Posté le 9 décembre 2019
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Coucou chère gardienne,

Sache que j'ai adoré écrire cet OS, sincèrement! J'ai eu pleins d'idées et mon imagination s'est envolée! Mais je suis déçue de ne pas savoir manier les mots... sache que dans ma tête c'était mieux >x<

J'espère tout de même que tu aimeras cette histoire <3

Joyeux Noël chère gardienne!


PS (petites infos dans le désordre) : -L'expression "mon maulïxieau" représente plutôt notre expression "mon chaton".
-Noune c'est ma gardienne au fait >v<
-Je me suis entièrement basée sur la map de noël pour leur voyage, tu pourras donc repérer l'itinéraire des deux personnages si tu veux ^-^
-J'ai modifié quelque peu certaines choses sur les familiers en espérant que cela ne te perturbe pas QwQ




***
Il était une fois...
***



CRYSTELLYA


Tout les bruits me paraissent sourds presque lointains, un méli de sons aigus et étouffés me parvient. Allongée dans mon bain, seul mon visage sort de l’eau et j’écoute les bruits, les oreilles immergées. Au moindre de mes mouvements de petits cliquetis retentissent, seulement perceptibles sous l’eau.

Je me sens bien, calme et détendue, j’en ferme les yeux.

Ébranlant ma bulle de plénitude, des clapotis d’eau anormaux m’interpellent. Je n’ai même pas le temps de me redresser que je sens soudainement des picotis aux jambes. Légèrement paniquée cette fois, je relève mon buste, mais je suis immédiatement rassurée en voyant une petite silhouette rose pâle.
En équilibre sur mes jambes Silarios m’observe avec curiosité. Je lui rend son regard et m’adosse au rebord de la baignoire. Sans se gêner, mon petit dragon me grimpe sur le ventre, je rigole sous ses chatouilles involontaires et le porte à mon épaule directement. Il se cale dans mon cou et je remarque qu’il est tout froid, des petits frissons me prennent alors.
Les premières neiges ont commencé à tomber, le quartier général se teinte de plus en plus de blanc.

Je devrais commencer à chercher une sorte de petit manteau pour Sila, son petit gabarit n’est pas très résistant au froid, peut-être que Purreru pourra me conseiller.

Idée de cadeau, pour Silarios trouvée !
Pour Leiftan cependant…

Le visage de mon dæmon me vient à l’esprit, je ne lui ai toujours rien trouvé, toutes les idées que j’ai eu me paraissent fades… J’aimerais tellement pouvoir le surprendre avec mon cadeau.

J’aimerais un présent mystérieux, à son image et qui reflète mon amour pour lui.

J’ai bien songé à un manteau Wendigo, cet habit est un travail d’orfèvre, en tissus de givre, avec des finitions en or et imprégné d’un sort de protection. Cependant il rappelle aussi l’esprit de la vengeance et cela ternirait mon geste d’amour.
La chevalière du Chevalier sous l’Arbre Givré me semblait être une bonne idée, mais je ne pense pas être capable de retirer le bijoux sur un mort. Ne serait-ce pas profaner ce lieu en plus ?
J’ai également pensé à un Lépidoiseau pour lui porter chance, mais je craindrais pour sa sécurité avec la furie qu’est le panalulu de mon dæmon.

Les ronflements aigus de Silarios me tirent de mes pensées. Me voilà coincée, assise dans mon bain, je culpabiliserais de réveiller mon petit draflayel alors qu’il vient de trouver le sommeil.

Je décide donc de prolonger mon temps de détente, ce moment calme pourrait me permettre de trouver L’Idée attendue.



LEIFTAN

Plongé dans mes réflexions je plisse les yeux. Peut-être qu’une rose éternelle lui plairait ? Hum… cela ne me semble pas assez percutant.
Une des légendaires bagues d’ondines alors ! Non. Non, non, non…
Je pourrais chercher une plume de galorze plutôt ! Je connais un maître-joallier qui saurait la tailler et la sertir pour qu’elle serve à l’écriture. Cependant… Crystellya la placerait plus comme un objet de collection que comme un outil pour ses romans… une simple plume de maulïx alors ? Cela n’est pas assez profo…

« ...maya mon bras droit ! »

Amaya ? J’observe Miiko un instant, j’ai cru l’entendre parler de ma Panalulu.
Oula ! La kitsune m’observe d’un œil très sombre, elle me fusille pour être plus exact. Et ce de manière si équivoque que je pourrais réellement périr de ce regard. N’ayant pas saisit la raison de cette haine soudaine j’annone :

« Amaya ? »

Miiko m’offre un sourire très crispé et semble t-il plus qu’énervé, puis elle me dit dans un souffle aigri :

« Je disais qu’à partir de maintenant Amaya serait mon bras droit ! »

Je la regarde perplexe et analyse ce qui ressemble à une blague de mauvais goût. La kitsune baisse visiblement les armes et reprend :

« Je disais ça pour t’interpeller… mais passons… quand tu ne m’écoutes pas tu pourrais tout de même un tantinet faire croire du contraire. Parce que pencher et hocher la tête au rythme de tes idées, ou même plisser les yeux et les lever au ciel n’est pas très discret si tu veux mon avis…. Mais puisque tes réflexions personnelles semblent plus intéressantes que nos affaires urgentes puis-je au moins savoir sur quoi elles portent ? »

Dois-je vraiment faire part de ma recherche de cadeau à Miiko ? J’expire longuement et répond :

« Je suis préoccupé par les fêtes de Noël à venir. »

Son regard montre qu’elle réfléchit profondément sur mes paroles, comme si elle analysait et déchiffrait les informations que je lui ai donné. Son esprit semble avoir raison de ma faible tentative d’estomper mes réflexions puisqu’elle me demande :

« Tu cherches en vain une idée de cadeau pour Crystellya ? »

Bien qu’habitué à être surpris par la kitsune je ne peux m’empêcher de cligner des yeux, interloqué.
Semble t-il que j’aurais à mon tour dû deviner comment elle avait raisonné, mais cela est un mystère. Abrégeant mes questionnements elle affirme :

« Qu’est ce qui te préoccuperait plus qu’une histoire d’orphelins que Crystel ? Enfin… Je comprends que tu angoisses un peu vu comme les jours défilent vite, cependant cette affaire est vraiment sérieuse. La guerre d’Armoni a laissé beaucoup de morts et nous avons promis d’accueillir les enfants qui ont perdu leurs parents. Leur hébergement doit être vu et calculé au plus tôt. Les Fenghuangs ne pourront pas gérer éternellement tout les rescapés. »

La honte s’empare légèrement de moi, j’opine du chef à son égard pour lui montrer mon sérieux.
Miiko secoue sa tête et me dit :

« Pour une idée de cadeau tu devrais aller à la bibliothèque après notre réunion, que ce soit dans les grimoires recensant les trésors et artefacts rares, ou dans les listes d’artisans et ateliers de bijoux ou items. Mais plus tard, s’il te plaît. »



CRYSTELLYA

J’ai rejoins ma chambre et enfile ma tenue du soir. Mon interminable bain m’a laissé d’énormes rides au bout des doigts, phénomène qui m’amuse toujours autant.
Une fois Silarios bien installé sur son coussin, j’emprunte les corridors en direction de la bibliothèque.

Ce n’est pas Kero que je trouve mais Ykhar un crayon dans la bouche semblant réfléchir sur un parchemin. Je la salue d’un sourire timide et l’interroge :

« Bonsoir Ykhar, tu aurais un ouvrage à me conseiller si je cherchais des items rares à offrir ? »

La lapine agite vivement la tête et se plonge aussitôt dans la recherche à travers les nombreuses étagères. Je cherche de mon côté et quelques minutes plus tard à nous deux nous avons débusqué bien sept livres. Je la remercie chaleureusement et m’installe dans un coin de la pièce pour éplucher nos trouvailles.

Je vois de tout, sortilèges, objets bénis, artefacts enfouis… je garde en mémoire quelques idées mais une page m’interpelle plus que les autres. Je la lis de part en part, relisant tout plusieurs fois. Serait-ce le cadeau parfait ? Celui que je recherchais ?

Par paranoïa je revérifie une ultime fois que ce trésor est accessible et rien ne me prouve le contraire. Je souris alors, victorieuse.



LEIFTAN

Cette histoire d’orphelins me touche plus que je ne l’aurais voulu… mais ma peine ne changera pas les choses. Pour l’instant je peux déjà me concentrer sur le bonheur de Crystellya et lui trouver un cadeau mémorable pour la Noël.

Comme me l’a suggéré Miiko je vais à la bibliothèque, Ykhar paraît perdue dans ses réflexions, je la laisse dans ses pensées et cherche les livres de mon désir.
Étrangement je ne trouve presque rien, ce qui est réellement bizarre vu le puits de savoir qu’est sensé être cet endroit. Je m’agite légèrement pensant que le sort s’acharne vraiment sur moi pour que je ne trouve même pas des sources pour avoir des idées de cadeau.

