Partie 3 :
Et après...
Résumé : Que se passe-t-il après que Laura ait pardonné à ses amis ? Comment évolue sa relation avec Grégory ? Á vous de le découvrir.
Chapitre 1 :
La petite fille referme le livre.
« Énora ?! Où es-tu, demande une jeune femme.
- Au grenier maman !
- Redescend tout de suite, tu sais bien que je n’aime pas que tu y sois. C’est humide et tu pourrais y attraper froid.
- Oui maman. »
La petite fille de neuf ans, une belle blonde aux yeux bleus, rejoint sa mère dans la cuisine. Cette dernière est aux fourneaux, c’est une jeune femme blonde au yeux verts, plutôt belle.
« Je t’appelle depuis dix minutes, pourquoi ne répondais-tu pas ?
- J’étais au grenier, je ne t’entendais pas.
- Et qu’y faisais-tu ?
- Je lisais.
- Ah, c’est bien. Et quel livre était-ce ?
- Euh...attends, je n’ai pas retenu le nom...euh...
- Une pièce de théâtre ?
- Non.
- Ah...un roman assez vieux ?
- Non plus.
- Pourtant ce sont les seuls livres entreposés en haut.
- C’était comme un journal...
- Journal d’une adolescente ?
- Oui, s’exclame la fillette, c’est ça !
- Et tu l’as lu en entier ?
- Oui. J’ai adoré.
- Ce n’était pas un livre...
- Ah bon ?
- C’était mon journal, je l’ai écrit étant jeune.
- C’est toi Laura ?!
- Ben oui. Tu croyais que je m’appelais comment ?
- Je ne sais pas... Comment ça c’est passé par la suite ?
- Tu veux que je te raconte tout ?
- Oui.
- Vraiment tout ?
- Oui.
- C’est long, je te préviens. Je vais juste te raconter le principal, comme ça, on mangera plus vite, d’accord ?
- Oui, mais je veux savoir ce qui t’est arrivé, à toi et tes amis !
- D’accord. Alors voilà...
Chapitre 2 :
- D’accord. Alors voilà : je sortais avec Grégory depuis déjà cinq ans, autrement dit, j’avais vingt-quatre ans. Nous étions vraiment très proches et nous nous aimions comme au premier jour. Tu nous aurais vus : deux enfants ! Nous n’étions vraiment pas très matures. Un jour, il a voulu qu’on aille au restaurant tous les deux. Je n’étais pas contre, en plus c’est romantique. Donc nous y sommes allés. Je me suis fait toute belle, et au restaurant, il y avait un groupe qui jouait une musique douce, et si belle. J’étais vraiment heureuse.
- Et ensuite ?
- Patience, j’y viens. Ensuite, Grégory s’est levé, il a fait signe à l’orchestre et la musique est devenue encore plus douce, encore plus romantique, avec du violon, mon instrument préféré. Il est venu vers moi, s’est agenouillé, un pied à terre et a sorti de sa veste une bague dorée avec dessus un petit saphir, ma pierre préférée.
- Ah ! C’est trop mignon !
- Oui, et il m’a dit, mot pour mot : « Laura, tu es une femme merveilleuse, tu m’as appris la vraie signification de l’amour, et cela fait cinq ans que nous sommes ensemble. J’ai vécu ces années de bonheur intense sans une larme. Ton joli visage illumine même les journées les plus maussades et tes yeux sont plus doux que le plus agréable des tissus. Je veux te compléter ; que je sois la feuille et toi ma rosée. Je ne veux plus qu’une journée se passe sans que nous ne nous appartenions. Avec toi, j’ai l’impression d’être un homme, te voir me remplit de joie. Je t’aime, veux-tu m’épouser ? ».
- Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Et tu as dit quoi ?
