Posté le 2 juillet 2013
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Illusion



Je me retournais en sursaut. Mais il n'y avait rien. Bizarre... J'étais convaincue d'avoir entendu une respiration. Je n'avais pas rêvé pourtant. J'haussais les épaules pour me redonner contenance et je repris ma position initiale, mon plan toujours entre les mains. J'arrivais enfin à me situer. Je relevais les yeux vers la rue que je devais emprunter mais celle-ci avait disparue. À la place se tenait un petit bois pas très accueillant. Je me retournais de nouveau pour voir une ombre disparaitre derrière un arbre.
Je réprimais un frisson et replaçais mon attention sur le petit bois qui était maintenant... un lac.
Mais où est-ce que j'ai atterri ? Pourquoi est-ce que tout change ?! Pourquoi j'ai ce sentiment d'angoisse qui m'étreint, comme si ce sentiment voulait m'étouffer ?
Coincée dans cet amas de sensations, je me fis glisser au sol et un mur vint me soutenir pour m'empêcher de tomber. Tout change, je ne reconnais plus rien. Ma tête tomba entre mes genoux que j'avais repliés contre mon corps. Les larmes me montèrent aux yeux et j'avais désespérément envie de les laisser couler. Mais je savais qu'il ne fallait pas qu'elles tombent au sol... Cela signifierait ma défaite et jamais, jamais je n'accepterais de perdre.
Je respirais un bon coup pour calmer les pulsions frénétiques de mon cœur et je réfléchis. Très bien. Je souhaitais aller chez mon correspondant. D'où ma carte. Lorsque j'avais entendu cette respiration, à quoi je pensais . À un bois, je me disais que je serais bien allée à la cueillette aux champignons, puisque c'était la saison. Puis j'ai senti ce souffle dans ma nuque. Et j'ai pensé à quoi alors . Je me creusais un instant la mémoire. Je pensais au lac, pas loin de chez moi, où j'avais laissé mon meilleur ami et mes champignons. D'accord. Je me relevais d'un coup. Le lac était toujours là. Mon meilleur ami aussi, mais mon côté rationnel prit le dessus. James ne pouvait être là. J'étais à des centaines de kilomètres de notre lac. Le lac non plus ne peut pas être là.
À cette constatation, l'eau du lac commença à s'évaporer.
Tiens donc ? Aurais-je du pouvoir sur ce qui se passait ici ? Un sourire victorieux se dessina légèrement sur mon visage.
Je pensais à cette fête foraine qui venait de s'installer pas loin de chez moi, et comme par enchantement, la même fête foraine fit son apparition là où se trouvait le lac quelques instants plus tôt.
Mon sourire s'agrandit. J'avais le plein pouvoir. Je fis apparaitre un château. Mon château. Il était noir à souhait, la colline sur laquelle il se situait était haute. Très haute et pour la gravir il fallait presque escalader les escaliers que j'avais créés.
Je matérialisais des porteurs ainsi qu'une chaise sur laquelle je pris place confortablement. Je m'habillais d'une robe sombre et sur ma tête, je plaçais un diadème aussi noir que ma robe sur ma tête, et en nouvelle reine des ténèbres je me fis porter jusqu'à ma nouvelle demeure. Au fur et à mesure de ma balade, je créais l'environnement propre à l'extérieur de mon château. La colline se transforma en montage, les bords de l'escalier laissèrent place à de lave en fusion. Quelques paliers de part et d'autre permettaient à quelqu'un de mes "employés" de faire régner l'ordre dans la queue de paysans venus me donner leurs récoltes. Les coups de fouet pleuvaient sur eux et j'en ressentais une jouissance particulière.
J'arrivais enfin à mon château et je descendis de ma chaise sans un regard pour mes porteurs. Qu'étaient-ils après tout ? Rien.
Au fur et à mesure de ma progression dans le château, je meublais les pièces. Une était entièrement noire, tandis que la suivante était rouge sang. Une autre était aussi blanche qu'une chambre d'hôpital. Chaque pièce avait sa couleur. J'arrivais finalement à la salle du trône. Mon trône. Entièrement fait de marbre noir, il contrastait magnifiquement avec le décor doré du reste de salle.
Je pris place et là, mes paysans arrivèrent. Ils me donnaient leur blé, leur bétail, leur argent et je prenais un malin plaisir à les voir se ruiner devant moi. Un sourire supérieur s'installa sur mes lèvres.
J'avais le plein pouvoir. Et je le garderais.
Mais l'on ne règne pas par la terreur... Et je le compris à mes dépens.
Pendant ce qui me semblait des années, je martyrisais mes serviteurs, mais progressivement, une rébellion s'imposa. Un homme, dont j'ignorais encore le nom les faisait se réveiller, ils prenaient conscience de qui j'étais et de ce que je faisais. Mais je faisais comme si de rien n'était et j'étendais ma tyrannie à de nouveaux royaumes que je créais d'une simple pensée.
Je pensais que rien ne pourrait me détrôner, mais il faut croire que tous les rêves ont une fin et la mienne prendrait bientôt fin.
Bien sûr, tout ça n'est que des pensées de mon inconscient. Ma vie n'était réduite qu'à martyriser de pauvres gens, à les réduire à moins que rien et à étendre mon royaume toujours plus loin.
Mais le jour fatidique arriva, comme il arrive toujours.
Le sauveur de mon peuple se présenta à ma porte et à son passage, tout ce que j'avais créé se purifiait. Il rendait bon le cœur des gens les plus sournois que j'avais créé.
Mes créations ne voyaient pas ce que moi je voyais. Cet homme était entouré d'une aura, d'un halo de joie, d'amour, de bonté et de bienveillance. Tous ces gentils sentiments que j'exécrais.
Il s'arrêta au pied de mon trône. Son pouvoir ne pouvait pas encore me faire basculer de son côté.
Mais ses paroles suffirent.

"Reviens."

Et je suis revenue.

Le rêve se dissout et je me retrouvais là où il m'avait laissé. Au-dessus de moi se trouvait un jeune homme, le même que celui de mon rêve.
Et je pris conscience de la dure réalité.

Tout ça n'avait été qu'illusion.

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