas capable de faire ça.
- J’avoue que je l’ai cherché.
- Non, tu m’as défendu. Merci. »
Je n’ose pas le prendre dans mes bras, mais je suis vraiment heureuse qu’il ne m’en veuille pas. Je vois sur son visage qu’il est triste que sa grand-mère l’ait quitté alors qu’ils étaient en mauvais terme. Je lui prends de nouveau la main et lui murmure :
« Je suis sûre qu’elle t’aimait, mais qu’elle avait peur de ne pas réussir à s’occuper de toi comme tes parents le faisaient.
- Ouais, ce n’est pas bête...c’est peut-être ça, parce que quand j’étais jeune, je m’entendais super bien avec ma grand-mère, j’allais souvent passer quelques heures chez elle.
- Tu vois. C’est sûr qu’elle t’aime.
- Merci de ton soutient.
- Les amis s’entraident, c’est pour ça que nous sommes des amis. »
Il semble soulagé d’un poids et quand nous arrivons au lycée, Grégory répond aux questions de nos amis sans problème. Enfin tout rentre dans l’ordre, ça fait du bien !