C’est en décidant de demander de l’aide à la lapine que je remarque la pile de livre près de son petit bureau. Je me penche pour en lire les couvertures et je remarque avec étonnement que presque tout ce que je cherchais est assemblé en ce monticule d’ouvrage.

Cela me semble assez logique finalement, en cette période je ne suis très clairement pas le seul à chercher des présents. Je fouille un peu dans la pile de livre et remarque que le tri à déjà été fait globalement, les grimoires qui m’intéressent le plus sont au dessus des autres.

Bien que de nombreux trésors me semblent corrects, je ne trouve pas LE trésor. Je feuillette et refeuillette les ouvrages, pas encore découragé.

Soudain une illustration attire mon attention, j’en lis la description et je crois tenir là le cadeau idéal. L’idée de continuer mes recherches m’effleure, cependant je me rend compte que je ne trouverais pas mieux. Est-ce que mieux que « parfait » existe ? Je ne pense pas le trouver ici en tout cas. Je note les références de ce cadeau « parfait » et repose les livres consultés près d’Ykhar.



CRYSTELLYA

Fouillant dans mon armoire, je sélectionne des vêtements chauds, je prends bien soin de prévoir des chaussettes de rechange, je ne pourrais survivre avec les pieds gelés ou pires gelés et mouillés.

Silarios sautille sur mes affaires, peut-être croit-il pouvoir m’accompagner en sortie. Rangeant et classant au fur et à mesure ce que j’emporte ou non, je saisis Sila au passage pour le mettre sur son coussin. Tandis que je fignole mon sac je lui dis :

« Je suis navrée mon maulïxieau mais je ne t’emmène pas en balade cette fois ci. Il va faire bien trop froid pour toi. »

Silarios me lance un regard étrange, il a sans doute compris, je suis vraiment désolée de devoir le laisser au Quartier Général, mais je sais qu’il sera bien traité. Noune, la jeune renarde se fera une joie, je crois, de s’occuper de lui.

Je clos mes affaires dans un coin de ma chambre et sors. Je vais chercher Miiko pour déjà l’avertir de ma petite absence, j’ai besoin de son accord pour quitter le Q.G.



LEIFTAN

Dans trois jours. Idéalement j’aurais apprécié partir dès l’aube, mais mes fonctions de bras droit vont me retenir.
Qu’importe, il ne me faudra pas plus d’une semaine normalement pour aller chercher le trésor et Noël aura lieu dans quatorze jours, j’aurais de la marge, mais mieux vaut plus que pas assez.

Maintenant que Miiko est prévenu de mon départ je dois trouver Crystellya… que pourrais-je lui dire pour justifier mon absence ?
Je ne peux décemment pas lui mentir, mais je ne voudrais pas qu’elle devine mes intentions. Alors que je songe à mon « excuse », je tombe sur elle au détour d’un couloir.

Son regard croise le mien et je me mets déjà à penser que je l’aime.
Elle s’avance vers moi en me souriant et à sa rencontre je lui prend la main et pose un délicat baiser dessus. D’une voix se voulant charmeuse je lui dis :

« Mademoiselle vous êtes un ravissement pour les yeux, m’accorderiez vous une place à votre table pour dîner ? »

Son sourire s’agrandit et se prêtant au jeu elle me répond :

« Oh cela aurait été avec plaisir, mais voyez-vous j’ai déjà prévu de rejoindre mon amant.

-Cet homme est très chanceux, le connaîtrais-je par hasard ? »


Son sourire se fait séducteur et elle répond :

« Sans doute, après tout il s’agit d’un très bel homme qui ne laisse pas indifférent... »

Crystellya attire ma main vers sa taille.

« Il est somptueusement bien fait de sa personne... »

Accompagnant ses mots elle remonte sa main sur mon bras jusqu’à venir sur mon épaule.

« Ses cheveux blonds et noirs lui donne un côté rebelle divin... »

Elle vient entortiller son doigt autour d’une de mes tresses.

« Son regard est envoûtant... »

Je l’observe en souriant.

« Sa bouche appelle à la luxure... »

C’est la sienne que je regarde avec envie. Je me penche à sa rencontre mais elle se recule et me dit amusée :

« Voyez-vous donc de qui je parle ? En tout cas, pour rien au monde je ne le tromperais, même si vous êtes plutôt agréable à regarder aussi… »

Mettant fin à ce jeu trop long pour moi, je lui réponds :

« Il n’en saura rien, cela restera entre vous et moi. »

Elle rit et accepte mon baiser.



CRYSTELLYA

Voir Leiftan ce court mais intense instant m’a presque fait douter de mon idée de cadeau. Rien ne peut être suffisant pour lui prouver mon amour.

Mais ce n’est plus le moment de reculer. Mon dæmon m’a appris qu’il allait s’absenter quelques jours lui aussi.

Il n’a rien pu me dire. J’aime penser que c’est parce que cela me concerne, sans doute que lui aussi part me chercher un présent.

Je n’ai pas insisté car j’aurais été bien embêtée si lui m’avait demandé où est-ce que j’allais dans deux jours.

Quoiqu’il en soit maintenant qu’il est courant et que j’ai l’accord de Miiko, il ne me manque plus qu’à aller voir Karuto pour les provisions à prévoir et Noune en ce qui concerne mon draflayel.

Je décide tout d’abord d’aller voir la brownie, du moins, si je la trouve.

Sans surprise elle est avec Chrome, tout deux semblent s’amuser dans la neige. Me voyant arriver ils cessent les excès de violence, du moins le jeune loup se calme. Mais la renarde en profite tout de même pour une dernière boule de neige dans le dos de Chrome, qui émet un petit grognement.

Je rigole légèrement et m’approche encore d’eux pour leur parler. Mais la jeune renarde me devance :

« Crystellyaaaaa ! Tu es finalement d’accord pour nous aider à piéger Leiftan ?! »

Gênée je la regarde et secoue lentement la tête, elle arbore une moue boudeuse mais reprend :

« Tant pis… mais ça veut dire que tu viens pour nous donner le droit de l’embêter ?! Même sans ton aide !? »

D’un regard équivoque je soupire et lui répond :

« Navrée Noune, je viens pour autre chose. Mais maintenant que tu en parles et puisque je sais que tu feras quand même une mauvaise blague à Leif, évite de faire quelque chose de trop fort s’il te plaît ? »

Elle me regarde dubitative, jaugeant sûrement à quel point je suis sérieuse et dans un souffle de résignation me dit :

« O...K . Bon ! Du coup tu voulais quelque chose en particulier ? Tu veux te joindre à nous pour cette bataille de neige ?
-Haaa… je…. Je viens de passer plus d’une heure à me réchauffer dans un bain, j’aurais mauvaise conscience d’avoir utilisé tant d’eau pour me regeler après… Mais sinon oui, j’aurais un petit service à te demander. »


Comme s’il s’agissait d’une mission secrète la brownie se rapproche de moi avec des yeux brillants et attend d’entendre ma requête.



LEIFTAN

J’analyse la carte de la contrée de Noëlle et note quelques repères. Je vais devoir traverser le Désert Boréal semble t-il. D’accord… des vêtements chauds sont à prévoir et des bouchons d’oreilles pour les ailikamps.

Afin d’être paré pour trouver le Koero, je m’informe autant que possible sur l’itinéraire à prendre notamment.

J’ai lu quelques légendes supplémentaires également sur ce cœur de la Mer des Étoiles et même si l’obtenir ne sera pas aisé, je pense en être capable.

Finissant mes recherches pour ce soir j’observe le ciel de nuit et pense à ma bien aimée. Je vais quitter Crystellya pour presque une semaine… y penser est douloureux… elle va terriblement me manquer.


CRYSTELLYA

Noune semblait ravie à l’idée de s’occuper de Silarios, je le suis donc également. Mon beau draflayel aura des petites vacances.
A moins qu’il ne subisse un stage « nounien »… Soudainement l’idée d’avoir confié Sila à la jeune Brownie ne me paraît pas si intelligent. J’espère qu’en cette semaine sans moi il n’aura pas pris l’habitude de faire des farces, comme les familiers de la jeune brownie. Je ferme les yeux et soupire. N’y pensons pas trop…

Avant d’aller me coucher je lis quelques ouvrages sur le Koero. Je n’ai que très peu d’informations sur lui. Déjà il semblerait qu’il soit trouvable à la Mer des Étoiles.

Après maintes lectures et recherches, j’ai noté de nombreuses choses.

Le Koero ou Cœur de Volonté n’a pas de rareté attribuée. Et n’est pas classé dans les listes d’artefacts, ou d’objets. Il appartiendrait à la catégorie d’« esprit matérialisé ».
Plus étrange il est considéré comme trésor unique mais semble en possession de plusieurs personnes.
Les gens qui l’ont obtenu n’ont communiqué que des brides d’indices pour le trouver.
Il serait question de Jugement du Cœur, de motivation, d’amour…

Je me retourne les méninges pour comprendre mais rien n’est précis. Dès qu’une information semble importante une autre vient troubler le tout.

Sur des archives plutôt anciennes je lis qu’à la mort d’un propriétaire du Koero ce dernier n’avait pas été retrouvé. Intriguée, je fouille dans d’autres documents pour peut-être trouver un autre cas similaire.
Malheureusement je n’en trouve pas… cela ne m’étonne guère dans le fond, cet « objet » ou esprit est vraiment rarissime.

