On s'ennuyait ferme, mais ferme ! Une semaine que l'on avançait dans ce champ d'herbe infini ! Depuis la dernière attaque Rose et Ewell avaient décidé d'enseigner à Kayaleeo le maniement correct de ses dagues. Quand elles auront fini, je parie que nul n'osera s'approcher du regard féroce et des lames tranchantes de la gamine. D'ailleurs, elle avait remercié Vyx un nombre incalculable de fois, et on aurait presque sentis de la gêne vu les joues rouges du Sauvageon. Sinon, il était toujours aussi peu bavard, et je ne me pouvais m'empêcher d'être effrayé par ses multiples et voyantes cicatrices. Bah, je suppose qu'il s'y est habitué... Le temps était calme, et nul ne venait troubler la quiétude de cette soirée si ce n'est quelques moustiques. Je décidais de faire un rapport à ma Déesse, et prévint les autres de ma méditation. Je m'éloignais du groupe, m'asseyais en tailleur, et commençait la formule habituelle : "Ô grande Déesse, Mère de ce monde, moi, le Voyageur Seran, demande humblement votre contact..." Bon, en général la file d'attente des prières pour la Déesse était un peu longue, mais elle devrait vite remarquer un esprit plus matérialisé que les autres parmi la masse. Ah, voilà. "Alors, quelles nouvelles as-tu à m'offrir, Voyageur Seran ? - J'ai exécuté vos ordres, ma Dame. J'ai recruté un groupe de vaillants péqueno...Hum... combattants, prêts à se sacrifier à votre cause, dis-je. - Où en est votre périple ? - Nous voyageons toujours dans la Grande Plaine. Si ma Dame avait la bonté de nous offrir des pigeons, pour que... - Ah ! Navrée, Seran, une âme endeuillée m'appelle, au revoir !" Et elle interrompit la conversation. Lentement, j'ouvris les yeux et dépliait mes membres engourdis, pestant contre la fameuse Déesse censée m'aider par tous les moyens possibles. La prochaine fois, elle ajoutera la clause "dans la mesure des fromages disponibles" à son contrat ! Perdu dans mes réflexions, je n'aperçu qu'après quelques minutes les barreaux en bois qui m'entouraient et les gens qui me regardaient comme une bête de foire en reniflant la rapière, la cape et le sac qu'ils m'avaient délicatement retiré. C'est pour ça que je hais l'état spirituel.