- J’ai dis oui bien sûr, il m’a passé la bague au doigt et m’a embrassé. Tous les gens du restaurant (et il été complet à cette heure) ont applaudi, un vrai rêve ! J’ai versé une larme de joie, c’était si beau, si incroyable ! Quand j’ai annoncé ça à mes parents, ils ont sauté de joie, ma mère a pleuré, j’étais devenue une grande fille, une femme. Elle était très émue. Mon père était fier. J’étais vraiment émue que Grégory m’ait demandé en mariage, il voulait s’engager avec moi, c’est une preuve d’amour merveilleuse.
- Et qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?
- Quelques mois après, nous avons fêté notre mariage. Nous avons fait ça un printemps, lorsque les arbres étaient encore en fleurs. Nous avions loué pour l’occasion une grande salle. J’avais une robe de princesse, et j’ai fais mon entrée en carrosse, la classe, non ? Il était tiré par des chevaux blancs, c’était un vrai conte de fée. La salle était magnifique et après que l’on s’est dit oui à l’église, nous y sommes allés. Elle était décorée en blanc, avec un bassin dans lequel se trouvaient deux nénuphars. Á notre arrivée, mon père et ma mère ont libérés deux colombes qui ont volé au-dessus de nous avant de s’éloigner. C’était magique ! Le soir, nous avons dansé avec notre famille et mangé le délicieux repas qu’un traiteur nous avait préparé.
- J’aurais aimé y être...
- Tu vivras sûrement ça un jour ma puce. Et ce jour-là, je serai la première à te féliciter et à te prendre dans mes bras.
- Merci maman.
- Quoi qu’il en soit, Ce mariage fut merveilleux, je te montrerai les photos un jour. Tu verras comme c’était bien. J’avais un très beau chignon et une grande robe, comme tes princesses préférées. Nous avons fait notre lune de miel à l’endroit où tous deux, nous rêvions d’aller.
- Où ?
- Á Hawaï.
- Hawaï, mais ça devait coûter cher !
- Oui, mais nous avions tous deux vingt-cinq ans et nous avons terminé nos études quelques mois avant mon anniversaire. Autrement dit, j’avais réussit à trouver un emploi, et Grégory aussi (mon anniversaire était en mai, et le printemps suivant nous nous sommes mariés, il y a entre les deux près d’un an).
- Tu faisais quoi ?
- La même chose qu’aujourd’hui : j’ai enseigné l’espagnol, et lui il enseignait le français.
- Et donc, raconte-moi, comment c’était Hawaï ? Ça devait être vraiment joli, comme dans un rêve, non ?
Chapitre 3 :
- C’était encore plus beau qu’un rêve ! Imagine : les plages de sable fin, le soleil toujours au rendez-vous... C’était merveilleux !
- Raconte, qu’est-ce que vous avez fait.
- Le premier jour, car nous avions une chambre pour deux jours et deux nuits, nous avons surtout visité l’endroit. J’ai acheté ça. »
Laura se lève, et revient quelques minutes plus tard, tenant dans sa main un petit carnet. Il était décoré avec la photo d’une des plus belles plages de l’île.
« Regarde, il y a écrit tout ce que tu veux savoir à partir de notre voyage à Hawaï. C’est la suite de mon journal. Tu peux le lire, il n’y a rien de choquant dedans. Je ne l’écrivais pas souvent, mais tu en sauras un peu plus.
- Cool !
- Mais déjà, tu manges. Le repas va être congelé si tu ne le finis pas. »
La fillette mange en vitesse et part dans sa chambre lire le carnet que sa mère lui tendait :
Hawaï est vraiment un endroit merveilleux, aujourd’hui, nous nous baladons un peu sur l’île et je craque complètement pour un carnet exposé en vitrine, celui-ci. Il est trop mignon, non ? Grégory me l’achète, c’est un amour, je l’aime tellement. Je veux faire ma vie avec lui. Il est le mec idéal. Oui, je sais, on croirait que j’écris toujours comme une ado...
L’endroit est idyllique. Quand je raconterai ça aux autres, ils ne vont pas en revenir ! Je prends de nombreuses photos, quand ils les verront, ils seront tous sidérés. J’espère que tous vivront un tel moment de bonheur.
