Cobalt, si elle avait été l'enfant sauvage (oui j'avais envie d'écrire xD) :
Acroupie sur la mousse humide à cause de la rosée, je posais les yeux sur la blessure qui s'étendait le long de ma cuisse, réprimant un haut-le-coeur. Ce n'était pas beau à voir. La plaie s'était rouverte, et j'étais persuadée que le liquide qui suaintait de la chair était dû à une infection. Soudain, j'entendis les cris des humains à ma recherche, et les jappements des chiens qui se faisaient tout proches. Prise de panique, j'envelopais tant bien que mal ma jambe dans des feuilles, et me remis à courir à travers les racines et les fougères, les muscles bandés par l'effort. Je boitais, la fatigue envahissait mes membres et mon souffle était de plus en plus rapide, je savais que je ne tiendrais plus longtemps. En effet, les aboiements se rapprochaient inexorablement, et je pouvais déjà sentir les molosses quelques centaines de mètres derrière moi. Je ne cessais de me répéter tel un mantra les mots : "Aller Lydia, encore un petit effort !". Malheureusement pour moi, la caverne dans laquelle je m'étais engagée ne débouchait sur rien, et mes poursuivants m'avaient rattrapée. Dos à la paroi rocheuse, je me retrouvais acculée face aux molosses qui continuaient de me menacer de leurs crocs. Dans une dernière tentative de protection, je me trainais hors de leur portée sur une pierre qui dépassait, et me roulait en voule, les larmes dévalant mes joues. La morsure me faisait atrocement souffrir et j'étais terrifiée par les grognements qui résonnaient dans la grotte. Les chasseurs arrivèrent au bout de quelques minutes, et pour la première fois depuis neuf ans, je vis le visage d'un de mes semblables. Durant toutes ses années, j'avais erré dans les bois, en compagnie des loups et en communion avec la nature. Mais cette nuit, ces hommes avaient détruit ma famille. Le tonnerre semblait être sorti de leurs drôles de bâtons avec lesquels ils visaient pour se déchaîner sur les miens. À ce que je sache, j'étais la seule de ma meute à avoir survécue, et voilà qu'on allait m'abattre à mon tour. Les chiens s'étaient tus et le temps semblait s'être suspendu tandis que les humains me fixaient, l'air ébahi. J'attendais qu'ils se décident à me tuer, mais toute mon attention était fixée sur la douleur a ma cuisse qui ne faisait qu'empirer. Tout à coup, mes yeux se révulsèrent et tout devint noir.
Je repris conscience dans une des tanière des humains, et un spécimen femelle assez âgé me passa de l'eau froide sur le front. Je tentais de me lever, mais mon corps ne m'obeissait plus, et je fus contrainte de subir son contact, toute impuissante que j'étais. Lorsqu'elle tenta de me caresser les cheveux, je lachais un grognement, et elle retira sa main. Ses lèvres se fendirent d'un sourire, et elle murmura "tu n'es pas du genre à te laisser faire toi !". Voyant que j'étais attentive à ses paroles, elle sut que je comprenais sa langue, et me demanda mon nom. Celà faisait si longtemps que je n'avais pas parlé que j'arrivais tout juste à émettre un bruit rauque, et il fallut plusieurs tentatives avant que je parvienne à prononcer "Lydia". Toujours souriante, elle me dit : "Très bien Lydia, moi c'est Sonia, et je vais prendre soin de toi désormais, tu es en sécurité ici, tu peux enfin te reposer". J'acquiessais, décidant de faire confiance à cette femme pleine d'amour, et je plongeais dans un sommeil réparateur.
Au fil des mois, je réappris à vivre avec mon espèce, même si je ne m'étais jamais autant sentie chez moi que dans la forêt située derrière la maison de Sonia, chez qui j'habitais depuis ma réinsertion. Cependant, cette dernière était maintenant six pieds sous terre, et je ne ressentais aucune empathie pour les autres humains. Je ne comprennais toujours pas pourquoi les chasseurs m'avaient laissé la vie sauve. Dans le fond, j'étais une louve, mais peut être que mon apparence humaine les avaient attendris au point de m'épargner ? Quoiqu'il en soit, je ne parvenais pas à oublier ma nature profonde, et le jour où dans le village la rumeur se répandit comme quoi les loups-garous existaient et envahissaient les rues la nuit tombée, je me décidais à les attendre, espérant peut être les rejoindre. Un peu avant que le soleil se couche, j'entendis des villageois chuchoter que les bêtes devoraient un habitant chaque nuit, et je me demandais si je voulais réellement rejoindre les créatures, et après tout, qui me disait qu'elles m'accepteraient ? Je n'en savais rien, mais j'étais là, à attendre la venue tant redoutée des monstres, et j'avais du mal à contenir ma nervosité. Je vis enfin une paire d'yeux rouges se détacher dans l'obscurité, et une forme sombre s'avança vers moi. Je ne bougeais pas, et attendit que le loup majestueux ait fini son inspection. Enfin, l'animal fit place à un homme, et me toisant du haut de son mètre quatre-vingts dix, il me demanda "Qui es-tu, et que veux-tu de moi ? ". Pesant mes mots, réfléchissant quelques secondes à ce que je voulais vraiment, je répondis enfin : "Je suis Lydia, l'enfant recueillie et élevée par les loups durant son enfance. Depuis la mort de la personne qui m'a soignée et élevée comme sa fille, je n'ai plus de raison d'aider les villageois. Je souhaite rejoindre ta meute."