Posté le 21 juillet 2014
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Le récit du Narrateur / Désolé pour les fautes... /o/

Ce récit contient des passages pouvant choquer le lecteur, aussi, je vous avertie dès maintenant pour que les âmes un peu sensible, et surtout, sujet à des empathies envers les personnages ne lisent pas ses lignes. Toute ressemblance avec des faits réels est fortuits. Okay les gens ? Bonne lecture !

Je suis le Narrateur. Tel est mon nouveau nom depuis que je suis le doux peintre répondant au nom d'Alexandro Derrechi… Mais, je n'ai pas toujours eu cette omniscience et cette capacité de narrer les aventures de tierces personnes… Oui, avant, j'étais quelqu'un d'autre, un autre homme. Un humain, comme vous. Mais peut-être que mon histoire ne vous intéresse pas ? Si c'est le cas, passez votre chemin, et attendez le réveil du peintre qui dors à mes cotés. Enfin, je suis assis sur la seule chaise de sa chambre, tandis que lui dors sur le lit, ronflant légèrement, recroquevillé sur le flanc, attendant sans doute que Remy lui rendent visite en songe…. Cauchemardant sans doute à cause des morts qui le hante, de la vie qui le suis depuis que la femme est morte. Cadavre ambulant remplie de vide qu'il peine à combler, zombie lent et gauche qui cherche sans y croire la Lumière… Si séduisant et si inaccessible à la fois. Tel est mon fardeau actuel, le suivre jusque sa mort, être séduit par ses traits si noble et si lointain, et ne pas pouvoir satisfaire ce sentiment. Si seulement je n'étais pas spirituel… Je croise les jambes, lentement, et je soupire. Mes poumons ne bougent pas, mes bronches, ma gorge, ma bouche n'expulsent pas d'air… Je suis et je reste immatériel… Soudain, je me tourne et je vous regarde, vous qui êtes les seuls à m'entendre, habitant d'un monde parallèle. Je sais très bien que vous vous représentez la scène dans votre tête, tandis que vous lisez mes mots. Je sais que vous êtes là, dans une poche alternative de la réalité à laquelle je n'ai pas accès, moi, l'esprit… Existent-ils encore plus de mondes que ceux que j'arpente déjà ?

Moi qui était athée, j'ai du mal à y croire, mais écoutez-donc plutôt mon récit…

Je suis né dans une ville on ne peut plus banale, dans une citée un peu sale, mais pas trop pourrie. Mes parents étaient des gens on ne peut plus banales, et j'étais un fils désiré et chéri, le premier enfant des trois qui composait leur vie rêvée. Appelé Émilien par mon père, qui souhaitait des noms sympathique pour ses enfants, j'ai grandi dans l'insouciance de la banalité… Vous qui me lisez, je vous le dit, rien n'est mieux que la banalité, rien ne dois plus être chérie que l'état dans lequel tout les individus se ressemblent. La banalité est reposante, la banalité est apaisante, la banalité est une vertu que peu de gens reconnaissent à sa juste valeur…. Mais, comme beaucoup de chose, c'est au moment où on la perd que l'on se rend compte de son importance… Aller à l'école, voir les copains, sortir faire un cinéma, un petit musée de temps en temps avec Papa-Maman, les grandes disputes qui se terminent sur des mots-qui-blessent, les bouderies éternelles, les réconciliations heureuses, les secrets murmurés… Quoi de plus important que ces petits moments ? J'ai passé mon enfance dans ce cocon de bonheur. Et, si des le primaire, j'avais un certain succès avec mon physique -imaginez-le comme vous le souhaitez, de toute manière, je ne l'ai pas emmené dans mon état de fantôme-, ce n'est que vers le collège que les files m'ont tournées autour. Banal, là encore, je préférais les potos aux filles, et les regards de certaines me faisant plus peur qu'envie.

Puis vint l'adolescence, les quinze, seize ans, les incompréhension entre les parents et moi, les notes qui chutèrent quand je décidais de bouder le lycée et ses règles abstraites, les délires, les mauvais coups, les jeux dangereux… On était tout une bande de poteau, je m'en souviens maintenant… Vous vous doutez bien que je ne peux pas savoir ce qu'il est advenu d'eux… Quand j'y repense, je me sens triste, nostalgique, j'ai cette boule dans le ventre et les yeux qui s'embuent… Non, je plaisante. Les fantômes ne pleurent pas, ils vivent avec leurs regrets. Enfin, dans mon cas seulement. Avec les potos, on avait un groupe de musique, et on faisait pas mal les cons, je jouais de la basse, et les autres jouaient de la guitare, de la batterie, du synthé… Ceux qui ne participaient pas au groupe venait toujours au repet', et on s'éclatait, toute la douzaine, autour d'un ou deux packs de bière acheté dans le dos des parents. On séchait de temps en temps, et, dans de vielles carlingues que les plus vieux avaient achetées, on se tirait à la mer, le temps d'un aprèm, pour oublier les parents, les cours, et tout le bordel. La vie cool par excellence, en fait, vous comprenez ? Mais pourtant… Un jour, il y eut les couples. Si celui que j'avais avec ma… Ma moitié, était exemplaire, certains menèrent à des tensions, tensions qui, parfois, éclatait en conflit. Le groupe fut menacé, éclaté, reconstruit dans les larmes et les méfaits pardonnés. On s'interdit de se mettre ensemble dans le groupe, et on se battait aux cartes quand on convoitait la même perle, pour savoir qui aurait la priorité dans sa déclaration… La vie bonne, la bonne vie, mon dieu… Que je regrette…

Et moi, j'avais… J'avais une petite amie, aussi. Y penser me remet le cœur à vif, et c'est dans ces moments là que je me sens presque humain. Mais seulement presque, parce que, quand je veux essuyer les larmes de rage, elles ne coulent pas et reste niché dans mon essence de spectre hargneux. Alors je cris à m'en péter la voix, putain, je cris de toute mes forces jusqu'à ce que je ne puisse plus, las de cette incapacité à ressentir, à être entendu, à être humain. Marre, marre. Je l'aimais, on s'aimait. On s'est tournées autour, au début timidement, puis ensuite plus franchement… Et on a fini ensemble, avec la bénédiction de mes amies… C'était le bon temps, magique, c'était… superbe. Avoir en face de soi un être aimé vaut tout l'or du onde, et même si c'est banal, même si cela ne surprend plus personne, on oublie trop souvent de profiter à fond des petits moments de complicités, entre nous… Elle et moi, on sortait en ville, on se baladait, on faisait les boutiques quand l'envie lui prenait, on allait au cinéma… Et puis, un jour…

Il suffit d'un instant, un seul, pour que tout volent en éclats.

Un carrefour comme il en existe des centaines dans les villes banales… Des voitures comme ils en existent des centaines, banales… Des gens, autour, modèle de banalité pour tout nos semblables, qui marchent au rythme lent de la banalité, plat… Des arbres en fond, des immeubles gris par centaines, identique, semblable au reste de la vie… Un jour tellement banale où je me rendais au bahut, comme des dizaines de lycéens, partagés entre l'agacement de devoir se rendre dans des cours qui ne me plaisait plus, et le plaisir de retrouver ma bande de potos… Puis, en la voyant, je m'étais dit que je pouvais traverser là, comme d'habitude. La rejoindre, lui donner la main, une embrassade discrète au coin des lèvres, et puis qu'on marche, jusque dans notre bahut, ensemble, comme d'habitude, comme ces matins si semblable aux autres… Banal.

Je ne sais plus ce que j'ai ressenti lorsque la camionnette m'a percuté et envoyé sur quelques mètres contre le bitume. Peut-être que j'avais d'abord eu mal au tympans à cause du bruit des freins d'urgence qui tentait de stopper la camionnette ont hurlé à la mort, ou peut-être que s'étaient mes yeux qui avait saignés à cause des appels de phare désespéré du conducteur de l'utilitaire. Le gros véhicule klaxonnait, comme un fou, pour que je dégage le passage, mais trop tard. Les « attentions » et autres cris s'étaient déjà mué dans le silence lorsque ma belle silhouette avaient commencé à décrire une lente arabesque dans le ciel. Tout les détails de cette scène s'étaient gravés à toute vitesse dans mon esprit, pour l'éternité. Le visage de cette foule anonyme, qui me regardait, sans savoir quoi dire ou quoi faire, perturbé pendant cette longue seconde seconde par le corps d'un lycéen ensanglanté qui virevoltait dans le ciel. Parmi eux, des amis proches, des inconnus, l'âme sœur, qui me regardait. J'aurais voulu lui tendre la main, mais mon esprit s'embrumait, car de multiples douleurs venait de s'allumer dans mon ventre et mes côtes, comme une myriade 'étoiles dans un ciel nocturne. « C'est brisé ici », « c'est brisé ici », « c'est brisé là », me disait la danse de ses points brûlants à l'intérieur de mon corps. Je sentis le temps devenir douleur, chaque fraction de seconde me laissait deviner que la suivante serait encore plus dur à supporter. Souffrance infini. Puis, au paroxysme du mal, le temps reprit. Le décor devint flou à cause de la vitesse à laquelle il défilait devant mes yeux, un vent violent s’engouffrait sous mes vêtements, je perdis la notion du haut et du bas, avant de sentir le bitume s'abattre froidement contre ma joue. Mon visage se déforma sous l'impact et explosa, en sang, la peau ayant craquée à cause de l'échange d'énergie entre le sol inerte et ma face. Ravagé, la beauté écrasé par la technique. Je sentis mon crane se fendre, mes jambes disparaître de mon champs de perception, et ma peau s'imbiber d'essence… Ou de sang, car le liquide me semblait lourd.

Le monde devint noir autour de moi, tandis que je sentais que l'Enfer m'ouvrait ses portes pour une faute minuscule.

À ce moment-là, je ne savais pas que je n'étais pas décédé, et je pensais que j'aillais enfin mettre les pieds dans le royaume dans lequel on ne revint jamais. C'est sans doute ce qui aurait été préférable, en un sens...

