Posté le 1 août 2013
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Texte de Spectre :

J'ai toujours été solitaire. La seule chose en qui je croyais, était le dicton "mieux vaut être seul que mal accompagné". Depuis, ma meilleure amie était la solitude. Elle demeurait la seule personne en qui j'avais confiance, la seule qui savait me protéger.
Évidemment il y avait mes parents, mais la vie était tellement différente une fois en dehors du foyer familial.
J'ai appris au fil des jours à me fondre dans le décor. Je n'ai jamais eu besoin de ces stupides et méprisables personnes, aussi appelé collégiens. De toute façon ils m'ignoraient royalement.
À la bonne heure ! Sauf quand j'étais victime de leur moquerie. Mais là, je ne pouvais rien y faire.
Un jour, un garçon vint à ma rencontre. Je l'avais déjà aperçu auparavant, il était un élève discret qui n'excellait pas vraiment au collège.
Mais une fois observé de plus près, il était totalement différent. Il possédait les cheveux d'un blond tellement clair qu'au premier coup d'oeil je pensais qu'ils étaient blanc.
Son regard doré pétillait de malice. Son visage entier rayonnait.
Je me demandais ce qu'il me voulait. C'était le premier qui ne semblait pas vouloir m'insulter.
Il planta ses prunelles ambre dans mes yeux encre, me demandant silencieusement de ne pas le repousser. Pour être tout à fait honnête, je n'osais pas le chasser.
Ce dernier me proposa un marché. Si je lui faisais des cours particuliers en maths et en français, il me garantirait ma protection tel un ange gardien.
J'éclatai de rire. Sérieusement, pour qui me prenait-il ? Je n'étais pas ce genre de fille à avoir besoin d'un garde du corps. Mais il me faisait tellement pitié avec son regard de chien battue, que j'ai accepté sans broncher.

Les jours défilaient. J'étais prise au piège, sous l'emprise de son rire cristallin, de sa simplicité touchante et de sa gentillesse attachante.
Malgré moi, on se rapprochait de jours en jours.
On devenait inséparable.
J'étais le poison, il était l'élixir. J'étais la grimace, il était le sourire.
Peu de temps plus tard, nous commencions à sortir ensemble. Je savais que c'était pour le "fun", mais en dépit de mon indifférence mes sentiments m'avaient devancé. Après tout, que vient faire le mot "amusement" là de-dans ? Toutes les relations pour s'amuser finissaient comme cela : l'un finissait par réellement tomber amoureux de l'autre, seulement celui-ci restait à sens unique.
Ses notes ainsi que notre popularité augmentaient considérablement. Je ne me souciais guère de cela, tout ce qui comptait pour moi était de rester auprès de lui. Nous étions devenus des modèles, le couple parfait qui semblait durer et se renforcer au fil des mois.
Mais les vacances arrivèrent plus vite que prévu. Durant celle-ci, nous restions en contact via réseaux sociaux.
Lors de la rentrée, le début de la fin commença. Il se comportait froidement avec moi. Je ne compris pas, jusqu'à ce que j'entendis crié aux quatre coins du collège qu'il cherchait une petite amie sérieuse.

M-Mon coeur s'éclata en mille morceaux. Tel un cristal.
Comme si on le saignait à blanc. Tel un cadavre.

Je me sentis trahis par ma propre stupidité. Pourquoi y ai-je tellement crus ? Je souffrais d'un terrible traumastime. D'un traumatisme appelé l'amour.
Il ne comprenait pas pourquoi je m'étais enfuie les larmes aux yeux. Il n'y était pour rien, pourtant je lui en voulais.

Les jours suivants étaient mornes, lasse de m'apitoyer sur mon sort. Peut-être, n'ai-je pas fait assez d'effort pour le garder ?
Cela me faisait tellement mal quand je le voyais entouré de filles.

<< J'aime tellement les filles. Tu es si belle. >> m'a-t-il avoué une fois.

<< Biensûr, j'arrive. Je te suivrais jusqu'au bout du monde s'il le fallait. >>

<< - Faisons un duel.
- Non, j'ai trop peur de perdre.
- C'est comme si nous dansions, vois-tu ? Comme une danse endiablée. >>

<< Tu dis que tu es enrhumée ? C'est seulement pour ça que je ne peux pas t'embrasser ? De toi, j'attraperais même un cancer incurable. >>

<< Veux-tu m'épouser ? Je t'offre cette bague en pâquerettes. Tu ne peux pas refuser, sinon je risque de te harceler jusqu'à ce que tu acceptes. >>

Puis la solitude me rejoignit. Ainsi que les moqueries, de plus en plus insupportables.
Des jours, des semaines, des mois s'écoulèrent, et il hantait encore et inlassablement mes pensées. Parfois, je pouvais entendre sa voix au fin fond de mon crâne.
Au début, il me parlait gentiment, avec une voix suave. Il me répétait de façon incessante que je pouvais le faire, que je devais le faire. Mais de quoi ? lui demandais-je à chaque fois.
À d'autre moment, sa voix se faisait plus féroce. Il ne cessait de m'insulter. Derrière ses paroles, je pouvais discerner quelqu'un qui soupirait de façon continuelle. Comme une respiration lente et sinistre.
Mais le pire de tout était les rires. Stridents, inquiétants, effrayants. Quand ceux-ci s'estompaient, une même voix angoissante surgissait en m'imposant de sauter.

<< Saute ! Saute ! Fais-le ! Fais-le ! >>
<< Ma pauvre Athéane... Quelle sotte fais-tu ! Tu es stupide, tu es stupide, tu es stupide... >> hurlait en moi la voix de Nero.

La première fois que les voix sont apparues, il me suffisait de lire ou de dessiner pour qu'elles me laissent tranquille. Mais elles furent de plus en plus imposantes dans mon esprit. Je n'arrive plus à les repousser. Elles ne ressemblent plus en rien à la voix du blond.
À présent, j'ai de plus en plus de mal à distinguer quelles paroles sont réelles et lesquelles sont dans ma tête. La folie me grignote de l'intérieur, comme un virus. J'ai continuellement peur. Peur que je cède, que je mette fin à ma vie à cause d'elles.
Dites-moi, je vous en pris, dites-moi ce qu'il m'arrive ? >> finis-je au bord des larmes. Le psychologue en face de moi referma lentement son petit carnet. Il me regarda droit dans les yeux, puis pris une profonde inspiration. Il déclara gravement.

<< Mlle Thorne, je suis dans le regret de vous apprendre que vous êtes atteinte d'une forte schizophrénie. >>

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