Le lendemain, au réveil, le soleil brille déjà travers les rideaux. Je me lève et vais vers la fenêtre, contempler la vue que l’on a de cette île paradisiaque. Je sursaute quand je sens les bras de Grégory m’enlacer la taille. Il dépose quelques baisers dans mon cou et murmure :
« J’espère que tu as passé une bonne nuit.
- Avec toi à mes côtés, tout parait génial. »
Je me retourne et l’embrasse. Chaque baiser est un rêve. Je me revois à notre premier baiser, et c’est fantastique.
Aujourd’hui, nous décidons de nous baigner. Après tout, l’eau ici est plutôt bonne.
Nous sortons de l’hôtel, nos affaires sous le bras de Grégory (en homme galant, il m’a proposé de porter mon sac, c’est trop mignon !). Nous allons donc à la plage. J’enlève ma robe, dévoilant mon nouveau maillot de bain, acheté hier pour l’occasion.
« Ouah, commente Grégory, tous les mecs vont te courir après si tu ne mets pas une serviette autour de toi.
- Ils ne sont rien comparé à toi, donc pas de crainte à avoir. »
Et hop, un autre bisou.
Nous allons dans l’eau et après avoir fait une bataille (nous sommes puérils), nous louons deux surfs. Grégory m’a appris à surfer récemment donc maintenant on peut faire ça ensemble. Je ne suis pas aussi douée que lui, mais je me débrouille bien. Après quelques heures, nous allons déjeuner dans un petit restaurant du coin. C’est plutôt bon. Je suis contente d’être en tête à tête avec mon mari (ça me fait encore bizarre d’appeler Grégory comme ça).
L’après-midi et la soirée, nous nous baladons le long de plages sublimes. On fait un peu de raquettes de plage dans le sable, c’est cool, je bats même Grégory (c’est qui la meilleure ? C’est moi !)
Nous nous couchons et regardons un peu la télévision
Le lendemain, nous nous préparons à repartir et nous reprenons l’avion quelques heures plus tard. J’aurais aimé rester plus longtemps, mais deux jours, c’était déjà super, j’avais l’impression de regarder ce paysage bucolique avec les yeux émerveillés d’un enfant ouvrant ses cadeaux le matin de noël.
Je garderai à tout jamais une image merveilleuse d’Hawaï.
Chapitre 4 :
Lorsque nous rentrons, nous rendons visite à mes parents et leur montrons nos photos et nos souvenirs d’Hawaï. Ils sont tout contents pour nous, je suis heureuse de les voir me regarder comme une adulte, et non plus comme une enfant que j’étais.
Quelques jours après, nous nous rendons chez Hugo et Charlotte. Ils sont ensemble depuis un peu plus longtemps que nous (leur relation a débuté deux mois avant la notre). Les deux vivent ensemble mais ne pensent pas encore au mariage, ils l’envisagent dans l’avenir, mais pas maintenant. Et vous savez quoi, le plus drôle c’est que Hugo m’appelle toujours « petite sœur ». C’est un réflexe chez nous. On se considère encore comme un frère et une sœur. Charlotte a le même âge que Hugo, ils se sont rencontrés à l’université, je trouve ça touchant, ils sont toujours ensemble, un vrai petit couple !
Tous deux nous connaissent parfaitement et sont très heureux de savoir que nous avons passé deux jours supers.
Nina et Louis eux aussi veulent de nos nouvelles. Ils sont toujours ensemble, mais pas mariés et ils ne vivent pas ensemble. Nous nous retrouvons chez Nina et les deux regardent avec émerveillement nos photos. Je suis heureuse de voir que ça les touche.
Puis c’est à Mike et Courtney que nous racontons notre séjour. Ils sont en voyage donc nous ne pouvons pas les voir. Et oui : pour leur un an de mariage, ils ont décidé d’aller en Afrique pendant deux semaines, c’est la méga classe je trouve. C’est eux qui nous ont donné envie de nous marier. C’était un beau mariage, Courtney était très belle et Mike vraiment élégant.