Lorsque j'ai ouvert les yeux pour la première fois, après l'accident, je ne m'attendais pas à me réveiller dans une pièce aux murs blancs, à l'atmosphère oppressante, étroite comme une cage, avec des barreaux aux fenêtres. Comment diable aurais-je pu penser que l'enfer, ou le paradis, ressemblait à un endroit si glauque, avec une absence de décoration et des rideaux blancs ? Un coin de ciel pointait péniblement le bout de son nez, d'un gris terne, tandis que sur le lit dormait une personne, comme vous et moi, 'un sommeil qui semblait léger. Mais, où étais-je donc ? Je tentai de me redresser, et de repousser les couvertures qui me recouvrait logiquement, avant de constater que je passais à travers. Je me sentis mal pour la première fois depuis mon réveil, c'est à dire environ une minute. Je passai à travers les objets ! Pourtant, je reposais bien sur un lit, lit que me semblait être un lit d'hôpital ! J'essayai de me redresser sur mon matelas, et j'y parvins, avant de voir que le drap, lui, ne me suivait pas, et pour cause ! Le lit semblait avoir été fait, et ne portait même pas ma marque. J'aurais voulu vous dire que la tête me tournais, mais je ne ressentais absolument rien de physique en cet instant. La logique aurait voulu que j'observe mes sentiments, quand un bip strident attira mon attention sur mon compagnon de chambre. Et sur ses appareillages. Blond, les yeux bleus, le teint pâles, ce que j'avais pris pour un jeune garçon était en réalité une jeune fille, si j'en croyais les restes de ses traits fins. Son extrême maigreur était très inquiétante, tout comme l'appareil qui semblait lui entouré le bras. Et la seringue piquée dans son bras violacé… Je relevais mes yeux, avant de voir qu'un des écrans dessinait une ligne… Je ne me souvenais plus du nom de cet objet servant à mesurer le rythme cardiaque, mais une chose est sur, le calme plat n'était pas bon signe, tout comme l'alarme qui résonnait dans la pièce. Je me précipitais dans le couloir, en criant pour alerter tout le monde. Le couloir était désert, et blanc immaculé. Je n'avais pas mal à la gorge quand j'hurlai pour prévenir le personnel hospitalier de ce qui se passais dans la pièce que je venais de quitter. Impossible de croiser du monde, alors je fracassais le sol avec mes talons, pour aller plus vite. Pourvu que quelqu'un soit dans la pièce suivante et entende mon alerte ! Les tableaux discret et les pots de fleurs se succédaient, avant que je ne tombe sur un médecin. Affolé, je me précipitas pour lui saisir l'épaule et lui débiter un flot de parole paniqué, quand je me rendis compte qu'il ne me voyait pas. Un instant minuscule s'écoula, lorsque j'entendis un gong qui résonna jusqu'au tréfonds de mes ossements. Puis, un autre, tandis que les alentours semblaient devenir transparent. Le temps se figea, et je pus me retourner lentement, au son des autres coup. Le corps de la maigre fille devint de plus en plus lumineux, jusqu'à ce treizième coup… Qui me fit m'évanouir.

Lorsque je repris conscience une nouvelle fois, je me sentis tout de suite mal, et je rendis mes tripes dans mes draps. Mon estomac venait de protester très fortement contre mon cerveau, et se mutinait pour son plus grand plaisir. Peut-être que le corps des hommes est une machine constitué de soldat ? Une infirmière arriva à ce moment là et poussa un cri, à mi-chemin entre la surprise, la peur, et le dégoût. J'essayai de faire un sourire qui se voulait sur, mais, pour quelqu'un qui sortait du coma, il n'était pas crédible une seule seconde… J'étais désolé pour la demoiselle, qui sortit précipitamment de la chambre en hélant un médecin. Sans doute que le fait de voir un patient sortir de son inconscience nécessitait la totalité du personnel, puisque ce n'est pas un, mais trois membres du corps médicales, avec leurs assistantes respectives, qui virent à mon chevet, pour changer mes draps et contrôler ma tension. Température, relevé en tout genre, j'eus le droit à tout une batterie de test pour savoir si j'étais en bonne santé. L'un des médecins me questionna pendant de longues minutes en tête à tête, avant de soupirer et de noter mes réponses dans un bloc-note. Pour ma part, je n'eus aucune réponse à mes interrogations, à savoir ce qui m'étais arrivé, et quel jour nous étions. Ce n'est qu'après un long moment que le chef des blouses blanches daigna m’adresser la parole. Il m’expliqua que j'étais en convalescence après un grave accident avec une camionnette, et que je sortais d'un mois de coma.

La suite des explications se perdit dans un brouillard sans vraiment de nom. J'en retins quelques morceaux, comme par exemple le fait que j'étais un miraculé, une histoire d'hématome, de canne… Pourtant, je venais de me réveiller, et, pour moi, il ne me semblait pas que plus de dix minutes venaient de s'écouler… Je secouai la tête, incrédule, tandis qu'un médecin m'attrapa l'épaule pour me demander de me lever, avec son aide. J'hésitai un instant, avant d'entendre qu'il serait bien que je ré-habitue mon corps aux efforts physiques, pour pouvoir reprendre les cours, d'ici une à deux semaines. J'étais encore un peu choqué par ce que je venais de vivre, mais j’obtempérai. Un pas, deux pas, douloureux, puis je me crispai et je demandai à me rasseoir. J'avais la tête qui tournait, et besoin de boire quelques chose. Les autres médecins se retirèrent en remettant leurs évaluations au dernier, qui semblait être responsable de moi. Je lui demandai d'une voix hésitante de l'eau, il m'apporta un verre, avec le sourire. Enfin, il s'assit et m'expliqua que mes amis et ma famille étaient souvent passé me voir, pour prendre de mes nouvelles. Il insista encore sur le miracle de mon réveil, car, selon certains pronostiques, j'aurai du ne plus me réveiller, ou encore avoir de grave lésions… Il insista pour me demander ce dont je me souvenais, et, comme je ne voulais pas lui répondre, je pris le verre et commença à le boire lentement. Il du comprendre, car il me laissa sans rien ajouter, et quitta la pièce.

Putain… C'était quoi ce délire… ?

Un temps passa, dans l'hôpital, quelques jour qui me parurent court, puisque mes amis me rendirent visite avec le sourire aux lèvres. Deux trois vannes, des clins d’œil, des câlins, des nouvelles auquel je répondis avec le sourire, parce que je me sentais bien. La promesse de m'aider pour le lycée, des cours glissés dans un coin, parce qu'il fallait que je rattrape, puis les blagues un peu lourde, les grandes discutions, et le passage des infirmières qui me demandait de dire à mes amis, que l'heure des visites était passé. Un sourire, et hop, les copains s'en allait pour revenir le lendemain. Bien sur, la rééducation était dure, et me fatiguais un peu, mais sinon, j'avais eu le temps d'oublier la blonde et le cauchemar…

Le bahut, la routine, le pote qui tient tes sacs, le bonheur, le quotidien reprenait sans que la vie me rappelle quelle pute elle était parfois. La copine, les amis, les engueulades fictives et les discutions, les profs qui me regardaient sévèrement, mais avec un petit sourire en coin quand même, parce que faut pas déconner, il me connaissait et savait que je tenais mes engagements, quand je promettais de rendre le taff… Franchement, je pensais pouvoir reprendre ma petite vie bienheureuse sans me faire de mouron, après, bien su, avoir maîtriser les béquilles et avoir récupéré ma mobilité normale… Retrouver ma maison, mes devoirs, mes problèmes d'ados, ma copine et nos moments à deux, ou bien simplement revoir les paysages qui me plaisait. Pourtant, je subis un nouvel accident, en allant au lycée, alors que je tenais la main de l'être qui, à l'époque, me tenais le plus à cœur.

Sans que je puisse vous expliquer pourquoi, puisque rien ne semblait me perturber, je m’évanouis en pleine rue. Peut-être le soleil, peut-être que j'avais une carence, c'est ce que m'ont dit les médecins à mon réveil. J'ai appris après que c'était ma copine qui avait appeler les urgences, lorsque mes jambes m'avaient trahis en pleine rue, pour que je me fracasse le crâne sur le pavé. Le coma n'avait pas duré, à peine cinq minutes, pourtant, ça avait fait paniqué tout le monde autour de moi. Mes parents avaient rappliqués à l'hôpital, mes meilleurs potes, mon groupe, ma bande, avait séché les cours quand ma copine les avaient prévenus de l'incident. Rien à foutre de leurs avenirs quand un des membres étaient mal, c'était la promesse de la bande tel que je m'en souvenais. Et quand ils ont forcés les membres de l'hôpital à leurs ouvrir la porte, et quand ils sont rentrés à dix dans une chambre conçu pour à peine deux personnes, alors ils m'ont vu, en larme, comme si j'avais vu Satan lui même, alors que pourtant je n'étais qu'un esprit pragmatique et rationnel, incapable de croire en ce genre de chose. Moi, qui était un pilier lorsque l'un d'entre eux avait un coup de blues, moi qui gérait tout ce monde, je chialais à en mouiller les draps, de larmes amer. Pour cinq minutes en enfer. Parce que j'avais compris que rien ne serait plus jamais pareil.

Putain, pour cinq minutes en enfer.