Tournant encore et encore les pages de livres, relisant une énième fois des phrases que je connais désormais par cœur, mes yeux s’embuent à cause de la fatigue. Avant de m’écrouler de sommeil sur mon bureau je rejoins les draps réconfortants de mon lit et essaie de ne pas songer au fait que ma quête n’est pas si réalisable que ça.

***

Après ce qui ne me paraît être qu’à peine une heure j’ouvre les yeux péniblement. La masse accrochée dans mes cheveux continue de bouger légèrement mais suffisamment pour m’avoir tirée des limbes du sommeil. Je soupire en reconnaissant Silarios, mais réalisant que le soleil s’est déjà levé, je quitte mes draps tant bien que mal en défaisant mes cheveux pris dans les écailles de mon draflayel.

D’un pas mou, je rejoins la cantine pour prendre mon petit-déjeuner.

Malgré l’heure matinale, de nombreuses personnes sont déjà attablées. Repérant Maë, appelée par d’autres « la folle » je décide de m’asseoir à sa table après avoir reçu ma ration du matin. De son sourire édenté, la vieille femme me salue. Je commence alors :

« Bonjour Maë.
-Oui c’est une bonne journée qui s’annonce..
-Vous n’auriez pas une de vos histoires à me raconter s’il vous plaît ?
-Une histoire… »


Elle rigole dans une petite toux et poursuit :

« Mais j’en ai de nombreuses à conter.
-Vous en connaîtriez une sur le Cœur de Volonté ? »


Ses petits yeux plissés arborent une lueur vivace et comme se remémorant des images anciennes elle affirme :

« Le Koero est une de mes plus belles histoires... »

Elle tousse encore mais ne rit plus. Elle débute alors son récit :

« Ce n’est pas mon histoire en réalité, mais celle de mon grand-oncle… du moins... il me l’a raconté une fois… rien qu’à moi. C’était comme un secret qu’il me confiait. »

Un sourire emplit de nostalgie vient sur ses lèvres ridées.

« J’aimais tellement mon grand-oncle. Il était comme une légende pour ma famille et pour moi c’était un héros. »

L’émotion présente dans la voix de la vieille dame me donne des frissons.

« Son âme débordait de bienveillance, d’amour, il ne vivait que pour rendre le monde meilleur.
Mon grand-oncle était une lumière qui guidait son entourage.
Je me suis souvent demandée comment il faisait pour briller si fort alors que trop de ténèbres l’entouraient.
Je crois me souvenir qu’autrefois je le pensais maudit. Je me disais qu’il ne pouvait pas être si bon après avoir vécu tant de drames. Mais j’ai compris plus tard que c’était réellement un guerrier, il s’est battu pour préserver sa lumière et la conférer aux autres, comme l’a fait son frère pour lui. »


Intriguée je demande :

« Je ne comprends pas… il était « entouré de ténèbres » ? »

L’image de mon dæmon me vient alors. Maë me répond :

« Il était encore enfant lorsque sa grande sœur a été assassinée. Sa douleur était déjà grande mais lorsque ce sont ses parents qui sont morts, alors qu’il était adolescent il a été déchiré.
Son grand frère alors majeur a commencé à s’occuper de lui. Tous deux étaient fuis par le reste de leur famille qui redoutait que le malheur ne les touche aussi. Mon grand-oncle et mon grand-père se sont donc retrouvés tout seuls... »


Je déglutis troublée, en quoi le Koero est lié à cette tragédie ? Devinant sûrement mes pensées, la vielle femme continue son histoire :

« Après quelques années de deuil, ils se sont reconstruits. C’est d’ailleurs à cette époque que mon grand-père a rencontré ma grand-mère.
Mais brisant à nouveau leur vie, mon grand-oncle est tombé malade… rien ne pouvait le soigner, il était condamné.
Mais mon grand-père était fort… il s’est battu pour deux et n’a jamais faibli. Il a gardé le sourire pour toujours apporter de la lumière à son frère. Voulant plus que tout au monde briller pour lui il est partit chercher le Koero. Il voulait lui prouver son amour, lui montrer ce qu’il représentait pour lui avant qu’il… qu’il ne… le quitte. »


Maë semble profondément touchée, ses yeux sont vraiment brillants. Je ne sais pas comment réagir… je pose ma main sur la sienne et lui murmure :

« Vous n’êtes pas obli…
-Il a trouvé le Cœur. Il est allé à la Mer des Étoiles. Le jugement de son âme lui a permis d’obtenir le Koero. »


Sous ma paume je sens la main de la vieille dame trembler. Je ne sais réellement pas où me mettre, je ne désire pas qu’elle se force, je ne comprends pas tout…

« D’après les dires de ma grand-mère le fameux Koero était on ne peut plus fade. Une sorte de roche de cristal, terne et creuse. Cette pierre avait cependant la forme d’un cœur, seul attrait intéressant de cet objet. Personne n’a jamais compris pourquoi mon grand-père et mon grand-oncle accordaient tellement d’importance à cet roche… elle ne semblait rien posséder de particulier.
-Qu’est devenu le Cœur ?
-Je n’en sais rien… il a disparu après la mort de mon grand-oncle. »


Cela se produirait donc t-il à chaque fois ? Le Koero disparaîtrait à la mort de son propriétaire… pourtant…
N’ayant pas finit son histoire la vielle femme continue :

« Le Koero est enveloppé de mystère. Personne ne sait vraiment comment l’obtenir. Seul mon grand-père le savait mais il est mort juste après avoir eu le temps de le transmettre à son frère, mon grand-oncle. Cet objet est comme un Soleil, ceux qui s’en approchent trop se brûlent les ailes. »

Des dizaines de questions fourmillent dans ma tête, je meurs d’envie de les poser à Maë mais une part plus raisonnable en moi me fait taire. Je me contente juste de dire :

« Merci pour cette histoire, sincèrement. »

Je resserre ma main sur la sienne et lui souris chaleureusement, j’essaye de lui transmettre ma reconnaissance et souhaite lui montrer ma bienveillance. Cela semble marcher vu le sourire qu’elle me rend.


LEIFTAN

Mes affaires sont fin prêtes. Je pourrais prendre la route après le déjeuner. Tout se déroule tranquillement mais sûrement.

Le début d’hiver est plutôt doux dehors, le vent ne mord plus autant.
Lors du départ de Crystellya cela m’avait profondément rassuré de savoir que le temps se calmait.

Mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter tout de même, nous ne nous sommes pas dit où nous allions…
Espérons que son voyage ne sera pas trop aventureux et qu’elle rentrera au plus tôt.


Après d’ultimes aux-revoirs d’usage, je quitte enfin le Quartier Général et rejoint la plage. Je vois alors le bateau allant à la Contrée de Noëlle un peu plus loin sur les flots. Redirigeant mon regard sur le rivage, je repère la barque-navette et sors mon papier d’embarquement. Le moussaillon n’est pas très bavard et ne m’adresse pas la parole du petit trajet de la plage au navire.

Le voyage se fait très calme, je profite de ce temps pour travailler sur l’histoire de la guerre d’Armoni et gérer déjà en fond les questions d’économie.

Après à peine plus d’un jour de voyage, sans l’ombre d’une mauvaise vague, nous arrivons sur les Terres Noëlles. Les autres passagers s’attellent aussitôt à la question du logement mais vu qu’il reste tout l’après midi je ne perds pas une seconde et demande plutôt des renseignements pour rejoindre la Mer des Étoiles.

***

Les gens sont tous pressés semble t-il ici, tout le monde s’agite et personne n’a pris le temps de vraiment m’indiquer le chemin. De ce que j’ai compris je dois déjà traverser la forêt, en allant un peu à l’Ouest. Ne gagnant rien de toute manière à rester ici je suis ces faibles informations.

Au loin je repère la cime d’immenses arbres, la fameuse forêt sans aucun doute.
Cependant elle diffère grandement des forêts d’Eel. De prime abord la taille des sapins, ils sont réellement colossaux. Et ensuite, chaque arbre est relié à d’autres par une multitude de guirlande. Cela est comme un plafond lumineux qui remplace le ciel étoilé. C’est ravissant. Crystellya adorerait ce spectacle.

