Concours : Écrivez un texte inspiré d'une musique triste. (Lien sur le club).

Pourquoi tu refuses de voir la vérité en face ? Je veux mourir. Je l’ai décidé. C’est ainsi. Je sais bien le mal que je vais faire. Mais penses-tu à moi ? La souffrance, je l’endure jour après jour. J’ai assez souffert. Comment ça, tu vas souffrir toi aussi ? Mon choix te parait peut être égoïste, mais j’étouffe. Ma vie, est tout sauf une vie. C’est un fardeau quotidien. Chaque fois que je me réveille, il m’écrase un peu plus. J’ouvre à peine mes yeux, que les larmes coulent déjà. Je sais la peine que je vais causer autour de moi. Petite sœur, le jour où tu trouveras cette lettre, relis-là plusieurs fois. Ne t’énerves pas, essaye de me comprendre. Je sais combien ce sera difficile. Mais s’il te plait, ne perds pas ton sourire après cette lecture. Je ne veux pas assombrir ta journée, je veux juste que tu comprennes.
Que tu saches, pourquoi, d’ici quelques heures, je me jetterai du haut d’un pont. Je tomberai sur la chaussée, où les voitures circuleront à toute vitesse. Je ne souffrirai pas. Enfin, je ne souffrirai plus. Je laisserai mon corps sur Terre, mais mon âme, veillera toujours sur toi, et nos parents. Je vous protègerai du mieux que je peux, de là où je serai. Ne refais pas mes erreurs. Bats-toi pour ton bonheur. Tu le mérites. Je sais que nos parents n’oublieront jamais ma mort, mais fais en sorte qu’ils y pensent moins. Peut-être, au moment où tu liras ces mots, ils t’auront parlés de ce qu’il m’est arrivé. De ce que j’ai fait. Peut-être, que non. Il ne faut pas leurs en vouloir, ils ne veulent pas que tu plonges dans le chagrin. S’il te plait, quand tu auras fini de lire, vas les voir et serre les dans tes bras, et dis leur que je suis avec vous. Pour toujours. Gardez-moi dans vos cœurs, et je serai là.
Te souviens-tu de ce jour ? Celui où, assise sur mon lit, j’avais prononcé entre deux sanglots «Je souffre trop ». Tu m’avais regardé avec ton sourire d’enfant en me disant que, toi aussi, tu allais souffrir. Mais tu ne savais pas pourquoi tu disais cela. Tu avais réussi à me faire esquisser un sourire. Un sourire triste. Celui qui voulait dire ne dis pas ça, je ne veux pas que tu souffres de mes choix, je veux que toi, tu vives.
Je n’ai pas su comment vivre. Mais toi, je suis sûre que tu trouveras le chemin du bonheur. De ton bonheur. Sois heureuse. Souris à la vie. Oui, c’est elle qui m’a tuée, mais tout le monde à son avenir tracé. C’est ainsi que le mien devait se finir : sur une autoroute.
Je t’en supplie, je te le dis, te le redis, … sois heureuse.
Je te connais bien. Si tu as besoin d’aide, parle-moi. Ne dis pas que tu ne sais pas comment faire, tu trouveras toute seule la réponse. Parce que si tu lis cette lettre, c’est que tu as grandis, et que tu voulais en savoir plus sur ta sœur.
Comment puis-je me permettre de dire que je te connais bien ?
Cette lettre, je vais la laisser dans l’album photo qui porte mon nom, tout en haut de l’étagère. Un jour, celui où tu voudras comprendre, tu regarderas les pages, une par une. Tu tomberas sur une photo, celle d’une petite fille souriante. Moi. Quand j’avais ton âge, avant que je sombre dans la tristesse. A côté de l’image, il y aura une enveloppe blanche, contenant cette lettre. Dessus, il y aura écrit « A ma petite sœur ».
Alors, tu voudras essayer de me retrouver, même si tu sais que je ne suis plus là. Tu iras t’asseoir sur le banc blanc au fond du jardin. Le même que celui où j’étais assise sur la photo. Alors, tu déchireras l’enveloppe, et tu liras. Des images, des souvenirs arriveront par flash dans ta tête. Tu ressentiras le besoin de m’adresser la parole. Et tu me parleras. Alors, je n’ai plus qu’une chose à te dire : à bientôt. J’ai hâte que tu me parles.

- Grande sœur. Je sais que tu es là. Je sais que tu me vois. Je ne sais pas quoi te dire. Comment as-tu pu, comment as-tu su ce que j’allais faire ? Comment se fait-il que tu me connaisses si bien ?