Je ne savais pas où j'étais, je savais juste que quand j'ai ouvert les yeux, j'étais dans un endroit d'où on ne revenait pas. Le ciel était teinté de rouge et de gris, teinté de sang et de cendres, de larmes amer, de cris de douleurs. Des gars, autour de moi, qui était aussi bien bâti qu'un paternel, chialait en priant dans une langue que je ne connaissais pas, en serrant des talismans contre leurs poitrine, de leurs grosses poignes maladroite. Le visage ravagé par les larmes, illuminé par des obus qui sonnaient une marche funèbre de leurs chute. Un sifflement, long, puis un impact explosif qui nous glaçait, dans nos cœurs et nos veines. Je ne respirais plus, je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne me sentais pas présent, et en même temps… Je connaissais cette situation, je connaissais ce cauchemar. Je me mis à regarder autour de moi, tandis que mon esprit s'imprégnait de la crasse des tranchées, de la puanteur cadavériques de l'endroit, des faces ravagés, mangé par la barbe et les larmes, crispés et plaintive… L'humain dans son état le plus primal. Certains soldat, sous leurs casques, bavaient et avaient les yeux révulsés, comme en transe. C'était immonde, horrible, terrible. Le bruit de tir s'ajouta à la mélodie des bombes, qui pleuvaient sur le sol brun, envoyant un macabre feu d'artifice à la face des soldats alentours. Certains homme n'y tenaient plus, et sortaient des protections illusoire pour aller se battre contre l'ennemi. Je les voyais, sortir, faire un pas, et chuter comme un pantin dont on aurait couper le fil. J'aurai aimé fermer les yeux, quand soudain, un homme cria quelques chose en se levant. Le visage fin, les traits tirés par la fatigue, la barbe mal taillé, les yeux délavés, les cheveux en désordre, le casque sur le crâne, les mains sales, la gueule illuminé comme un saint. J'ai cru un instant que cet homme, qui criait sur les autres, qui les remotivaient, qui venait en circulant dans les allées, pour essayer de réconforter tout le monde, j'ai vraiment cru que cet homme était le sauveur que ces gens attendaient, un homme qui viendrait et leurs permettrait de gagner cette attaque. J'y ai vraiment cru, pendant le temps qui restait, avant que la balle roule à ses pieds, et lui touche la botte, qu'il se baisse et écarquille les yeux, et que soudain, sa peau se sépare de ses os, ses bras volent à des mètres de ses jambes, que son air angélique se mut en une forte souffrance. Christ sacrifié dans une guerre qui n'était pas la tienne, pendant que le temps ralentissait autour de moi et que le gong sonnait, je dus contempler tes mutilations, sans pouvoir détourner les yeux. L'explosion t'avais ravagé, brisé comme le pantin qu'un dieu colérique aurait fracassé sous les coups de son marteau rageur. L'Ordre est mort ce soir, sous la lumière sombre de ce ciel cauchemardesque. Et je ne pouvais pas pleurer en voyant ses deux yeux, aux nuances légèrement différente l'une de l'autre, voler en éclat sous le choc des métaux que la grenade avait propulsé. Je vis, au ralenti, son cœur arrêté de battre, pas d'un coup, mais en ralentissant de plus en plus, lors de sa chute. Le sang avait maculé la zone alentour de sa couleur vermeille, éclaboussant le sol, et les affaires qui s'y trouvait. Puis, l'organe de vie de mon messie dévasté devint lumineux, et un autre coup de gong, le dernier, me fit sortir de cet endroit, qui resta imprimé dans ma mémoire, à mon réveil.

Et à qui le dire, à qui parler de ce cauchemar qui me ruinait… ? Personne, personne dans mes proches ne me croirait sans me prendre pour un fou. J'avais essuyé les larmes résultantes de mon coma, et serrer mes potes fort contre moi. Je me sentais ridicule, fragile dans cette chambre pâle, mais personne ne me jugeait ainsi. Recroquevillé pendant de longues minutes, contre un des mecs qui étaient bien bâti, je me laissai aller à la faiblesse, la gorge nouée par la douleur. Puis, les médecins firent sortir mes amis, et m'expliquèrent pourquoi j'avais perdu conscience, avec tout un tas de jargons scientifiques… Je ne me risquais pas à les interrompre tout de suite, malgré une envie de parler de tout ça à quelqu'un qui se faisait de plus en plus forte. Puis, n'y tenant plus, je demandai au médecin ce qu'il en pensait, et si l'on pouvait rêver lorsque l'on était dans le coma. Il me sourit et me répondit du tact au tact que oui, le rêve était possible dans un état de coma.

« Tu comprends, le coma c'est simplement quand le corps ne perçoit plus le monde extérieur… Le cerveau, lui, est encore actif, si tu veux. Et c'est ton cerveau qui compose tes rêves… Tu n'as pas à t'en faire pour ça, tout est absolument normal. »

Je hochai la tête, rassuré par les propos de l'homme. Si c'était normal, alors je n'avais pas à en faire. Il me prescrit toutefois une ou deux visite chez un psychologue, pour que je sois sur de ce qu'il m'expliquait, et quitta la pièce, une fois son rôle terminé, me laissant seul entre les quatre murs blancs. Je tentai de me tranquilliser, avant de me lever pour aller regarder par la fenêtre. De simple rêve… Et, moi qui était fan de philosophie depuis quelques temps, je savais que le rêve n'était qu'un reflet de notre conscience… Je me demandai pourquoi j'avais paniqué, puisque cela ne voulait rien dire. C'était sans doute la culpabilité de ne pas avoir été dans certains cours qui me préoccupait, c'est pourquoi j'avais rêvé de guerre…
Satisfait, et calme, après avoir trouvé une raison rationnel à tout cela, je retournai me coucher dans le lit, sans pour autant aller dormir. Je devais passer la journée et la soirée en observation, alors autant occuper mon temps d'une manière ou d'une autre…

Quelques temps plus tard, le cauchemar reprit. J'étais sorti de l'hôpital depuis trois jours, et je me trouvais en cours de sport, en train de faire du badminton, quand soudain, un voile noir tomba sous mes yeux. Je tentai de me raccrocher à quelques chose de stable, mais rien ne se trouvait à ma portée, alors, je me mit à tituber, avant de chuter au sol, dans un bruit sourd. J'entendis un élève crie « malaise », avant que le néant m'aspire, dans une sensation que je connaissais bien.

Je n'osai pas rouvrir les yeux tout de suite, lorsque je repris conscience. Des bruits me parvinrent, d'abord confus, mais de plus en plus nette. Des râles. Dans le noir complet ou je me trouvais, je les entendait prendre de plus en plus de place à mesure que le temps passait. D'abord gémissement, puis raclements rauque, il continuait en toux puissante qui arrachait sans doute la gorge à la personne à coté de moi. Puis venait les cris gutturaux de douleur, qui finirent par baisser. Des couinements prirent leurs place, plaintif, tandis que je m’efforçai de ne pas écouter la souffrance d'un homme. Je ne savais pas où j'étais, mais je voulais quitter ce rêve au plus vite. Un bruit écœurant coupa les gémissements, comme un crachat, que je m’efforçai d'ignorer. Puis, la symphonie de la douleur reprit, ces bruits si caractéristique, entre gémissement de douleur et cri de détresse. L'homme demandai une aide dans une langue que je connaissais pas, et voulait que quelqu'un le sorte de sa détresse. Pour ma part, j'avais compris que mon cauchemar prendrait fin… Lorsque cet homme mourra. Et je savais que je ne pouvais pas l'aider, parce que les gens ne me voyait pas, dans mes cauchemars, et parce que je ne pouvais pas toucher les objets… Je ne sais pas ce qui était le pire : ne pas savoir pourquoi cette homme était en train de crever, l'entendre souffrir, ou encore l'entendre implorer une aide qu'il n'aura jamais. Je ne pouvais pas le savoir, et j'étais contraint au silence, puisque ma voix ne portait pas assez pour le faire réagir. Je préférais garder les yeux clos, et essayer de me boucher les oreilles, bien que cela ne m'empêchait pas d’entendre l'agonie du pauvre homme. Une boule se forma dans ma gorge, tandis que le temps me semblait bien long. Je finis par m'asseoir par terre, en sentant la détresse m'envahir. Cet homme résistait jusqu'au bout à son sort. Par moment, je pensais qu'enfin, il se laissait aller, parce sa voix baissait de plus en plus pour finir par un murmure, et puis plus rien. Mais, l'instant d'après, c'est de nouveau cris virulent que mon oreille percevait, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Cet homme était un battant. J'eus soudain honte de ne pas l'écouter dans ses derniers instants, de ne pas le voir, alors, j'ouvris les yeux.

La première chose qui me frappa, ce fut le soleil. Un soleil de plombs, qui devait en faire suer plus d'un. Je pensai que nous nous trouvions en Inde, mais au fond, je n'en savais rien. Une grande ville, en tout cas, très grande. Je vis de mes propres yeux l'horreur de cet endroit. Des déchets roulaient au sol, les constructions me semblaient insalubre, faite avec des planches et des bidons qui tenaient debout avec un équilibre précaire. Un bidonville désert, voilà l'endroit où nous nous trouvions, lui e moi. Lui, c'était l'homme qui gémissait à mes pieds… Un homme au visage taillé par les rides et les coup dur de la vie, aux yeux bruns, avec un âge certains, la peau tannés par le soleil, qui était d'une maigreur à rendre beaucoup de mannequins jalouses. Des cheveux poivres et sels, des vêtements sales, l'homme semblait avoir été abandonné par sa propre famille. Autour de lui se trouvait des ordures, qui devait ajouté à la puanteur des lieux. Je le fixai de longue minutes sans rien dire, tandis qu'il essayait d'attirer l'attention de personnes inexistantes en gémissant et en se tortillant. La déchéance d'un homme, voilà ce que j'avais sous les yeux. Je me sentais mal pour lui, mal pour les imbéciles qui l'avait abandonné. Soudain, l'homme toussota et cracha un mélange de salive et de sans sur le sol. J’eus un haut-le-cœur. Le cauchemar ne prendrait-il jamais fin? L'homme tendit soudain le bras vers le ciel, et lâcha un grand cri de douleur. Je le contemplas, incrédule. Il semblait être en transe ; peut-être priait-il son dieu. Je ne le aurais jamais, car, comme à chaque fois, le bruit des gongs revint, lourd de sens, pour conclure la vie de l'homme que je regardais. Pas de ralenti de temps ou bien de grande lumière venant du corps de l'être agonisant, non : cette fois, je vis à la place deux rayons de lumières frapper le visage de l'homme et l'envelopper comme deux bras maternel. Dieu s'exprimait-t-il ainsi ?