***

J’ai l’impression que je marche depuis des heures, bien que cette forêt soit un chef d’œuvre, elle n’en demeure pas moins immense. Les proportions titanesques de tout les végétaux semblent aller avec la taille du terrain. Et ne voyant pas le ciel je ne peux pas m’orienter.
La panique commence depuis quelques minutes déjà à s’installer en moi. Pas que je craigne de rester prisonnier de cette végétation mais tout de même j’ai sans doute été grandement ralentit. La Forêt de Guirlandes n’est qu’un petit obstacle sur la route vers la Mer des Étoiles… je ne suis pas rendu.
Ne trouvant pas d’autre alternative, je décide de passer aux choses sérieuses.
Je ferme les yeux et expire lentement, je retire mon manteau et ne pense pas au froid qui mord ma peau. J’inspire et sens alors mes yeux se teinter de ténèbres, mes cornes commencent à sortir et se dévoilent sous mes cheveux, je laisse mes ailes g…

« Hé ! Monsieur vous vous êtes perdu ? »

Coupant court à ma transformation, je fais volte face et jauge la personne qui m’a interpellé. Un petit homme trapu, ayant des caractéristiques elfiques, m’observe avec étonnement. Il dirige une sorte de traîneau conduit par un aurorca. Vu que la bête vole je comprends que je ne l’ai pas entendu mais j’aurais dû au moins percevoir le bruit de traîneau dans la neige. J’observe alors les fatins et remarque aussitôt qu’une matière étrange les sépare de la neige. Je cherche alors les traces du traîneau des yeux et m’aperçois qu’il n’y en a pas.

Je sors de mes pensées et réalise que mon interlocuteur attend ma réponse. Je lâche alors, confus :

« Oh oui… excusez moi. Cette forêt semble interminable. »

Je ris quelque peu gêné et il me répond :

« Un instant j’ai eu peur que vous ne parliez pas la langue commune ! Sinon faut dire que cette forêt n’est pas un chemin de randonnée aussi… quelle idée de la traverser à pied !
-Je…
-Où allez-vous ?
-Je souhaiterais rejoindre la Mer des Étoiles..
-Je vois… je ne vais pas jusque là mais je peux vous avancer au Bonhomme de Neige si vous le voulez ?
-Merci beaucoup ! Vraiment ! J’ai… une carte. Mais elle n’est peut-être pas très… à l’échelle. A titre d’information si je continue vers le Nord je pourrais atteindre la Mer à pied ?
-Pour sûr avec de la motivation ! Mais pour être arrivé jusqu’ici dans la forêt ce n’est pas ça qui doit vous manquer ! Allez grimpez ! »


Cet elfe trapu, s’appelant Brize au passage est de très bonne compagnie, depuis mon départ d’Eel c’est bien le premier qui ait une conversation intéressante.

J’ai d’ailleurs pu le questionner sur le fonctionnement de son traîneau et savoir qu’en réalité les fatins sont recouverts de duvet de pomponeige. Cette matière caresse la neige sans l’abîmer, cela explique entre autre le fait que je n’avais pas entendu Brize arriver.



CRYSTELLYA

Une ribambelle de bloobuns saute entre mes pas.
Grace et Hazel, elles, me content leurs nombreuses aventures dans cette contrée. Ces deux petites lutins sont débordantes de vie et n’ont cessé de me la partager.

Nous marchons, ou gambadons pour certaines, depuis un bon moment déjà. Notre chemin aurait pu être plus court mais Hazel tenait absolument à ce que je vois le buffet géant annuel pour le grand dirigeant de Noëlle. C’était un ravissement pour les sens, autant visuellement avec toutes ces couleurs, qu’olfactivement avec les différents mets exposés sur la table.

Ensuite Grace nous a fait faire un détour vers la Maison de Pain d’Épice, et toutes deux m’ont raconté l’histoire de leur arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière… enfin très lointaine arrière grand-mère. C’est d’ailleurs là que j’ai appris que les lutins avaient une assez petite espérance de vie, d’où le nombre de génération.

Depuis nous nous dirigeons vers la légendaire Forêt de Sucre d’Orge, entourées de dizaines de bloobuns.

Amusée je les interroge en désignant nos petits compagnons improvisés :

« Dites depuis quand nous suivent-ils déjà ?
-Depuis quatorze minutes ! »


Perturbée par sa réponse et cette… précision je demande :

« Ha… et... vous savez pourquoi ? »

Grace se penche pour attraper un familier et me le montre vivement :

« Regarde son ventre. Tu vois les flocons ? Plus ils sont agités plus le bloobun est paniqué. Réciproquement.
-Et là ils sont calmes non ?
-Oui très ! Enfin ce petit bloo’ ne doit pas comprendre pourquoi je le porte ainsi donc il commence à être anxieux mais regarde. »


Grace rapproche le bloobun contre sa poitrine et le caresse avec une profonde délicatesse. Presque aussitôt les flocons, dans le ventre du familier, se calment. C’est vraiment captivant !

Je détourne quelques secondes les yeux pour chercher Hazel et sans surprise je la retrouve à quatre pattes dans la neige en train de jouer avec les autres bloobuns.
Les voyant si heureuses toutes les deux je m’accroupis à la rencontre d’autres familiers.

Nous les cajolons ainsi pendant de longues et agréables minutes.

***

Après avoir repris notre marche, des sucres d’orge de différentes tailles nous entourent. Je ne me suis presque pas rendue compte que l’on entrait dans la forêt. Les confiseries géantes sont arrivées progressivement et ont changé petit à petit le paysage qui nous entoure.

Désormais, nous suivons comme un tapis de pain d’ange sur le sol. De temps en temps je surprends Hazel et Grace chiper un morceau de bonbon. Mais je ne dis rien vu que je le fais également.
La forêt est entièrement faite de sucreries ! Même la neige n’est pas ce qu’elle semble être, on dirait qu’il s’agit de meringue en poudre.

Cette balade est réellement des plus plaisantes, nous faisons plusieurs pauses pour profiter de notre environnement, pour ne pas dire grignoter allègrement, et surveillons les bloobuns qui ne doivent, apparemment, pas manger trop de bonbons.
Je ne saurais dire combien de temps nous avons passé dans cette forêt quoiqu’il en soit nous l’avons enfin traversé et devant moi s’étend un immense désert de glace.

Hazel adopte une voix plutôt peinée et me dit :

« C’est ici que nous devons te laisser... »

Grace poursuit :

« C’était vraiment grandiose de te rencontrer ! »

Hazel reprend de plus belle :

« Oui ! Si tu repasses un jour dans le coin viens nous voir hein ! »

En guise de réponse je m’approche d’elles et les serre dans mes bras, émues elles me rendent mon étreinte.

Je les regarde partir en emportant avec elles les petits familiers pour les ramener chez eux. Puis une fois que la Forêt de Sucre d’Orge les a recouvert, je fais fasse à l’immense désert.
J’inspire à fond et place mes bouchons d’oreille.



LEIFTAN


Brize n’avait pas menti, atteindre la Mer des Étoiles à pied depuis le Bonhomme de Neige est faisable… avec beaucoup de motivation… et d’endurance. Mais je n’en demeure pas moins éreinté...
Cela fait une éternité me semble t-il que je marche. La nuit tombe déjà et je ne sais pas où dormir. La veille Brize m’avait généreusement accepté dans son traîneau mais là semble t-il que je vais devoir dormir à la belle étoile.

Je longe la côte à la recherche d’un coin ne serait-ce qu’abrité du vent. Les jambes en coton je trouve finalement un rocher gelé, suffisamment imposant pour me protéger du vent sifflant. Je m’y adosse donc et profite enfin de pouvoir reposer mes pieds et mes mollets.

Sortant un supplément de vêtements chauds et une couverture, je m’emmitoufle autant que possible. Je pense alors à Crystellya… vit-elle la même chose que moi ? Peut-être qu’elle affronte aussi le froid, où qu’elle soit. Ou qu’elle n’a pas trouvé de lieu sûr… c’est sur des pensées obscures que je tombe dans les limbes du sommeil.

***

Un sifflement me réveille dans un sursaut. Je me dépêtre dans mes draps de fortune et étend mes sens, aux aguets. Ce sifflement n’est pas celui du vent, celui là était bien plus aigu. Bien plus chantant aussi. Je me tourne et me retourne en voyant l’horizon du regard mais je ne vois rien. Du moins rien ayant pu siffler de cette manière, cependant un peu plus loin sur les flots je repère un semblant d’île. Rangeant rapidement la couverture et l’excédant d’habit, je me dirige donc vers le rivage.

Bien que je distingue les contours précis de l’îlot, il demeure trop loin pour que je puisse voir se qui s’y trouve. Pour ne pas me faire avoir deux fois, j’observe à nouveau ce qui m’entoure puis ne remarquant rien, je commence ma transformation.

Mes yeux, mes cornes, mes ailes... mes attributs d’Aengel sont sortis, je prend alors mon envol.

Je me pose presque aussitôt sur cette petite île... minuscule île. De près je vois désormais, ce que cet endroit abrite. Un squelette vêtu d’une armure est en position assise, adossé un arbre givré. Il tient le pommeau de son épée enfoncée dans le sol et semble méditer. Je me baisse à son niveau et l’observe plus en détail, son arme et ses protections sont finement gravées, ce chevalier même dans la mort inspire le respect et la puissance.

Bien que je sois en présence d’un mort je ne me sens pas du tout gêné ou en danger, au contraire j’ai la réelle impression d’être en lieu sûr.

Je ne peux cependant pas m’éterniser, alors je retourne sur la plage reprendre mon sac. Décidant de faire un bout de chemin en volant, je place mon sac sur mon ventre, ne pouvant pas le placer dans mon dos avec mes ailes, et je m’élève dans le ciel.

