C'était le face à face final. Elle contre nous.
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Oui, enfin venait l'heure du dernier combat. Eux contre moi.
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Au bord du Lac aux Colonnades, sur la Terre de l'Eau, la tension se faisait palpable.
Sur la rive, les Mercenaires.
Sur le ponton solitaire qui s'avançait dans l'étendue miroitante, l'Humaine.
Un combat de regards qui s'éternisait. Ce ne serait pas un combat facile, chacun des camps le savait. Et attendait. Attendait quoi ? La moindre faiblesse de l'adversaire, qui n'arrivait pas. La force et l'acuité des regards était telle que le temps semblait ralenti. Les alentours étaient silencieux. Trop silencieux. La nature même avait-elle compris que ce combat écrirait l'histoire ?
L'Humaine prit lentement une garde de combat parfaite. Aucune fioriture. Ses longs cheveux de feu étaient caressés par la légère brise, tressés avec soin et parsemés de plumes, et ses poings gantés serrés. Elle était belle, sa tenue de cuir dessinait ses courbes généreuses. Belle et redoutable. L'arc et le carquois au dos, les dagues sanglées à la cuisse, le poignard au mollet. Redoutable feu follet, dangeureusement envoûtant...
Les Mercenaires avancèrent sur le ponton. Eux aussi portaient une tenue de cuir, plus sombre et dure, mais chacun d'eux maniait une arme différente. Arc, sabre, épée, hache et poignards. Cinq lames acérées en possessions de cinq corps surentraînés. Cinq machines à tuer. Cinq contre une.
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Cinq contre une ? Il n'est pas possible qu'elle s'en sorte vivante. Mais ne jamais sous estimer le danger...
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Une contre cinq ? Hmm ... Combat équitable. Espérons que ce ne soit pas ma dernière danse...
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Le soleil avait atteint l'horizon lorsque la bataille commença. L'Humaine avait bougé. Bougé ? Non. Elle avait entamé une danse mortelle ... Dégainant son poignard, elle s'était envolée sur les Mercenaires. Oiseau de proie, destiné à tuer. Dans un seul mouvement empeint d'une grâce féline, elle trancha la jugulaire de l'archer et éventra le Mercenaire armé d'une épée.
Trois contre une. Les deux hommes touchés par la lame mortelle de la demoiselle avaient rendu leur dernier souffle avant d'avoir touché terre. Femme oiseau, femme féline.
Le Mercenaire le plus en retrait dégaina son sabre, mais déjà l'Humaine était derrière lui. Elle poursuivait sa danse mortelle, oeuvre funeste mais entreprise pour la paix des Quatres Terres Elementales. Rompu au combat, il esquiva le coup qui aurait dû le décapiter et frappa de son poing. Au plexus solaire. La fille glissa contre cet atémi meurtrier qui aurait dû lui enfoncer les côtes et fit basculer son adversaire par dessus la basse rambarde de colonnes qui ceinturait le côté gauche du ponton en utilisant l'élan de celui-ci. Un éclat gris siffla dans le ciel. L'eau se teinta de rouge, et le corps du mercenaire flottait, une dague plantée dans la gorge. Tireuse d'élite, la lame de la Danseuse avait volé, presque emplie d'une âme propre.
Deux contre une.
L'Humaine regardait ses deux derniers agresseurs d'un air de défi.
Le temps semblait suspendu.
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Elle ne peut pas gagner, c'est impossible ...
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Le doute assombrit le regard de l'homme aux poignards. La Danseuse des Lames pouvait-elle vraiment défaire les Cinq Mercenaires légendaires ?
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Tahel, ne m'abandonne pas ...
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La seconde de flottement dans le regard de l'Humaine suffit au mercenaire pour agir. Un éclair argenté traversa l'obscurité et toucha la fille à l'épaule sans qu'elle n'ait pu rien faire. Douleur fulgurante.
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Non, je ne dois pas flancher, pas maintenant ... Pas maintenant que la victoire est proche ... Et là je pourrais dire que je t'ai sauvée, Tahel. Mais ne t'en vas pas, non, ne me laisse pas ...
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Le sang gicla. La jeune femme se ramassa et sauta. Une dague la cueillit au flanc et l'homme à la hache l'attira vers lui d'un coup magnifiquement porté, mais pas destiné à blesser. Elle avait l'impression qu'un feu avait grandi dans sa blessure et la proximité du Mercenaire lui arracha un cri d'horreur.
"Cette fois, c'est ta fin ..."
"JAMAIS !"
Elle avait crié, d'une voix empeinte de haine et de fougue. Oiseau en cage, félin enchaîné ... La rage montait en elle. Elle ne devait pas abandonner, non.
Il voulait s'amuser encore un peu avec cette jolie jeune fille. Profiter de sa victoire ...
"Plus jamais tu ne danseras avec tes lames, ma belle, plus jamais ..."
"Je reviendrai, mes chers. J'ai encore deux de vous à tuer !"
L'Humaine s'envola. Littéralement. Elle arqua son dos et plongea dans les profondeurs du Lac, d'un magnifique plongeon qui ne troubla aucunement la surface de l'eau, laissant les deux derniers Mercenaires béats sur le ponton solitaire. Oiseau libéré, oiseau de proie. Félin mystérieux, félin sauvage...
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On se reverra, ma belle. T'as une danse à terminer ...
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Le froid glacial de l'eau saisit la jeune femme avec une force saisissante, dont la course l'entraînait directement dans les entrailles du Lac. Elle souffrait. Ses blessures la faisaient hurler. Mais un courant inébranlable l'emmenait inéluctablement vers le fond ... Ses sens s'étourdirent. Elle essaya en brasses puissantes mais vaines de remonter à la surface. Un filet. Elle était prise dans un filet ! Elle se débattit, bataillait, tirait... Un chapelet de bulles sortit de sa bouche tandis que sa conscience s'embuait. Ses blessures béantes semblaient maintenant minimes. Elle avait besoin d'air. Etait-ce ainsi que tout devait se finir ? Elle suffoquait. Lentement, son âme s'envolait tandis que sonc corps était traîné vers le fond. Non. Elle ne devait pas abandonner. Pas s'abandonner ... Elle n'était ni une nymphe ni une déesse, pourtant elle devait survivre. Un peu d'oxygène ... Elle devait revenir. Ecrire la légende ... Survivre pour terminer son oeuvre.

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Tahel, j'ai tant besoin de toi... Je suis désolée. Je n'ai pas pu, pas pu te sauver, pas nous sauver ... J'ai... J'ai froid ...
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Le froid glaça le coeur de la Danseuse des Lames et tout son corps se relâcha. Ce filet la privait peu à peu de sa vie, Elle sombra, ses dernières pensées claires vagabondant vers Tahel, son Âme Soeur, le Reflet de Niwya.