Je me réveillai dans le même décor que la semaine dernière. Chambre aux murs blancs immaculés, pot de fleur sur la commode elle aussi blanche, pas de décoration murale et une sensation d'étouffement. La chambre d'hôpital commençait à bien me connaître ! Des médecins allaient e venaient dans le couloir, mais personne n'était à mon chevet, cette fois. Je me sentais las et triste, j'avais envie de verser toute les larmes de mon cœur à cause de ce rêve si criant de vérité. Pauvre, pauvre homme. Dans ce moment de solitude, sans personne pour m'épauler, je me sentais désemparé face à mes propres rêves. Que dire de plus, si ce n'est que c'est un médecin qui me tira de ma léthargie, dû au choc de voir, pour la troisième fois, des morts, même si il ne s'agissait que de rêves. Il me tapa sur l'épaule, doucement, et j'eus un sursaut. C'est avec le sourire qu'il m'expliqua que j'avais eu un malaise en sport, et que j'étais resté inconscient une bonne heure. Il me fit subir un examen rapide, après quoi, il m'expliqua qu'il valait mieux pour moi que je m'abstienne de faire du sport, à cause de l’effort physique. Je n'avais rien à rajouter, alors je le laissas dire ce qu'il voulait. Les rêves me faisait de plus en plus peur, de plus en plus mal. Je lui demandais une fois qu'il eut fini si il était possible que je voie un des psychologues de l’hôpital d'urgence.

Je ne me souviens plus comment c'est arrivé, ni à quel rythme, mais les semaines qui ont suivit ont été marqué par mes évanouissements fréquents, mes rendez-vous chez le psychologue, qui ne pouvait rien faire pour mes rêves ignoble, ni me donner de médicaments, ni me les enlever, mais que j'allais voir quand même pour essayer de comprendre, mes séjours au lycée qui devenait de plus en plus pénible, l'éloignement de mes potes, de plus en plus distant, de moins en moins soudés, comme une molécules qui se scindent sous l'action d'un solvant. La fin d'un rêve, le groupe crevait un peu plus à chacun de mes réveils. D'abord, les gens s'étaient peu à peu mit à distance, puis certains ne venaient plus à nos réunions… De plus en plus d'absent, de plus en plus de traître, de plus en plus de silence au téléphone… J'appris, plus tard, que le groupe ne me voulait plus, que je faisais trop peur. Ça ne m'a rien fait, parce que je devenais moi même de plus en plus distant avec le monde. Mes périodes d'absence se faisait de plus en plus longue, d'abord une heure, puis deux, puis trois, et mes rêves devenaient de plus en plus envahissant… Tout se finissaient par la mort d'une personne, et je pus ainsi voir des dizaines de gens décéder sous mes yeux. Truand réglant leurs comptes dans une sanglante guerre des gang, dépressif poussé à bout, homme sans le sous donnant son corps pour remboursés ses dettes, camé en overdose ou en manque… Tant de chose que mon cerveau avait imaginé dans mes délires inconscients. Je ne voyais plus le vrai monde, plus que ces morts, à vrai dire. Le problème de certains rêves, c'est qu'il me semblait si réel…

J'ai également appris dans les temps qui suivirent, par hasard, que mon lycée ne voulait plus de moi. A force de m'évanouir, j'avais une réputation mauvaise chez les professeurs, qui espérait ne pas à avoir à appeler les urgences à chaque fois qu'il donnait cours à ma classe. Je dérangeais le cours en m'évanouissant sur ma table de travail, puisque les autres élèves prenaient du retard à cause de moi. J'eus la confirmation de ce rejet lorsque j'entendis le directeur de mon établissement appelés mon père, et que j'espionnai cette conversation. Comment j'avais fait ? Bande de curieux. Dans mon ancienne vie, j'habitais une maison avec deux téléphones, et au fil du temps, j'avais compris comment décroché le second pour pouvoir écouter ce qui se disait sur la ligne, sans me faire remarquer. C'est ainsi que j'entendis de la bouche du directeur qu'il était « préférable de tenir à l'écart ██████████ quelques temps, pour son propre bien, car il ne suivait pas correctement les cours avec ses problèmes de santé, et risquait de rater son année. » Pauvre enflure. J'avais refusé d'en entendre plus de la part d'un homme qui se disait le plus apte à juger, mais qui enrobait ses pensées avec une voix mielleuses qui me dégoûtait. J'avais ainsi compris que je n'étais plus qu'un indésirable auprès des autres humains. Le lycée, mes amis me jetait. À ce moment-là, je pensais encore qu'au moins, des gens ne me rejetteraient pas, et m'accepteraient. Douce illusion.

Mon coma suivant atteignit mon record de duré. Une semaine complète sur un lit d'hôpital, encadré par le personnel qui allait et venait, mais sans personne à mon chevet pour me tenir compagnie. Je l'ai su à mon réveil, par une infirmière un peu trop bavarde, qui expliquait à sa collègue que le « petit » de la chambre 404 n'avait reçu aucune visite depuis son admission. Faut croire que même la famille, ça leur pèsent, un comateux. Bref, je vous laisse vous faire une image du décor, puisque je ne changeais jamais de chambre entre chaque passage à l'hôpital. Vous connaissez là chanson, à force. M'enfin bon, de toute manière… L'hôpital se chargeait de moi, et moi, je divaguais, enfermé dans un cauchemar ou je voyais un mec se laisser aller de plus en plus. Quoi, vous voulez que je vous raconte… ? Vous avez de drôle de goût en matière d'histoire, enfin…

Visualisez une chambre sombre, en bordel. Ah, mais quand je dis bordel, c'est du bordel de compétition. Oui madame ! Des éclats de verre au sol, une fenêtre brisé dont les volets étaient clos, des vêtements à la propreté hasardeuse jonchant le sol, des appareils électronique éclatés en une multitudes de pièce sur le parquet, des câble… Un peu de sang, aussi… C’était vraiment une pièce étrange, très déstabilisante. Elle suintait la détresse à plein nez. Il n'y avait pas de traces de personne vivante dans cet endroit, qui me déstabilisait trop. Je me dirigeas donc vers la porte couverte de marque de griffure et passa au travers. Et ouais, après tant de voyage dans mes rêves, je commençais à prendre le pli lors de mes voyages dans les rêves, alors je savais exactement ce que je pouvais faire dans ce genre de cas. Le salon n'était pas plus brillant que la chambre : un homme, imbibé d'alcool, se tenait vautré sur la table, couverte de canette de bière bon marché. Le sol était recouvert de détritus, l'évier sale dégueulait de vaisselle, la fenêtre couverte de crasse. J'imaginais déjà l'odeur de benne à ordure que dégageait la pièce et son occupant, qui ronflait comme pas deux. Je trouvais misérable, la vie dans un tel endroit. Il ne me restait plus qu'à regarder le reste de la maison, avant de me faire un avis définitif sur le coin, m'enfin…
Après un bref passage dans une sale de bain plus noir que les mines de la Moria, et une chambre d'adulte poussiéreuse et crasseuse, il fallait me rendre à l'évidence : cet homme vivait sans doute dans sa porcherie avec un, voir deux enfant. La présence du lit plié dans la pièce poussiéreuse d'adulte me laissait penser que cet enfant avait du disparaître, comme la femme de l'homme. Car oui, des traces de vie de couple subsistait dans un environnement aussi chaotique. Photo de mariage en guise de cendrier, vielle alliance posé sur une étagère, produit de maquillage abîmé et usagé, vêtements féminin jeté en vrac dans un coin… La mère de famille devait sans doute être partie, las du désespoir qui suintait de cette maison. Je m'interrogeais quand au facteur qui avait précipité cette famille dans les fosses de l'oubli et de la séparation. L'alcool, les dettes ? Il n'y avait pas grand-chose qui expliquait, selon moi, un tel niveau de décrépitude. Mais, j'étais loin de me douter de la véri…
Une porte claque, et un gamin de mon âge rentre dans la pièce. Des vêtements passe-partout, un physique banal, mais avec des traits de visage qui rappelait sans peine le patriarche imbibé de bière vautré sur la table. Sans doute une personne qui se fondait dans la masse de son lycée. Ou de son école, car les systèmes scolaires variaient d'un pays à l'autre, et j'avais eu des surprises en rêve. Il portait un sac assez classique et un peu sale, qu'il balança dans les canettes sans le voir. L'étudiant avait l'air de se foutre de ses études. Le bruit du sac qui se fracassait dans les canette de bière n'attira qu'un grognement de l'outre de vin, qui en avait sans doute déjà vu d'autre. Il restait dans son profond sommeil, qui lui servait sans doute à fuir sa réalité. Le gamin ne s'attarda pas dans la pièce : après avoir pris de la nourriture de mauvaise qualité dans le frigidaire, il se dirigea dans sa chambre, celle totalement dévasté. Sous son bras se trouvait deux lettres, qu'il avait emmenés avec lui. Machinalement, je préférai le suivre, plutôt que de tenir compagnie au soûlot.
Une fois dans la chambre, le lycéen frappa dans certains objets au sol qui allèrent se fracasser contre les murs. Je dis « lycéen », parce que sur l'une des lettres était mentionné le nom d'un lycée. De mon ancien lycée, pour être précis. Curieux. Je le regardai calmé sa rage sur son environnement, en explosant les restes d'objets contre les murs, et le sol. Coup de pied et coup de poing s’enchaînèrent avant qu'il ne cesse, et retourne se poser sur son lit. Calmé. Il ouvrit l'une des deux lettres, et je pus voir un splendide découvert, avant qu'il ne la chiffonne et attrape un briquet. Le courrier bancaire finit sa vie de courrier sous la forme de cendres… Normal. Puis, il ouvrit enveloppe de son lycée, et jeta son relevé de note sans le voir dans la poubelle. Au moins, il me confirmait par son attitude son désintérêt pour les études. Le reste de sa soirée se passa très lentement, puisqu'il ne fit que manger sa mauvaise ration, et taper dans ses affaires. Ce n'est que lorsqu'il alla dormir que je le vis faire une chose qui contrastait avec sa rage latente. Il sortit de sous son matelas sale un cadre photo, et l'observa pendant de longues minutes avec une tendresse incroyable. Puis, il caressa doucement la personne dont le portrait trônait derrière le cadre. Une fille blonde, souriante… Avec des traits que je ne pourrais jamais oublié, même si je l'avais déjà rencontré qu'amaigrie avant. La fille de mon première cauchemar. Lorsqu'une perle salé chuta sur la peau de papier de la fille du portrait, je sus que les liens entre ce garçon et la malade étaient extrêmement fort. Et j'en fus bouleversé.
Les deux rêves étaient-ils liés ? Ou bien, y avait-il autre chose ? A mesure que les jours passaient, je découvrais la vie de cet individu qui venait de perdre sa sœur, et je me posais de plus en plus de questions. D'accord, tout mes rêves avaient été criant de réalisme, mais jamais à ce point. J'étais déstabilisé par le quotidien de ce jeune homme et mes interrogations. Pendant que lui subissais les cours et le travail qui ne l'intéressait plus, je me battais avec mes questionnements sans trouver de réponse. J'avais pu voir mes amis, ma petite amie, et j'appris alors une mauvaise nouvelle, qui me laissa de marbre. Mis j'y reviendrais. Le jeune homme que je suivait dans mon rêve était, comme je l'avais deviner, un individu discret dans le lycée. Sans ami, aurais-je pu ajouter, puisque je ne l'avais jamais vu avec d'autre personne en une semaine. Je commençais d'ailleurs à trouver le temps long. La seule chose qui brisa la routine entre le père et le fils, ce fut une dispute, un soir. Assez violente, je fus le spectateur impuissant d'un passage à tabac d'un ado déboussolé et meurtri par un père hagard et en déroute. Lorsque le fils s'était retrouvé en sang, j'ai vraiment cru qu'il allait mourir, mais je me trompais, puisqu'il n'avait au final rien de casé ou d'atteint gravement.
La fin de mon séjour onirique s'approcha au bout d'une semaine, et d'une manière totalement imprévu. J'en avais vu des vertes et des pas murs, mais je pensais sincèrement que tout se finirait par un accident… Et pas par un homicide.
Ce fut un soir, donc, ou le fils rentra plus tard que prévu. Des marques de coups m'indiquèrent que le gamin s'était fait passé à tabac pendant que j'étais ailleurs, en train d'observer le quotidien du père. Dans ses yeux se lisait une résignation qui me faisait mal au cœur, et le rituel du soir reprit par un lancer de sac. Mais, cette fois, le regard du gamin s'arrêta sur un couteau qui traînait sur la table, et que le père avait ressortis pour manger le midi. Le reflet de la lame illumina un instant court instant le regard du lycéen, et je sentis quelques chose se briser. Un ras-le-bol contre tout, une envie d'en finir d'une manière simple. Les doigts malingre se tendirent et se refermèrent sur la lame du couteau, lentement, tandis que les yeux du gamin renvoyèrent la folie. J'aurais voulu l'en empêcher, mais je n'ai aucun poids dans le monde dans lequel je me trouve, alors je me contentai de le voir relever la lame, et la placer devant ses yeux. Un ultime vacillement, une ultime hésitation, puis le jeune homme abaissa violemment la lame, plusieurs fois, en hurlant, dans le dos de son paternel. Le sang coula des plaies, et le père se releva brusquement en hurlant, avant que la lame ne se plante dans son dos, profondément, une dernière fois. Un éclat de lucidité brilla dans les yeux du père, le genre qui se demande « putain, mais qu'est-ce que j'ai foutu depuis... », puis un hoquet de surprise, le cri se termina et il chuta sur le parquet sale, au pied de son propre gamin. Il avait maintenant le regard aussi vide que le mort, le gamin. Un regard cadavérique, une face cadavérique. Mort en dedans. Le jeune homme tourna les talons et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre, en heurtant les débris au sol. Depuis combien de temps ne s'était-il pas senti aussi lucide ? Il ouvrit la fenêtre et regarda le monde, qui lui semblait soudain être une bien petite chose du haut de son sixième. Puis, des dernières paroles, lâché avec une voix dépourvu de haine, comme un grand sage. Il s'était libéré de ses démons, de ses problèmes, de toute la négativité du monde autour de lui, et se sentait prêt à revivre, prêt à tout admettre, comme un moine sortant de sa méditation.
«  Puisque le monde ne veut plus de nous, alors je rejette le monde. »