Le froid couplé à ma vitesse me brûle les ailes, cela fait moins de vingt minutes pourtant que je vole. Mes plumes commencent à geler, mes muscles sont plus qu’endoloris et avec la brume je vois à peine le sol, je ne repère que la séparation entre la mer et le rivage. Une soudaine douleur me prend à l’aile gauche et je chute. C’est avec un effort plus que douloureux que je continue de voler pour atterrir en douceur. Une fois au sol, je prend pleinement conscience des dégâts, j’ai sans doute un muscle déchiré.

Je fais disparaître mes ailes, elles cicatriseront plus vite ainsi. J’ai repris mon apparence de faelien, mon corps alors moins résistant reprend pleinement conscience du climat.
Pourquoi fait-il si froid, la température n’a fait que baisser. Soudain l’atmosphère autour de moi se teinte de vert, je lève le chef en l’air et remarque des aurores boréales. Je n’ai pas le temps de m’émouvoir du spectacle ! Avec précipitation je retire mon sac et le fouille à la hâte. Mes gestes sont maladroits et presque tremblants, j’ai peur mais là je l’assume.

Des sifflements retentissent déjà, aigus et mélodieux. J’ai commencé à sortir les objets de mon sac, couvertures et vêtements, frénétiquement je cherche ses fichus bouchons d’oreille.

Quand les sifflements commencent à former une mélodie, je pense un instant que c’est la fin mais je tombe sur la petite boîte tant recherchée. Je m’empresse de me boucher les oreilles et je respire enfin. Par mesure de précaution j’enfile un cache oreille et un bonnet, afin d’étouffer autant que possible le chant des ailikamps. Mes gestes calmés, je remplis à nouveau mon sac et me relève.

Autour de moi des éclats furtifs s’agitent au loin. Les ailes de cristal de ces familiers reflètent la couleur des aurores boréales et se fondent dans le décor. Seul quelques reflets un peu plus lumineux me signalent la position de ces bêtes.

D’un pas prudent mais assuré, j’avance à travers ce désert boréal, bien décidé d’en voir le bout.



CRYSTELLYA

Je suis enfin arrivée. C’est à peine croyable.
Cependant, avant de trop me réjouir je me souviens que je devrais retraverser ce désert pour le retour. Mais l’idée d’avoir fait presque la moitié de mon périple est rassurante quand même.

J’ai apparemment passé la nuit entre les aurores boréales et le chant des ailikamps, car je m’aperçois qu’il fait jour dehors. Ce désert est réellement passionnant... très déstabilisant et un tantinet effrayant aussi... mais tout de même, la puissance de cet endroit est fascinante.

Devant moi se tiendrait donc la Mer des Étoiles ? Étrange, j’aurais parié sur le fait qu’il y avait… et bien... des étoiles... Mais cette mer semble on ne peut plus ordinaire, l’air marin est juste terriblement glacé.
Le miroir d’eau est tout de même splendide, l’éclat du soleil sur les flots est ravissant.

Maintenant que j’y pense… c’est assez évident, je devrais sans doute attendre que la nuit tombe pour voir les étoiles.

Les bras ballants, je regarde autour de moi, à la recherche d’une occupation ou d’un endroit plus ou moins protecteur des intempéries. Devant de toute manière attendre le soir, je décide de rattraper le sommeil que je n’ai pas eu cette nuit.

J’étends une couverture sur le sol gelé et m’emmitoufle dans tous les habits que j’ai. Le froid me pique de partout mais ma fatigue l’emporte sur ma douleur et je m’endors.



LEIFTAN


Une autre attaque ? Je croyais que les ailikamps étaient réputés pour leur délicatesse et leur chant mélodieux. Bon… déjà que la nature de leurs sifflements est presque erronée… enfin… on oublie trop souvent de dire que leur chant est surtout ensorcelant…
Et là l’information sur leur délicatesse aussi serait fausse ?

Un familier s’approche et fouette l’air près de moi, j’ai un mouvement de recul et essaie d’attaquer à mon tour, en vain.

Ces bestioles sont rapides et malignes. Une autre attaque aérienne me surprend et là c’en est trop. En une seconde je me change et je revête mon apparence aengelique. Surpris, les ailikamps reculent aussitôt et semblent me jauger.

J’étends mes ailes afin de marquer ma supériorité et m’attend à leur fuite imminente, mais cela est sans compter leur entêtement.
D’un même instant, plusieurs familiers foncent sur mes ailes et les accrochent. On dirait qu’ils me mordent. D’autres familiers eux m’attaquent de front et tentent de m’ôter mes caches oreilles.

Ma rage intérieure ne fait que croître.
Avant de commettre l’irréparable j’étends mon aura autour de moi. Des ombres m’entourent alors et un bruit sourd rend l’atmosphère étouffante.

Les ailikamps se reculent à la hâte et cette fois, dans une décision raisonnée, ils s’en vont. Avec la colère je n’ai pas senti le froid ou la douleur, mais le muscle déchiré de mon aile gauche me rappelle à l’ordre. J’attends de ne plus percevoir aucun éclat de lumière et je reprends mon aspect de faelien.

Ce Désert Boréal ne semble pas avoir de fin…



CRYSTELLYA

Le soleil se couche. Ma sieste n’aura duré que quelques heures, mais fut tout de même réparatrice.
J’ai pu me ressourcer un peu avec les pains faits par Karuto en attendant que la nuit vienne.
C’était un après midi plutôt reposant, j’en oublierais presque le froid.

Lentement le soleil tombe, le ciel se teinte de plus en plus d’ocre et la mer renvoie les couleurs dans un ballet de lumière.

Ce spectacle ne dure qu’une demi-heure, avant que la voûte céleste ne dévoile ses diamants. Les flots eux sont d’un noir profond.
Je fouille le miroir d’eau des yeux mais étrangement je ne vois pas d’étoiles. Le reflet de la Lune est présent et quelques points blancs surviennent par moment. Mais au vu des descriptions dans les livres et ce que m’ont raconté Hazel et Grace je m’attendais à un éblouissement. Pourtant cela me paraît bien fade, comme à Eel mais avec le vent glacial en prime.

Déçue je m’assied et remet ce voyage en question. Serais-je venue jusqu’ici pour rien ?
Je repense aussitôt aux deux si gentilles et pétillantes lutins, aux bloobuns et aux endroits si extraordinaires que j’ai vu… mais l’idée de revenir les mains vide au Q.G. me dépite au plus haut point. Leiftan se sera donné sans doute tant d’efforts pour moi, alors que je n’aurais rien pour lui en retour.

Alors que les idées noires s’emparent de moi, je relève mes yeux embués sur la mer. Mon imagination me joue sans doute des tours mais il me semble apercevoir quelque chose. A la hâte je me relève et m’avance vers les flots. Je rêve sûrement mais on dirait que quelque chose brille dans l’eau, comme une petite lampe. A ma gauche un autre point lumineux apparaît, plus proche cette fois. Je décide donc de m’avancer vers lui. D’autres tâches de lumière naissent ainsi dans l’eau, troublée j’observe le ciel à la recherche de nouvelles étoiles ou quelque chose qui s’y apparente, mais je ne repère rien d’inhabituel.

Lorsque je reporte mon regard sur l’eau, c’est profondément surprise que je découvre une multitude de nouvelles lumières.
Mes yeux vont alors naturellement chercher l’horizon, un immense sourire se forme sur mon visage en voyant l’infinité d’éclats lumineux sur les flots. Cette mer est littéralement une mer d’étoiles ! C’est si beau. D’émerveillement ou peut-être juste de soulagement, je frotte mes yeux humides.

Face à ce miroir étincelant je ne sais que faire cependant. Une fois ici que dois-je faire au juste ? Curieuse je m’avance encore plus de l’eau jusqu’à immerger mes pieds. La morsure du froid me fait tout d’abord frissonner puis en voyant ma proximité avec les étoiles j’oublie vite la température. J’avance encore et me baisse pour saisir un morceau de lumière, mais à mon contact il se meure.

Je réitère l’expérience, mais désemparée je vois à nouveau la lumière s’évanouir.

Puis je réalise confuse qu’autour de moi un amas d’étoiles s’est formé. En m’avançant encore, m’immergeant jusqu’aux genoux je remarque que les lumières me… suivent ?

Déterminée je me penche encore pour toucher un point lumineux et sans surprise il s’efface. Pourtant alors que je continue d’avancer et que l’eau gelée me monte presque à la taille les étoiles me touchent et me frôlent. Il semblerait qu’elle ne disparaissent que lorsque que je cherche à les toucher. Alors je ne tente plus le contact.

Des brides d’informations de ce que j’ai lu à la bibliothèque me reviennent alors. La notion « d’esprit matérialisé » notamment. Pensant avoir compris quelque chose, je m’adresse donc aux flots, ou du moins aux étoiles qui les composent :

« Bonjour… je… m’appelle Crystellya. J’aimerais vous… parler. »

Nerveuse j’ajoute :

« S’il vous plaît. »

Rien ne se passe, j’arbore une moue peinée et avance encore dans l’eau tout en disant :

« Cela vous paraîtra peut-être audacieux mais… j’aimerais trouver le Koero… je souhaiterais l’offrir à la personne qui compte le plus pour moi. »

Les lumières poursuivent leur ballet autour de moi mais ne semblent pas m’accorder une réelle importance. Je ne sais pas pourquoi je fais ça… mais… je m’immerge entièrement dans l’eau. Ma peau est électrisée par le froid, des frissons incontrôlables me prennent, la tête sous l’eau j’ouvre cependant les yeux.

