Marchant lentement dans les plaines froides du nord d’Eldarya, la jeune femme ressemblait presqu’à un spectre. Sa douce chevelure châtain courrait dans son dos en de petites boucles rebondies. Elle n’était vêtue que d’une simple robe, rouge, comme le sang. Rouge intense dans cette blancheur immaculée. Ses pats étaient lourds, comme si des chaines s’étaient enroulées autour de ses pieds. Le crissement de la neige était sinistre. Phy ne ressentait pas le froid, pourtant ses bras nus étaient gelés, glacé comme son esprit où plus aucune émotion ne filtrait. La robe était déchirée sur le bas de son corps, ouverte, découvrant un peu de ses cuisses blanches. Comment la Fae de cristal c’était retrouvé dans cet état ? Il faudrait revenir trois lunes auparavant, pendant le bal d’automne. Tous les Faes de la cité d’Eel avaient été réunis pour fêter la nouvelle lune. Le début de l’Automne, cette saison du renouveau où les plantations allaient fleurir petits à petits, semer avec amour pour pouvoir éclore au printemps, quand le gèle sera passé. Phy avait revêtue sa robe rouge, qu’elle avait été acheté avec Alajéa deux jours avant le bal. Son cœur battait à la chamade et ses joues un peu rondes étaient rougies par l’excitation. Car son cavalier n’était autre que l’homme qui faisait tourner son esprit à l’envers. Chrome. Un sourire divin éclairait son visage quand elle pensait au loup-garou brun. La fête battait à son plein. La nourriture était plus abondante, les boissons coulaient à flot. Tous dansaient, chantaient, riaient. On pouvait voir des bandes d’amis blaguer sur des temps plus sombres, des couples s’embrasser. Et au milieu de la piste, sur un petit nuage, Phy dansait avec un petit loup drôlement gêné. L’homme avait eu bien du mal à prendre son courage pour l’inviter, mais finalement, il y était arrivé. Tous deux dansaient déjà depuis plusieurs chansons. Les mains du brun passées autour de la taille de la Fae de Cristal. Ils riaient un peu de la situation, tous deux perturbés par le rapprochement de leurs deux corps. Puis, alors que la lune continuait sa course dans le ciel, semblant rire des festivités aussi, aussi ronde qu’une femme enceinte, les deux jeunes commencèrent à se rapprocher. Les bassins étaient un peu plus proches, les mains plus tactiles. Phy avait placé les siennes dans la nuque du loup, caressant tendrement du bout des doigts ses mèches brunes. Chrome avait finalement mis ses mains dans le creux de ses reins, collant leurs deux corps. Ils continuaient de parler, de rire un peu, mais les bouches n’étaient plus qu’à quelques centimètres, se cherchant vraiment. Puis finalement, l’homme ne pouvait plus tenir. Remontant la main le long de sa colonne, passant sur le tissu rouge avec délice, il mit sa main contre sa nuque, puis tendrement, avec toute la douceur dont il était capable, il posa délicatement ses lèvres contre les siennes. Le baiser fut doux, très tendre, apaisant pour les deux qui en rêvaient déjà depuis de longues semaines. Phy sentit son cœur exploser dans sa poitrine, battant à la folie contre ses cotes. Ses mains s’étaient resserrées dans la chevelure sombre, se rapprochant encore de l’homme. Elle s’accrochait à lui avec passion, leurs corps dansant lentement sur une musique qui allait bien trop vite pour leur slow. Mais ils dansaient sur la musique de leurs cœurs. La nuit aurait pu longtemps s’étirer dans la joie, ils auraient finit certainement allongés l’un contre l’autre, enlacés dans les bras de leur amour. Sauf qu’à Eel l’apocalypse arrivait bien vite. Une attaque soudaine, que personne n’aurait pu prévoir. Des ennemis de la Garde, des créatures terrifiantes de la nuit, harpies, orc, démons…les Ténèbres s’abattirent sur eux. Ce fut la débandade, tous fuyaient, tentant de protéger les gens qu’ils aimaient. Phy perdit Chrome, elle criait son nom au milieu des morts. Les larmes coulaient le long de ses joues. Le puissant bonheur avait été remplacé par l’horreur. Puis ce fut le noir, brusque. Enfaite, un démon venait de l’assommer en se battant avec un membre de la Garde. Quand elle se réveilla, le jour s’était levé, mais tout brûlait autour d’elle, une odeur de fumée, âcre, avait pris place dans ses poumons. Elle rampa, loin du QG, dans sa robe détruire. Phy avait l’esprit brisé. Persuadée que son amour, Chrome, était mort, sur que tous les êtres auxquels elle tenait aussi, l’étaient, elle partit abandonnant tout. C’est ainsi que le spectre commença son errance dans le nord d’Eldarya. L’âme en peine, elle n’était plus rien.