Et le jeune homme prit son envol au sol du treizième gong.

Je me réveilla en sursaut de mon coma, se qui fit crier l'infirmière à coté de moi. Rien à faire, de toute façon, je venais de l'interrompre quand elle expliquait que le malade ( moi ) n'avait reçu aucune visite à sa collègue. Ça lui apprendra à bavasser. Je repoussai les draps brusquement, ce qui m'attira une remarque de l'infirmière, comme quoi il ne fallait pas que je bouge, que j'étais encore fébrile… J'éludai son commentaire d'un signe de main, et, en serrant les dents, je mis les deux pieds au sol. Pas de nausée ni de vertige. L'infirmière préféra aller chercher le médecin pour qu'il vienne me faire une batterie de test, et quitta la chambre en me laissant seul avec sa collègue. Parfait. Je pris une grande inspiration et me leva, avant de me diriger en chancelant vers la sortie de la chambre. La dame en blouse blanche tenta de m'arrêter, mais je la repoussai du bras en grognant. Elle essaya d'insister et se reprit mon poing dans le ventre. Oui, j'usais de la violence, c'était mal, mais j'étais perturbé par mon rêve, et j'avais deux choses à tirer au clair avant de sombrer dans l'inconscience. Et comme il m'était déjà arrivé de me ré-évanouir dix minutes après mon réveil, je préférais ne pas prendre de risque. J'ouvris la porte du pied, en grommelant parce que je venais de me cogner l'orteil, et laissa l'infirmière dans la chambre, sans prêter attention à ses « recommandations ».

Le couloir, était un couloir standard d'hôpital, un enchaînement de chambre au porte blanche, avec des décorations minimalistes sur les murs alentours. Vraiment, je n'aimais plus ces couloirs labyrinthique qui sentait la mort et le désinfectant, d'autant plus que je les voyais de plus en plus souvent à mon goût. Mais, pour une fois, je faisais autre chose que quitter les services de soin. Je me concentrai un instant pour me remémorer le plan de l'hôpital… Il fallait que je trouve le kiosque à journaux et le téléphone. Une fois que je sus par où me diriger, je me mis à marcher dans la direction de mon choix, de plus en plus vite à mesure que la vigueur revenait dans mes jambes. Puis, en tournant à un angle de couloir, je me mis à courir. Je ne voulais pas tomber sur mon médecin, qui risquait de me ramener à ma chambre, puisque j'avais besoin de savoir. Mes bras se mirent à battre la cadence, vite, plus vite, mes jambes foulaient le sol avec de grande et régulière enjambé, vite, toujours plus vite. Tourner à droite, éviter l'infirmière, se prendre son regard réprobateur, dévaler les escaliers après un virage serré, sauter les dernière marche, arriver à l'étage inférieur, deux couloirs droit puis à gauche, bousculer un petit vieux, s'excuser, mais ne pas ralentir, sauter au dessus du seau de nettoyage, se rendre compte que seul le pyjama blanc couvre mon corps, ne pas rougir, se prendre le pied dans le coin d'un chariot, rouler au sol, se rappeler de l'objectif, se relever et courir, toujours courir. Plus vite, plus loin que jamais, sans hésiter, ne pas se faire attraper, arriver en bas en sueur, et se jeter sur le combiné.

J'avais donc le combinée en main, et j'haletais, pourtant, j'étais déterminé à faire ce que je devais faire. Mes doigts n'hésitèrent qu'une seconde avant de composer le fameux numéro de ma copine, et j'attendis derrière les lentes sonnerie. Une fois, deux fois, elle décroche, demande qui est à l'appareil d'une voix ensommeillé. Je jetai machinalement un coup d’œil à l'horloge, avant de voir qu'il était sept heure. Un dimanche, sans doute, sinon, elle aurait été au lycée. Je ne lui posai qu'une seule question d'une voix ferme, déterminé. Je ne voulais pas qu'elle l'esquive, comme elle l'avait déjà fait sur des futilités, c'est pourquoi j'attendis dans un silence pesant.

« Depuis combien de temps….? »

Elle bégayait et me dit qu'elle ne savait pas de quoi je parlais. Au moins, elle avait reconnu ma voix… Je soupirai et tapotai le clavier du téléphone du doigt, avant de reprendre, d'une voix sévère, sèche et ferme. Pas question qu'elle me joue le coup de l'ignorance. D'ailleurs… Saviez-vous que les gens colériques peuvent l'être de deux manières ? Il y a la colère chaude, celle qui est visible, incontrôlable, et qui pousse à tout casser physiquement, comme le garçon de mon cauchemar. Et il y a la colère froide, la mienne, celle qui me rendait calculateur et déterminé. Celle qui agite les individus capable de vengeance à long, voir très long terme. J'étais en rage, et j'émanais de la froideur tout autour de moi, parce que je venais d'être trahis par un des derniers individus en qui je croyait.

« Depuis combien de temps tu me trompes avec ████ ? »

Elle eut un hoquet de surprise, qui confirma tout ce que j'avais vu. Et sema encore des doutes chez moi sur la nature de ses « rêves » inconscient. Car, c'est dans mon rêve que je l'avais vu embrasser mon ami. Elle me demanda comment j'étais au courant, qui me l'avait dit. Je ne répondis rien, car tout était avoué en une seule phrase. Elle insista, voulu savoir qui dans ses amis avaient pu me le dire. Elle n'avait pas dit nos mais, mes ses amis. Coup au cœur. Je n’eus pas grand-chose à faire, mais je tapotai sur le combiné pour faire un bruit bien agaçant. Elle se mit à crier d'une manière suraiguë, à exiger que je lui dise ce qui, selon elle, lui revenait de droit. Je n'eus qu'une seul parole avant de raccrocher le combinée, pour la laisser méditer sur la situation. Toute l'ironie dont j'étais capable se glissa dans mon dernier mot, avant que le claquement sec du combinée ne vienne instaurer une rupture définitive entre moi et le passé.

« De quel droit parles-tu de trahison, chérie ? »

J'étais écœuré et troublé par la vérité. Savoir qu'un ancien du groupe s'amusait avec mon ex pendant que j'étais dans le coma me retournai le cœur, mais pas plus que de savoir que mon inconscient, qui avait généré mon « rêve » le savait. Que me cachait-il encore, cet enfoiré ? Rien que je ne pouvais savoir pour le moment. Je tournai les talons pour me diriger vers le kiosque à journaux, qui vendait pour une somme modique les dernières nouvelles du bourg, afin que les malades ne se sentent pas exclus du monde extérieur. J'attendis, assis à quelques pas, qu'une personne d'un certain âge viennent acheter le papier du jour, pour aller en tirer un pendant que la vendeuse ne regardait pas. Oui, je commettais un vol, mais je n'avais rien pour payer la vendeuse, et j'en avais besoin. Moi qui ne lisait jamais les nouvelles, je ne tardais pas à trouver dans la vingtaine de page l'entrefilet que je craignais de voir.