Tout est flou autour de moi, l’eau est salée qui plus est. Je n’y avais pas pensé, je regrette terriblement mon geste, je vais juste vivre une effroyable hypothermie et être mal-voyante pendant un certain temps. Étrangement, je me surprends à penser que l’eau ne pique pas tant que ça, est-ce une manière de me rassurer ? Je n’en sais rien, mais cette mer me paraît plus douce qu’à Eel c’est sûr.

Malgré le froid, je me sens étrangement bien… je ne ressens pas le besoin ni l’envie de remonter à la surface. Mes yeux fatigués se ferment alors et j’écoute la mélodie sourde de la mer.

Soudain l’eau me paraît encore plus glaciale qu’elle ne l’était, j’ouvre les yeux et ne distingue plus qu’une tâche lumineuse. Les autres étoiles sont parties en emportant leur faible chaleur...

Immobile, la seule lumière encore présente se tient là, devant moi. Puis l’étoile semble s’approcher, un cocon de chaleur m’enveloppe et j’ai l’impression de respirer à nouveau. Impressionnée par cette lumière je murmure :

« Je l’aime. De tout mon cœur, de toute mon âme. Je voudrais qu’il le sache. S’il vous plaît. »

L’éclat de cette étoile s’accroît jusqu’à inonder de lumière la bulle autour de moi. Aveuglée par tant de luminescence je ferme les yeux.

Je ne comprends pas ce qui se passe ensuite, des images, ou des sensations me viennent. Tout va si vite, je n’ai pas le temps de déchiffrer ce que je vois. Des sons, des rires, des pleurs puis des sentiments s’imprègnent en moi. Cette quantité d’information me donne le tournis, je ne décèle rien parmi toutes ces images. Puis tout s’arrête.



LEIFTAN

Pourquoi ?!? Pourquoi ?!? La rage, la peur, la panique, tout mes sentiments sont confondus. Ne comprenant pas tout ce qui se produit je me mets à crier :

« Crystellya tu restes avec moi ! Tu luttes d’accord !? »

Je continue de la porter à bout de bras jusqu’à la plage enneigée.

« Je t’en supplie réveille toi, reste encore quelques instants ! Ça va aller ! »

Mes jambes ne ressentent plus rien, l’eau gelée m’a comme anesthésié. Je trébuche à moitié et pose mon aimée dans la neige. Avec des gestes frénétiques je défais mon manteau puis le sien. Sans penser une seconde à son corps gelé je me colle contre elle et retient mes larmes.

Elle ne réagit pas, elle est si pâle… les larmes au bord des yeux je lui parle :

« S’il te plaît… dis moi que tu m’entends. Je suis là Crystellya, je suis là... »

Pour appuyer mes paroles je lui prends une main et l’apporte à mes lèvres. Je tremble, mais pas elle... Crystellya demeure immobile et inconsciente. Je ne sais pas comment agir. Me rendant compte que je n’ai pas pris son pouls je tâte son cou. Je ne sens rien, son cœur ne…

Paniqué au plus haut point j’appose mes mains sur son thorax et fait pression dessus. J’essaye de rythmer mes gestes au mieux. Mes larmes coulent pour de bon et je lui murmure :

« Réveille toi... »

Je m’approche de sa bouche en lui pinçant le nez et souffle. Mécaniquement je reproduis les mêmes gestes, tout en lui disant que je l’aime en espérant qu’elle m’entende.

Un soubresaut la prend. Elle se met à tousser et recracher de l’eau.

Les yeux écarquillés je la regarde comme extérieur à mon corps. C’est comme si je la voyais pour la première fois. La réalité me rattrape et je me jette à sa rencontre, je lui soutiens la nuque et pousse dans une plainte :

« Crystellya ! Crystellya… c’est moi ! C’est moi, je suis là ! »

Elle se met à gémir douloureusement. Effrayé et terriblement inquiet je lui prend le visage et la rassure :

« Tout va bien… c’est bon. Tout va bi… »

Ses yeux sont emplis de larme, elle se met à pleurer. Je ne sais pas comment agir, je recherche une quelconque blessure ou raison à ses pleurs mais elle ne semble pas blesser. Me voulant réconfortant je la serre contre moi pour lui prêter de ma chaleur au passage.

Nous restons enlacés, tandis qu’elle ne cesse de pleurer.



CRYSTELLYA

Je ne peux m’arrêter… je ne parviens pas à cesser mes sanglots.
Toutes ces images, toutes ces histoires. Anéantie par la peine je me laisse aller aux larmes. J’ai reconnu les bras de Leiftan, sa présence me soutient mais je n’arrive pas à réagir ou lui parler.

Je ressens encore et encore les sensations, les sentiments, le passé de ces gens…

Mes sanglots redoublent d’ardeur. Désemparé mon dæmon me serre encore plus fort en gémissant. Comme s’il se trouvait loin de moi je l’entends souffler :

« Parle moi je t’en prie… dis moi ce qu’il faut que je fasse... »

Mes larmes ont tellement emplis mes yeux que je vois flou. Je prends la main de Leiftan et la serre pour le rassurer.

Je crois qu’il nous met ensuite dans des couvertures, il se cale encore plus contre moi et petit à petit sa chaleur me calme.

Bercée par Leiftan, mes sanglots cessent progressivement. Je m’endors avant d’avoir pu lui dire un mot.

***

Un frisson glacial me parcourt la colonne vertébrale et me réveille. J’ouvre difficilement les yeux et trouve Leiftan à mes côtés.
Tout me revient alors en mémoire. Comme une lame retournée dans une plaie, les images reviennent dans mon esprit et je sens mes larmes couler encore.

Sans doute alerté par mes sanglots, que j’espérais discrets, Leiftan se réveille. En me voyant à nouveau en pleurs il panique et vient m’enserrer le visage.

« Crystellya... calme toi tout est finit. Je suis là d’accord ? »

Je hoche piteusement la tête, puis je réponds à travers mes pleurs :

« Je… je suis dé-désolée…
-Mon amour c’est bon… je… je veux juste t’aider… »


Sans doute comprend t-il que c’est trop dur pour moi d’en parler car il ne dit rien.



LEIFTAN

Je ne comprends pas… je jette un énième regard sur Crystellya.
J’aimerais tellement connaître la raison de sa peine. Est-ce parce qu’elle à frôler la mort ? Non… elle est bien plus forte…
Je ne comprends pas. Je me sens terriblement impuissant.

Nous marchons côte à côte dans la neige. Traverser à nouveau le Désert Boréal m’a paru mille fois plus long qu’à l’aller. Chaque seconde n’était ponctuée que de mon inquiétude et ma peine pour Crystellya.

J’ai terriblement peur de ce qui va se passer. J’ai l’impression que nous n’arriverons jamais à atteindre ne serait-ce que le Bonhomme de Neige.
Brize m’avait proposé de repasser cinq jours après notre séparation, pour qu’il me refasse traverser la Forêt de Guirlande.

Je ne suis pas pressé tant que je suis avec Crystellya, mais je souhaiterais tellement que l’on puisse rentrer à Eel au plus tôt.

Il faut qu’elle voit Eweleïn… cela ne peut être qu’un sort pour qu’elle ne cesse de pleurer. Serait-ce les effets du chant des ailikamps ? La légende dit qu’ils envoûtent et hypnotisent celui qui les entend, mais personne n’a jamais pu en parler directement.

L’idée que Crystellya soit ensorcelée par ces familiers me fait vibrer de colère. D’autres hypothèses toutes aussi sombres voire plus me submergent.

Soudain une main vient me saisir l’épaule. Je me retourne assez violemment, ce qui fait sursauter Crystellya. Je découvre son regard, inquiet, sur moi. Je prends alors conscience de mon aura autour de moi… sans y faire attention je l’ai laissé s’assombrir… mon côté dæmon commençait à sortir.

Pour rassurer ma bien-aimée je viens poser un baiser sur son front. Épuisée, elle se blottit contre mon torse.

***

Après presque deux jours de marche, nous arrivons enfin au Bonhomme de Neige. La nuit va bientôt tomber.
Brize m’avait déposé durant l’après midi, en soit les cinq jours sont passés. Nous l’avons loupé de peu...

Puisque qu’aller plus loin pour aujourd’hui ne servirait à rien je propose à Crystellya de passer la nuit ici. Les yeux rougis et gonflés du fait qu’elle ait passé la journée à pleurer, elle opine du chef et s’emmitoufle déjà dans une couverture.

Terriblement peiné je viens la rejoindre sous le drap et l’enlace.



CRYSTELLYA


J’ai à peine fermé l’œil de la nuit… je n’arrive pas à dormir. Encore et toujours les mêmes images… dès que je ferme les yeux je ressens à nouveau toute cette peine et ce déchirement intérieur… mais je n’ai plus de larmes à verser. Je suis épuisée.

