Édité le 22 octobre 2013
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Déchirure(s)

-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !
Le cri avait fusé. Pareil à une claque.
-Ne bouge pas, ou je lui tire une balle.
-N..No...n..
Le cri était devenu sanglot, plainte.
-Non...
ll n'était plus que murmure.
La femme s'était écroulée à genoux. Déchirée. Sa vie. C'était sa vie qui était menacée d'un fligue. Sa pauvre vie contre ce putain de flingue. S'il mourrait, elle mourrait aussi. Ce putain de flingue ...
-NE BOUGE PAS , PUTAIN !
Elle avait simplement tendu le bras, tremblante, désespérée, essayant peut être d'attraper une chance. Le tueur avait resseré son étreinte.
-Ne bouge pas, et rends-toi. Rends-toi, ma belle, tu as compris ? Rends-toi.
-Jamais.
-Rends-toi, sauve-le. Donne-nous ton corps, ma chérie, rends-toi ! Donne-nous ce que nous avons besoin de savoir, donne-le nous. Nous avons besoin de toi, de ton savoir, et , oh oui, de ton corps peut-être, nous nous amuserons bien... Allez, c'est toi ou lui, ma belle, choisis...
-Je ...
Hésitation. Elle ou lui, c'était elle ou lui. Elle devait choisir, et vite.
Elle. Et lui mourrait, d'une balle, d'une souffrance morale atroce, et d'une trahison ? Et sans lui, elle serait bien vite perdue, paumée, jetée à terre par cette foutue vie. Et sans lui, elle n'était même plus...
Lui. Et elle se livrait, livrait par conséquent la plus grande organisation de dealeurs du pays, livrait son corps à des souffrances exquises, livrait son âme à des tortures sans pitié. Et elle le sauvait.
Elle devait le sauver, elle devait. Elle devait assumer ses actes, dénoncer son calvaire, dénoncer ceux qui l'exploitaient, tout arrêter. De toute façon elle mourrait, peut-être même par ce putain de flingue, alors autant le faire pour quelque chose. Et elle le sauverait...
C'était certainement la chose la plus importante à ses yeux. Qu'il soit en vie, lui. Celui qui l'avait trouvée, elle, jetée à terre par cette maudite vie, et qui lui avait ouvert les yeux. Elle devait se rendre...
-Alors ma belle, c'est quand qu'on décide ? Dépêche toi, ma puce. Dépêche toi ...
Ce tueur, ce criminel, avec ses yeux injectés de sang, et pleins de folie, oh lui, elle le haïssait. Lui qui la regardait de son regard pervers, qui la dévisageait avec une envie et une haine sans limites, lui qui serrait son amant contre lui avec violence et qui pointait ce putain de flingue sur son visage sans pitié. Lui qui s'apprêtait à tirer...
-Je me rends.
Elle s'était relevée. "Lâche", avait hurlé son esprit, lorsqu'elle s'était effondrée. "T'es rien qu'une putain, une putain de lâche, ma pauvre fille. Crétine, relève toi, assume !".
Déchirure, encore. Irréversible, maintenant.
-Hm ?
-Je me rends.
La voix de la femme s'était durcie à nouveau, avait retrouvé sa froideur. Elle tendit ses poignets nus au ravisseur, qui tenait toujours son homme captif. Son homme à elle...
La pression sur la gâchette ne se relâcha pourtant pas. Il allait tirer...
-NOOOOOOOOOOOOOOOOOON !
Elle s'effondra à nouveau. Face contre terre. Son visage avait violemment heurté le pavé, ainsi que son poing. Le sang coulait sur la pierre froide ; la femme pleurait. Etourdie, assommée, elle pleurait.
Le tueur jeta l'homme à terre, qui rampa vers un mur avoisinant, haletant. Il pleuvait, maintenant. Au loin, l'on pouvait entendre le tonnerre gronder.
-Non, non ....
Murmure. Imperceptible.
-J'aime te voir souffrir, ma belle, oh oui j'aime ça. Quel sentiment, puissant !
Il rit. D'un rire fort. Insupportable. Elle s'écroula ,un peu plus si c'était possible.
Le ravisseur se saisit de ses poignets et la releva d'un mouvement sec. Elle obéit, soumise à sa volonté. Déchirée. Un sanglot, un regard vers lui, blotti contre le mur, oublié du criminel. Et elle sentit cette pression glauque dans son cou. Ce putain de flingue. Encore ce putain de flingue... Elle avait mal, peur, froid. Elle ne pouvait que pleurer. Tout n'était que douleur, dans la nuit tombant. Souffrance infinie.
Le tueur la traînait, elle trébuchait contre les dalles. Elle ne voyait rien, les yeux embués de larmes, et la conscience embrumée. Elle l'avait sauvé, c'était ce qui importait. Il vivrait. Et par conséquent, elle se sacrifiait. Elle se devait de lui dire, maintenant que tout était fini, ces trois mots qui lui brûlaient la gorge depuis le premier regard, elle devait lui faire savoir...
-Je t'aime !
Cri, et à la fois murmure. Poignant. Comme au dernier jour ...
Elle chercha un regard, un appui, une réponse. Mais elle était aveuglée par ses larmes, et assourdie par ce sentiment de haine et de peur. Elle ne vit rien, n'entendit rien. Aucun signe. Elle cria à nouveau.
-Ta gueule !
La gifle claqua. Retour à la réalité, dans l'once d'inconscience qui l'avait emportée. Brutal. Elle gémit de douleur. Il la traînait toujours, loin de lui. Mais il vivait. Il vivrait...
Elle gémit.
-Putain, mais t'es un vrai boulet ! TA GUEULE ET AVANCE !
Un bruit de clefs, une portière qu'on ouvre. La femme se sentit basculer dans l'inconscience. Elle sut juste que son ravisseur l'avait jetée dans une voiture, sans une once de tendresse, et avait claqué la porte. Bruits de moteur.
Noir total.

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