«                            L'auteur du paricide se défenestre après son crime.

Hier soir, vers vingt heure, un jeune homme répondant au nom de ████████ à décider d'en finir avec les dettes de son père de la pire manière qui soit. Profitant que ce dernier soit endormi après avoir bu, le jeune homme a choisi de payer dans le sang les dettes de son père, en lui enfonça, à plusieurs reprise son couteau dans le dos. Une fois le crime accompli, le meurtrier s'est volontairement jeté du sixième étage de son immeuble. Rappelons que cette famille venait d'être victime d'une double tragédie, de part le divorce de la mère après le décès de la petite ████████████, victime d'une maladie. La petite n'avait que quatorze ans, et le frère dix-huit. Nous avons tenter d'interviewer sans succès la mère, qui…
»

J'en savais désormais suffisamment sans avoir besoin d'en lire plus. J'avais la nausée. Le contenu de mes cauchemar était réel, en fin de compte. J’avoue que mon estomac se révolta à cette idée, et je ne pus m'empêcher de courir dans un coin à part pour vider mon ventre de la bile amère qui me brûlait. La sensation de réalisme, les multiples morts auquel j'avais assisté, tout cela était bien réel. La gamine, le soldat, le vieux, les dealers, le pauvre gamin… Merde, combien de personne était morte, morte sous mes yeux ? Je ne le savais plus. Je fondis en larme et je restais prostré, pendant de longue minutes, avant que le personnel ne me reconduise à la chambre. Mon médecin me fit sans doute un sermon, mais je ne m'en souvenais pas vraiment. Je me rappelais juste du sentiment que j'avais éprouvé, celui de la culpabilité, qui me brûlait tout le ventre. Maintenant, j'en suis sur, je n'aurais rien pu faire, mais à l'époque où je venais de me prendre cette révélation, j'étais encore sous le choc. Le médecin me fit ensuite les tests nécessaire et me laissa seul dans la pièce, sans oublier de me dire qu'il allait prévenir mes parents. Sur le coup, je m'en moquais. J'étais certain que, de toute manière, rien ne pourrait me faire plus de mal. Je n'avais envie de voir personne.

Je n'eus pas d'autre coma pendant plusieurs jours. Deux semaines, pour être exact. Quatorze jour, au terme desquels je crus être libéré de ce cauchemar permanent. Je passais quatre jours ans l'hôpital, avec quelques visites de ma famille, puis, je rentrais chez moi, pour être avec mes proches. Enfin… Je les voyais le matin, avant qu'ils aillent au travail, et le soir, quand ils rentraient. Le reste du temps, je ressassais tout dans ma chambre, sur mon lit, et j'attendais que le coma me reprenne. Puis, au bout de deux ou trois jours, quand je me remis à espérer que tout était fini, je me mis à revivre. Je m'occupais avec mes loisirs, avec ma guitare, je finis quelques jeux vidéos que j'avais commencés depuis longtemps, puis, enfin, je me faisais plaisir. Et j'eus une visite qui me bouleversa, aussi.

Un ami à moi, de longue date, vint frapper à ma porte. J'en fus surpris et le fis entrer, en me méfiant quand même. C'était le treizième jour depuis mon coma… Il alla s'asseoir, visiblement gêné, puis toussota un peu. Il regarda les alentours, avant de sursauter quand je lui proposai un café. D'ailleurs, j'étais devenu accro à la boisson boueuse, car elle me permettait de tenir sans dormir plusieurs jours d'affilée. Et, quand je m’effondrais, je ne rêvais pas. Cela n'enlève pas qu'elle est dégueulasse, cette boisson, mais je m'en fichais un peu. Il refusa poliment, avant de se tordre les mains, nerveux. Je me tourna vers lui, avec ma tasse dans les mains, et je pris place dans le fauteuil, en souriant légèrement. Autant le mettre en confiance… Il me sourit à son tour, et me demanda par courtoisie si j'allais bien. Je lui répondis que je faisais avec, et j’enchaînai sur le but de sa visite. C'était certes un peu rude, mais il ne fallait pas oublier que c'était un des membres de ma bande de potes, qui m'avait foutu un coup de poignard dans le dos. Il sursauta, peu habitué à de tels excès de ma part, et surtout à cause du revirement de mon caractère. Il y a deux minutes, je lui proposai un café, et maintenant je l’agressai… Que dire de plus, si ce n'est que moi aussi, je me serais senti nerveux à sa place. Je plantai mon regard dans ses yeux fuyant, et il ne put le soutenir correctement. Il chercha à tâtons ses mots, et finit par m'avouer ce qui l'avait poussé chez moi. Le remords. Il était persuadé que la bande avait mal agi et venait s'excuser de son comportement de ses derniers temps. Je laissai couler ses excuses maladroite dans le silence. Était-je prêt à le pardonner, lui ? Au moins, ce n'était pas le gars qui m'avait doublement trahis, en sortant avec mon ex. Je dus lui paraître pensif, car il toussota nerveusement. Je me repris alors et lui dit simplement ce que je ressentais en ce moment, à savoir que j'étais troublé, et qu'il allait me falloir du temps pour trier tout ça… Et que je réfléchirais plus tard à ses excuses et son pardon. Il eut une mine penaude, et je réalisai que j'avais dû être assez cassant. Bah, peu importe. Nous continuâmes de discuter quelques minutes, sans que le cœur y soit vraiment, puis, il se leva, conscient de mon désir qu'il parte. Je ne le retins pas à table, et je l'accompagna même jusque ma porte. Sans un mot de plus. Sur le palier, tandis que je tenais la porte, il me regarda bizarrement, pendant une longue minute. Puis, il eut une hésitation se retins, une deuxième. Je me demandais ce à quoi il pensait, si il hésitait sur la façon de prendre congé, et je m'appre….

« Pardon. »

. . . Quoi ?

Il venait de m'embrasser, et de me murmurer ses mots, avant de partir prestement, comme gêné. Je ne sus comment réagir, et c'est ma spontanéité qui lui répondit que si c'était un pari avec la bande pour me faire marcher, il agissait comme un connard. J'avais crié ça dans la rue, mais ça ne le fit pas se retourner . Pour ma part, je claquas violemment la porte, avant de retourner dans le salon. La tasse de café sur la table volait contre le mur, et laissa une tache brunâtre sur le papier peint. Rien à foutre. J'étais en colère, à ce moment là, et la tasse avait écopé de mon trop plein d'énergie. Mais je me calmai aussitôt en me rappelant que de toute manière, ce n'était pas en cassant le mobilier que je résoudrais le problème. Je préféra donc retourner à ma colère froide habituelle, et je remontai dans ma chambre, sans nettoyer mes dégâts, pour aller hacher des monstres sur un jeu bien sanglant. Je n'avais rien de mieux à faire, de toute manière, et je ne voulais pas ruminer ma visite du jour. Autant faire un truc bien stupide et répétitif pour me vider la tête…

Je retombai dans le coma le quatorzième jour. Après celui d'une semaine… Celui-là fut le plus long, et, ironiquement, le dernier.

