Il fait noir. Il n’y a aucun son, ni musique, ni bruitage. Et il court. Il court sans qu’il puisse entendre sa propre respiration, comme s’il était devenu sourd. Il continue de courir sans même regarder derrière, sans même savoir pourquoi il ne le veut pas. La frénésie de sa cadence ne ralentit pas, il a besoin de courir. Mais pourquoi ? Serait-il en train de fuir ? Le noir l’enveloppe, l’entoure, dans une étreinte étouffante. Il suffoque. Il perd son souffle, mais continue de courir. Il n’en peut plus, il veut s’arrêter mais son corps ne l’écoute pas. Ses jambes continuent de le faire avancer, toujours plus loin.
Soudain, il trébuche et tombe. Il essaie de se rattraper avec ses mains mais s’étale de tout son long. Il sent le sol froid, dur, impassible à son malheur. Des frissons le parcourent alors qu’il essaie de se redresser. Il fait trop froid. Il commence à trembler quand la douleur arrive, il est blessé au genou. Le sang commence à perler, il le sent couler doucement. Le liquide descend lentement le long de sa jambe, puis stagne légèrement sur le haut de son pied avant de glisser et d’atteindre le sol. Il s'assoit pour presser sa main contre l’écorchure et se rend compte qu’il ne porte rien. C’est pour ça qu’il a si froid, l’atmosphère vient envelopper sa peau nue. Il frissonne alors qu’il sent une légère agitation perturber l’air. Il se redresse et se lève. Ses jambes reprennent la route sans qu’il le veuille et pourtant… il continue de courir.
Il ne sait pas exactement depuis combien de temps il avance ainsi. Cela pourrait-être des heures, des jours ou juste quelques secondes. Il a l’impression que le temps est devenu une notion bien relative, ne sachant où il va, ni pourquoi. Il essaie de se remémorer mais tout est nuageux dans sa mémoire. Cela lui fait froncer les sourcils, une habitude qu’il a quand il s’interroge. Il aimerait s’arrêter pour se poser, pour réfléchir et surtout pour reprendre son souffle. D’un coup, le noir se fait encore plus intense. L’adrénaline qui le guidait jusqu’à présent s'interrompt brusquement. Toute la fatigue accumulée surgit et il sent son corps s’alourdir. Ses jambes, ses bras, son cou deviennent courbaturés. Il n’en peut plus. il angoisse, et se désole.
Il souffle abruptement, las de subir les caprices de son corps. Il sait qu’il ne le contrôle plus et réprime ce sentiment de désespoir. Ce noir qui vous paralyse, qui vous maintient et vous immobilise, tel un serpent jouant avec sa proie. Toujours haletant, il lève la tête. Il a le regard tourné vers l’horizon malgré la pénombre et pourtant… il ne voit rien. Il n’abandonne pas. Il continue de fixer cet objectif, droit devant lui. Il est décidé. Il sait ce qu’il lui reste à faire. Il ferme les portes du royaume de la peur et avance avec confiance vers son futur. Il ne verra plus mais c’est avec courage et fierté qu’il continue d’avancer.
HGG #2 - Le courage
Dmon | Tribut Dystopien