Leyn se réveilla à l'aurore, non à cause du soleil mais plutôt un bruit inquiétant. Il s'empara d'un bout de bois qui traînait et s'avança prudemment. Il ne remarqua pas l'absence de son frère du large lit au matelas de paille. Cependant, il vit bien vite l'étrange lumière bleutée qui s'éloignait vers la sortie et un bruit de pas familier. Si son physique était faible, son cerveau lui n'était pas en reste et comprit directement ce qu'il se passait. Il lâcha le bâton, courant vers la sortie de la bicoque et plongea sur l'ombre qu'il connaissait bien. "On part sans dire au revoir, frangin ?" La Déesse se retourna et aperçut le plus chétif agrippant le bras de son protégé. Elle soupira et prit la parole : "Je vous laisse deux minutes, pas plus." annonça-t-elle dans sa grande mansuétude Dans une étreinte fraternelle, ils prononcèrent leurs adieux. "Tu reviendras quand ? - D'ici quelques années seulement... - T'inquiète, d'ici là je perdrai pas mon temps ! Tu me reconnaîtras pas, quand tu reviendras ! dit-il les larmes aux yeux - Fait pas de bêtises non plus... Et dit aux parents qu'ils ont été les meilleurs. Je les oublierais jamais. - Hey, c'est bon...C'est pas comme si t'allais plus les revoir..." La Déesse intervint tout à coup, ennuyée : "Les deux minutes sont passées. Prêt, disciple ? - Je suppose, oui." Et ils s'engouffrèrent dans un portail bleu, sous les yeux inquiets de Leyn. Erne atterrit complètement déséquilibré sur un sol presque transparent. Il leva les yeux sur l'immense plafond de verre, et s'évanouit juste devant le portail orangé par lequel il était sortit. "Bon, les portails, c'est pas encore tout à fait ça..." La Grande Créatrice transporta son élève jusqu'à une pile de coussin, et repartit dans le portail, pour revenir au même endroit qu'elle avait quitté il y a quelques minutes. Le petit était déjà recouché. Parfait. Elle s'approcha de lui, et prononça quelques mots. C'était dans lui que la mémoire du frère était la plus forte. Il suffit d'un sort groupé pour les autres villageois. Pour une raison inconnue, elle décida de ne plus jamais revenir dans ce village.