Lorsque j'ouvris les yeux, je retrouvas la sensation habituelle de spectre, j'en conclus sans trop de risque que je m'étais à nouveau évanoui. Dire que mes parents étaient présent dans la maison, lorsque j'avais perdu conscience en me fracassant dans ma purée. Tss. Donc, je profitai de mon état de fantôme pour regarder autour de moi, en espérant trouver vite qui allait mourir, et en priant pour que ce soit une personne détestable, histoire que je ne me sentes pas mal au moment de sa mort… Mais au fait, vous vous demandez peut-être pourquoi je ne cherchais jamais à fuir loin de la personne que j'hante ? Et bien, c'est très simple. Je ne peux pas m'éloigner de plus de douze mètres de la personne, sauf au moment où j’apparais. Il y a eu bien sûr des exceptions, comme quand, par exemple, je dus hanté le fil et le père… Mais grosso modo, je ne pouvais rien faire contre ça. Alors je prenais mon mal en patience.
Ce ne fut pas un connard, mais une connasse que je me devais de suivre. Enfin, connasse… Elle était très ambiguë. Je vous explique, vu que je suis resté assez longtemps à ses côtés pour bien connaître cette femme…
Grande et carré, une coupe de cheveux qui ressemblait à des boucles anglaises, le visage crispé en permanence sur un mégot de cigare qui fumait… Des yeux bleus glace, intransigeant, qui scrutait ses hommes comme si elle lisait leurs âmes. Un air brutal pour un être brutal, couvert de cicatrice de la tête au pied. La femme parlait une autre langue, peut-être le russe, ou le roumains, et ne mâchait pas ses mots. La plupart du temps, je ne comprenais rien à ce qu'elle racontait, mais elle semblait avoir le talent étrange de faire passer les compliments pour des insultes. Au départ, elle m’effrayait, car elle traitait ses hommes comme des chiens, leurs envoyant des ordres à la figure pour qu'il obéisse le plus vite possible. Puis, je revisitai mon jugement en la voyant capable de porter un blessé pour le sortir d'une situation périlleuse. Elle exerçait un dangereux métier, mercenaire, je crois, et commandais à une centaine de tête, qui exécutait les ordres comme un seul homme. Incroyable. Son boulot me semblait dangereux, et je crus, les premier jour, quelle allait vite mourir sur un champs de bataille en Afrique, ou en Asie… Mais elle s'en tirait toujours sans aucune plaie. Stratégique, précise, elle semblait connaître le cours d'une bataille avant son déroulement. Elle intervenait surtout dans des opérations de petit pays, qui se payait ses services pour éliminer un pays voisin, ou alors, elle servait la cause de petit dictateur désireux de faire un coup d'état. Elle accumulait l'argent sale, sans aucune honte. Je voyais des payements exorbitants passer devant mes yeux, et finir dans le coffre-fort de sa planque, un destroyer qu'elle baladait de destination en destination, sans aucune crainte. Une base mobile toujours en mouvement, pour ne pas se faire retrouver par des tueur à ses trousses.
La seule fois où elle cracha sur de la monnaie, c'est quand un agent américain lui proposa la somme de 3,000,000$ pour supprimer une tête qui gênait le gouvernement américain. Et quand je dis crachat, c'était littéral : elle n’eut aucune honte à lui envoyer à la gueule sa salive, avant de rire de son audace, et d'ordonner d'attacher l'homme. « On ne négocie pas avec des tueurs », telle avait été ses paroles en anglais à l'agent, avant qu'elle lui vide une bouteille de vodka sur la tronche, pour faire de lui un superbe feu de camp. Un feu à trois millions de dollars. Vilaine dame en tailleur rouge.
Mais, dans le sadisme, elle n'était pas la reine : elle préférait laisser la place à ses subalternes pour les tâches ingrates, car, quand elle se salissait les mains, ses victimes ne s'en remettait pas. Je ne la vis tuer de sans froid que deux fois, la première, quand elle incendia l'américain, et la seconde, quand elle abattit un traître d'une balle dans la tête… Après lui avoir fait dire pardon en lui tirant dans les bras, les jambes, et les parties.
Dangereuse femme que voilà… Nuit et jour, elle se baladait avec un flingue à sa hanche, et une bouteille caché dans ses vêtements. Les cigares qu'elle fumait enfumaient ses compagnons, qui n'avait d'autre choix que de supporter l'odeur de tabac froid qui se dégageait de ses vêtements. Un homme la secondait un permanence, un sergent, qu'elle appréciait plus que raison, surtout quand on voyait comment elle traitait ses alliées. Plus esclave consentit qu'amour, l'homme se laissait volontairement maltraité par sa supérieur, mais ne se laissait pas marcher sur les pieds par les simples soldats. Spécialiste du fusil à lunettes, ombre mortelle toujours dissimulés, il couvrait les arrières de la russe lorsque celle-ci se lançait à corps perdus dans un assaut. J'avais entendu parler des anciens du groupe, qui expliquait à des nouveaux que le sergent avait un jour été chef, mais que lorsque la russe avait attaqué avec ses quelques hommes la troupe, il l'avait reconnu comme meilleur et avait rangé son armée sous ses ordres. Lui aussi, il avait un coté effrayant dans son physique : on sentait sa présence grâce à sa forte stature, ses yeux marrons reflétaient une volonté à tout épreuve et un certain courage, comme le soulignait la balafre qui lui mangeait le visage, traçant un profond sillon de l'arcade sourcilière jusqu'au coin des lèvres. Une coupe militaire courte et des cheveux sombres caractérisaient l'homme et son visage, tout comme sa barbe mal entretenu qu'il ne rasait qu'entre deux opérations.
Je les savais amant, non pas par les rumeurs qui courait au sein de la troupe, mais par les nuits complices et leurs intimités. Parfois, la dominante faisait mandé son fidèle serviteur, et le soumettait pendant tout une nuit, dans la douce lueur d'une bougie. L'homme se laissait faire, et appréciait sans doute le traitement, mais il connaissait suffisamment sa chef pour savoir que l'avouer aurait revenu à la perdre. Alors, il jouait son rôle, en faisant l'indifférent, mais en profitait tout de même. Dans ses moments là, je préférait détourné les yeux et me tenir à l'écart, pour ne pas me sentir observateur de leurs jeux d'adultes. Bien que je le soit aussi, je n'aurais pas aimer qu'un esprit m'observe lorsque je m’affairai avec mon ancienne compagne…
La russe avait aussi un certain instant, et semblait par moment consciente de ma présence, puisqu'à plusieurs reprise, elle me « fixa » droit dans les yeux, pendant de longues minutes, alors que je ne pouvais pas exister, que j'étais invisible pour les gens. C'était déroutant… Surtout que je ne sus jamais si elle avait un don ou si c'était juste un coup de chance. Elle avait aussi, à deux reprise, placer un canon d'arme entre mes deux yeux, ce que je trouvais relativement effrayant. En effet, que dire de plus, sinon qu'avoir un morceau de métal braqué entre les deux yeux et potentiellement mortel, même quand on est un esprit, est dérangeant.
Honnêtement, je ne voyais pas le temps passé à mesure que j'hantais cette russe. Vraiment, voir le quotidien de ce groupe de mercenaire, qui excellait aussi bien en combat naval qu'en combat terrestre me fascinait. Et, plus j'en apprenais sur la chef de guerre, plus je désirais en apprendre, en un sens. Car, sous ses airs de brute, la femme cachait un certain « cœur », un certain sens de la justice qu'il manquait à bon nombre d'entre nous. Elle avait également un but, un rêve qu'elle essayait d'attendre, et possédait ses propres faiblesses. Des faiblesses qui la perdirent en un sens, puisque, un mois après le début de mon état et ma rencontre avec le quotidien des mercenaires, la jeune femme et son sergent décidèrent de se rendre à New York. Il y avait un double but à ce séjour : conclure un marché avec un groupe de résistant local, et se poser quelques temps pour réfléchir à la suite des opérations.

Ce jour fut un jour clair, enfin… Un matin clair, pour être précis. La russe venait de se lever et de quitter les bras du sergent, et regardait la « grosse pomme » du haut de sa chambre d'hôtel, dans un building. Elle ne cachait rien de son corps de femme et de ses cicatrices. Face à la vitre, un cigare au bec et un verre de vodka en main, elle regardait la tête de l’Amérique, pensive, tandis que sur le lit à baldaquin aux rideaux rouges et aux draps blancs, son homme dormait, récupérant de sa nuit en serrant les couverture. De ma position sur un fauteuil en cuir sombre, je distinguais le tapis de sol, rouge, la table basse noir, le calibre 45 posé nonchalamment sur le bois, la bouteille de vodka à moitié vide, et le cendrier plein. Des papiers étaient aussi étalés en vrac, et tenu sur la table par un verre à whisky vide. Je voyais aussi les vêtements au sol, ceux de la chef et de son second étroitement mélangé. Les murs m'apparaissait en arrière plan, avec quelques sculpture et peinture moderne, et d'une couleur claire. La porte qui fermait cet espace était en bois clos, et laissa les deux êtres dans une intimité assez relative. Soudain, le sergent frissonna, et se leva, encore un peu endormi. Voyant la femme qu'il servait nue devant la baie vitré, il soupira et alla la rejoindre, en attrapant au passage un peignoir, qu'il alla glisser amoureusement autour des épaules de la femme. Elle écarta légèrement les bras pour qu'il l'habille, et eut un sourire. L'homme, qui s'était agenouillé, se releva, presque aussi nu que sa belle, et alla lui caresser la nuque de ses lèvres, en une audace qu'elle saurait punir plus tard, pour leurs jeux. Je détournai les yeux en souriant doucement, en me demandant si ils avaient conscience de leurs ressemblances, sur certains aspect, et mon regard s'égara sur la lourde porte. Je pus ainsi voir la première rafale de fusil d'assaut découper la porte et briser l'harmonie de la chambre. Je sentis que la fin de la russe allait subvenir, et, lorsque le coup de pied sépara les deux battants de la porte, j'en eu la certitude. Trois hommes de main que j'avais déjà vu, typé Asiatique, entrèrent avec des pistolets-mitrailleurs et des fusils d'assaut, pour liquider la big boss. Le sergent dût voir sur le visage de l'un des hommes qu'il allait presser la gâchette, puisqu'il sauta devant sa chef et encaissa la rafale de plein fouet. Une fleur écarlate naquit sur son torse nu, puis deux, puis trois, et il s’effondra sans un cri, le visage tournée vers la seule femme de la pièce. Celle-ci ne laissait aucune compassion transparaître sur son visage, et eut simplement un soupir, comme si elle était simplement victime d'un contretemps. Elle releva le visage et gratifia les nouveaux arrivants de son sourire le plus glaçant, le plus fou. Les hommes eut un instant d'hésitation, et ne tirèrent pas tout de suite. J'en entendis un crier quelques chose dans sa langue, et l’autre lui répondit, en anglais, que le démon qu'il voyait allait mourir sous sa propre arme. L'homme qui venait de parler se dirigea vers la russe, tandis qu'autour de moi, le temps se dilatait. J'entendis le gong caractéristique retentir, au rythme des pas de l'homme, qui se saisit du flingue et le releva vers le visage de la femme. Celle-ci eut un rire, très cristallin, avant de sourire comme la carnassière qu'elle était. Le cœur de l'homme et le gong mortuaire ratèrent un battement. Elle prit le temps de l'hésitation pou murmurer une unique phrase, en anglais, qui nous glacèrent tout les quatre d’effroi.

« On se reverra… En enfer. »

La détonation partie, et le corps de la femme chuta au ralentit, terrassé par la balle qui lui avait transpercer le front, la peau, le crâne, puis le cerveau. Morte sur le coup, comme me le confirma le treizième gong qui me ramena à la raison.

J'ouvris les yeux et je tentai d'agiter les doigts, comme à chacun de mes rêves après le coma, pour voir si mon corps répondait. Mais, cette fois, je ne sentis pas mes muscles s'agiter au niveau de mes doigts, je ne sentis pas l'air rentrer dans mes poumons, ni même la chaleur de la couette sur ma peau. Non, je ne ressentis rien, alors que j'étais dans ma chambre d'hôpital, comme toujours. J'en fut surpris et affreusement angoissé, puisque c'était la première fois que je ne me réveillai pas. Je regardai autour de moi, avant de voir le personnel hospitalier affairé autour d'un malade. J'essayais de m'approcher en marchant, et en passant à travers des infirmiers et des médecins, que je reconnaissais, afin de voir la tête de la nouvelle personne que j'allais suivre quelques temps… Et j'en eu pour mon argent, en me reconnaissant, allonger sur le lit d’hôpital, pale comme la mort, une perfusion au bras, les cheveux en bataille, les paupières violacés, l'air affaibli… Un calendrier trônait sur la table de chevet, et indiquait que j'avais été évanoui… Un mois entier. Je me tournai vers le médecin, sans comprendre, quand il lâcha une bombe dans la chambre et dans ma tête, qui me dévasta.

