"Scénario de Cyllian"

L'appel de l'alchimie

Un jeune homme dans un appartement, avachi sur son fauteuil. Il est crade, répugnant, à moitié endormi. La lumière peine à entrer à travers les volets dans une pièce en désordre et poussiéreuse. Un portable qui vibre. Une paupière qui s'ouvre. Un message « à l'attention de M. Médoc... »

La narration se fait en parallèle d'une succession de scènes :
Le jeune homme se recoiffe, s'habille. Il sort de chez lui et se déplace à travers la ville.
« Je m’appelle Anatole Médoc. J'ai 19 ans, titulaire d'un Bac S sans mention. Je savais pas quoi faire de ma vie jusque-là, mais une organisation scientifique m'a contacté. »
Il monte dans un petit avion bondé de gars aussi paumés que lui. Il se présente à son voisin, qui s'appelle Samir. « Et je n'étais apparemment pas le seul à avoir répondu à l'appel. Des centaines d'étudiants à travers le monde, ont, comme moi, décidé de changer de vie. »
L'avion atterrit sur une île luxuriante. Les étudiants sortent émerveillés, puis sont accueillis dans un grand hall décoré traversé par plusieurs scientifiques en blouse. « La Terre va mal. Le réchauffement climatique, la pollution et la menace nucléaire annoncent la fin imminente de l'humanité. Pour survivre, une organisation scientifique s'est installée en secret dans un archipel inconnu du Pacifique. »
Des scientifiques annoncent avec enthousiasme devant le groupe de jeunes : « Bienvenue à l'A.S.N, l'Académie des Sciences Novatrices ! »

Anatole et Samir se retrouvent côte à côté dans une salle de classe.
-Mon premier cours dans mon nouveau bahut, j'ai trop hâte ! s'exclame vivement Samir.
Le professeur est un gros monsieur aux lunettes rondes et au style ringard.
Il illustre ses paroles par des images au tableau.
-Comme vous le savez chers élèves, vous avez été réunis en ce jour pour sauver notre monde. Certains pensent qu'il faut réparer la Terre, d'autre la quitter, certains sont même convaincus qu'il faut la faire exploser ! Nous allons former des mathématiciens, des physiciens, des astronomes, des magiciens... vous serez des alchimistes !
Anatole se tourne vers Samir.
-On... on va créer des potions ? articule Anatole.
-Premier exercice : chercher les ingrédients, déclare le professeur.

Anatole et Samir sont dans une serre, en compagnie de Hanako, une botaniste. Ils examinent une plante étrange.
-Et c'est avec ça qu'on va changer le plomb en or ? s'interroge Samir, peu convaincu.
Hanako câline la plante, ravie.
-Nous avons passé ces dernières années à nous faire la guerre, et à détruire inconsciemment la nature.
Elle soupire.
-Je souffre pour elle, vous comprenez ? Nous sommes les enfants de la nature, nous devons la servir, pas l'exploiter. Promettez-moi que dans tous vos agissements, vous la respecterez.
Anatole et Samir acquiescent ensemble. Un grand bruit se fait entendre dehors.

Des machines titanesques s'agrippent à la Terre et arrachent, détruisent, absorbent et exportent vers l'espace des pans entiers de la planète, emportant forêts, villages et animaux. Un psychopathe hurle dans un mégaphone :
-Vous n'avez rien compris ! L'avenir est dans l'espace, il faut démolir la planète pour la reconstruire ailleurs !!
Anatole et Samir se hâtent de réunir tous les composants possibles dans la serre et en fabriquent une potion à toute vitesse qu'ils boivent tous deux. Les deux étudiants se fusionnent en un golem doré : le Mégazhybride.
Le colosse s'envole dans l'espace et fait exploser les vaisseaux à coups de laser. Le psychopathe hurle dans les flammes, alors que dehors les forêts, les villages et les collines extraites retombent dans un fracas assourdissant sur la planète. Puis, un grand flash lumineux. Un rubis titanesque flotte dans l'espace. « La Terre s'est transformée en pierre philosophale ! »
Les deux étudiants et la botaniste se retrouvent assis sur le sol, émerveillés et abasourdis, contemplant une ville fantastique où la logique ne fait plus sens. « Bienvenue à UTOPIA, la cité divisible par zéro. »

Anatole se réveille dans une salle épurée qui a tout l'air d'un laboratoire, dans un état pire qu'à sa première apparition. Il est effondré et délire, autour de tas de poudre. Une voix se fait entendre : « Test concluant. Cette drogue fait des merveilles. »
Un scientifique en blouse regarde le jeune à travers une vitre, le regard cruel. « Merci d'avoir répondu à l'appel de la Science ! »