Une masse mouvante se dessine lentement un peu plus loin. Un énorme familier s’approche on dirait. N’ayant pas la force ni l’envie de bouger je reste dans les bras de Leiftan, qui s’est assoupi.

Au fur et à mesure que le familier approche, un aurorca semble t-il, je le distingue de plus en plus précisément. On dirait qu’il tire un traîneau. Une fois que le doute est passé je me rend compte qu’il vient dans notre direction. Dans le silence le plus total, le familier s’arrête tout comme le traîneau derrière lui et un petit homme assez carré saute à pied joint dans la neige. D’un ton amical il dit :

« C’était un pari à prendre mais j’ai bien fait de suivre mon instinct ! Leiftan te voilà donc bien au rendez-vous ! »

Mon dæmon sursaute légèrement et se réveille. Puis voyant l’elfe qui lui parle il bredouille :

« Ha… Brize… qu’est ce que tu fais là ? »

Avant même d’entendre la réponse Leiftan se tourne vers moi d’un œil presque paternel et s’enquiert immédiatement de mon état. Depuis nos retrouvailles il ne cesse de redouter que je ne me remette à pleurer. Songer à cela me refait penser aux souvenirs que j’ai vu et mes yeux recommencent à me piquer. Je détourne la tête comme si de rien était et remercie tellement ce Brize qui reprend la parole :

« Je me suis rendu compte que le délai de cinq jours que je t’avais accordé était peut-être un peu court. Et bon ça ne me coûtait pas grand-chose de t’attendre, j’aurais culpabilisé d’avoir abandonné un lorialet étranger dans le froid de notre chère contrée de Noëlle.
-Merci Brize… sincèrement, tu nous sauves littéralement. »


L’elfe que semble connaître Leiftan rit grassement et nous invite à s’installer dans son traîneau, ce que nous faisons.

Brize est vraiment très agréable, ce qu’il raconte est passionnant et cela occupe mon esprit. Voyant que je vais mieux, Leiftan se détend également et se laisse aller à la discussion.

Dès qu’un blanc pointe le bout de son nez, Brize le comble aussitôt, sans doute aura t-il deviner mon état d’esprit et je lui en suis très reconnaissant.

Bien que je ne trouve toujours pas le sommeil ce voyage en traîneau est tout de même très reposant.
Mon corps est toujours douloureux de ma noyade et de ma fatigue accumulée.

Après moins d’une journée à slalomer entre les arbres gigantesques de la Forêt de Guirlandes nous rejoignons notre point de départ sur les terres Noëlles.



LEIFTAN

Comme à l’aller, la traversée en bateau a été affreusement calme. L’état de Crystellya s’est légèrement amélioré, elle ne pleure plus depuis quelques temps. Je crois que sa rencontre avec Brize a été bénéfique, cet elfe a su parfaitement gérer la situation. Alors que moi… je ne parviens même pas à savoir ce qu’elle a. J’espère qu’Eweleïn pourra l’aider au moins médicalement…

A bord du bateau j’avais pu envoyer un lapy à destination du Q.G., déjà pour les informer de notre retour et ensuite pour les briefer sur l’état de Crystellya afin que l’infirmerie soit préparée.

Quel soulagement de voir enfin le rivage de son chez-soi. C’est avec une joie non dissimulée que je quitte le navire donnant mon bras en guise de soutien à mon aimée. Elle aussi doit être heureuse d’être de retour car il me semble qu’elle a reprit des couleurs. Elle est si belle, j’ai hâte de revoir son sourire.

A peine sommes nous entrés dans les enceintes du Quartier Général que du monde nous tombe dessus. Les gens nous saluent, certains rapportent les événements passés durant notre absence, d’autres nous questionnent sur la Contrée de Noël.

Cela me fait d’ailleurs divinement plaisir de voir Crystellya répondre aux questions, elle semble revivre un peu à parler des paysages et de ses rencontres sur ces terres. Je découvre en même temps que les membres du Q.G. que ma bien-aimée a fait d’apparemment belles rencontres et a pu découvrir Noëlle durant son voyage. Ce pourquoi malgré son jour d’avance sur le départ nous étions au même avancement, elle a avancé lentement pour profiter.

Maintenant que j’y pense… elle aussi était dans la contrée de Noëlle. Et deuxième coïncidence nous nous sommes retrouvés au même point… sa destination finale était elle aussi la Mer des Étoiles ?

Je fronce les sourcils perplexes. Je me vois mal l’interroger immédiatement mais cela m’intrigue.

Une fois les potins racontés et les questions posées, j’emmène enfin Crystellya à l’infirmerie.



CRYSTELLYA

Sans surprise Ewe’ ne m’a rien trouvé. Au plus grand étonnement de Leiftan.

Je lui raconterais tout… mais plus tard…

Sans me poser de question il m’a laissé m’absenter, mais j’ai tout de même remarqué son air attristé.

Je voudrais en priorité achever enfin l’histoire… je vais à la cantine dans l’espoir de trouver Maë. Sans surprise, elle est là, attablée avec un livre. Je m’approche timidement d’elle et en me voyant arriver elle me sourit de son sourire édenté si touchant, mais en voyant ma mine sans doute très fatiguée son expression s’assombrit et elle m’interroge :

« Que s’est t-il donc passé durant ton voyage ? Tu sembles… si…
-Oui… c’était éprouvant.
-Je vois ça… il faudra bien te reposer après ça et …
-Maë… je. »


Je déglutis et reprend mon souffle sous son regard attentif :

« Je vais vous raconter une histoire si vous le voulez bien… »

Ses yeux brillent étrangement et elle ferme son livre pour me prouver que j’ai toute son attention.

« Ça a commencé avec une série de malheurs… des coups du sorts…
Les lumières s’éteignaient petit à petit pour un homme. En grandissant il a su apprendre à préserver les lampes sur son chemin… elles étaient peu nombreuses avec son lourd passé mais il les gardait allumées aussi bien qu’il le pouvait…
Mais un jour, malgré ses efforts une énorme bourrasque arriva et souffla les lumières. Seule une toute petite flammèche a survécu. Une lueur minuscule… et très faible. Son frère tomba malade. »


Maë boit chacune de mes paroles et je sens déjà les larmes prêtent à remonter.

« Il savait que cette lumière s’éteindrait bientôt… mais s’il ne pouvait pas empêcher ce drame il voulait au moins réconforter cette flammèche… l’accompagner jusqu’au bout.
Alors l’homme est partit à la recherche de la preuve ultime de l’amour. Son âme était si pure et tellement emplie de volonté que son vœu s’est vu accordé.
Il a obtenu le plus grand cadeau issu de l’amour qu’il pouvait offrir. »


Mes mains commencent à trembler, les images reviennent, les souvenirs. Ma respiration se dérègle et je baisse la tête pour cacher mes futures larmes.

« Il est rentré auprès de son frère. Cette petite... et dernière... lumière sur son chemin.
En lui offrant son cadeau cette flamme s’est rallumée. Le frère était miraculeusement guérit… et… et... »


Je commence à sangloter, impuissante Maë vient me saisir la main, comme je l’avais fait plusieurs jours avant.

« Il lui a donné son plus grand cadeau... Et pour lui sa plus belle récompense fut de voir son frère vivre… alors sans regrets… l’homme a quitté le chemin… les lumières nouvellement allumées étaient pour son frère désormais… il lui offrait une route baignée de lumière à préserver. »

Je relève la tête en souriant. Je me rapproche de Maë et tend la main qu’elle ne serre pas. Sous ses yeux profondément ébahis je lui dévoile un diamant lumineux en forme de cœur. Elle me regarde en tremblant, éblouie par la luminescence de cette étoile. Elle me demande alors hésitante :

« Ce n’est pas… ? »

Je hoche la tête.

« Mais… celui de mon grand-oncle ne brillait pas… il…
-Si. Il était tout aussi étincelant. Sa lumière était même bien plus forte. »


Des rides apparaissent plus marquées entre ses sourcils, elle semble perdue. Les yeux encore humides, je l’éclaire :

« Quand votre grand-père l’a donné à votre grand-oncle.. le Koero… était encore.. vi..vant. »

Je décide enfin de le dire :

« Votre grand-père a donné sa vie à son frère. Le cadeau issu de l’amour est... la vie, la naissance.
-Mais… d’où tiens-tu cette information… »


Cette fois je me mets à pleurer pour de bon. Sans me cacher je lui avoue :

« J’ai tout vu... Pour tout les Koeros trouvés. Les étoiles m’ont montré… m’ont expliqué ce qu’était ce cœur.
Elles ont même fait plus que me montrer… j’ai vécu les histoires. J’ai ressentis la peine de votre grand-père… ses malheurs… puis sa joie quand il a su que son frère était sauvé… mais… mais… à le connaître si personnellement… lui et les autres… j’ai l’impression d’avoir perdu des gens que j’aimais… que je connaissais. »


Je poursuis tristement :

« Je ne le connaissais pas vraiment… mais… pourtant… j’ai l’impression que je viens de perdre un être cher. Et je n’en peux plus de pleurer… »

Maë vient me serrer dans ses bras et j’étouffe mes sanglots dans son étreinte.



