Depuis mes quatorze ans je fais partie d'une sorte de cirque très particulier. Combats à morts en spectacle, lutte acharnée contre diverse créature, torture en public, bête de foire enchainée jour et nuit, voilà ma vie actuelle. On me jette à manger comme à une bête. De l'eau souillée, de la maltraitance à n'en plus finir. On me lave au jet d'eau, comme si j'étais un objet de mise en scène, une belle voiture. Je n'ai jamais connu les joies d'une vie de liberté et de bonheur. Beaucoup viennent assister aux spectacle et parmi le public pas un seul homme ou femme encore n'a eu de bon sens, un sursaut de tristesse, une vague de bonté. Ils applaudissent les frappes, se tordent de rire devant les cris, soupire de bonheur devant les pleurs et demandent même à participer. Des jeux horribles sont organisés par les "artistes" comme ils se font appeler. Lancé de couteau sur cible vivante, meilleure torture psychologique en concours et strip poker où la seule perdante est la victime. Parfois j'ai envie d'arrêter le temps, juste pour pouvoir dormir et mourir. Je dors très peu, et ma beauté pourtant simple, fait de moi la victime numéro 1, l'artiste parfaite pour ces tours machiavéliques, la princesse de toute mise en scène cruelle. Que se passe t-il au dehors de ce cirque je n'en sais rien. Mais quand je vois des familles venir voir ce spectacle immonde ensemble, avec des enfants aux sourires cruels devant le sang, des hommes d'affaire en colère ayant besoin de se défouler, des femmes dont le seul bonheur est d'en voir souffrir d'autres, des étudiants à moitié bourrés qui ont encore quelques bouteilles de verre à jeter sur plus faible qu'eux pour rigoler, j'ai peur. Peur de ne jamais sortir de cet enfer. Pourtant, il parait que le monde extérieur cache aussi des villes de paix. Où tout n'est que paradis où presque. C'est dans l'une de celle là que mon père m'a fais avec ma mère. Mais il est devenu comme eux, et m'a livré à ce cirque. Un triste spectacle qui aux répétitions est un triste enfer de sanglots et qui lors des représentations me coûte toute dignité. J'étais puissante, et malheureusement pour moi, je reste immortelle. Incapable de me remettre à la sorcellerie tant je suis faible, humiliée et chaotique dans ma façon d'apprécier la vie. Comment voulez vous qu'un tel endroit, plein de barreaux et de souffrance me rendent heureuse ? La dernière fois, ils m'ont littéralement fait manger de la terre, du vieux sable qui servait de toilettes pour homme. Une autre fois ils m'ont pendu la tête en bas, et m'ont giflé jusqu'à ce que je perde connaissance. Je suis destinée à mourir. Mais je ne peux pas.