Ils sont contents de savoir que notre séjour nous a plu et nous parlent un peu du leur. Ils ont fait un safari où ils ont vu lions, girafes, zèbres...
Quelques semaines après, j’ai d’horribles maux de ventre. J’ai l’impression d’avoir attrapé un coup de froid ou un truc du genre. Nous prenons donc rendez-vous avec le médecin. Grégory m’y amène et reste dans la salle d’attente. Le médecin me dit que je n’ai rien de très spécial et que ça devrait passer d’ici six ou sept mois. Il m’apprend alors une nouvelle...incroyable. Je sors et retrouve Grégory dans la salle d’attente. Nous sortons et il me demande :
« Alors, qu’est-ce que tu avais ?
- Tu veux dire qu’est-ce que j’aurai.
- Comment ça ?
- Grégory, dis-je excité et heureuse, tu vas être papa. »
J’attends sa réaction, je suis très heureuse mais lui, que va-t-il en dire ?
« Tu...tu veux dire que tu...que nous... »
Il me prend dans ses bras et s’exclame :
« Mais c’est fantastique, c’est merveilleux ! Je vais être père ! Un papa, c’est un truc de malade !
- Oui, je sais, c’est trop cool !
- Oh ouais ! Je suis si heureux de t’avoir rencontré !
- Et moi donc, tu es l’homme de ma vie Grégory, et cet enfant, c’est...c’est la preuve que l’on s’aime à la folie.
- Même sans lui je t’aurais aimé à la folie pour toujours.
- J’ai hâte de pouvoir le tenir dans mes bras.
- Tant que ça ?
- Ouais, par contre, je sens que l’accouchement va être une horreur vu tout ce que l’on m’a raconté, et puis entre le caca et le vomit, ça me refroidit un peu...mais donner la vie...c’est merveilleux.
- Et si on faisait une petite fête pour l’annoncer ?
- D’accord.
- Tu sais si c’est un garçon ou une fille ?
- Je dois aller faire une échographie, on le saura d’ici peu.
- Super. Je t’aime tellement.
- Moi aussi. »
Chapitre 5 :
Nous organisons donc une petite fête prévue pour le mois prochain. Nous n’avons encore parlé à personne du bébé. Nous comptons l’annoncer à la fête.
Entre temps, je fais l’échographie. Et là, une nouvelle encore plus folle que les précédentes nous parvient. Cela nous remplit de joie, et un peu d’appréhension, j’ai peur de ne pas réussir à m’en occuper parfaitement, mais j’ai confiance, et si j’ai des doutes, mes parents seront à mes côtés pour m’assister.
Le soir de la fête (donc il est environ six heures), nous avons réuni nos amis et nos familles. Nous sommes réunis dans le jardin. Tout le monde se sert à boire, certains mangent les petits gâteaux que je me suis amusé à faire cet après-midi (et oui, ça vous avait manqué l’ironie, hein ?). Pour l’instant tout va très bien, je discute un peu avec ma famille, mais reste vague sur les raisons de cette fête en me contentant de répondre « j’ai une petite nouvelle à annoncer. »
La fête a commencée depuis déjà une bonne demi-heure. Tous commencent à se demander ce qu’il se passe et la raison de leur venue. Je monte sur les marches pour dominer l’assistance, Grégory à mes côtés. Je commence :
« Bonsoir à tous et merci d’être venus. Vous vous demandez tous pourquoi vous êtes réunis ici. Eh bien, nous avons jugé avec Grégory que c’était la plus belle façon de vous l’annoncer.
- Quand nous nous sommes mariés, continue Grégory en me prenant la main, nous étions loin de penser que nous formerions si vite une famille. Nous allons être parents. »
Personne ne parle, et quelques secondes après, des applaudissements s’élèvent de la petite assemblée. Ma mère se précipite vers moi et me prend dans ses bras, ainsi que Grégory. Nous recevons les félicitations de tous nos proches. Grégory décide de porter un toast. Je suis tellement heureuse que tous soient contents. J’avoue que j’avais peur de la réaction de mes parents. Je me doutais qu’ils seraient contents pour nous, mais je me réjouis de leur réaction. Je le sais depuis toujours que mes parents sont les meilleurs. Mais c’est dommage, nous n’avons pas tout dit. Bof, je leur dirais après le toast, je suis sûre qu’ils seront heureux.