LEIFTAN

J’ai fouillé tout le Q.G. mais je ne la trouve pas ! Désespéré j’arrive à la cantine en dernier recours, je souhaite ardemment que Crystellya soit ici. Je fouille la pièce des yeux mais ne la repère pas. Où est t-elle alors ?
Mon regard est finalement attiré par une silhouette que je ne connais que trop bien, sa silhouette. Je ne l’avais pas reconnu. Qu’est ce que Crystellya fait avec la folle ?
En m’approchant j’ai l’impression que mon aimée est endormie. Je m’approche encore et chuchote ;

« Crystellya ? »

La vielle dame me répond :

[/b]« Elle s’est assoupie. »[/b]

Je m’assied à côté d’elle et la questionne du regard. Non sans jeter un œil à Crystellya, elle me dit finalement :

« Je vais lui épargner le fait de tout vous raconter… et vais vous conter moi même l’histoire. »

Attentif et curieux je tend l’oreille.

La folle me narre l’histoire que Crystellya lui avait demandé puis me partage la fin qu’elle lui a conté. Tout d’abord c’est avec surprise que j’ai appris que mon aimée était aussi à la recherche du Koero. Et avec toutes les informations que la vieille dame vient de me donner je comprends enfin ce qu’est le Cœur de Volonté.

Cependant une rage sourde m’envahit en songeant au deuil que ces inconnus font vivre à mon aimée. Elle souffre pour des gens qu’elle ne connaît pas… cela me semble injuste !

Mais en voyant son visage endormi si paisible je me calme. D’une voix posée je dis :

« Merci pour tout madame, pour elle surtout. Je vais la ramener dans sa chambre. »

La folle m’aide et je prend Crystellya dans mes bras. Elle bouge légèrement sans doute un peu réveillée mais n’ouvre pas les yeux.

En quittant de la cantine, elle place ses bras autour de mon cou.
Je l’emmène dans sa chambre et la pose avec le plus de douceur possible sur son lit. Délicatement je défais les draps et remonte la couverture sur elle. Je m’assied à ses côtés et la regarde un instant.

Sans doute sent-elle mon regard puisqu’elle ouvre les yeux et m’observe avec tendresse à son tour.

Crystellya vient saisir ma main pour l’amener à sa joue et m’intime de venir m’allonger près d’elle. Je ne me fais pas prier et vient la serrer dans mes bras en posant mes mains sur son ventre.

Amoureux je lui murmure à l’oreille :

« Je t’aime Crystellya. »

Elle me répond en chuchotant :

« Moi aussi. »

Sa main vient caresser la mienne et elle annone :

« Je voulais te le prouver... »

Et elle s’endort. En sachant qu’elle aussi était en quête du Koero, ses paroles me touchent profondément et je la suis dans les limbes du sommeil.



CRYSTELLYA

Depuis deux jours déjà je vais de mieux en mieux, les souvenirs que les étoiles m’ont partagé semblent s’estomper dans mon esprit. Leiftan cache mal son bonheur en sachant que je souffre moins pour ses morts inconnus. Mais une partie de moi a peur… peur de les oublier.
J’ai connu et aimé ses gens pendant un court instant qui aura duré plusieurs vies. Je ne veux pas oublier.

J’ai longuement réfléchis à propos du Koero. J’ai eu envie d’aller voir Keroshane afin que je puisse communiquer ce que je sais de ce cœur… que les gens et les générations futures connaissent son pouvoir.
Mais au fond de moi je sens que le mystère autour du Koero doit demeurer. On ne doit pas jouer avec la vie. Remarquant que je suis encore perdue dans mes pensées, Silarios, posé sur mon épaule, me frotte la joue.

Soudainement, Alajéa me passe devant à la hâte et me crie à la volée :

« Coucou Crystel ! J’adore ta robe ! »

Puis elle disparaît de mon champ de vision entre diverses décos de noël et autres gens tous aussi pressés. J’aide autant que possible pour les préparatifs de ce soir.

Le Quartier Général est en ébullition, le réveillon sera sans doute mémorable.

Une silhouette reconnaissable entre toutes surgit devant moi. Agitant ses oreilles avec excitation, Noune me dit guillerette :

« Mwahaha ! J’ai trouvé une grosse planque de cadeau ! J’en ai pleins de ce que j’ai vu ! Tu veux que j’aille voir combien tu en as ? »

Elle sautille sur place et je remarque que sa queue touffue bat l’air derrière elle.

Sila quitte mon épaule pour atterrir dans les bras de la brownie. Elle rit et commence à lui parler. Durant mon absence ces deux là ce sont plus qu’entendus de ce que j’ai compris. Pareil avec les familiers de la jeune renarde, j’étais contente que mon petit draflayel soit aussi bien entouré.

Noune déblatère sur le nombre de cadeau qu’elle aurait, sous le regard attentif mais perdu de Silarios. Je ris discrètement et lui dit :

« Merci en tout cas, mais je préfère garder la surprise à propos de mes cadeaux.
-Boh… c’est pas grave... tu... HEY ! CHROME ! »

Elle me rend mon familier et me salue rapidement avant de disparaître à son tour dans la foule en courant avec le jeune loup.

***

La journée défile à une vitesse folle, tant et si bien que la nuit tombe rapidement.

Pour le repas, Karuto s’est donné réellement fond, c’est vraiment délicieux, très consistant mais délicieux. Ce réveillon se passe dans les rires et les discussions.

Après un long moment les enfants sont envoyés se coucher. Les ados comme Chrome, Noune et Karenn eux profitent juste du couvre-feu des petits pour quitter la table « ennuyeuse » des adultes.

Des conversations plus sérieuses viennent alors, sur les futurs réfugiés de la guerre notamment. Mais Ykhar, légèrement pompette grimpe sur la table pour danser, cela fait cesser aussitôt les débats et discussions aux issues belliqueuses.

Je ris aux larmes, durant un bon moment, en voyant le duo de Kero et Ykhar se déhancher sur la piste de danse improvisée qu’est la table. Une fois que ces deux énergumènes se sont enfin assis dans un coin pour se calmer, Leiftan s’approche et me murmure :

« C’est bon la voie est libre.
-Pour ? »


Il vient me prendre la main et me fait monter à mon tour sur la table. Quand il commence à bouger avec des pas de danse je me mets à rire. Offusqué, il me demande :

« Serais-tu en train de te moquer de moi Crystellya ?
-Je n’oserais pas... »


J’arbore un sourire coupable et le suis finalement dans sa danse. D’autres personnes montent à leur tour sur la table, chacun sur des rythmes différents. Le spectacle fait beaucoup rire les gens autour, au plus grand désarroi de Karuto pour sa nappe et des personnes âgées pour la bienséance.

Quand la fatigue commence à se faire trop ressentir, Leiftan et moi nous retirons et souhaitons une bonne fin de soirée aux fêtards restants. Je ne manquerais pas de questionner Valkyon sur les événements que l’on aura loupé, je suis sûre qu’Ezarel fera des choses à marquer dans les annales des dossiers sur les membres de la garde d’Eel.

Main dans la main, avec mon dæmon nous arrivons dans ma chambre. Il se déchausse et je vais fouiller dans mes affaires. Je trouve l’objet de mon désir et m’approche alors de Leiftan qui s’assied sur mon lit.

Intimidée je chuchote :

« Leiftan… tu es la personne que j’aime le plus au monde… tu es tout pour moi… réellement… mon âme, mon corps et mon cœur t’appartiennent… mais je voulais… te le prouver... »

Je dévoile le Koero dans mes mains, sa luminescence éblouit un instant mon dæmon. Les yeux brillants il me regarde et me dit :

« Crystellya… ce n’est pas... »

Je hoche timidement la tête. Il écarquille les yeux, s’approche de moi et poursuit :

« Je… je ne pensais pas que tu avais pu le trouver. Tu te noyais… et la vieille ne m’a rien dit… tu... »

Ses yeux s’embuent légèrement. J’apporte le cœur de lumière dans ses mains et lui murmure :

« Je t’aime Leiftan. Maintenant tu ne peux plus en douter. Je te confie tout ce que je suis. »

Il me regarde à la fois profondément touché je crois, mais semble aussi angoissé… il annone :

« Crystellya… ce joyau est bien trop précieux… tu n’avais pas besoin de ça pour…
-Tu le cherchais toi aussi pourtant non ?
-Comment as-tu… oui... c’est vrai.
-Le Koero est juste une matérialisation de l’amour… j’ai pris conscience que l’on n’en avait pas réellement besoin. Je me suis même sentie idiote à vouloir le trouver pour te prouver mon amour alors que les autres avant moi s’en était servi pour sauver quelqu’un. Mais… maintenant que je l’ai… je tiens quand même à te l’offrir. »


Ému il vient caresser ma joue et m’embrasse.

Je lui rend son baiser, heureuse, amoureuse et entre nous le Koero brille.



***

La fin

***

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