Jenny, Victor et Karen étaient trois amis âgés de seize ans. Ils vivaient dans une petite ville française, un endroit confortable. Les trois jeunes gens étaient dans la même classe et avaient toujours été très proches. La première était de taille moyenne, brune aux yeux marron, la peau étonnement pâle. La jeune fille était d’ailleurs assez jolie et faisait toujours très attention à son apparence. Victor était un garçon grand pour son âge : près d’un mètre quatre-vingt trois. Il n’était pas musclé mais, étant un grand coureur, il était assez maigre et plutôt beau. Karen quant à elle était un peu plus petite que ses amis, rousse avec des yeux bleu-vert. C’était une fille élégante et qui aimait le luxe et les arts. Elle passait beaucoup de temps à lire de beaux livres et à fixer des tableaux de maîtres.
C’était un matin comme tant d’autres, lors d’un frais mois de janvier. Tout commença à l’école, vers huit heures du matin. Les trois amis discutaient tranquillement, affalés sur un banc, lorsque Léna, une fille horriblement vantarde, vint vers eux, son air dédaigneux toujours sur son visage.
« Alors les nuls, vous avez passé un bon week-end ?
- Oui, affirma Jenny, puisque je ne t’ai ni vu ni entendu.
- Hilarant.
- Et toi Léna, soupira Victor, c’était cool le week-end ?
- Merci de poser la question, dit-elle en se lançant dans son récit, samedi, moi et mes amis sommes sortis en ville et là, tu ne devineras jamais...
- Je n’ai même pas envie de savoir, barre-toi.
- Pardon ?!
- Va-t-en, tu saoules.
- Et vous alors, vous vous croyez les meilleurs, mais vous n’êtes que des gosses trouillards et pathétiques !
- Nous ? Nous on se croit meilleurs que toi ?! Oui, c’est vrai...
- Vous n’êtes donc pas des peureux... ?
- Loin de là, poursuivit Karen, nous n’avons peur de rien.
- Même pas des araignées ?
- Non, pas peur.
- De rien, vraiment ?
- Vraiment.
- Alors dans ce cas, passez une nuit dans le Dark Castle. »
Aucun des jeunes gens ne répondit. Ce fameux « Dark Castle » était un surnom donné au château nommé réellement « Croward », du nom de son propriétaire, le conte de Croward, construit dans la forêt jouxtant la ville. Il se trouvait à l’orée du bois mais n’en demeurait pas moins effrayant une fois la nuit tombée.
De tous les gens qui y entrèrent, seul un s’en sortit vivant. Il devint fou trois jours après, mais ses dernières paroles d’homme censé furent « il est hanté ». Depuis, tous les experts du paranormal vinrent au château, mais jamais personne n’osa y passer une nuit, de peur de se réveiller entouré de fantôme...ou de ne plus s’éveiller. Léna, fière, lâcha alors :
« Je savais que vous n’étiez que des poules mouillées, oui, je...
- D’accord, s’exclama Karen, nous passerons une nuit au château hanté, mais à une condition.
- Vas-y, dis.
- Tu viens avec nous.
- Quoi ?!
- Ben ouais, continua Victor, nous prouvons que nous ne sommes pas des « poules mouillées », mais dans ce cas toi aussi. »
Voyant qu’elle hésitait, il reprit :
« Á moins que tu n’aies peur... »
Piquée au vif, Léna s’écria :
« D’accord, je vais vous montrer que moi aussi je n’ai pas peur. Nous irons cette nuit même dans le château, ok ? Si vous ne venez pas, ce sera à vie que je vous traiterais de trouillards, termina-t-elle avec son sourire en coin. Compris ?
- Ça marche, approuva Victor, et pour prouver que nous sommes courageux, nous dormirons tous dans des chambres différentes. »
Une lueur de peur brilla l’espace d’un instant dans les yeux de Jenny, mais cette dernière se rassura bien vite, se disant que de toute façon, elle serait avec ses amis...et Léna...
L’après-midi même, en rentrant chez eux, les quatre jeunes prévinrent leurs parents qu’ils passeraient la nuit « chez des amis ». Tous se préparèrent, prirent leurs affaires, mais pas que : ils décidèrent de ne pas venir sans armes, de peur que les morts n’eurent pas été causées par des fantômes, mais par des gens malintentionnés. Léna, Victor et Karen étaient armés un ou plusieurs couteaux et Jenny quant à elle avait pris une vieille hache rouillée trouvée dans un champ voisin (oui, c’est vrai que ce n’est pas la première chose à laquelle on pense quand on vous dit le mot « arme »). Le château n’étant pas équipé d’un système électrique, tous prirent une lampe torche et des piles.
Ce fut l’adolescent qui se mit en chemin le premier. Son cœur battait rapidement, il n’était même pas six heures mais déjà, le soleil baissait à l’horizon et la luminosité devenait de plus en plus faible. Il respira bruyamment avant de soupirer :
« Courage, ce n’est qu’une nuit après tout... »
Si seulement il savait...