Grégory lève son verre, ainsi que nous tous. J’ai un sourire sur le visage qui est si grand que j’en ai presque mal aux joues, comme quand on rigole trop. Oui, je suis vraiment la fille la plus heureuse du monde en cet instant qui ne saurait être mieux qu’il ne l’est déjà.
« Je voudrais porter un toast, déclare Grégory, à ma femme, et à note future famille. »
Tous approuvent et nous buvons. Par contre, je prends du jus d’orange, pas d’alcool...de toute façon je n’aime pas l’alcool.
« D’ailleurs, demande Hugo, c’est un garçon ou une fille ?
- Bonne question » répond Grégory.
Le silence tombe, tous écoutent. Je suis sûre que ça va les étonner, mais comment leur dire de façon amusante ? Mon mari me fait un signe de la tête et je réponds :
« Les deux. »
Tous nous regardent bizarrement, amusée, j’ajoute :
« Ce sont des faux jumeaux. »
De grands sourires se dessinent sur les visages de chacun des invités. Mes parents sont les premiers à s’exclamer :
« Aux enfants, et à leurs parents qui, j’en suis sûre, sauront s’en occuper mieux que quiconque. »
Quelle joie, quelle fierté...je suis si heureuse d’avoir pardonné à mes amis et à Grégory. Je les regarde, les vois discuter et rire, et je me rends compte que pour moi, l’amitié, c’est précieux, c’est tout. Mes amis sont, comme ma famille, ma raison de vivre. Je prends Grégory dans mes bras.
Chapitre 6 :
Quelques mois après vient l’accouchement, mon mari reste toujours près de moi. Une fille et un garçon, c’est pratique, ça met tout le monde d’accord : moi je voulais une fille et Grégory un garçon.
Dès le lendemain, je suis prête à sortir, mais les médecins refusent de me laisser partir, ça me gave, je n’ai pas que ça à foutre moi (caprice de gamine, je sais) !
Avec Grégory, nous décidons d’appeler la petite Énora et le petit Julien. Ce sont des prénoms que nous affectionnons tous les deux.
Je suis vraiment une mère comblée. Chez nous, nous avons déjà fait une chambre en plus et honnêtement, les bébés sont cools : pas trop de cris, ni de pleurs...par contre le vomit et le caca, c’est juste trop crad...
Après tout, c’est la vie d’une mère, c’est désormais ma vie...l’horreur. En plus, après, il y aura l’enfance, puis l’adolescence...l’âge où ils vont sûrement n’en faire qu’à leur tête, comme leurs parents à leur âge après tout. Je n’ai plus tellement le temps d’écrire, c’est un peu dommage, j’aimais bien. Je reprendrai peut-être un jour ou l’autre. Quand j’y pense, je voulais me remettre au judo...tant pis, c’est trop tard maintenant.
Énora referme le petit cahier qui s’achève ainsi. Elle rejoint sa mère à qui elle rend le calepin.
« Alors, demande Laura, qu’en as-tu pensé ?
- J’espère qu’un jour, j’aurai la même vie que toi. »
Quand ma fille m’a dit ces mots, j’ai décidé de reprendre l’écriture, ne serait-ce que de temps en temps. J’ai été ému de voir à quel point elle m’admirait et m’aimait.
Tous mes amis sont mariés et ont désormais des enfants, Mike et Courtney ont vécu quelques moments difficiles, mais en ce moment, tout va largement mieux. Ils on même eu une fille, Clara, âgée aujourd’hui de sept mois.
