Édité le 5 juin 2021
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         Une nuit. Ni fraîche ni chaude. Ni claire ni sombre. Une nuit parmi toutes les autres. Une nuit ordinaire, en définitive.

         Un jeune homme s’agite dans son lit. Un rêve ? Peut-être. Un changement de côté ? Peut-être. Une douleur ? Peut-être.
         Soudain, un cri retentit. Bruissement de draps. Le jeune homme se redresse dans son lit, le souffle court, les yeux hagards, la sueur sur son front.

         Soupir.

         Chaque nuit, ce même rêve vient le hanter. Inlassablement et sans faute. Il ne connaît plus de nuit où il ne se retrouve pas seul face à une étendue verdoyante parsemée de jaune et de beige jusqu’à perte de vue. Il se perd toujours dans la contemplation du paysage. Le moulin à vent à l’ouest. Les vaches et leurs veaux entrain de jouer en contrebas. Les rapaces planant dans le ciel. Et, toujours, après plusieurs minutes, vient le moment de se retourner et de retrouver cette forêt mystérieuse qui l’attire à elle.
         Il ne peut pas faire demi-tour ou se détourner. Il se sent appelé. Il doit pénétré dans la forêt. Sans aucune hésitation, sans aucun doute. Certitude.
         Il marche sur le même sentier qui se dessine entre les arbres. Il n’est pas marqué, juste esquissé. Mais il faut prendre ce chemin, le suivre. Plus loin. Absolument.
         Au fur et à mesure, la végétation augmente. L’obscurité aussi. Il faut enjamber des racines, des pierres, des mottes de terre. Effrayer la faune présente mais jamais visible. Et avancer. Toujours.
         Elle l’appelle. Elle l’appelle. Il faut à tout prix avancer. Plus vite. S’enfoncer dans la pénombre. Un arbre, un autre, des racines, une ronce, des pierres, des branches, des bruits de fuites, un arbre, une racine, un arbre, un arbre… Avance, avance. Des ronces, des racines, une racine, un arbre, une ronce. Avance.
         Ah. L’obscurité commence à s’amoindrir. Une lueur. Un peu moins d’arbres, de ronces, de racines. Mais continue de marcher. Un bruissement d’eau. Vite. Une lumière bleue qui s’intensifie. Vite.
         Une clairière avec un piano. Mystique. Vite, il doit s’asseoir et jouer. Besoin vital, irrépressible. Course. Il s’assoit devant le piano, place ses mains au dessus du clavier. Vite, vite, il sent tout le bonheur et la plénitude qui sont prêts à l’emplir une fois que le son commencera à s’envoler. Ses doigts se rapprochent des touches.
         Réveil.

         Ce rêve hante ses nuits. Il hante ses journées. Il veut trouver cette étendue verdoyante. Il veut trouver cette forêt. Il veut trouver cette clairière.
         Un jour, il trouvera. Il jouera. Il se sentira enfin vivre.

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