Posté le 9 juillet 2013
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« Je suis là. »

« Tu pleures. Sur tes genoux se trouve le corps d’une femme. Tu la trouvais belle, tu lui disais souvent. Elle porte une longue robe blanche, mouillée de tes larmes, c’est toi qui lui avais offerte. Un silence pesant s’est abattu sur la salle sombre dans laquelle vous vous trouvez. Quelques rayons de lumière traversent les vieux et épais rideaux. Le soleil se lèvera bientôt.
La douce lueur dorée des bougies, posées sur de grands chandeliers, illuminent un peu la pièce : une grande chambre luxueuse au parquet en ébène, de nombreux tableaux ornent une tapisserie rouge carmin. Contre un des murs se trouve un grand lit aux draps de satin noir, sur le mur d’en face se dresse une haute et large porte en bois massif à double battant. Une immense armoire était installée contre un troisième mur. A un coin de la chambre on pouvait voir deux fauteuils ainsi qu’une table basse sur laquelle étaient posés une bouteille de vin rouge et un verre à pied à-moitié plein de ce liquide, à un autre, une bibliothèque et un piano à queue. Tu jouais bien, je ne me lassais pas de t’écouter.
Tu es au centre de la salle, et tu la regardes, cette femme. Elle porte toujours sa bague de mariage. Toi aussi. Elle a les yeux fermés, elle sourit. Sereinement. Alors, pourquoi es-tu si triste ? Ses cheveux noirs retombent sur le sol glacé.
Je t’ai vu arriver. Tu étais parti quelques heures auparavant -trop longtemps- pour donner un concert en ville. A ton retour, tu étais étonné du calme régnant dans ton manoir, tu es alors allé dans ta chambre. Tu l’as vue –tu m’as vue-, tu as couru, tu pensais que c’était trop tard, tu avais raison. Elle -je- ne respirait plus, alors tu t’es mis à pleurer, tu es tombé à genoux sur le parquet. Tu as pris son -mon- corps froid dans tes bras. De mes poignets coule mon sang.
Tu savais que ça finirais comme ça. Tu as juste rejeté cette éventualité. Pourtant je te l’avais dit, quoi que je fasse, je suis vouée à mourir. J’ai longuement réfléchi, c’était la solution la moins douloureuse pour moi. Ne m’en veux pas. Je n’ai jamais eu envie de finir ma vie dans un lit d’hôpital, rongée par ce mal qui parcourt mes veines. Je ne souhaite pas que tu me voies partir petit à petit, c’était impossible de t’infliger cela.
Maintenant, je te vois prendre ce couteau à la lame éclaboussée de sang. Tu l’approches de ton torse, au niveau du cœur, tu respires un grand coup, un dernier, et tu… -non ne fais pas ça-
J’observais de loin la scène, impuissante, à l’état de spectre et toi, tu ne pouvais pas me voir ni m’entendre. Je te vois te vider de ton sang, et, lentement, tu me rejoins. J’étais là mais tu n’as pas remarqué ma présence. Je regrette de ne pas t’avoir dit une dernière fois combien je t’aime. »

« Tout est fini à présent. »

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