« Il ne se réveillera plus… Prévenez la famille. »

J'eus un haut le cœur, enfin, j'en eu la sensation, et je me mis à poursuivre le médecin en lui agrippant la blouse, et en le sommant de me répété ce qu'il venait de dire. À ce moment-là, je pensais qu'il y avait une erreur, que ce n'était pas possible, qu'il devait se tromper de patient, mais rien. Il ne me vit pas, évidement. J’écarquillai les yeux en réalisant que j'étais le témoin de ma propre mort, et que je ne pouvais rien faire pour la changer. Le médecin quitta la salle, avec le personnel hospitalier, en me laissant seul auprès de mon corps inanimé.

J'avoue qu'à ce moment-là, je n'avais plus les idée très claire, et je me souviens vaguement avoir tout tenté pour regagner mon corps, mais sans succès. J'aurais du me rendre à l'évidence : aucune des personnes dont j'avais suivi la fin n'avait échappé à leur mort… Mais j'avais tout quand même essayer de lutter, jusqu'à ce que la porte se rouvre, sur des visages familier. Mon père, l'air grave, en costume sombre à cravate. Il adressa la parole au médecin en s'excusant par rapport à son retard, et en expliquant qu'il avait été retardé sur le trajet de son boulot. Le médecin souria et lui annonça que de toute manière, ce n'était pas moi qui me plaindrait du temps de trajet… Il l'avait dit sur un ton neutre, mais mon père eut une sorte de recul, comme s'il avait été piqué à vif. C'est à ce moment que je réalisai que j'avais passé cinq heure à me battre pour essayer de vivre, parce que, intrigué, j'avais regardé l'horloge… Cinq heure pour faire le trajet travail-hôpital, ça me semblais un peu louche… Je continuai d'observer la scène, impuissant à dire que j'étais là quand le médecin expliqua en terme simple que je n'étais plus qu'une enveloppe, et que les chances pour que je me réveille un jour était minime… Il ajouta que, comme il l'avait déjà expliqué, j'étais condamné par un des problèmes qui avait été mis à jour par l'IRM de mon cerveau. Je fus surpris que personne n'ai jugé bon de me dire que j'étais condamné, et, à ce moment là, si j'avais pu pleurer, j'aurais sans doute fondu en larme. Le médecin annonça sobrement à mon père qu'il fallait maintenant choisir entre me débrancher, ou bien ne pas me débrancher, et que la décision reposait sur les épaules des parents. Je m'attendais à ce que mon père hésite, ou bien demande un ou deux jours pour réfléchir, mais, au lieu de cela, je le vis dire avec un air grave que la décision était déjà prise, conjointement avec sa femme, et qu'ils avaient choisi de ne pas me garder en coma artificiel. Le médecin le prit alors à part pour signer des papiers, en lui expliquant la procédure. Puis, l'homme en blouse blanche demanda à mon père si il voulait assister à cela, et mon père quitta la pièce en guise de réponse.

Soudain, les coups de gong retentirent à mon oreille. Je me releva brusquement, et, pris d'un accès de folie, je tentais désespérément de secouer le médecin en criant et en l'implorant de ne pas me faire mourir, en expliquant que j'étais là, qu'il ne pouvais pas commettre un meurtre comme ça putain ! Et chacun de ses pas sonnèrent mon glas, au rythme inexorable du gong. Je voyais la distance se réduire, et je tentais par tout les moyens de le faire ralentir, mais rien n'y faisait, la marche ne s'arrêtait pas, alors qu'au fond de moi je voulais vivre, et « docteur, je ne veux pas mourir vous ne pouvez pas me faire ça je suis jeune j'ai encore une chance penser à votre conscience vous êtes humain vous faites ce travail pour sauver des vies ne prenez pas la mienne j'ai un avenir je vais au lycée et que vont penser les copains et ma copine et stop n'avancez pas n'avancez plus vous êtes un monstre ne tendez pas la main putain de sans-cœur tu vas m'écouter je te dis que je veux pas crever connard lâche moi putain putain putain de connard de merde t'es un meurtrier un putain de meurtrierjeneveuxpasmoururijenepeuxpasmourircommeçaj'aitantdechoseàvivreàdécouvrirdocterbaissezlamainjeveuxpasmourirjevaismourirdocteurdocteurdoc… »

*OFF*

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Ma première pensée, ce fut que la mort était sombre, je m'en souviens très bien. Autour de moi, partout, du noir à perte de vue. Rien qu'un océan de ténèbres qui enserrait mon corps, que je ne pouvais pas bouger. Je me sentais comme un cerveau dans un vase, à qui ont aurait couper le faux monde qui l'entourait. Je découvrais la mort, la sensation d’inexistence, le néant, l'oubli. Peut-être était-ce une forme de punition, peut-être était-ce comme ça que l'on finissait, nous autres être humain. Pourtant, cela m'effrayait, en un sens. Finir dans une immensité vide, avec pour seule compagnie nos pensées, n'était pas une destination qui me convenait. Surtout que je venais de mourir débrancher… Mais bizarrement, c'était surtout la mort qui me faisait peur maintenant, pas le moment de mourir. À bien y réfléchir, l'homme n'avait fait que son boulot lorsqu'il avait presser l'interrupteur. Un boulot morbide, certes, mais, les médecins se devaient de pouvoir annoncer la mort, si ils pouvaient sauver des vies. N'était-ce pas là deux choses complémentaires, et donc nécessaire ? À bien y réfléchir… Mais cela ne me sortait pas de mon état de mort, en fin de compte. Mais, est-ce qu'on finit tous pareil ? Ou suis-je le seul humain à subir cette mort ? Comme une sorte de punition. Comme mes cauchemars qui n'en était pas… Toute ses morts traumatisante m'ont-elle préparé à la mienne ? Sont-ils tous aller dans cet océan froid et sombre ? J'avais envie de crier, en un sens, mais cela ne risquait pas de me décourager, si personne ne répondait à mon cri ? J'aurais l'impression d'être seul au monde. Seul… Voilà le pire, dans cette histoire. La solitude que j'éprouvais.

Lorsque la porte s'ouvrit en grinçant, je fus interrompus dans mes réflexions, et je sursautai. Quelqu'un venait de pénétrer dans cet endroit que je ne pouvais quitter, et s'y déplaçait avec aisance. Il vint me voir, et se pencha vers moi. Je n'arrivais pas à voir son visage, mais quelques chose me disait que je pouvais lui faire confiance… Alors, j'écoutai ce qu'il voulait me dire. Il m'expliqua que cela faisait seulement cinq minutes que j'étais décédé, et que je me trouvais dans un lieu réservé au mort qui ne croyait en rien de leurs vivants. Il ajouta que j'allais devoir y passer l'éternité… Sauf si j'acceptai un marché. Un bien étrange marché. Mais, avant, il me proposa de venir voir avec lui mes funérailles sur Terre… Je n'hésita pas une seule seconde : entre rester ici une seconde de plus et assister à la fin de mon cadavre, le choix était vite fait. Je tendis ma main vers lui, et, curieusement, je sentis que je pouvais le saisir. Il eut un geste que je perçu comme un sourire, avant de m’entraîner hors de ce monde si glauque et si malsain.

Voir ces propres funérailles, c'est un spectacle d'une infini tristesse. Tout mes proches, encadrant la boite noire qui contenait mon corps inerte, me rendait malade. Sans être capable de pleurer, je ne pouvais que contempler mon ancien monde en accumulant cette tristesse. À mes cotés se tenait l'être lumineux, qui ne me jugeait pas et restait immobile, à regarder la scène. Mon père se tenait au premier rang, avec ma mère, l'air grave devant le cercueil. Puis venait des membres de mon ancienne famille, qui affichait un air mi-figue mi-raisin, entre tristesse et compassion. Derrière eux se trouvait mes anciens amis, en vêtement sombre, qui semblait plus ennuyer qu'autre chose : même si certain me semblaient sincèrement triste pour moi, d'autre au contraire ne semblaient venu que par pur politesse. Je ne vis pas mon ex-petite amie et son nouveau copain dans la foule, ce qui, au font, me faisait plaisir. Au moins, il ne continuait pas cette mascarade devant mon corps. Mais, le plus surprenant, c'est quand je vis le gars qui m'avait rendu visite dans la foule, en train de pleurer silencieusement. Ainsi, il ne s'était pas moquer de moi quand il m'avait… Bref. J'en fus troublé, au fond. Mais, de toute manière, il était trop tard.
Le prêtre parla longuement au gens autour de mon cercueil, avant de demander aux individus en noir si certains voulaient ajouter quelque chose. J'en vis hésiter, puis se raviser. Alors, eux hommes d'église attrapèrent mon cercueil et le firent glisser dans le trou profond, sous le regard grave des la trentaine de personne invité au funérailles. Une fois ceci fait, chacun put venir dire un dernier mot au dessus du corps, et jeter quelque chose dans la tombe. Je pus ainsi voir des objets m'ayant appartenu, des fleurs, des lettres… Et, étrangement, le message qui me toucha le plus fut la rose blanche que le garçon de la visite m'avait envoyé, accompagné de simples mots qui me rendirent infiniment triste. Il eut lui-même un hoquet de triste, et se contint pour ne pas mettre mal à l'aise les individus ainsi rassembler. Puis, il fit demi-tour, pour rejoindre les rangs des autres individus aux airs sombres.

« Au plus pur d'entre nous, qui est parti trop vite. »

Ensuite, ils rebouchèrent le trou. Moi qui avait voulu finir incinérer, j'eus le droit au rites d'une religion qui ne m'inspirait guère. Enfin… Lorsque la tombe fut placer, et après une dernière prière pour le repos de mon âme, les gens se dispersèrent, nous laissant bientôt, l’esprit et moi, seul au dessus de la tombe. Il y eut un court silence, puis l'être se tourna vers moi, avant de me demander si j'avais réfléchi au marché. Son marché, vous le devinez peut-être… J'avais le choix entre la mort et le monde sombre, déprimant, me condamnant à une éternité de solitude, ou bien à continuer de mener ma vie de spectre, comme celle que j'avais eu dans mes derniers mois, avec en supplément quelque capacité supplémentaire. Je n'hésitai pas une seconde lors de mon choix.

Et c'est ainsi que je devins le Narrateur.

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