Posté le 24 décembre 2017
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Encore une défaite...
Celui que tout Paris connaissait sous le nom de « Papillon » se retourna, abandonnant lentement cette tenue violacée le caractérisant, tandis que s'effaçaient peu à peu, dans l'ombre de son repaire, ses noirs desseins.

Droit, sombre, préoccupé, las, en colère... tels étaient les termes pouvant définir, dans son ensemble et en cet instant, le plus grand styliste de Paris, ainsi que, l'un des plus talentueux de son époque et monde, Gabriel Agreste.

De pâles rayons lunaires transperçaient le vitrail, évocateur du sombre maître des lieux, se réverbérant sur l'ample, mais non moins élégante, paire de lunettes de l'artiste.
Rehaussant d'ailleurs sa monture, l'homme fixa le sol, sur lequel de sinistres formes se découpaient, perdu dans de mystérieuses pensées...

La moitié inférieure du corps du possesseur de Nooro, se mit, soudainement, à s'enfoncer lentement dans le trou de forme circulaire qui s'avérait en fait être l'entrée d'un ascenseur dissimulé.

Les minuscules, mais néanmoins lumineux, papillons réflecteurs qui jonchaient les alentours de cet étrange passage, ne semblèrent que peu intéressés par cette sortie précipitée...
Paniquant tout de même à la fermeture automatique de la trappe qui recouvrait cette fenêtre vers la ville lumière, plongeant la pièce dans une totale obscurité.



« Presque Deux heures»

Gabriel grommela, puis, soupira, laissant tomber son bras, qui tenait un petit appareil rectangulaire, le long de son corps mince.
Index soutenant un large front légèrement ridé, cheveux grisonnants, yeux cernés, air vieilli, visage fatigué... oui, celui qui terrorisait Paris depuis désormais de nombreuses années, chutait peu à peu.
Terrorisé n'étant d'ailleurs pas le meilleur des termes car, quoiqu'on en dise, les habitants s'étaient accoutumés à ses attaques, qui devenaient d'ailleurs de moins en moins fréquentes au fil du temps.
La fréquence n'était, d'ailleurs, pas la seule variable qui se voyait affubler d'un changement.
Les akumatisés constituaient de moins en moins une menace, et nul ne savait pourquoi, mais tous s'en réjouissaient... sauf lui.
Le poids des ans ? Cette fatigue perpétuelle ? Cette terrible et pernicieuse lassitude qu'il ressentait ?
Au final, lui même ne saurait le dire, mais il le sentait, c'était un fait, il n'était plus que l'ombre de lui-même...

Puis, remettant l'un de ses plus précieux outils de travail dans sa poche, il se retourna, faisant alors face à son portrait.
Malgré tout ce temps, elle n'avait pas changé d'un iota, immortalisée dans sa beauté de jeunesse, figée dans cette gracieuse pose pour l'éternité.
Des ombres obscures s'immisçaient dans son esprit, le dévorant, tandis qu'il contemplait la raison pour laquelle, sous son élégante cravate, il portait cette broche peu ordinaire.
Ne pouvant soutenir son regard plus longtemps, il laissa lourdement tomber ses paupières, rompant le contact visuel.
Malheureusement, son image, fruit de cette peinture et de souvenirs désordonnés d'un homme brisé, flottait toujours dans son esprit.
Le temps est une notion qui ne saurait être plus abstraite... quelques minutes pour les autres, une éternité pour ce cinquantenaire usé.
Pour Rousseau, ce n'était là peut-être qu'un instant, mais pour lui en revanche...
Elle sembla d'ailleurs s'être écoulée lorsque que la voix retentit dans la pièce.

« Père ? »

Le susnommé « père » rouvrit les yeux puis pivota lentement sur lui-même, se retrouvant alors face au seul autre être qui comptait encore à ses yeux.

Cheveux blond clair, yeux verts étincelants, grande taille, bague en argent à son doigt, immanquable chemise blanche, légère inquiétude peinte sur son visage... Adrien Agreste n'avait guère changé au fil des ans, car, malgré ses 17 ans, il restait toujours ce mannequin exceptionnel qui avait parcouru les rêves de nombre d'adolescentes parisiennes.
Certaines disant même, qu 'avec l'âge, il n'en était devenu que plus séduisant.

« Adrien ! Je t'avais formellement interdit de pénétrer dans mon bureau ! »

Son fils baissa la tête, l'air douloureux.

« Je pensais que nous pourrions juste passer Noël ensemble pour une fois Père... » marmonnât-il.

Gabriel resta silencieux.
Il n'avait été que peu présent pour lui, encore moins que d'habitude, ces temps-ci.
Gabriel soupira.

« J'arrive Adrien, juste quelques minutes, tu permets ? »

Adrien hocha la tête, manifestement plus enthousiaste que précédemment.

« Je vais aider Nathalie Père, j'espère vous voir arriver bientôt »

Tandis que son fils tournait les talons et que ses bruits de pas s'éloignaient peu à peu, Gabriel se tourna une dernière fois vers elle.
Le tableau de feu Mme. Agreste semblait le juger, les yeux de celle qu'il aimait semblant se poser sur lui, le questionnant.
Décontenancé par ce reflet de son propre inconscient, il détourna les yeux, et, fixant le sol, il déclara d'une voix chevrotante :

« Tu sais qu'il compte pour moi. Mais c'est parfois... difficile »

Ne voulant se retrouver de nouveau avec ses doutes, il se détourna de l'oeuvre et se dirigea vers la sortie du bureau.
Arrivant dans le hall d'entrée, il aperçut Adrien qui s'efforçait d'aider Nathalie à débarrasser la table.
Monsieur Agreste soupira, mélange de soulagement et de fatigue.
Nathalie et le « Gorille », dont lui même ne se souvenait du nom, s'étaient bien occupés d'Adrien.
Manger avec lui, chanter des comptines de Noël, décorer le sapin... tout ce que lui aurait du faire en sa compagnie...

« Il faudrait pouvoir rattraper cela... » pensa-t-il

Marchant à pas feutrés en sa direction, il posa la main sur l'épaule du jeune garçon.
Adrien tourna alors la tête, puis, il fut alors très difficile de décrire l'expression qu'il aborda lorsqu'il vit son père.

« Père ! »

Sans un mot, l'homme, que tous avaient craint, pris Adrien dans ses bras.
Adrien, tout d'abord surpris, lui renvoya ensuite cet étreinte père-fils.

Après tout, même Le Papillon a le droit à un Noël.

Par Moth
Pour French Miraculers

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