Posté le 5 août 2013
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Inspiration.
Expiration.
Ca y est, c'était le moment. J'étais prête. Prête ? Non. Jamais personne n'est prêt. On sait juste qu'il faut le faire pour pouvoir vivre à nouveau.
Inspiration.
Je posais ma main sur la poignée de la porte de mon appartement, et en fis jouer le mécanisme. Après des mois d'absence ...
Expiration.
Je poussais le battant, les yeux clos et la respiration sifflante. Un pas, deux pas, trois pas. J'ouvris les yeux. Enfin je revoyais ce lieu, ce lieu où toi et moi avions vécu une histoire parfaite, ce lieu qui avait accueilli nos rires, nos larmes, nos cris, nos soupirs, ... Tu t'en souviens ? Nos jours heureux ... Tous ces souvenirs passés revenaient me hanter avec la force d'un coup de poing. Oh, fichu cancer, pourquoi m'as-tu pris mon coeur ?
Inspiration.
Expiration.
Cri de douleur.
Je tombais à genoux, exactement comme toi, une éternité plus tôt. Je te revois, si beau dans la pâleur de ta peau, si frêle entre mes bras, mais pourtant si plein de vie ... Je te revois t'accrocher à moi, glisser tes mains autour de mon cou, t'accrocher aux dernières lueurs d'espoir déjà éteintes, je te revois tomber au sol, ta tête entre tes mains, ton souffle court, puis ton regard vers moi. Le dernier, tu le savais, je ne l'avais pas encore compris. Intense, troublant, hypnotique. Tu m'avais souri, d'un faible sourire, mais celui que je garde comme le plus lumineux dans mes souvenirs...
"Je ... je t'aime ..."
Rien qu'un murmure. Le dernier souffle. Ton dernier souffle ...
Cri de douleur, au passé et au présent.
Ce cancer foudroyant qui t'a emporté trop tôt, arraché à cette vie que tu aimais tant, arraché à moi, arraché à mon présent. Ce qui aurait pu être le notre ... Aujourd'hui je sais enfin que tu n'es plus, main hier, impuissante, je regardais ton corps inanimé, tes derniers tressaillements, tes yeux clos, sans comprendre, ni même vouloir comprendre. Tout était flou dans mon esprit : les ambulanciers, l'annonce de ton décès, ces gens qui se pressaient autour de nous, je ne voyais que toi, et je serrais ta main comme une dernière attache ...
Déchirure.
Inspiration.
Maintenant je sais que je ne te verrais jamais plus, mon ange.
Expiration.
Les poings serrés, toujours agenouillée au milieu du couloir, je pleurais. Les fantômes du passé me hantaient. Si seule ...
"Ne me quitte pas ..."
Je sais que tu es parti, mais ici sont les dernier mots que tu as emporté avec toi. Et comme à ce jour, il y a maintenant huit mois, je les prononçais, pour toi. C'était maintenant le début d'un combat sans fin, réapprendre à vivre, sans toi, avec un moi en ruines ...
J'étais maintenant couchée sur le parquet froid, et je pensais à toi, comme chaque jour depuis ta mort. J'avais froid, chaud, peur, je frissonnais, et les larmes coulaient, intarissables. J'avais peur de poursuivre sans toi, cette peur qui ne m'avait pas lâchée depuis ta mort. Ma voix faiblissait, les fantômes se rendormaient, et lentement, mes paupières se fermaient.
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Dehors, la lune était haute. Un de ses rayons vint chatouiller la joue d'une jeune femme, blottie au sol. Des larmes y séchaient et ses traits étaient tirés. Elle était seule ... Ou peut être pas. Une silhouette pâle et translucide se découpait, à genoux à ses côtés. Cet homme fantômatique semblait souffrir, mais gardait un sourire calme et veillait sur la fille aux cheveux de feu. Pour toujours ...

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