Posté le 3 août 2013
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Tout bouge autour de moi. Je suis spectatrice de ma propre vie. Ces gens, la plupart d’entre eux sont entièrement vêtus de blanc. Ils s’affairent autour de moi. Je les entends parler.

Ma vie est rythmée par le son lent et régulier de l’électrocardiogramme installé à côté de moi.
Depuis combien de temps suis-je là ? Des mois, des années ? Le temps passe à toute vitesse. Je vois le monde mais je ne peux pas le vivre. Je vois ma famille défiler devant moi, priant pour mon retour. Ils sont venus malgré la neige qui tombe, apportant avec elle une atmosphère glaciale et un paysage figé.

"Joyeux Noël !"

Je ne bouge pas, ce n’est pas que je ne veux pas c’est que je ne peux pas. Je respire, je cligne des yeux, cela prouve que je suis vivante n’est-ce pas ?

Je ne me sens pas bien dans cette pièce sous la lumière pale des néons, coincée entre ces murs gris. Je ne sens plus le froid, je ne sens plus mon corps, je ressens juste la douleur qui résonne dans ma tête. J’ai mal, mais je ne peux pas leur dire, je ne peux pas parler.

Les médecins disent qu’ils ne savent pas. Ils ne savent pas si je pourrais remarcher un jour, revivre normalement, ils ne savent pas si je peux voir, entendre, parler, sentir la douleur, ils ne savent pas si j’ai perdu la mémoire ou non, ils ne savent pas si je pourrais sortir d’ici un jour ou si je suis vouée à mourir dans cet hôpital.

Mais je me rappelle. Je me rappelle de tout. Il faisait frais en ce mois de juin. Il allait trop vite. Mes longs cheveux volaient la légère brise matinale. Le bruit du moteur de sa voiture déchirait le silence apaisant de cette route de campagne. Je marchais tranquillement au bord de la voie. J’entendis un dérapage, je me retournai et je sentis le choc. J’ai été traînée sur plusieurs mètres, ces quelques secondes m’ont semblé durer une éternité, un miracle que je sois encore en vie.

J’ai vu la mort, cette lumière chaude et douce qui m’emportait mais j’ai trouvé la force de revenir. Ce fut un combat sans merci mais je n’ai plus le courage de me battre davantage. Au fond la mort l’emportera, elle s’accroche à moi comme un parasite qui hante ma chair et mes pensées et par sa faute, je suis effrayée par la vie.

Mon corps refuse de faire ce que mon cerveau lui demande. Au fond de moi je sais que cette paralysie ne cessera jamais.

Ils me regardent mais ils ne savent pas le désespoir qui se cache derrière mes yeux, vidés de toute émotion.

Je veux mourir.


Laury.

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