Mes enfants grandissent et deviennent de beaux adolescents. Julien attire beaucoup de filles et aime bien papillonner alors qu’Énora écrit elle aussi un journal, son journal, elle écrit très souvent et aimerait devenir comme son père professeur de français, mais je sais que son rêve, c’est de devenir une auteure connue. Elle écrit si souvent que ça ne peut pas être que son journal, et quand elle me fera lire son livre, j’en serai très honorée.
Le temps passe très vite. Aujourd’hui, mes enfants fêtent leurs dix-huit ans. Une belle fête a été organisée en leur honneur. Nous sommes très fiers d’eux.
Quel jour merveilleux, ma fille Énora se marie elle aussi, mais je trouve que vingt-et-un ans, c’est un peu jeune. Libre à elle de faire ce qu’elle veut, je ne la jugerai pas, tant qu’elle est heureuse, alors mon bonheur est au sommet du sommet. C’est une très belle cérémonie, et j’en suis très heureuse. Comme je l’avais promis il y a douze ans, je suis la première à la féliciter et à la prendre dans mes bras. Elle est très heureuse, comme je l’avais été quand j’avais annoncé mon mariage à mes parents.
Quatre ans après, c’est à Julien, il a enfin trouvé la femme idéale (vu le nombre de fille qu’il nous ramenait étant jeune, nous désespérions de voir ce jour arriver).La cérémonie, à la demande de la mariée, Clara (et oui, son amie d’enfance : la fille de Mike et Courtney avec qui il a un an d’écart) était très simple mais inoubliable. Cette femme est vraiment une fille bien, elle n’aime pas trop se montrer et est très discrète, elle a du mal à se dévoiler, mais on sent qu’elle a un vrai cœur en or.
L’horreur, aujourd’hui je suis grand-mère. Énora vient d’avoir un fils. Je suis heureuse pour elle, mais je le sens bien venir là, le coup de vieux...avec Grégory, nous sommes très contents. Elle est âgée de vingt-trois ans, nous ne pensions pas qu’elle aurait son premier enfant si jeune. Je passe chaque jour à la maternité pour voir mon petit-fils. Lorsqu’elle en sort, elle est toute souriante, c’est bien ma fille à moi, ça. Je viens souvent la voir pour m’assurer que tout va bien et lui donner quelques conseils. L’enfant est adorable, mais il est un peu trop bavard, et il ne s’exprime qu’en criant avec sa petite voix aiguë. C’est trop chou ! Néanmoins je plains Énora, la pauvre, ça va être dur, mais je sais que l’amour qu’elle porte à son fils saura lui donner la patience dont elle va avoir besoin.
La jeune femme se tient juste devant une large pierre entourée d’herbe et de fleurs. Elle tient la main de son mari, ainsi que celle de son fils, désormais âge d’une quinzaine d’années. Tous contemplent en silence les deux pierres tombales qui se dressent devant eux. Des larmes coulent le long des joues de l’adolescent. Sur les pierres, disposées côte à côte, on peut lire « Grégory et Laura, 1998-2057, morts dans un accident de voiture, la mort n’arrêtera jamais notre amour. »
En rentrant, Énora fond en larmes, pleurant la disparition de se parents. Peu après, lors du rangement des affaires que ses parents lui ont léguées, la jeune femme tombe sur une page arrachée du journal de sa mère. En le lisant, les larmes lui montent aux yeux. La pauvre a toujours eu ce caractère fragile qu’avait Laura. Ce papier, elle le garde précieusement dans une boîte :
Encore aujourd’hui, je m’étonne de me savoir mariée et mère (même grand-mère) de deux enfants formidables, deux enfants blonds comme moi, et avec les mêmes yeux bleus magnifiques de leur père. Encore aujourd’hui, j’ai l’impression de n’être qu’une gamine, une ado qui vient d’avoir quinze ans, qui est en vacances d’été et attend impatiemment sa rentrée en seconde. Parfois, les histoires les plus intéressantes sont celles que l’on vit vraiment, sans magie ni être fantastique. Et puis, je pense que je vais arrêter d’écrire ce journal, car après tout, ce livre s’appelle et c’est toujours appelé Journal d’une adolescente, non ?