Elle était au bord des larmes. Elle avait mal partout : son corps était lourd, son cœur tambourinait dans sa poitrine, et ses yeux étaient rouge d’avoir tant pleuré durant tout ce temps.
Elle ne croyait plus en rien. Déjà à son arrivée au lycée, elle avait vu tous les regards se poser sur elle. Elle s’était fait insulter, frapper. Tout le monde la rejetait. Elle n’avait pourtant rien fait de mal ; elle était juste différente. Elle pensait autrement, s’habillait autrement, et c’était mal perçu.
Elle avait remarqué le garçon, le seul qui ne lui faisait rien. Peut-être trop timide, elle s’en fichait. Elle avait essayé par tous les moyens de s’en sortir : se faire des amies ailleurs, en parler à un professeur ou un adulte, rien ne se passait ; ils continuaient tous à la rejeter. Tout ce qu’elle voulait, c’était quelqu’un qui la comprendrait. Certains pensaient comme elle, mais de peur de se faire rejeter à leur tour, ils se taisaient.
Alors elle avait voulu partir loin, très loin d’ici, mais elle n’en avait pas les moyens. Elle avait voulu disparaître, ne jamais revenir, mais sa mère la forçait à retourner en cours. Elle cherchait désespérément une façon d’éviter d’être mal-aimée, mais la seule solution qui lui parvenait ne lui plaisait pas du tout.
Un jour, elle s’était fait insulté plus que d’habitude, on lui avait brûlé les cheveux et découpé ses vêtements. Elle n’en pouvait plus ; elle se décida. Elle partit se renseigner dans la rue, voir si elle trouvait de quoi résoudre le problème. Mais avec ses faibles économies, elle ne pouvait rien acheter qui lui servirait. Elle croisa le garçon, mais l’ignora. Soudain, elle trouva enfin ce qu’elle cherchait. Elle se mit à courir, pour rejoindre l’endroit où elle résoudrait son problème.
Arrivée au bord de la falaise qui surplombait la côte, non loin de sa maison, elle était au bord des larmes. Elle avait mal partout : son corps était lourd, son cœur tambourinait dans sa poitrine, et ses yeux étaient rouge d’avoir tant pleuré durant tout ce temps.
Elle retira ses chaussures, et s’approcha du rebord. Elle essuya les dernières larmes, et se retourna. Elle aperçut le garçon qui arrivait en courant.
« Anna !!! » criait-il en tendant le bras pour essayer de l’attraper. Il l’avait suivi. Mais c’était trop tard. Elle se laissa tomber. Dans sa chute, elle sourit, enfin heureuse que quelqu’un ait retenu son prénom, que quelqu’un ait voulu d’elle. Elle rejoindra le paradis, son paradis. Elle le reverra peut-être là-bas, un jour.